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Sauver le soldat Mélenchon !

Le théâtre mélenchonesque n'est sans doute que de peu d'intérêt, sauf qu'il sagit de politique c'est à dire de l'organisation et du fonctionnement de la société. Au-delà du cas Mélenchon, cette affaire doit nous inciter à réfléchir à la façon dont "le nouveau monde" envisage de construire la société de demain : par la destruction, au risque de la calomnie, ou par une construction méthodique. Pour l'heure il m'apparaît que, sous prétexte de réformes et de rapidité à réformer, on veuille plus détruire que construire. Alors, "sauver le soldat Mélenchon" c'est vouloir être attentif à la société démocratique et à son évolution.

Ce titre peut paraître tonitruant et exagéré. Je laisse à chacun le soin de savoir si ce titre est vraiment tonitruant et exagéré dans sa rédaction, dans son intention, dans sa capacité à provoquer de la réflexion. Quoi qu’il en soit l’intention dépasse très largement le cas « Mélenchon » dont je pense fortement et sans restriction qu’il n’a pas bien agi lorsque la police, dans le cadre d’une enquête ouverte depuis plusieurs mois, a perquisitionné. Mais le personnage est ainsi, égocentrique et souvent à la limite de la paranoïa. Aussi, rien d’étonnant à ce que ces perquisitions aient été pour Mélenchon l’occasion d’une mise en scène, d’une théâtralisation et d’une tentative de victimisation. A-t-il tort ? Cela ne se retourne-t-il pas contre lui ?

En termes d’action politique et de communication, dans cette affaire, Mélenchon est dans l’erreur, il a tout faux ! En agissant ainsi il a montré deux choses de nature à le déconsidérer en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2022 et à affaiblir son discours. D’abord s’il s’agit d’un « pétage de plombs » il montre qu’il manquerait de sang-froid, ce qui laisse à penser qu’il ne pourrait pas efficacement gérer une situation de crise. Dès lors la question est de savoir si les citoyens peuvent confier leur destin à quelqu’un d’aussi impétueux. Deuxième chose, sa réaction et sa mise en scène interrogent sur la façon dont il conçoit la République, le rôle et le fonctionnement de ses institutions. On ne peut pas, d’autant plus quand on est député, rejeter l'action de la justice et de la police de la façon théâtrale qui fut la sienne. On peut contester par des voies légales, ou alors il faut se mettre délibérément en dissidence ou en état de faire une révolution, l’histoire de notre pays regorge d’exemples. Il ne m’apparaît pas que ni Mélenchon ni les élus de la France Insoumise en soient là. Un coup de théâtre pour montrer que l’opposition, Mélenchon en particulier, est l’objet d’une chasse aux sorcières ne suffit pas à s’attirer l’adhésion des citoyens, peut-être même cela pourrait les rebuter et les éloigner du mouvement. Ce risque est d’autant plus grand que la France Insoumise, comme La République en Marche, ne dispose pas d’un socle d’adhérents militants très vastes ; ce sont des mouvements qui bénéficient plus de sympathisants que de militants ancrés dans une idéologie et des convictions. Ce n’est pas le cas pour le Rassemblement National où l’ancrage des militants est vaste et fort ; malgré cela Marine Le Pen a été plus prudente dans sa communication et a fait preuve de beaucoup plus de finesse dans la gestion des situations analogues. Pour autant elle n’a pas gommé dans sa communication que le Rassemblement National aurait été victime d’une stratégie d’élimination fomentée par le pouvoir en place.

Au-delà de la réaction des personnages très différente de l’une à l’autre, le fond des situations demeure et il y a trop de similitudes entre elles pour que cela n’interroge pas sur l’état du fonctionnement politique et institutionnel de la France et son évolution depuis mai 2017.

