Sarkozy est un sale mec a dit François Hollande

Décidément, la langue politicienne perd de son lustre et nous nous éloignons chaque année de cet art de la parole façonné par les grandes figures de la République, de Clemenceau à Mitterrand en passant par De Gaulle. La république des lettres est révolue. A l’âge vidéosphérique, le langage se vulgarise et s’il y a bien un président qui s’est prêté à cette dégradation de notre langue si raffinée, c’est Nicolas Sarkozy. Inutile de revenir sur ces discours entachés de banalité, lieux communs et tournures de langage dignes d’un comptoir de bistrot. Et cette fameuse altercation du « casse toi pov’ con » qui restera dans les anales de l’Histoire comme une belle bouse larguée lors d’un salon de l’agriculture.

 Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre. Voilà que François Hollande vient de traiter de « sale mec » notre respectable président lors qu’une rencontre avec des journalistes. On imagine mal un coup de gueule intempestif du candidat de la gauche. S’il l’a dit, c’est qu’il l’a pensé. Et s’il l’a dit devant des journalistes, c’est pour qu’on le répète. Pourquoi ce mot qui, pour certains, est considéré comme étant de trop et pour d’autres une insulte qui, on n’en doute pas, déclenchera une bronca du côté de l’UMP et c’est déjà le cas du côté de Christian Estrosi. La guerre des boutons aura bien lieu et les répliques d’une hauteur vertigineuse vont pleuvoir. Déjà, on entend un lieutenant parler d’une « sale campagne » menée par Hollande. Mais attendons les tweets de Nadine Morano. Il va y avoir du grabuge. Qu’est allé donc faire Hollande dans cette campagne en provoquant le débat sur des niveaux si bas. Les forces de l’esprit de Mitterrand se sont bien dégradées, que fait donc Dieu ? Les gens sont nerveux à notre époque, crispés, et parfois, un policier s’en prend à un cycliste qui a négligemment grillé un feu sans mettre en danger quiconque. La tonalité de 2012 est peut-être déjà fixée, à l’instar des défilés de mode qui en plein hiver, annoncent les tendances pour le printemps prochain. La mode est à l’énervement. Sarkozy énerve Hollande qui, frustré de ne pouvoir en découdre avec le président protégé par sa fonction, tente une offensive à coup de sales mots. L’avenir dira si c’est bien joué ou si cette tactique le dessert.

 Con, mec, voilà des mots très à la mode. Sans doute, Hollande aura tiré quelques enseignements de la rhétorique si chère à BHL. Souvenons-nous de l’épisode DSK, lorsque la presse se lâchait en diffusant les commentaires salaces, grivois et pas très sympa sur le trousseur de domestique ou le sex addict. BHL s’énerva alors face à Pascale Clark et s’en prit aux « petits mecs » qui balancent sur DSK. Finalement, l’époque se dessine comme une histoire de mecs. Il y a les petits mecs qui sont dans le collimateur de BHL et le sale mec que Hollande ne peut pas encadrer. Finalement, Coluche avait raison, en 2012 le PS sera à l’Elysée. Et de là où il se trouve, il nous envoie son prochain sketch, c’est l’histoire d’un « sale mec » qui va se faire dégommer ou pas. Pourtant, ce mec a des chemises aussi propres que celles de BHL qui s’en prend aux petits mecs. La politique est descendue au niveau du vaudeville et du comique. C’est peut-être cela, la crise du 21^ème siècle. Le citoyen contemple le ciel étoilée et se demande, c’est quoi ces salamalecs ?