Sarkozy, Le Pen, Valls, Hollande et Juppé dans l’« union nationale »
Les drames récents, aussi douloureux soient-ils, ont eu le mérite de faire, pendant une petite période, cesser les querelles incessantes entre politiques, qui se limitent à "votez pour moi, je serai le meilleur pour remplacer tous ces abrutis qui nous gouvernent". En effet, c'est dans des tragédies aussi graves que les attentats sanglants d'il y a une semaine que nous pouvons voir qui, parmi toutes ces personnes, serait un véritable homme d'Etat.
J'ai donc choisi de m'attarder sur le comportement des politiques qui monopolisent le débat médiatique en ce moment : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Marine Le Pen et bien évidemment le couple de l'exécutif François Hollande et Manuel Valls. Eh bien, lorsqu'on s'attarde sur les réactions de chacun, on s'aperçoit sans surprise de qui est du bon côté et qui ne l'est pas.
Commençons par ceux qui avaient la plus lourde responsabilité : rassurer un pays en deuil et horrifié par le drame qui venait de le priver de 17 personnes en trois jours. Le président de la République François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls ont été, il faut bien le reconnaitre, exemplaires. Pour la première fois depuis le début de son quinquennat, Hollande a été à la hauteur, réalisant un sans-faute, parvenant à avoir un comportement digne, respectueux et consolateur qui nous rappelle que, si l'on oublie son échec en politique économique, il n'est pas si mauvais que ça (regardez un peu la manière pleine de discrétion et de pudeur avec laquelle il a libéré Lazarevic). Valls, également, a été très bon, confirmant sa stature d'homme d'Etat qui pourrait lui être très utile dans les années qui viennent. Je tiens également à rendre hommage à Bernard Cazeneuve, très critiqué après le barrage de Sivens, dont la rigueur a fait du bien durant ces trois jours de terreur.
Continuons dans les "bons comportements" avec Alain Juppé. Le candidat à la primaire de l'UMP, rival de Sarkozy et meilleur prétendant à l'Elysée, a réussi à "rester dans le rang" (si j'ose dire, voir le paragrahe suivant), ne bougeant pas de la place réservée aux premiers ministres de l'UMP. Il a également fait preuve d'une grande sagesse en refusant, contrairement au petit Nicolas, d'amalgamer terrorisme et immigration :
L'immigration est un problème, il y a 51 millions de réfugiés à travers la planète, ça exerce une pression sur l'Europe, mais je ne suis pas sûr que ça ait un lien direct avec ce qui s'est passé.
Il a également condamné, contrairement à une certaine partie de l'UMP et notamment Sarkozy, l'idée d'un Patriot Act français ou la création de nouvelles lois antiterroristes :
Nous avons la manie, chaque fois qu'un événement grave - et celui-ci est gravissime - se produit, de se précipiter sur : 'Faisons de nouvelles lois'. Commençons par appliquer celles qui existent et nous donner les moyens de le faire.
Maintenant, passons aux cancres. Je tiens à souligner le comportement de Nicolas Sarkozy, qui m'a donné honte d'habiter un pays qui fut dirigé pendant cinq ans par un homme aussi médiocre. Péniblement réelu à la tête de l'UMP après avoir perdu sa miraculeuse popularité post-présidentielle, cet attentat était l'occasion pour lui de retrouver une stature d'homme d'Etat qu'il n'a plus depuis longtemps. Il lui aurait suffi de se faire discret et d'etre respectueux, mais... Tout d'abord, cette ridicule tentative de se retrouver au premier rang pour les photos est particulièrement honteuse (http://tempsreel.nouvelobs.com/photo/20150112.OBS9776/sarkozy-s-incruste-sur-une-photo-historique-et-on-ne-voit-que-lui.html). Son insistance à rester sur le perron de l'Elysée au côté de Hollande pour accueillir les invités comme au bon vieux temps fait penser à un caprice d'enfant gâté (http://lelab.europe1.fr/Ce-moment-ou-Nicolas-Sarkozy-n-a-plus-voulu-partir-du-perron-de-l-Elysee-20212). N'oublions pas sa grimace à la radio lorsqu'une auditrice lui annonce qu'elle est convertie à l'islam (http://oumma.com/219569/grimace-de-sarkozy-une-auditrice-lui-apprend-qu-conve). Tout ceci confirme mon analyse : Nicolas Sarkozy ne sera jamais réelu président de la République (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sarkozy-2017-non-ca-n-arrivera-pas-161245), car plus il est présent, plus il nous rappelle pourquoi nous avons élu Hollande en 2012. Je ne peux que souhaiter que les primaires arrivent vite et le forcent à prendre une retraite définitive.
Et Marine Le Pen ? Eh bien, elle a raté son rendez-vous avec l'histoire. Elle s'est placée comme victime dès que certains socialistes ont émis des réserves quant à sa participation à la marche, alors que Cambadélis puis Hollande ont déclaré juste après que tout le monde pouvait venir, c'est pas difficile à comprendre pourtant ! Mais voilà, Mme Le Pen a pensé politique et s'est dit que montrer sa différence avec l'UMPS bobo FNophobe allait lui permettre d'engranger de nouvelles voix et de rassurer les électeurs qu'elle avait déjà. Une grave erreur qui va lui coûter cher, à coup sûr : déjà, l'amalgame musulmans-terroristes semble (heureusement) ne pas avoir été si fort après cette histoire, suite à la mobilisation des musulmans de France et de la gauche de la gauche. Enfin, il y a cette tentative de récupération politique, en réclamant immédiatement un référendum sur la peine de mort : quelle impudeur... Ce drame ne sera sans doute pas réellement du pain bénit pour le FN.
Maintenant, ils vont sans doute retourner à leurs querelles d'ici peu de temps, mais cette parenthèse aura été très révélatrice.
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