Chacun se souvient de l’Affaire Fillon, mais se souvient-on bien de la façon dont cette affaire s’est développée en un temps record. Après son déclenchement à la suite de la dénonciation par le Canard Enchaîné d’un supposé emploi fictif de Pénélope Fillon comme attachée parlementaire de son mari, les médias ont été pris par une sorte de prurit : tous les jours quand ce ne fut pas plusieurs fois par jour, une nouvelle information était communiquée. Si l’on voit bien, comme l’a dit Isabelle Barré (la journaliste du Canard à l’origine de l’affaire) comment un journaliste peut tirer les fils de l’écheveau, il y a des informations pour lesquelles on ne voit pas très bien de quel écheveau elles proviennent, ni comment on a pu les en extraire. Qui alimentait la presse en informations ? Quoi qu’il en soit de ce travail d’investigation, qui avait intérêt à ce que le Parquet Financier ouvre avec tellement de célérité une information judiciaire à l’encontre d’un candidat à l’élection présidentielle et que la mise en examens de François Fillon intervienne tellement opportunément pour lui barrer la route d’une victoire électorale ? Et voilà, alors que depuis 21 mois on ne parle plus de l’affaire, quoi de plus naturel puisque François Fillon a disparu de la scène politique, tout à coup on apprend qu’un des protagonistes qui est loin d’être une oie blanche, décide, après discussion avec le procureur, d’accepter la procédure du plaider coupable. Un revirement dans lequel la presse s’engouffre pour prouver son innocence dans le traitement de l’affaire en 2017. Mais peu importe car tous nous savons que la presse et les journalistes sont, sans exception aucune, intègres et scrupuleusement honnêtes. Que personne ne s’avise de les critiquer sinon au risque de devinrent leur bête noire. Après Fillon voilà que Mélenchon se jette dans la moulinette médiatique, assurément les journalistes ne le lâcheront plus et tant les policiers que les juges sauront alimenter la presse pour que l'hallali arrive avant a prochaine échéance électorale. On voit d’ailleurs comment le revirement d’un protagoniste de l'affaire Fillon éclaire à nouveau une affaire pour laquelle la très grande majorité des citoyens n’a plus d’intérêt. Ici, comme en 2017, c’est moins la méthode, le principe ou l’idée qui importent que la temporalité ou plus exactement l’opportunité du revirement qui va amener l’attention des citoyens vers l’affaire dont ils n’espèrent même plus le dénouement ; ils n’ont pas voté pour Fillon qui a disparu de la scène politique, dont acte et on n’en parle plus dans les chaumières. Mais, en matière de communication le plaider coupable d’un des protagonistes de l’affaire porte à croire qu’il y avait bien une malversation et que conséquemment « l’ancien monde » était bien aussi mauvais que le dit « le nouveau monde ». Quel beau travail le procureur a fourni en permettant ainsi au « nouveau monde » qui bat un peu de l’aile, de faire oublier qu’il est malade. Car avec seulement 29 % d’indice de satisfaction on est malade. Lorsque la presse, à tort ou à raison, s’empresse de communiquer l’information elle devient, qu’elle le veuille ou non, le vecteur majeur de la communication (ou de la propagande) du « nouveau monde ». Et, ça tombe bien ce « plaider coupable » au moment où on s’attaque aux finances de Mélenchon qui, malgré son ripolinage, demeure un représentant de « l’ancien monde », tout comme Marine Le Pen. Ces deux-là font figures de survivants là où les autres ont disparu, tous les autres sauf les caméléons qui ont su s’adapter et prendre les couleurs du parti majoritaire. Alors, ne faut-il pas abattre dans une chasse à courre sans pitié les derniers survivants ? Peu importent les moyens utilisés pourvu qu’il soit fait place nette pour faire oublier les affaires nauséabondes du « nouveau monde ».

Comment se fait-il qu’on ne parle plus de l’affaire des attachés parlementaires du MODEM, une affaire identique à celle du Rassemblement National, l’excuse de proximité du président du MODEM avec le seigneur de l’Élysée ne peut pas être recevable par les citoyens ? Pourquoi l’affaire Ferrand, nouveau président de l’assemblée nationale et ami de Macron, traine-t-elle tellement en longueur et d’ailleurs comment se fait-il qu’il ait pu accéder à cette fonction ? Pourquoi ne voit-on pas avancer les affaires impliquant des ministres et de proches collaborateurs du président de la République ? Et, que penser de l’affaire Benalla et de la façon dont un ministre et tant de hauts fonctionnaires sont venus mentir, sous serment, devant les Sénateurs de la commission d’enquête ?

