Sarkozy, Oscar de la Démagogie et du Populisme
Chapeau l’Artiste ! Quel talent ! Non pour gouverner la France, car depuis 2007 point de vision, point « de prévoir » pour gouverner. Mais quand il est question de jouer au candidat, là Nicolas Sarkozy reste et demeure le meilleur, le plus démagogique, le plus populiste à souhait. Comment ne pas se laisser amadouer par de tels propos, si adaptés à nos attentes, véritable copier-coller de la demande du peuple… en apparence.
Petite rédéfinition
Redéfinissons juste la démagogie auparavant, histoire de ne pas s’engager sur de mauvaises voies.
Ce concept pourrait se définir par la proposition de réformes, d’idées voulues par le bon peuple
1/ mais contraire à son intérêt à moyen et long terme
2/ mais contraire aux principes républicains et démocratiques
3/ mais qui ne seront que très partiellement sinon jamais appliquées
Quant au populisme, une définition simple serait de « dénoncer les élites » (les Enarques, Sciences-Po, Polytechniciens…) contre les intérêts du peuple. Cela ne vous rappelle rien ?
L’intérêt de ce genre de propositions n’irait donc pas dans l’intérêt supérieur de la Nation (truffée des « Elites » comme les équipes de chacun des candidats, NKM en tête mais aussi Henri Guaino ou Claude Guéant) mais se ferait uniquement dans une vision purement électoraliste.
Comme chaque électrice ou électeur se souvient, ce cas de figure s’est déjà présenté avec Nicolas Sarkozy en 2007 et son « travailler plus, pour gagner plus ». Un type très précis de slogan auquel chacun pourrait s’écrier : « mais qui serait contre ? »
Évidemment l’intéressé n’est pas le seul pour l’enjeu présidentiel de 2012 à faire dans la démagogie, tout est une question de dosage. Ainsi, nous avons eu droit aux 2 Hollandes : devant les caméras « c’est à bas la Finance ! », et en coulisse, « ne vous inquiétez pas chers investisseurs, chers financiers, chers grands patrons »
Côté Le Pen, de père en fille, nous avons droit au traditionnel, « la France aux Français ». Contraire aux principes républicains et démocratiques, totalement utopiques dans sa réalisation (à moins que Marine et ses militants aient la nostalgie des rafles ?), contraire aux intérêts à moyen et long terme du pays.
Imaginez (brièvement !) ainsi le départ des soi-disant étrangers du territoire français (pour aller où d’ailleurs ?) comme le souhaite le Front National, et vous n’avez plus un seul bâtiment construit, un seul hôpital, un seul service public qui fonctionnera correctement…
Mais le nec plus ultra reste sans doute le slogan « Mon programme : le vôtre » de Louis Aliot, vice-président du Front national, qui pourrait se traduire par « du moment que vous votez pour moi… »
Revue de détails des propositions récentes
Retour sur Nicolas Sarkozy. Souhaitant manifestement racler le lobby de la sécurité routière, très critique depuis 2007, Nicolas 1er a réussi à faire voter une loi pour imposer la détention obligatoire d’un éthylotest dans chaque voiture dès le 1er juillet 2012. Dans un premier temps, on peut apprécier la liberté individuelle de chacun à détenir ce qu’il veut dans sa propriété privée, la voiture étant un prolongement de celle-ci.
Dans un second temps, on peut douter de l’efficacité d’une telle mesure. Un individu éméché aura-t-il encore le courage ou la conscience d’esprit de souffler dans son propre ballon ? Aura-t-il la capacité de lire correctement l’instrument ? Pas si sûr.
En revanche, on imagine déjà l’intérêt sonnant et trébuchant d’investir dans les sociétés fabriquant ce genre d’équipement. 1 par véhicule, et avec une date maximum d’utilisation ! Quelle cohue dans les magasins !
Autre absurdité, le classique marronnier de Sarkozy pour faire « peuple » : la lutte contre les parachutes dorés et les retraites chapeau du vilain grand patronat. Comme le souligne le journaliste et écrivain engagé Olivier Bonnet, cette promesse date pourtant de… juin 2006. Alors Mr Sarkozy, qu’avez vous fait depuis 6 ans ? Rien, vu d’ici !
