Sarkozy bling-bling, Carla « Bang Bang »
Carla Bruni, fait une apparition glamour dans une publicité télévisuelle pour une grande marque automobile italienne. En dehors de la vie privée des mariés de ce début d’année, au-delà de l’indéniable et efficace coup de pub du constructeur automobile, analysons ce qui transpire de ce spot dans ses effets collatéraux et dans le contexte de sa diffusion.
L’objet publicitaire :
Dans ce spot, Carla interprète une chanson de Cher : Bang Bang (1966 - disque d’or). Elle chante seulement le premier couplet et le refrain dont voici la teneur et la traduction pour les moins anglophones d’entre nous :
I was five and you were six
We rode on horses made of sticks
I wore black, you wore white
You would always win the fight
Bang bang, you shot me down
Bang bang, I hit the ground
Bang bang, that awful sound
Bang bang, my baby shot me down
J’avais 5 ans et toi 6
Nous chevauchions des chevaux de bois
J’ai porté le noir, tu portais le blanc
Tu gagnais toujours le combat
Bang bang, tu m’as tiré dessus
Bang bang, j’ai touché le sol
Bang bang, ce bruit horrible
Bang bang, mon amour m’a tuée
Le message du constructeur automobile
Carla est un ex-mannequin dont le passage à la musique fut plutôt réussi : si on compare avec celles qui ont suivi un chemin similaire, son premier album est même de très bonne qualité, la critique et le bouche-à-oreille étant plein de louanges à l’époque du lancement de la demoiselle dans la musique.
Ex-mannequin (au passé légèrement sulfureux, même si on connaît pire), actuellement artiste musicale (glamour et piquante comme il se doit), on peut se permettre de la qualifier de "star", d’autant plus que c’est de ce qualificatif qu’elle va jouer en l’occurrence.
Aujourd’hui, comme de nombreuses stars, Carla souhaite utiliser son image pour se faire un peu d’argent. Ca tombe bien, Lancia cherche une icône glamour pour faire vendre son dernier modèle dénommé MUSA ("muse" en italien : tout un programme).
Le message publicitaire n’est rien que du très classique. Une voiture est à vendre et il va falloir accrocher le badaud dont le pouvoir d’achat semble faire grise mine. Qu’à cela ne tienne : la voiture n’est pas chère (13 500 € malgré tout) et même si elle ne vous vaudra pas la gloire éternelle, vous pourrez savourer votre instant de célébrité, puisqu’une grande star people l’utilise pour ses déplacements personnels.
Le spot insiste plusieurs fois sur le côté "c’est moi Carla" : en effet, les mannequins qui jouent de la guitare ne sont pas légion, histoire de bien insister, le nom de la star apparaît sur la devanture de la salle où elle va manifestement se produire et, enfin, la dame apparaît plus longtemps que la voiture qu’elle est censé faire vendre.
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se payer la première dame de France dans un spot télé, d’autant plus quand il s’agit d’un ex-mannequin qui agite le buzz médiatique de toute part. C’est un très bon coup de la part du constructeur automobile. Rien à redire sur les intentions de l’un et de l’autre.
"Spacieuse et citadine dans l’âme"
Le message collatéral de la pub
Un message collatéral, c’est une communication involontaire (dire le contraire serait de la diffamation) que suscite le protagoniste communicant. Donc, ne nous demandons pas ce que pense Carla quand elle joue dans cette publicité, mais plaçons-nous simplement à sa place avec un œil des plus subjectif : l’œil de celui qui participe à la chute dans les sondages de son président de mari M. Nicolas Sarkozy et visualisons à nouveau ce spot télé :
"Bonsoir, je suis Carla.
Vous me croyez alangui dans une limousine rutilante et sobre d’ébène. Pied nu, la guitare à la main, je taquine l’inspiration sur la banquette arrière de ma voiture avec chauffeur (j’ai gardé ma ceinture : sécurité oblige).
Cependant, je ne suis pas dans une limousine, je suis dans une simple citadine, mais cela n’enlève rien de ma "star attitude". On me dépose au pied du tapis rouge peuplé d’innombrables fans : les flashs crépitent, mais une noire limousine, qui n’est finalement pas la mienne, tente de me barrer la route vers l’ascension de la gloire (on a l’ascenseur qu’on peut). Qu’à cela ne tienne, d’un mouvement de tête impérieux, je dégage les sensuelles mèches de mon visage pour m’attaquer à l’outrecuidant.
D’une main vaporeuse, sur la carrosserie noire et glacée de la longue voiture de luxe, je mets le feu, j’embrase, je t’embrase et surtout je te contourne pour le couronnement de ma gloire (Nicolas serait-il dans la limousine ? : la question reste posée).
Manifestement, les fans portent leur attention uniquement sur moi : je gravis les marches pleines de cette certitude. Avant que ne commence le show, je me retourne et du geste qui tue sans se salir les mains, je te donne le coup de grâce dans le flamboiement de ton prétentieux moyen de locomotion (il n’y a pas qu’en banlieue que les voitures sont en flammes). Comme de bien entendu, tu prends feu en t’avouant vaincu de mon indéniable virtuosité dans la maîtrise de ma VIP touch’.
Les flammes de l’enfer t’emportent ; "je suis Lucifer" (comme disait Mike Jagger dans Sympathy for the Devil) je poursuis mon chemin assurée que tu ne me barreras pas la route."
"Mon mec, je le prends, je le roule et je le fume" (extrait de Ma came bientôt dans les bacs).
Un moment qui tombe mal
Notre président de la République souffre d’une in-amitié persistante dans les sondages avec les multiples coups du sort enrichis d’impromptues erreurs de communication, de timings, de castings politique ou privé, de stratégies d’ouverture, d’avancées et de reculades sociales...
Lors de sa rencontre et de son idylle avec sa douce, pour lesquelles il n’a fait montre d’aucune tentative de discrétion, il était médiatiquement évident que Mlle Carla Bruni était une femme à hommes et que M. Nicolas Sarkozy n’était pas son premier amant et ne serait manifestement pas son dernier non plus.
Les mauvaises langues se sont déliées dans le marc de café des chansons de Carla, dans son intime passé sulfureux et passionnel, en pronostiquant l’avenir le plus sombre pour son nouveau mari.
Et c’est là que l’on peut légitimement se poser une question parfaitement futile dans ce contexte de marasme présidentiel : ce spot publicitaire était-il vraiment indispensable pour la réussite des vœux de leurs acteurs (visibles et supposés) ?
Quand on joue tout sur la communication, il faut être d’une dextérité rhétorique à toute épreuve, il faut tout prévoir, tout planifier. Et quand on en vient, avec l’aide de son propre camp, à multiplier avec un tel rythme les faux pas, c’est qu’on ne sait plus trop où nous mènera l’emballement de notre ambition manifestement assouvie sur une bien trop courte durée.
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