On ne peut que penser que la police et la justice sont habilement dirigées par le prince aux seules fins de servir ses ambitions en éliminant de la course tous les opposants. Là où Mélenchon se trompe, c’est que ce n’est pas dans une illégalité des procédures que les choses se passent, c’est dans la divulgation d'informations, habilement distillées, que se situe le poison. Et la presse, au prétexte de liberté et de démocratie, se fait complice de cette stratégie de bas étage digne des pires républiques bananières. C’est là un vrai dilemme, faut-il ou non publier les informations communiquées par la police ou la justice sans indiquer leur source ? Le fait que Médiapart ait publié les contenus des perquisitions faites chez Mélenchon seulement deux jours après qu’elles aient eut lieu, montre bien la source policière, ne pas le dire est une faute morale, une tentative de tromperie comme les yaourts bourrés d’antibiotiques que les fabricants ne signalent pas sur les pots. Mais cette publication montre la capacité du pouvoir à manipuler l’opinion à travers la presse. On s’étonnera que les journalistes ne nous disent jais rien des affaires « dormantes » : pourquoi dorment-elles, qui a intérêt à ce qu’elles dorment ? La presse est aujourd’hui plus puissante que la politique, Mélenchon pour avoir critiqué les journalistes, surtout ceux de la presse d’Etat, va être massacré et Macron ainsi que les autres de « l’ancien » comme « du nouveau » monde en jouent en poussant des cris d'orfraie.

Mais, Macron a beau s’étouffer dans sa virginité politique de créateur du « nouveau monde » il ne convainc plus personne. Lui qui a soutenu Benalla et les fonctionnaires qui l’ont protégé, qui protège ses ministres et collaborateurs pourtant convaincus de malversation, lui qui a déclaré que le pouvoir de nommer les procureurs n’appartient qu’au président de la République et qui a retoqué toutes les propositions présentées par la Garde des Sceaux, comment peut-il espérer que les citoyens puissent apporter un quelconque crédit à sa déclaration faite à Bruxelles (Le Monde du 20 octobre) : « Nous avons une Constitution, elle est claire, l’autorité juridique est indépendante dans notre pays et j’en suis le garant, pour tout le monde. Et n’en déplaise à certains, il n’y a pas d’exception ». Malheureusement chaque jour nous constatons les exceptions que sont les affaires des proches de Macron, et comment parler d’indépendance de l’autorité juridique alors qu’il a la main sur la nomination des procureurs et qu’il souhaite, à l’occasion d’une prochaine réforme, diminuer le rôle des juges au profit des procureurs ainsi que supprimer les jurys populaires des procès d’assise.

On voit bien qu’il s’est agi dans cette affaire Mélenchon, comme dans celle de Marine Le Pen que les juges voulaient envoyer devant des psychiatres comme au temps où Staline régnait, d’une opération de basse police politique largement relayée et jamais critiquée par une presse désormais soumise à « l’ambiance générale ». Pourquoi la presse poursuit‑elle de ses assiduités les opposants à Macron qui peut-être méritent que la justice s’intéresse à eux, et ne fait jamais de même (ou rarement comme le fait Médiapart) aux suppôts du pouvoir macronien ? Isabelle Barré disait que Fillon n’avait pas bénéficié d’un autre régime d’investigation que celui fait, depuis toujours, aux autres candidats, où sont les traces des investigations concernant les revenus du couple Macron-Trogneux et du financement de sa campagne ?

Vouloir sauver le soldat Mélenchon, c’est vouloir sauver la République et la Démocratie en redonnant aux citoyens le pouvoir, notamment le pouvoir de choisir à qui ils confient leur destin. La démocratie ne se réduit pas à la liberté de la presse et surtout pas à l’hégémonie du discours journalistique. Mélenchon n’a sans doute pas été très habile, mais heureusement que dans notre histoire nous avons eu des Mélenchon pour faire naître et prospérer la démocratie ; craignons d’être aujourd’hui dans une période de recul.