Le Monde nous informe que le Parlement pénalisera à l’avenir la diffamation et l’injure envers les harkis.
Une bonne mesure pour celles et ceux qui ont dû quitter leur pays, sacrifier leur vie et celles de leur famille, leurs racines, pour l’intérêt d’un pays d’adoption, si ingrat jusqu’à présent. Petit souci de calendrier cependant. Pourquoi attendre près de 5 années et l’approche des élections présidentielles si ce n’est par pur « électoralisme » ? Histoire que ces personnes maintenant d’un certain âge se rappellent bien au moment de voter ? Pathétique…
Dans la même veine, la négation du génocide arménien afin de faire tant plaisir à la communauté arménienne de ce pays (Mr Devedjian, Mr Aznavour en tête) et se faire tant détester de la communauté turque, que Nicolas Sarkozy (par ses origines hongroises et surtout grecques) ne peut tolérer. D’un point de vue juridique, contrairement à la Shoah, il n’y a pas eu à l’époque de juridiction internationale pour décider. Dans le cas arménien, les parlementaires français se sont alors pris pour des juges de tribunal.
Pire, dans la précipitation, le texte proposé par des députés UMPs’avère contraire à la Constitution. Que ne ferait-on pas pour racler des voix, toutes les voix quand on voit le déficit criant en popularité ?
Au final, Sarkozy veut une nouvelle loi… mais Hollande également (ex-aequo !)
Emploi. Florange véritable sujet incontournable de la campagne présidentielle. Car qui sauve (vraiment) Florange a gagné !
Sarkozy annonce fièrement, en bombant le torse, la sauvegarde du site à coup de millions d’euros. Manque de chance, Arcelor Mittal dans son communiqué, conditionne ses versements à une reprise économique (sic !) et les millions investis vont dans la filière dite « filière froide », celle séparée des hauts fourneaux. Nous sommes donc bien loin ici de ce qu’exigent les métallos du site qualifiant les annonces du Nicolas de vulgaire « pipi de chat ». Par contre, nous sommes en plein plan com’ et démagogie crasse.
Pour preuve : la direction d’ArcelorMittal ne confirme pas le redémarrage du fourneau mais s’engage juste sur des opérations de maintenance.
Pauvre Nicolas, la bonne nouvelle aura fait pschiiittt… et les métallos ne sont pas dupes !
Santé Publique. A près de 50 jours du 1er tour, le National Sarkozism fait 10 propositions chocs contre le tabagisme. Là encore plusieurs questions :
- Qui pourrait être contre ?
- Pourquoi ne pas appliquer ces 10 propositions là, maintenant ?
- Pourquoi avoir attendu, pourquoi n’avoir pas fait cela dans les 5 ans de mandat ?
Allez un peu de courage ! A moins que tout ceci ne soit que du bluff…comme Florange.
Education Nationale. Dans l’opinion publique, celle particulière ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, juste un peu au-dessus des conversations de bistrot, les enseignants restent des feignants et des privilégiés. Surfant allégrement sur ces préjugés – avez-vous déjà vu un métier où il n’y avait ni incompétents ni tirs-au-flanc ? – l’équipe de campagne a repris son vieux leitmotiv du « travaillez plus pour gagner plus » en « enseignez plus, gagner plus ».
Sauf que les personnes les plus informées restent toujours les moins dupes. Comme le rappelle les délégués syndicaux, selon l’UNSA Education, Sarkozy est « en décalage avec la réalité parce qu’il y a beaucoup de professeurs qui font 21 ou 22 heures, contraints de faire des heures supplémentaires à cause des suppressions de postes, et ils sont au-delà des 25% ». Selon la FSU, « le président de la République avait promis en 2007 une revalorisation du salaire qui n’est pas venue ». Confirmation concrète avec cet article : 26 heures au lycée ? Je les fais déjà, monsieur le Président !
Si seulement Sarkozy pouvait déjà tenir ses anciennes promesses non tenues, histoire d’être un minimum crédible.
Agriculture. Un Président de la République censé, responsable et « normal » devrait prendre en considération les besoins économiques et vitaux des agriculteurs comme la nécessité de réduire les épandages de pesticides ou de nitrates (sous forme de lisier notamment) afin de préserver l’environnement (ah les belles plages bretonnes !) et la santé publique.
