Sarkozy est-il le problème de la France ?
Bonjour chers lecteurs ! La phrase de ce dimanche 6 novembre sera attribuée à Dominique de Villepin. « Nicolas Sarkozy est un des problèmes de la France » a-t-il affirmé. A noter, pour un décryptage complet, cette précision, « un des problèmes » et non pas « le problème ». Contrairement à cette fameuse formule de Ronald Reagan sur l’Etat qui n’est pas la solution mais le problème. Mais rien de commun en effet. Reagan parlait d’idéologie alors que chez Villepin c’est une question d’homme et que pas plus tard que la veille de ce dimanche, Luc Ferry évoquait également la question d’un homme politique providentiel capable de remettre la France sur ses rails. Certes, mais les rails mènent toujours quelque part. Sur ce point, Villepin est clairvoyant, pointant un Sarkozy ayant perdu contact avec la réalité et de ce fait, amoindrissant la France en accentuant ses divisions tout en trahissant ses principes et même en jouant le divertissement avec la Matignon academy qui dure depuis 4 mois. Bref, si l’on en croit l’ancien locataire de Matignon sous Chirac, le problème de la France repose pour l’essentiel sur un seul homme, Nicolas Sarkozy, et accessoirement sur sa clique qui l’entoure et le sert comme s’il était un prince mandarin ou florentin. Avec une vois sans issue. Du coup, cette pique si banale a rendu solidaires les ennemis de trois ans à l’UMP que sont Jean-François Copé et Xavier Bertrand, des hommes rusés, qui ont décidé d’enterrer la hache de guerre sachant qu’en étant solidaires, ils auront largement de qui partager en prébendes. Vieux principe du libéralisme transposé au champ politique mais qui est aussi vieux que le monde. Les larrons savent s’entendre. Accusant Villepin de vouloir faire le buzz. Le sage voit aussi avec limpidité que l’adage de Villepin s’applique aussi à son énonciateur. Villepin est aussi le problème et peut-être que l’UMP est aussi le problème et que tout ce cirque médiatique n’est possible qu’en raison d’un manque d’idéologie et de voie pour la France et que ces médias sont aussi le problème.
Le monde ne va pas bien et beaucoup pensent que ce sont les hommes politiques, les gouvernants, qui sont le problème. C’est un peu facile et cette option vire vite aux penchants populistes. Si les gouvernants savent parfois être populistes, c’est parce que le peuple l’est aussi. Malheur à celui qui a fait d’un peuple un réceptacle du populisme, le dressant comme un animal de masse prêt à aboyer contre le maître déchu et vilipendé. Ainsi s’exprimerait un sage taoïste. Les politiciens sont populistes parce que le peuple l’est aussi. Qui a causé cette situation ? Répondre à cette question, c’est commencer à entrevoir la solution. En Italie aussi, Silvio Berlusconi est considéré comme le problème et non plus la solution. La salve est partie de son fidèle allié, Gianfranco Fini, qui invoque un nouveau programme, un nouvel ordre du jour, comme un coup de bluff qu’on connaît dans les experts manipulateurs. Car Fini n’est certainement pas le promoteur d’une voie nouvelle. Il est simplement le pourfendeur d’un chef d’Etat en délicatesse avec la morale, mais pas plus que notre président Rolex. Aux Etats-Unis, haro sur Barack Obama, le responsable du marasme américain, de l’opulence inefficace de l’Etat fédéral. Carrément un traître aux yeux des activistes du Tea Party qui n’ont pas forcément tort sur toute la ligne. Encore un populisme qui s’en prend aux hommes de gouvernement, sans saisir que c’est le système qui est pourri. Les Américains ne veulent pas se regarder en face et voir dans leur idéologie des parvenants et des parvenus la cause du marasme social.
Les Britanniques semblent plutôt accepter les mesures du nouveau gouvernement. Est-ce un signe de résilience ancré dans ce pays depuis Churchill ou bien la conséquence d’une mandature récente ? Je n’ai pas la réponse mais j’ai au moins posé la question. En Allemagne, Angela Merkel ne subit pas ces attaques si violentes et l’on peut se demander si ce fait est dû à la tendance consensuelle pratiquée par les germaniques depuis la tragédie nazie ou si c’est à cause d’une situation économique plutôt avantageuse par rapport aux autres pays européens, Espagne, France, Italie notamment ? Allez savoir, le consensus allemand pourrait être le ressort et non la conséquence de ce dynamisme économique. Je n’ai pas la réponse à la question et je crois qu’aucun analyste ne l’a. Peut-être y a-t-il des attracteurs étranges qui font qu’un pays avance et se dynamise alors qu’un autre se fige et se sclérose. Et la roue tourne, à l’échelle des siècles. Ce constat, s’il est pertinent, devrait permettre de prendre conscience que les hommes politiques ne sont pas les ressorts de la crise mais des signes. Faute de comprendre les rouages de la société, les peuples sont condamnés à s’en remettre aux hommes providentiels et à les accabler parce que le réel ne fonctionne pas comme ils auraient souhaité. Ceux qui comme Villepin ou Fini ou Palin s’en prennent aux dirigeants ne valent pas mieux que le peuple. Les nations occidentales ont perdu la voie. Il n’y a rien de plus vain que ces âmes errantes, politiciennes et citoyennes, qui veulent aller de l’avant alors qu’elles ont perdu la voie. Ainsi parle le sage taoïste.
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