Sarkozy présente aux Français ses jouets de Noël

Il ne lui reste plus beaucoup de temps pour amuser encore un peu la galerie, à peine 4 mois, même si lui il pense que c’est 5. Alors il sort le grand jeu en cette nouvelle année « de tous les risques, […] de toutes les espérances », le mini président de la grandeur de la France, il veut réussir en 14 petites semaines ce qu’il n’a pas su faire en près de 5 longues années de gesticulations au service des riches, des puissances bancaires et des multinationales.

Il veut lutter contre le chômage qu’il a fait exploser à 10% (bien plus en réalité), et à plus de 30% chez les jeunes, il veut réindustrialiser le territoire, lui qui a contribué hautement à sa ruine en facilitant toutes les délocalisations ignobles là où la main d’œuvre est bon marché, il veut être le super président du pouvoir d’achat alors que ses nouveaux jouets vont le faire voler en éclats, il veut s’occuper de la formation des chômeurs après avoir massacré celle des enfants en appauvrissant l’Éducation nationale, il veut plus de sécurité là où il a insufflé la paranoïa, il veut rendre la France compétitive alors qu’elle n’a plus à vendre que quelques produits de luxe et une image touristique surannée qui peut dire merci à la culture romantique, il veut sauver la protection sociale en préparant le cercueil des plus faibles et des plus pauvres.
Tous ses nouveaux jouets font partie de sa vieille panoplie de prestidigitateur corrompu qui lui a permis de subtiliser le pouvoir en 2007, avec la complicité il est vrai de son assistante psychanalysée de la gauche bobo, Ségolène, la reine de la bravitude, sans laquelle rien de cette imposture n’aurait pu avoir lieu.
Parmi les jouets qui ont fait leur preuve, on retrouve cette année un grand classique du genre, cher au cœur des Français : la peur. Jean-Paul II en son temps l’avait pourtant dit et répété, et même affiché dans le métro : “N’ayez pas peur !”, en vain. Les Français aiment viscéralement jouer à se faire peur, à se passer leurs frayeurs en boucle. Peur du chômage, peur de la précarité, peur de manquer, peur de perdre leurs économies, peur d’avoir faim, peur de voir des étrangers, peur du combat collectif, peur de ne pas pouvoir rembourser leurs traites, peur du terrorisme, peur de leurs voisins, peur de la fin du monde, peur de l’avenir. Toutes ces peurs, pour la plupart, sont encouragées par l’absence de vraie gouvernance et de vraie vision pour la France, ce que le magicien de l’Élysée a parfaitement compris, car reconnaissons-lui cet instinct animal inné aux prédateurs.
La peur, donc. Le ressort du jouet vient d’être remonté jusqu’à la limite de son point de rupture. Les vœux du nano président franco-hongrois – merci aux 4 mois de Légion étrangère à papa ! – ressemblaient à des condoléances, avec une énumération en bonne et dûe forme de tous les sacrifices à faire pour continuer à enrichir le système libéral putride au détriment du peuple. Comment métamorphoser des condoléances en rêves d’avenir ?
Il faut une dose d’assurance et d’inconscience à toutes épreuves pour jouer cette carte et vouloir en faire un atout. Sarkozy la possède, assurément, et il en use avec l’habileté d’un Houdini pour transformer son aplomb en or. Il ne faut guère que des questions, ailleurs, sur l’affaire Karachi pour le démasquer et voir son cerveau primaire de menteur partir en débandade, dans des bredouillements incohérents et incompréhensibles, dignes des plus grands acteurs lorsqu’ils perdent leur texte ( http://www.dailymotion.com/video/xbljlk_karachi-sarkozy-parle-de-fable-19-0_news ). La marionnette cupide des ventes d’armes au Pakistan, et tant d’autres escroqueries couvertes à l’étranger dans des sociétés enfumées et des banques paradisiaques s’emmêle alors dans ses grosses ficelles de fête à Neu-neu.
L’autre jouet que le bichon malin nous agite sous le nez, c’est la TVA sociale, celle qui consiste à augmenter de 3 points la TVA actuelle (19,6%) sous prétexte d’une part de sauver la protection sociale et, d’autre part, de baisser les charges patronales pour faire repartir l’emploi et la croissance. Quelle rigolade !
Comme la France, pieds et poings liés à Bruxelles, n’a plus le pouvoir d’augmenter les taxes sur les importations, ce qui reviendrait pour les technocrates non élus de l’Europe à rétablir une taxe douanière qu’eux seuls sont en mesure de décider ou non, Sarkozy sort de son chapeau cette “TVA sociale” qui aura l’avantage, avec les vertus de la poudre aux yeux, d’augmenter les marges de profits des industriels et des grands patrons, car personne n’est assez stupide pour croire une seconde que ces capitalistes chevronnés et indifférents consacreront cette baisse de charges généreusement accordée – une de plus – à créer de l’emploi, de l’outil de production en France ou à augmenter les salaires !
En revanche, la conséquence directe de ce nouveau jouet que Sarkozy partagera avec le Medef, son bon vieux réseau social à lui, c’est une augmentation généralisée des prix de tous les produits de consommation courante. Autrement dit, tous les Français qui vivent en France, même les plus pauvres, vont subir une nouvelle baisse drastique de leur pouvoir d’achat – la priorité UMP de 2007, rappelez-vous ! –, un nouvel acharnement contre leur autonomie d’existence.
Chez les riches, 3% de plus ou de moins, qui s’en souciera ? Mais chez les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, les travailleurs précaires, les intérimaires, chez les smicards, les bénéficiaires du RSA, relevé de 1,7% à 475€ – les veinards ! –, les chômeurs, les petits retraités, les étudiants, les surendettés et les insolvables, les plus de 8 millions de citoyens français vivant sous le seuil de la pauvreté, pour eux, pour nous, ce sera une plongée de plus dans la misère, servant à engraisser banquiers et actionnaires, sans développer l'emploi et en diminuant la croissance, la "spirale de la mort".
Notre seule solution : briser les jouets du patronat et renverser leur pitoyable marionnette, avant de la traduire en Justice ! En serons-nous capables ? Quelle peur égoïste ou irrationnelle viendra encore nous assaillir avant les tristes vœux de la prochaine année ?