Au lieu de cela, soucieux de son électorat et de ses accords avec la FNSEA, après avoir fait mine de s’intéresser vaguement à l’écologie avec un « pacte écologique » d’opérette, le Nicolas avait ouvertement déclaré « l’environnement, ça commence à bien faire ».
Plus récemment, le névrosé-mégalo-démago a osé se prononcer pour une simplification des normes environnementales. Comprendre moins de contrôles, moins de moyens pour les contrôleurs (chouette des économies !), des taux supérieurs de nitrate dans les nappes phréatiques tolérées etc…
Au diable la santé publique et ces victimes des pesticides qui sont d’abord – pour info Oh Cher Président – les agriculteurs eux-mêmes et leurs familles !
Car le lobby agricole (semenciers et phytosanitaire) et l’UMP estiment qu’il y trop de contrôles tatillons « sur des textes parfois difficiles, voire impossibles à appliquer. » Mais bien sûr…
Voilà un bel exemple de connerie humaine pure, de démagogie crasseuse, piétinant l’intérêt collectif. Et de nous demander alors : Où est cette Rupture tant scandée en 2007 ? La Rupture, il faut en effet la voir du mauvais côté : les normes d’hygiène ont été assouplies, et on tolère plus de pesticides dans l’eau du robinet !
Il n’y a bien que la fanatique NKM pour affirmer encore après 5 ans de poudre aux yeux, que « Sarkozy dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit ».
Restons dans le secteur agricole : voilà qu’une pénurie d’oeufs frappe le monde agroalimentaire. Depuis 12 ans la FNSEA a réussi par son lobbying à retarder l’application d’une directive européenne sur les surfaces allouées aux poules pour vivre (les fameuses poules en batterie). Sauf que depuis le 1er janvier, les industriels (vu les pratiques, ce ne sont plus des éleveurs) sont au pied du mur et dans l’infraction la plus totale.
Plutôt que de s’adapter (en 12 ans quand même !), en fournissant aux bêtes à plumes bourrées d’antibiotiques l’équivalent d’une feuille A4 et un modeste perchoir de 15 cm, ces tortionnaires demandent… « des mesures urgentes, exceptionnelles ou temporaires ». Nicolas va bien faire quelque chose à 2 mois de l’élection !
Que ne ferait-on pas pour continuer à produire de la merde (oeufs bas de gamme utilisés dans la boulangerie et la pâtisserie industrielles) tout en maintenant ses marges ? Encore une fois, le profit avant la santé, les élections avant la Nation !
Finissons par le couac démagogique de la semaine de notre si pitoyable parodie de président. Lors de son meeting à Montpellier, Nicolas a cru bon d’annoncer l’exfiltration de Edith Bouvier, journaliste indépendante du Figaro. Manque de chance, celle-ci n’a été en lieu sûr que 3 jours plus tard.
Mais ne reculant devant aucun culot, à son arrivée sur le tarmac français, Nicolas Sarkozy et son équipe de campagne se sont empressés d’organiser en grande pompe un point presse pour rendre hommage à la profession de « journaliste »….une profession que la Naboléon déteste par-dessus tout pourtant.
Comme quoi, une campagne électorale peut changer un homme !
Cette petite liste de démagogie pur sucre n’est évidemment pas exhaustive. Mais elle démontre déjà par ces quelques pépites jusqu’où peut aller un candidat à une élection présidentielle pour convaincre, pour se faire aimer, pour devenir ou redevenir populaire à l’approche d’un scrutin décisif.
« La seule façon que vous ayez pour continuer à m’entendre, c’est de me réélire » a osé déclarer Nicolas Sarkozy lors de sa dernière visite officielle à Bruxelles.
Justement un peuple entier veut qu’il se taise, qu’il se fasse oublier. En attendant, à l’instar de ses prédécesseurs et maîtres, qu’il a su dépasser, il pourra toujours s’enorgueillir d’obtenir l’oscar du politicien le plus démagogique que la France ait pu connaitre.
Agressif avec ça !
D'autres articles à lire sur Cpolitic.com
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON