Sarkozy sur Clearstream : deux phrases, trente secondes, quatre erreurs...
Voici d’abord la question posée par la journaliste de TF1 :
Et voici la réponse du président :
« J’ai déposé plainte contre X quand j’ai découvert avec stupéfaction que j’étais titulaire de deux comptes dans une banque dont j’ignorais même le nom ! Et chacun aurait eu le même sentiment et la même réaction. Au bout de deux ans d’enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant le tribunal correctionnel. »
1. "J’ai déposé plainte contre X"
Affirmation fausse : le chef de l’Etat n’a jamais déposé plainte, il s’est contenté de se constituer partie civile (le 31 janvier 2006) dans la procédure déjà ouverte.
2. "J’ai dépose plainte contre X quand j’ai découvert avec stupéfaction que j’étais titulaire de 2 comptes ..."
Affirmation fausse : la chronologie démontre le contraire. La présence du nom de Nicolas Sarkozy sur les listings a été évoquée dans la presse, avec celles de trois autres anciens ministres (Alain Madelin, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Strauss-Kahn), au mois de septembre 2004. Or, M. Sarkozy, contrairement aux trois autres, ne s’est constitué partie civile qu’en janvier 2006, soit près d’un an et demi après. Sans compter que de nombreux éléments laissent à penser qu’il avait été informé de la présence de son nom dès le printemps 2004.
3. "Au bout de 2 ans d’enquête, deux juges indépendants..."
Affirmation fausse : l’instruction de cette affaire n’a pas duré deux mais... quatre ans, puisque l’information judiciaire pour « dénonciation calomnieuse » a été ouverte par le parquet de Paris le 3 septembre 2004 et s’est achevée en 2008. Nicolas Sarkozy n’a pas évoqué cette période de « deux ans » par hasard : dans son esprit le « vrai » début de l’affaire correspond à son entrée dans le dossier, en 2006 ! De fait, l’enquête des juges avait connu une spectaculaire accélération juste après la constitution de partie civile de M. Sarkozy.
4. "Deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant le tribunal correctionnel."
Affirmation fausse : toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été définitivement établie par un tribunal. Dans l’exemple Clearstream, il faut donc parler de « prévenus » puisqu’il s’agit d’un procès correctionnel. Et quand bien même seraient-ils condamnés qu’ils seraient toujours présumés innocents dans le cas – probable – où ils feraient appel, et in fine un pourvoi en cassation. Cette déclaration choquante de la part d’un avocat de formation, l’est encore plus de la bouche d’un chef de l’Etat...
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