Sapiens : La conquête par fertilité
La puissance du prototype humain « Sapiens » a été longtemps hypothisée en termes d’une supériorité intellectuelle, ainsi que d’une capacité d’adaptation supérieure. Selon cette hypothèse, son système cognitif serait plus amélioré que celui de ses prédécesseurs, lui permettant de développer des technologies avancées, au gré desquelles il s’est propagé plus facilement, colonisant la Terre. Néanmoins, des découvertes récentes remettent en question cette hypothèse.
Le Sapiens n’est pas le seul ancêtre récent
Rappelons qu’afin de prouver une « origine africaine commune récente », selon laquelle « tous les hommes actuels descendent du Sapiens africain », certains chercheurs ont lancé récemment une vaste campagne d’étude ADN à l’échelle planétaire. Cependant, pour leur grand désarroi, les études ont prouvé que les occidentaux héritent un taux d’environ 4% du génome Neandertal, les asiatiques héritent de 1 à 3%, tandis que chez les africains actuels il n’y a pas des traces d’ADN Neandertal. Ce qui suggère, qu’il y a une différence quant à l’ancêtre récent commun.
Rappelons également, que l’hypothèse communément admise relatif à l’évolution de l’homme, serait que des hommes ont quitté l’Afrique, par vagues, pendant diverses périodes, dont Erectus qui a rejoint l’Asie (mais qui a évolué progressivement vers une branche proche du Neandertal), puis Neandertal qui a rejoint l’Euro-Asie, et enfin, d’autres branches africaines, dont Sapiens, il y a environ 65 000 ans.
Notons ensuite, que les découvertes archéologiques ont attesté une série d’hybridations entre le prototype Sapiens et le prototype Neandertal, tout à la fois au Proche Orient, en Europe, et dans la région altaïque. Selon la datation par carbone 14, ces hybridations s’étendent sur une longue période, respectivement 55 000 av JC au Proche Orient, 45 000 av JC en Altaï (Denisova), et 45 000, puis 35 000 en Europe.
De plus, des découvertes archéologiques (crânes sur les sites Skhul et Qafzeh en Israël) prouvent que l’homme dit « anatomiquement moderne », vivait déjà depuis 120 000 ans en dehors de l’Afrique. Cela signifie que le Sapiens africain n’est pas l’ancêtre de tous les hommes anatomiquement modernes, car il est sorti de l’Afrique il y a seulement 65 000 ans. Rappelons à ce titre, que l’haplogroupe C-T, (associé au Sapiens africain qui aurait quitté l’Afrique pour devenir notre ancêtre commun) date de seulement 65 000 ans. Donc, il ne pouvait aucunement être l’ancêtre des hommes anatomiquement modernes découverts en Israël, et par conséquent, associer l’homme anatomiquement moderne au Sapiens Africain est fondamentalement, et scientifiquement, incohérent.
Ainsi, on a d’une part la certitude qu’une hybridation a eue lieu, ce qui suggère que les deux sous-espèces avaient un ADN de fond identique. On a ensuite la certitude que des hommes anatomiquement modernes existaient en Euro-Asie depuis 120 000 ans, ce qui signifie que notre ancêtre récent commun n’est pas le Sapiens Africain, qui avait quitté l’Afrique il y a seulement 65 000 ans. Enfin, on rappelle que de manière générale, une hybridation implique une transmission symétrique en termes de gènes, (environ 50% et 50%), ce qui signifie que l’homme actuel ne pourrait aucunement hériter 96% de l’ADN Sapiens et seulement 4% de l’ADN Neandertal.
Dès lors, en articulant tous ces éléments, l’hypothèse la plus réaliste serait que le 96% d’ADN commun entre tous les hommes actuels relève d’un ADN de fond (spécifique à l’espèce humaine), tandis que les différences (2%, 3%, voire 4%) relève des mutations, soit déclenchées par l’hybridation entre les diverses branches, soit en raison de l’environnement.
Il revient à dire, que le prototype Sapiens africain n’est pas seul sur la planète, et que son ADN n’est pas une référence. Tout au contraire, l’ADN de référence c’est le bloc de 96%, hérité depuis Erectus à travers Neandertal pour les Euro-asiatiques actuels, ou depuis Ergaster (Erectus africain) à travers Sapiens pour les africains. Une autre référence est respectivement la différence (2%, 3%, ou 4%), qui dans le cas des européens relève à 100% du Neandertal, dans le cas des africains elle relève à 100% du Sapiens, tandis qu’ailleurs elle varie, en raison des fusions successives entre les deux branches.
Sapiens versus Neandertal
Notons ensuite, que l’analyse ADN, appuyée partiellement par découvertes archéologiques, suggère que la migration du Sapiens a emprunté deux routes. Une première par le sud, à travers la Mer Rouge, puis l’Inde, allant jusqu’en Asie de sud-est, contournant la Chine vers le nord, jusqu’aux îles japonaises, puis en Océanie. Une deuxième, par le nord, allant d’abord au Proche Orient, puis se diffusant, soit vers l’Europe à travers l’Anatolie, soit vers les Caucase, soit vers l’Asie en suivant la route de la soie.
Cependant, il n’y a aucune trace de l’haplogroupe patrilinéaire sur la route du nord. Si on analyse méthodologiquement, et minutieusement, la supposée trajectoire du prototype Sapiens depuis l’Afrique, on constate que l’haplogroupe patrilinéaire C, supposé ayant quitté l’Afrique, n’a laissé aucune trace entre l’Afrique et l’Euro-Asie.
Or, cet élément est étrange, sachant que selon l’analyse ADN, l’haplogroupe mitochondrial U avait quitté l’Afrique en même temps (il y a environ 65 000 ans), et qu’en règle générale les femmes ne partent pas toutes seules en dehors de l’Afrique, elles sont impérativement accompagnées. Aspect confirmé sur la route du sud, où l’haplogroupe mitochondrial U est fidèlement accompagné par un haplogroupe patrilinéaire C, qui devient au niveau de l’Inde C5, avant de se diffuser en Asie de sud-est, puis en Amérique précolombienne à travers Béring.
Néanmoins, il faut se souvenir qu’à cette période ont eu lieu dans les régions du nord les premières hybridations avec Neandertal. Cela coïncide, à quelques détails près, avec l’apparition de l’haplogroupe patrilinéaire IJK, dont le descendant direct I présente les caractéristiques morphologiques typiques au Neandertal Européen, tandis que le descendent K et ses sous-clades, revêtent les caractéristiques typiques au Neandertal asiatique.
Il semblerait qu’une première hybridation a eu lieu au Proche Orient, rendant l’haplogroupe IJK à 50% Sapiens et à 50% Neandertal. Puis, d’autres hybridations ont eu lieu vers le nord, ou vers l’Altaï, avec d’autres Neandertal, rendant les haplogroupes I et K, manifestement plus proche de Neandertal. Rappelons à ce titre, qu’il n’y a pas de grandes différences morphologiques entre deux haplogroupes successifs. Il n’y a pas, par exemple, de fortes différences entre les haplogroupes A et B africains, et les haplogroupes successifs du sud, C, F, G, H. En revanche, il y a de fortes différences entre les haplogroupes du nord (I et K) et les haplogroupes du sud (A, B, C, F, G, H). Ce qui laisse entendre que les changements relèvent de l’apport néanderthalien.
Dès lors, étant donné l’absence du lignage patrilinéaire Sapiens dans les régions (et à la période) d’hybridation, puis étant donné que les haplogroupes I et K semblent étroitement liés aux branches Neandertal, l’hypothèse la plus probable serait, qu’en sortant de l’Afrique, le Sapiens africain s’est effacé face au Neandertal, qui s’est imposé (probablement en raison de sa robustesse) en prenant et fécondant les femmes Sapiens. Ce qui a donné naissance aux haplogroupes patrilinéaires I et K, ainsi qu’aux haplogroupes mitochondriaux U3, U4, U5, et U8.
Cette hypothèse est fortement consolidée par le fait que l'haplogroupe patrilinéaire I1 est fidèlement accompagné par l’haplogroupe mitochondrial U5 jusqu'au Scandinavie, preuve qu'ils ont un étroit lien de parenté. De même, l'haplogroupe patrilinéaire I2 est détecté en proximité géographique de l’haplogroupe mitochondrial U3, tandis que les mitochondriaux U4 et U8 accompagnent mètre par mètre les sous-clades de K (R1a, R1b et N).
Notons entre autres, que l’éventuelle hypothèse d’une mère Neandertal et d’un père Sapiens (comme a été avancée par les protagonistes de la théorie out of Africa), n’est pas fiable. Si les hommes Sapiens auraient fécondé les femmes Neandertal, on devrait détecter impérativement dans la région (et pendant la période) d’hybridation initiale un haplogroupe patrilinéaire C ou D, supposé correspondant au Sapiens africain. On devrait détecter également un haplogroupe mitochondrial correspondant aux femmes Neandertal, donc différent des haplogroupes africains.
Or, ce n’est pas le cas. D’une part, il n’y a aucun haplogroupe patrilinéaire correspondant au Sapiens africain. Ensuite, le seul haplogroupe mitochondrial détecté à cette période, et dans ces régions, c’est l’haplogroupe mitochondrial U, originaire de l’Afrique. Ce qui prouve qu’il n’y avait pas des femmes Neandertal dans la région d’hybridation initiale, et que les hommes Neandertal sont avancés vers le sud justement pour chercher les femmes Sapiens, éliminant en passage les hommes Sapiens africains.
Une séparation géographique
Notons ensuite, que selon les preuves paléontologiques, les populations issues de l’hybridation avec le Neandertal se sont dirigées dès la fin du Paléolithique vers le nord. Etant donné les gènes néanderthaliens qui ont permis une meilleure adaptation au climat hostile, l’haplogroupe I1 s’est installé en Scandinavie, l’haplogroupe I2 s’est installé soit au nord-est de l’Europe, soit dans les Carpates, soit dans les Alpes Dinariques. Pour leur part, les divers sous-clades de K se sont installés soit au sud de la Sibérie (R1a et R1b), soit au nord de la Sibérie (N), soit dans les hautes montagnes (R2 en Himalaya, Q en Altaï). Une exception étant ici les haplogroupes M et S, répandus en Polynésie, en Mélanésie et Papouasie.
Inversement, toute la région tropicale et équatoriale, depuis l’Afrique jusqu’en Asie orientale, a été colonisée par le prototype Sapiens, à l’image des haplogroupes A, B, C, D, E, F, G, et H, détectés dans ces régions. A ce titre, il est important de préciser que la séparation entre les haplogroupes du nord (I, K et leurs sous-clades), et les haplogroupes du sud (A, B, C, D, E, F, G, H), fut marquée par une barrière géographique difficilement franchissable, composée de Sahara en Afrique, de Gobi en Asie, ainsi que d’une longue chaîne de hauts plateaux, qui s’étend de l’Anatolie à l’Himalaya et Altaï.
La fertilité du Sapiens
Ceci étant dit, on constate ensuite une différence en matière démographique, entre les populations du nord et les populations du sud, traduite par un fort taux de fécondité naturelle dans le sud. On précise bien fécondité naturelle, pour ne pas confondre avec la fécondité soutenue (comme ça été le cas longtemps en Occident pour des raisons religieuses, idéologiques ou politiques).
En effet, tandis qu’en nord il n’y a aucune trace prouvant l’existence des masses significatives de populations jusqu’au Moyen-Age, dans le sud, il y a eu depuis le Néolithique de grosses concentrations humaines, localisées sur la route de migration du Sapiens. On les retrouve particulièrement autour de la Mer Rouge, ce qui a donné naissance à la civilisation égyptienne, puis autour du Golfe Persique, ce qui a donné naissance à la civilisation mésopotamienne, et enfin en Inde, ce qui fut à l’origine de la civilisation harappéenne. La civilisation chinoise préhistorique a été également fondée par des hommes qui suivaient la route de sud, à travers l’Inde et l’Indochine.
Mis à part le Moyen-Age (lorsque la croissance démographique occidentale a été soutenue par la religion catholique) dans le reste du temps, les populations du sud ont été toujours plus significatives en nombre. Puis, si on tient compte que jusqu’à la fin du 20ème siècle les conditions de vie et d’hygiène dans les pays du sud sanctionnaient un haut taux de mortalité infantile, l’ensemble prouve que le taux de fécondité naturelle des hommes du sud est nettement supérieur à celui des hommes du nord.
Dès lors, sachant qu’en nord l’ADN du Neandertal est prédominant (il représente 100% de la différence de l’ADN de fond), tandis qu’en sud c’est l’ADN du Sapiens qui est prédominant (il représente 100% de la différence de l’ADN de fond en Afrique, et 80% dans les autres pays de l’Asie de sud, en raison de leur position sur la route de migration depuis l’Afrique), l’explication la plus réaliste serait qu’il existe un lien étroit entre l’ADN du Sapiens et la fécondité naturelle.
