Sans-dents : le président Hollande n’aime pas les pauvres. Et alors ? Moi non plus.

Le président de la république aurait dit en privé qu'il n'aimait pas les pauvres et les aurait traités avec amusement de « sans-dents ».

Quand cette rumeur s'est répandue, il aurait déclaré en public qu'il aimait les pauvres.

C'était quelques jours après que son chef de gouvernement ait déclaré qu'il aimait les entreprises. Et les riches.

Personnellement, je n'aime pas les pauvres.

Je l'ai été moi-même.

Il m'est arrivé, avant d'aller en classe, de prendre le petit-déjeuner alors que les vitres de la salle étaient recouvertes de glace.

Si la richesse se mesure à la chaleur de la chambre la nuit en hiver, assurément je n'étais pas riche.

Des dizaines d'années plus tard, j'ai occupé des chambres d'hôtel plus luxueuses, et toutes comparaisons faites, je préfère prendre mes aises.

Bref, quand je vois un pauvre, je ne cours pas vers lui les bras grand ouverts.

Quand je vois un riche non plus.

J'ai pris l'habitude de prendre le temps de connaître quelqu'un avant de lui accorder mon amitié, indépendamment de son compte en banque.

Qu'on dise que le président de la république n'aime pas les pauvres, je le comprends, surtout s'il appuie son amitié sur d'autres critères.

Dans quelles circonstances a-t-il fait sa déclaration sulfureuse ?

C'était en privé. Sans autre témoin qu'une amourette éconduite.

On se rappelle la cabale lors de la campagne de 2012 quand des mots avaient été tirés hors de leur contexte et étaient devenus désobligeants.

C'était comme prétrendre que Saint Paul préconisait les bonheurs terrestres parce qu'il avait dit :

« Buvez et mangez car demain vous mourrez. »

La citation complète est :« Ne dites pas comme ces païens « buvez et mangez car demain vous mourrez. ». ».

Il est facile de condamner quelqu'un sur une citation tronquée hors de son contexte.
 

Et même si le président n'aimait pas les pauvres, quelle importance ?

Personne ne l'a élu pour qu'il aime les pauvres ou les riches, les édentés ou les Patrick Sabatier, les bronzés ou les cachets d'aspirine.

Il a été élu pour combattre la pauvreté, entre autres.

C'est sur ses actes qu'il doit être jugé, et non pas sur ses discours, réels ou supposés.

J'ai l'habitude de ne pas écouter les discours politiques. Ils sont trop éloignés des actes.

Je n'écoute pas non plus les journalistes politiques. Ils se contentent de commenter les discours, pas les actes.

Réduire un responsable politique à des amours et à des amitiés, c'est réduire les citoyens au bas niveau des candidats de la télé-réalité dont le cerveau est monopolisé par les instincts primaires.

C'est bien joué de la part de ceux qui tirent les ficelles et attirent l'attention sur des faux-semblants pendant les prestidigitateurs continuent leur spectacle d'illusions.