 


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7 réactions à cet article    


  • Redistribuer 23 octobre 2018 12:21

    Tout à leur jouissance qu’il arrive quelquechose de désagréable à quelqu’un qui les agace, la plupart de ceux qui applaudissent à cette opération digne d’une république bananière ne se rendent pas compte d’un danger qui menace tous les militants politiques !


    On pénètre au petit matin sans avoir averti personne dans des domiciles de citoyens contre les quels on a aucune preuve, on les brutalise devant leurs enfants, on met tout sans dessous dans leur appartement, en suite on leur fait subir un interrogatoire de plusieurs heures, certains ont cessé de travailler avec Mélenchon depuis des années comme l’ancienne conseillère de la campagne européenne de Mélenchon dans le sud-ouest !

    Peu importe Mélenchon est ce qu’il est, il s’agit d’un retour de l’arbitraire qui interdit de pouvoir faire de la politique en sécurité comme cela devrait etre le cas en démocratie !

    Quand ils sont venus arreter les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste !
    Quand ils sont venus arreter les socialistes je n’ai rien dit, je n’étais pas socialistes !
    Quand ils sont venus arretés des militants politiques je n’ai rien dit, je ne fait pas de politique !
    Quand ils sont venus arretés des syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’appartiens à aucun syndicat !
    Quand ils sont venus arreter les juifs, je n’ai rien dit je ne suis pas juif !
    Quand ils sont venus arretés les catholiques, je n’ai rien dit, je ne pratique aucune religion !
    Quand ils sont venus arreter les écrivains je n’ai rien dit, je n’écris et ne publie jamais quoi que ce soit !

    Quand il sont venus m’arreter, personne n’a rien dit car il n’y avait plus personne pour me défendre !

    Gaussez vous tant que vous voulez des malheur de Méluche mais méditez bien sur celà, cela s’est déja produit à plusieurs reprises !


    • titi titi 23 octobre 2018 14:45

      @Redistribuer


      Méluche a assez tiré sur l’ambulance de Sarko (qui n’est toujours pas condamné), de MLP et de tous ses opposants.

      C’est un juste retour de bâton.


    • Alren Alren 23 octobre 2018 15:57
      @titi

      Monsieur Mélenchon SVP n’a jamais accusé qui que ce soit sans preuve !

      C’est toute la différence avec l’agression dont il a été victime qui a servi aux merdias asservis de l’accuser sans preuve, sans invoquer pour lui la fameuse présomption d’innocence que les journaputes utiliseraient pour eux-mêmes dans les mêmes circonstances.

    • Alren Alren 23 octobre 2018 16:06
      @Redistribuer
      "il s’agit d’un retour de l’arbitraire qui interdit de pouvoir faire de la politique en sécurité comme cela devrait être le cas en démocratie !« 

      Ce qui est peut-être le plus grave de tout, c’est qu’on veut embringuer la police et la justice dans des opérations purement politiciennes. Ce que les policiers et les magistrats indépendants (les juges d’instruction) détestent.

      L’agression contre la FI, l’Ère du peuple, JLM et tant de personnes persécutées par des perquisitions de 10h à leurs domiciles, par des fouilles à corps parfois devant leurs enfants, cela met mal à l’aise les policiers et les magistrats qui se font une autre opinion de leur mission !!!

      Évidemment le barbu qui empêchait illégalement JLM d’assister à la »perquisition" du siège de la FI, et qu’on retrouve en garde du corps de Macron sur une autre vidéo, lui, s’il est policier est un policier politique, comme les agents de la Gestapo, il se moque du droit.

    • titi titi 23 octobre 2018 18:39
      @Alren

      « Monsieur Mélenchon SVP n’a jamais accusé qui que ce soit sans preuve ! »
      Lol !




    • egos 23 octobre 2018 13:38

      Soldat !!?

      Que dites vous là, malheureux ?

      • Albert123 23 octobre 2018 18:16

        « Vouloir sauver le soldat Mélenchon, c’est vouloir sauver la République et la Démocratie »


        non ça consiste juste à respecter le résultat d’un référendum.

        tous les parasites qui ont vécu grassement sur le dos du contribuable pendant les 13 dernières années ne méritent aucun soutien.

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