S’accrocher…
La lecture d’un article m’aura touché, il décrivait l’environnement social d’un lieu d’accueil pour SDF. Le narrateur expliquait que même entré au chaud les personnes qui bénéficient du lieu, jamais se découvraient et gardaient toujours leurs frusques, comme une espèce de carapace inamovible, par crainte d’être dérobé, ou maltraité, dans ce qu’ils leurs restent de plus précieux.
Il expliquait également, qu’ils étaient issus de différents niveaux sociaux, sans emploi ni ressource, ou pour certain encore les minimas sociaux, comme RSA ou ASS, mais tous sans toits. Des jeunes et moins jeunes, diplômés ou pas, atteints par une manœuvre de la vie et blessés dans leur dignité.
Depuis peu, mon expérience de ce monde auquel me sentir de plus en plus proche, me fait l’effet d’abandon et de résolution. Comme si la porte une fois refermé sur mon lieu de vie, pouvait être la frontière entre l’acceptable et l’inavouable, comme si le besoin de se cacher aux yeux des autres, était une nécessité. Pourtant il reste encore des gens proches, prêts à entendre et à comprendre, mais au final le constat reste le même, il y a gêne entre ces deux mondes, pas forcément d’incompréhension, non juste une fatalité pas bonne à voir, comme un reflet que l’on ne veut pas apercevoir et surtout auquel on ne vaut pas s’identifier. La vision de ce tout, reste une épreuve pour celui qui la côtoie, et comme un rejet instinctif, par crainte de raison ou de contagion sans doute.
Attendre avec résolution, une main tendue comme espoir, un mot d’encouragement ou simplement de reconnaissance, épier un sourire et rester digne dans l’affront et l’incertitude de ce qui fait ce qu’on est, reste l’exploit à accomplir. Se cacher, se mentir que tout ceci n’est que provisoire, pour paraitre sur et digne de soi, c’est un exercice douloureux et fatiguant. Pour ne pas renoncer, il reste les souvenirs qui nourrissent un peu d’espoir le quotidien, sans vraiment l’embellir, juste comme un verni posé égayant les pensées. Le temps d’une embellie à attendre patiemment, en tentant à chaque jour de paraitre constant et fort, est construit avec effort. Mais le doute et la crainte de ne pas arriver à ses fins, encombrent chaque minute, posant ainsi un peu plus à chaque instant le poids de l’incertitude, toujours plus grandissant.
La frontière est si infime entre possible et acceptable, entre réalité et renoncement, que le combat reste sans vainqueur ni gloire. L’appréhension du vide et de son attractivité, donne comme envie de ne pas tenter, ni se résoudre, à abandonner. Un combat ignoré par tant, mais les statistiques sont à l’envol, rappelant derrière les chiffres si impersonnels que tout reste à faire, et surtout ne pas l’ignorer, mais si peu s’en alarme.
Le chemin de la désillusion, de l’abandon, du renoncement, celui qui à chaque pas amène à la désespérance, est ainsi parcouru, dans l’ignorance, dans l’évitement. Et pourtant tenir, pour ne pas disparaitre, ne pas se noyer, juste parce qu’une seule raison est envie, la vie. Celle qui a conduit à ce constat d’échec, sans en vouloir le présent, ni même vouloir l’accepter, mine le moral et déroute la mémoire. Voici donc, le résultat de tant d’efforts anéantis et effacés, pourtant étayé avec toute la motivation et l’envie durant les ans passés, à croire que récompense est donnée, mais la seule certitude est de la voir s’envoler, écraser, bafouer, tant d’espérance pour rien, sinon une survie fade et sans joie, à se battre au quotidien pour un peu à l’atteindre à chaque instant.
Voilà, mon constat à la lecture de cet article qui m’a interpellé, et la synthèse aussi proche de mon vécu, comme témoignage.
Pour seul choix, s’accrocher…
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