Cette hypothèse est consolidée davantage en comparant les populations africaines (100% ADN Sapiens) avec d’autres populations, notamment celles occidentales, dont la différence ADN non-fond est 100% Neandertal.
Notons à ce titre, que la population africaine est passée de 100 millions en 1900 à 1,1 milliards en 2014. Donc, sachant qu’en Europe (Russie et Turquie comprises) la population a seulement doublé pendant cette même période, on remarque que le taux de fécondité en Afrique est 5 fois plus élevé qu’en Occident. Cela vaut de même relatif aux autres pays occidentaux (Canada, Australie), où depuis la fin de « Trente Glorieuses » la démographie est en baisse, tandis qu’aux Etats-Unis la maigre croissance démographique relève principalement des populations issues de l’immigration.
Certes, dans le cas de pays occidentaux on peut invoquer l’infertilité volontaire, due à l’utilisation de moyens de contraception. Néanmoins, étant donné qu’en Afrique le taux de mortalité infantile est toujours élevé (en raison des conditions d’hygiène qui provoquent des maladies ou des malformations) il n’en reste que le taux de fertilité chez les populations africaines est, quoi qu’il en soit, nettement supérieur que chez les européens.
Un élément d’appui illustratif à cette hypothèse, le constitue l’exemple de l’Amérique du Sud. En effet, on distingue sur ce Continent certains pays, comme Brésil et Colombie, ou régions, comme les Antilles, où le taux de la population d’origine africaine est élevé, et où le taux de natalité à long terme est également élevé, se traduisant par une forte croissance démographique. Tandis que les pays comme Chile, Pérou, Bolivie, Argentine, qui ont un taux plus faible d’afro-américains, ont enregistré également une croissance démographique plus faible. Notons, que dans le premier cas la population a augmenté de 11 fois entre 1900 et 2000, tandis que dans le deuxième cas elle a augmenté de seulement 3 à 4 fois.
Cet exemple est surtout illustratif, car il rend caduques les autres facteurs (historiques, culturels, économiques, politiques, géographiques, environnementaux), sachant qu’il s’agit d’un Continent qui a connu la même évolution historique, le même type d’administration et le même environnement politique.
Le seul facteur qui diffère, c’est le taux de la population d’origine africaine, de sorte que là où ce taux est élevé la croissance démographique a été explosive. Sachant que la croissance démographique est plus significative dans les régions peuplées par les métis et les noirs, comme le montre une série de statistiques en Brésil, selon lesquelles le taux de fécondité est plus élevé chez les noirs et les métis, que chez les blancs. Or, métis et noirs, les deux catégories tirent leurs origines de l’Afrique. Rappelons à ce propos, qu’après le premier siècle de colonisation ibérique, vers l’année 1650, la population amérindienne a été presque éradiquée. Donc, elle fut remplacée par les esclaves africains, qui étant donné leur haut taux de fécondité (remarqué et mentionné dès le 18ème siècle par les démographes royaux) ont fini par repeupler l’Amérique du sud, particulièrement les Antilles.
Il revient à dire, que les métis sud-américains, comme tous les afro-américains, héritent un ADN 100% Sapiens.
Conclusion
En somme, étant donné que tout à la fois l’Afrique, les populations d’origine africaine d’Amérique du sud, ainsi que l’ensemble des pays de l’Asie placés sur la route du sud de migration de Sapiens, ont connu récemment une explosion démographique (grâce notamment au progrès scientifique qui a diminué la mortalité infantile), et ce, contrairement aux régions du nord, l’ensemble prouve que l’homme de l’Afrique (Sapiens) a un taux de fertilité supérieur aux hommes du nord.
Cela prouve d’abord qu’il y a effectivement une différence en termes d’ADN entre les hommes du sud, et les hommes du nord. Différence, qui, comme on l’avait évoqué auparavant, est redevable à l’apport du Neandertal.
Cela prouve ensuite, que Sapiens a colonisé une grande partie du monde grâce à une fertilité supérieure, et non pas grâce à des compétences d’adaptation supérieures. En effet, vu la manière dont les africains ont repeuplé en seulement quelques siècles le Continent sud-américain, remplaçant pratiquement la population autochtone, on comprend dès lors, comme en quelques millénaires, le Sapiens africain a repeuplé les régions désertées par les Neandertal.
Toute simplement par une incessante reproduction naturelle, pacifiquement, et non pas par une domination quelconque. Ce qui correspond parfaitement au prototype africain actuel : pacifiste, mais fertile.
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