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Accueil du site > Tribune Libre > Sarkozy lit : « Le roman coupable »

Sarkozy lit : « Le roman coupable »

Un titre pareil, ça me rappelle les nouvelles parutions de cette rentrée littéraire ; certaines émissions et bien de gâteries, pour nous faire oublier la crise économique ! Bref, en y repensant seulement, le quotidien serait léger, aéré, et soft comme dirait les poètes. On n’a pas chômé que deux épisodes, viennent achalander notre goût pour du sensationnel : d’une part Clearstream et d’autre part Roman Polanski. Un seul metteur en scène, Sarkozy et sa majorité. Réactivant la vieille tradition des acteurs de film : le pouvoir ! C’est aussi l’illustration que sur cette terre, il y en a encore qui jouent seuls le rôle d’acteur, de metteur en scène, de spectateur et de critique. La France écrit son Roman....

  Le Roman politique

Roman Polanski est de nationalité française. Il est visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice de l’État de Californie pour une affaire remontant à 1977. Il a à l’époque eu des relations sexuelles avec une mineure âgée de treize ans après lui avoir fait boire de l’alcool et consommer des stupéfiants. Ici, il ne s’agit de remettre en question un principe républicain, la présomption d’innocence. Roman Polanski , devant les juridictions américaines est passé aux aveux et a reconnu les faits en plaidant coupable. La culpabilité au sens juridique de Roman Polanski ne fait l’ombre d’aucun doute au sens absolu du terme. Ce dernier, après quelques jours en prison, a été remis en liberté dans l’attente de l’audience sur la peine. Comme un jeune dealer de banlieue qui attendait que le juge des libertés se prononce sur sa peine, il a profité de sa semi-liberté, pour prendre la clé des champs. Trente ans durant. Oubliant qu’une décision de justice est différente d’une décision politique, quelque soit la durée, la justice poursuit toujours son cours. Par contre un mandat politique est abrogé par le temps.

Depuis ce week-end, que n’avons-nous pas entendu, que n’avons-nous pas lu ? Des plus valeureux hommes politiques de la majorité,des juristes, en passant par les artistes de la loi Hadopi -loi contre le téléchargement illégal-, militant pour un référendum national : Il faut libérer aux forceps le soldat Roman ! Il est effarant que des ministres d’ouverture-Kouchner et Frederic Mitterand, soi-disant progressistes, se dressent en éminents défenseurs d’un pédophile, d’un délinquant sexuel....Oui, la République de la jet-set et du bling-bling vole au secours d’un de ses bras séculiers. Et pourtant, les occasions de signer des pétitions pour des causes honorables ne manquent pas. Voilà donc un cas d’école historique que le petit Nicolas, défenseur de l’enseignement de la lettre de Guy Môquet, laisserait aux élèves du CM2. Comme si l’image de l’UMP, avait besoin d’une aussi basse publicité . En somme, comme l’UMP est devenue une communauté corporatiste, Il n’est plus d’actualité d’empêcher à quelque communauté que ce soit de prendre son essor, au nom de cette République de hors-la-loi ....

  Les "Coupables"

L’expérience de la vie quotidienne est une chose, celle d’un vécu politique en est une autre. Dans l’état actuel du déroulement des événements, le gouvernement n’a plus de limites. La morale et le savoir vivre n’étant pas des vertus qu’on réclamerait au mandat de Sarkozy, il n’en demeure pas moins vrai que la Constitution soit bafouée. De mémoire de citoyen, on n’avait pas vu des hommes politiques depuis l’avènement de Sarkozy, manquer autant d’élégance : Deveidjian qui taxe Madame Comparini de salope, il n’est pas coupable d’injures, c’est un lapsus ! Madame de Panafieu qui taxe Delanoé de Flemmard, elle n’est pas coupable d’injures ,c’est un compliment selon elle ! Claude Allègre qui taxe Nicolas Hulot d’imbécile, il n’est pas coupable d’injures, c’est une démonstration sur le réchauffement climatique, etc.

Quand Nicolas Sarkozy, bafoue un des principes de la République, qui est la présomption d’innocence, dans un procès où il est plaignant, en qualifiant les prévenus de "coupables", ce n’est que la continuité d’une violation des règles édictées par notre société et cela ne peut que nous interpeller. L’exécutif et la pratique du pouvoir, dans les affaires qui concernent le président de la république, montrent clairement que la Constitution française n’a pas encore réglé la question du statut du président de la République. Bien qu’en 2007, la cour de Cassation et le Conseil constitutionnel aient tranché sur l’irresponsabilité pénale du président, durant l’exercice de son mandat, alors que celui-ci décide en lieu et place des magistrats. La démonstration nous est donnée par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Clearstream. Avec les menaces qui sont proférées sur les institutions, on se demande quelle distinction faudrait-il faire entre les actes détachables ou rattachables à la fonction du président de la République ?

Ce qui est choquant et contradictoire, il n’est pas extraordinaire de voir Nicolas Sarkozy, se porter partie civile contre un journaliste dans un cas, et refuser, qu’il comparaisse aussi comme Monsieur lambda dans un autre cas.

Nicolas Sarkozy ne peut pas jouer sur les deux tableaux : comme citoyen ordinaire, il demande à se constituer partie civile, mais comme président de la République, il demande à bénéficier de l’immunité de l’article 67 !

Sans quoi la France deviendrait un Roman public de "coupables".

Aimé Mathurin Moussy


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