Sarkozy, la Pravda et Jeannie Longo

 Si je parle de Pravda et de Jeannie Longo c’est qu’à ce jour je ne crois pas avoir lu d’articles à ce point laudateurs et à côté de toute vérité que tout cire-pompe peut en être vert de jalousie et le mettre dans son petit manuel de parfait faux cul afin de savoir comment s’améliorer dans la brosse à reluire. Je me demande comment il est possible dans une démocratie moderne d’écrire de telles énormités. A Cuba la presse n’a qu’à bien se tenir, les journalistes officiels ont un sérieux concurrent avec une certaine Martine Pérez du Figaro.

 

Si Jeannie Longo, qui a 50 ans met la pâtée à ses adversaires, elle qui ne fait aucun malaise n’a qu’à bien se tenir car elle aussi va avoir un adversaire de taille : le jogger du château, en l’occurrence de la Lanterne.

 

Lisez avec attention ces quelques lignes qui suivent que j’ai volées à Marianne2, car je ne sais si l’on doit être abasourdi, mort de rire, estomaqué, halluciné, mais cela vaut son pesant de cacahuètes.

 

- « Pour ce que l’on en sait, Nicolas Sarkozy ne fume pas, pratique régulièrement du sport et semble à 54 ans dans une forme physique éblouissante »

- « Il suscite d’ailleurs même l’admiration lorsque l’on considère son mode de vie et sa manière d’être archiprésent sur tous les fronts, apparemment toujours combatif et ne rechignant jamais devant un déplacement, une annonce, une prise de position, un combat ».

 

Non vous ne rêvez pas. Cela n’est pas un extrait d’un panégyrique de Kim, non nous ne sommes pas en 1936 à Moscou, mais en France en 2009 au beau milieu de l’été.

 

Tout d’abord un petit détail. Madame Pérez officie sous un autre nom à l’UMP où elle est la spécialiste de la santé et élue du 3è arrondissement de Paris. Il y a le serment d’Hippocrate, il y a dû y avoir une erreur de voyelle quand elle a juré pour le sien.

 

 

Revenons un peu à ces deux phrases qui serviront de fronton au livre d’or du fayot international. Du reste on ne peut qu’être ébloui par cet exercice qui à ce point balaye toute évidence, toute honnêteté intellectuelle et fait de la contradiction une œuvre d’art.

 

La première, d’abord. J’ai mis en vignette une photo de Sarkozy ne fumant pas un non cigare. En effet le poids des mots est moins fort que le choc des photos. Et si je ne m’abuse sur celle-ci il y a comme un air de démenti avec notre journaliste du Figaro. Mais l’extraordinaire est atteint quand ce Diafoirus féminin annonce que Sarkozy est dans une forme éblouissante (pour le moins), juste au moment où il fait un malaise. Je n’ose imaginer ce que ce serait en cas de petite forme, de méforme ou carrément sans forme du tout. Ceci dit, le transparent Sarkozy qui avait caché une petite opération à la gorge alors qu’en campagne à visée présidentielle il mentait une nouvelle fois en affirmant que son médecin serait l’homme le plus connu de la planète tant il nous tiendrait au courant de la précieuse santé de notre Précieux interstellaire. Autre détail, l’homme à la santé éblouissante avait déjà fait un malaise à New York en 2007 et un autre en août 2008, petits incidents que la transparence qui a ses limites ne transparaissait pas. Second détail : pourquoi un hélicoptère quand il y a des ambulances et qu’il est plus rapide d’aller en ambulance de la Lanterne au val de Grâce que d’attendre la venue de celui-ci si ce n’est qu’une petit coup de fatigue ? deux solutions : le vacarme habituel qui entoure tout geste de l’Unique (un avion pour le fameux meeting de Saint Quentin alors qu’en voiture c’était plus court et bien moins onéreux mais également bien moins m’as-tu-vu et cela faisait bien bien moins président). Ou alors le mal était plus profond quoique notre aimé Guide semble allait mieux ce qui est tant mieux, justement.

 

Pour le second passage on a l’impression qu’en France et sur terre il n’y a qu’un seul homme capable de faire ce que fait Sarkozy. Les autres, par exemple un Clinton, en meilleur forme semble-t-il que notre Sentinelle éternelle, qui a eu une charge de travail pour le moins équivalente, si ce n’est le double, ne fait aucun malaise, n’a pas eu droit à tant d’admiration pour ses qualités respiratoires et cardiaques. Je crois, mais je peux me tromper, il y a nombre d’hommes de 54 ans qui ont des métiers d’une pénibilité bien autre (par exemple les chauffeurs routiers internationaux avec 50 à 60 heures sur les routes et un 35 tonnes à mener, des fondeurs, des maçons, des chirurgiens qui opèrent 70 heures par semaines avec la vie des autres entre les mains) et qui ne font pas de malaise et n’ont pas le droit d’avoir leur journaliste attitré qui les glorifie à chaque pet de travers. Il faut ramener notre bonne journaliste sur terre et les deux pieds bien au sol. Notre Luminescence ne travaille pas plus que n’importe quel chef d’état, et peut-être bien moins que la moyenne. Le nombre de jour de vacances, de week-end qui commence le vendredi et se termine le mardi matin est incommensurable. Ensuite quelle fatigue peut-elle être entraînée par une annonce, une prise de position (là on joint sans piolet les sommets du ridicule) ? Quant aux déplacements : quelle fatigue insurmontable que de dormir dans un avion 5 étoiles luxe ! Nombre de commerciaux de haut vol en font dix fois plus. Nombre de chef d’entreprise également. La légende de Sarkozy se bâtit à nouveau. D’un léger accident qui prouve qu’il n’est pas en si bonne forme que cela on en fait l’exact contraire et on ajoute que cela est dû à une activité pourtant moitié moindre que bon nombre d’autres dont on ne flatte rien du tout (je ne ferai pas l’injure de collationner ici le nombre de séjours de vacances pris par le couple royal et le précédent couple royal depuis le mois de mai 2007 de Malte à l’Egypte, en passant par le Mexique et Cap Nègre). Sarkozy à la suite de cet incident est tout à la fois devenu plus humain et plus fragile à cause d’une charge de travail qu’Hercule lui-même serait bien incapable de surmonter ou Atlas de supporter tout à la fois - curieux paradoxe - d’une forme éblouissante sous une charge de travail que les grutiers d’Anvers jalouseraient avec de l’admiration dans les yeux et la voix.

 

On n’est pas sorti de l’auberge !