Salon de l’agriculture. Chichi en rêve, « les autres » en tremblent !
- Maman, où sont mes bottes ?
- Pour quoi faire mon ami ? Nous ne sommes pas en Corrèze
- Crénom de dieu la mère, c’est le salon de l’agriculture non ? Faut bien que quelqu’un fasse bonne figure chez les paysans, non ? Le Foll ne bande que d’une, quant à François… il me fait douter de lui. Pourtant c’était un bon élève ! Un vrai Corrézien ! Levant le coude comme un sapeur, ingurgitant du pâté aux cèpes, des caillettes aux herbes, du sauciflard ardéchois, des accras antillais. Même les tripes à la provençale, souples, onctueuses et délicieusement piquantes sur la langue ! Buvant des canons, faisant des promesses - ça mange pas d’pain ! – embrassant les gosses, se faisant photographier avec les belles bouseuses ! Tâtant le cul des vaches comme un vrai élu de la Corrèze qu’il a été comme moi ! Mon fils spirituel maman, je vous dis ! Mon fils ! Mais cette année, avec le bordel qu’il y a chez les péquenots, il risque l’entartage à la bouse de Salers, mon Françounet…
- Jacques, vous déparlez. Vous me faites honte. Vous n’avez pas l’intention de vous commettre cette année encore dans cette foire à la bouse ? Dans votre état… Vous voulez que tous les journalistes, toutes les télés montrent votre état ?
- Ah ! Ah ! Ah ! Qu’est-ce qu’il a mon état la mère ? Tenez, tâtez : je bande comme un jeune séminariste, je me trimballe un démonte-pneu de camionneur ! Ça vous étonne maman ? C’est parce que je pense à toutes ces croupes lisses, soyeuses, crémeuses, souples sous la main, à ces mamelles gonflées, si émouvantes ! Les vaches, mamans ! Les vaches et leurs cornes altières et redoutables ! Toute ma jeunesse, toute ma vie… Sans vouloir vous offenser ma chère, ça me change de vos noix tristounettes de fin de série.
- Oh ! Goujat ! Malotru ! Pour ce qui est des cornes, j’en sais quelque chose… Vous n’êtes qu’un vil cul-terreux, un homme du commun. Je retrouve bien là vos ascendances douteuses de radical-socialiste de province.
- Cause toujours la mère ! Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ! Ah ! Maman, je rêve de m’empiffrer en bonne compagnie ! Du foie gras de Gascogne, des tripes normandes, du cassoulet bien gras et onctueux, et ces superbes et si subtils pieds et paquets à la marseillaise ! Huummm ! Tout le monde me connaît, tout le monde m’attend ! Je n’ai que des amis là-bas moi ! Pas comme les autres…
- Mais votre régime Jacques ? Vos docteurs ne veulent pas que vous alliez encore vous goinfrer.
- Au diable le régime ! Au diable les toubibs ! Au point où j’en suis… Laissez-moi jouir encore un peu, vous et tous les pisse-froid, tous les peine-à-jouir qui m’étouffent sous votre direction « affectueuse ». Huummm ! Le fumé subtil d’un Haut-médoc, la fragrance d’un Pommard, la puissance d’un Gigondas, la suavité d’un Sylvaner. Et puis une bonne bibine pour faire passer le tout !
- Et votre cholestérol Jacques ? Qu’en faites-vous ?
- Cholestérol mon cul ! Ch’uis pas un buveur de coca ou de flotte moi ma chère ! Pas comme les autres.
- Jacques ! Enfin, un peu de retenue…
- Quand je pense que ces cons croient que j’ai… comment disent-ils déjà ? Ah oui ! L’Alzei…Merde, j’ai oublié…
- Vous n’irez pas Jacques ! Je vous l’interdis !
- … « C’est la cuiiiite finaaaale… Saoulons-nous car demain… Les eaux minéraaaales remplaceront le viiiin ! »
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