Les critiques se multiplient et fusent de toutes parts au fur et à mesure que l’hiver avance et que la fameuse pandémie grippale s’éteint pour faire place à une épidémie de controverses pour nos décideurs en matière de santé. De nombreux professionnels, des politiques de tous bords, des journalistes et une majorité de citoyens finissent par trouver calamiteuse la gestion de la lutte contre la grippe A (H1N1) telle que l’a menée dans notre pays le Ministère de la Santé, sous la férule énergique et volontariste de dame Roselyne BACHELOT
Selon un sondage IFOP (
Sud-Ouest dimanche 10.01.2010), près de 70% des Français pensent que le gouvernement a surestimé la dangerosité du virus et commandé trop de vaccins. Après avoir pronostiqué une « pandémie » annonciatrice de catastrophe sanitaire et de dizaines de milliers de morts à venir, nos responsables sanitaires ont programmé un plan de lutte digne d’une véritable guerre bactériologique. Sous prétexte de respecter un soi-disant « principe de précaution », nous avons vu se succéder des effets d’annonce destinés à dramatiser volontairement le problème auprès de la population afin de justifier une succession d’excès et d’erreurs invraisemblables.
On peut ainsi successivement s’étonner ou dénoncer :
- Des décisions sanitaires prises auprès d’experts dont les liens explicites avec l’industrie pharmaceutique constituent un
conflit d’intérêt tel qu’il discrédite absolument l’expertise que ce soit au niveau national aussi bien qu’au sein de l’OMS (Lire "Les experts en cagoule de la grippe A" Le Canard enchaîné du 6.01.2010).
- L’annonce d’une « pandémie » apocalyptique qui se révèle
plus bénigne que les épidémies hivernales de grippe saisonnière, (224 décès au 5.01.2010) même si ce sont les populations les plus jeunes qui sont atteintes en priorité. Les chiffres connus de l’hémisphère sud touché avant nous par le même virus permettaient pourtant d’anticiper sur ces données épidémiologiques.
- Un achat d’un nombre massif de vaccins aboutissant à l’over-dose (94 millions de doses pour 63 millions d’habitants soit 10% de la production mondiale) tandis que nos voisins européens se montraient beaucoup moins gourmands et plus raisonnables (50 millions pour l’Allemagne et 24 millions pour l’Italie).
- Le prétexte de la nécessité de deux doses vaccinales par personne pour un vaccin qui avait été soi-disant préparé en copie ("mock-up") avec celui de la grippe aviaire H5N1 déjà prêt depuis deux années.
- L’autorisation de mise sur le marché de vaccins après des expérimentations réduites à leurs plus simples expressions. L’utilisation d’additifs auparavant abandonnés (thiomersal) ou d’adjuvants suspects (squalène).
- Une pharmacovigilance qui s’efforce de banaliser tout effet indésirable potentiel un peu inquiétant. On peut par exemple lire sans plus d’explications sur le bulletin N° 5 du site de l’
AFSSAPS (plus précisément on pouvait puisqu’il a mystérieusement disparu depuis) «
Un cas de décès a été signalé chez un homme de 58 ans, dans la nuit suivant la vaccination. Il a été conclu à une mort naturelle", comme s’il était naturel de mourir dans son lit à 58 ans...
- Des contrats passés avec les multinationales tenus secrets et révélés, en partie seulement, par le biais de la CADA (commission d’accès aux documents administratifs). Des exonérations de toute responsabilité des laboratoires producteurs en cas de problèmes de complications post-vaccinales.
- La constitution de stocks considérables (et pour l’essentiel non utilisés et prochainement périmés) de l’anti-viral Tamiflu. La décisions de sa prescription systématique de cet anti-viral devant tout syndrome grippal sans aucune preuve scientifique de son efficacité.
- Une gabegie financière sans précédent (estimable à près de 2 milliards d’Euros) additionnant des achats pharaoniques de doses vaccinales, de masques et d’anti-viraux, la mobilisation et l’indemnisation d’un personnel sanitaire et administratif sur plusieurs mois. Ce n’est pas
l’annulation tardive de la commande de 50 millions de doses vaccinales qui réduira beaucoup cette ardoise qui sera bien évidemment lestée par les indemnisations que les laboratoires producteurs exigeront sous une forme ou sous une autre.
- Une organisation militaro-administrative d’une campagne vaccinale qui devait être sans précédents et n’arrive qu’à aboutir à un échec retentissant auprès de la population (5 millions de vaccinés) malgré une dramatisation et une désinformation médiatique répétitive.
- La mise hors-jeu du corps médical des médecins de ville probablement suspectés d’incompétence en la matière ou de risque de désobéissance. Leur réappropriation bien tardive, alors que le pic épidémique du virus est en voie d’extinction, comme sorte d’os à ronger que l’on vient leur servir un peu tard en espérant qu’ils vont pouvoir arriver à gonfler le chiffre total des vaccinés.
Une majorité de Français sont donc en accord avec les déclarations d’un spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, le Pr Marc GENTILINI, qui parlait déjà il y a quelques mois de « pandémie de l’indécence ». Il expliquait également tout récemment son raisonnement réaliste et pragmatique en disant « Je conçois très bien qu’on veuille prendre une assurance tous risques, mais quand une assurance coûte beaucoup plus cher que le risque, on doit quand même s’interroger ».
Certains politiques évoquent la possibilité d’une commission d’enquête parlementaire afin de définir les responsabilités de ces dysfonctionnements majeurs. Des
parlementaires européens du Conseil de l’europe en font de même, sous l’instigation d’un médecin allemand Wolfgang WODART. Cela paraît être une sage mesure afin de ne pas répéter dorénavant chaque hiver la même stratégie au détriment d’autres problèmes de santé publique bien plus préoccupants. On peut mettre par exemple en parallèle le coût annuel du plan cancer 2009 (750 millions d’Euros) avec celui de cette campagne vaccinale qui reviendra trois fois plus chère. Les moyens limités que nous nous donnons, notamment en matière de recherche et d’action sur les causes environnementales des cancers et autres maladies chroniques sans cesse en augmentation sont la conséquence de ces choix inconsidérés. Notre
Ministre de la Santé ne paraît pas avoir bien compris cette leçon puisqu’elle déclare sans hésiter que «
si c’était à refaire, je referai exactement la même chose ». Errare humanum est, perseverare diabolicum
, même si tu y perds ton latin, chère Roselyne, pour ce virus aussi appelé Influenza