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Scènes parisiennes de la vie quotidienne

Il est des expériences qui sont révélatrices d'un des maux dont souffre notre société : la violence quotidienne que nous imposent, au nom d'une organisation des services toujours plus "efficace" et toujours plus "performante", des experts polis mais froids qui règnent dans tous les domaines de notre existence et qui nous condamnent, par la dictature des procédures et de la norme, à la régression et au dessèchement des rapports humains .

 La banalisation de ces méfaits quotidiens, avec l'énorme capacité d'adaptation de l'être humain, nous conduit à accepter l'inacceptable : l'atteinte permanente à la dignité et à l'intégrité humaine au nom de l'efficacité d'un certain progrès technique. Dans ces communautés éphémères ( transports, hôpital) où l'on se sent si seul et où l'autre devient très vite notre ennemi, la seule issue, dans une situation d'incompréhension, stressante ou inconfortable, le seul signal de détresse actionné est trop souvent le recours à la violence verbale ou physique envers l'autre . Cette "auto agression" du groupe, formé par les usagers et les employés d'un même service, est-elle la seule réponse possible face à l' inhumanité de l'organisation rationnelle des systèmes et l'objectivation de l'individu qui en découle ?

Voici deux situations, vécues cette semaine, qui illustrent cette érosion de l'humain que cause cette organisation technocratique des systèmes complexes que nous sommes amenés à mettre en œuvre et à utiliser.

DES CORPS TRANSPORTES DANS LE RER DANS DES CONDITIONS INDIGNES
La ligne A du RER est de plus en plus fréquentée © JACK GUEZ / AFP

Dimanche, 1er septembre 2013, 18h, Gare du Nord, direction Châtelet, le quai est bondé. A nos cotés, en tête de train, une famille anglaise, certainement fraichement débarquée de l'Eurostar, vient de plonger dans les entrailles du RER parisien, avec ses valises et une voiture à bébé. Dans les bras du père un enfant de quelques mois sourit serein. Le train arrive, les portes s'ouvrent et c'est la cohue ; chacun joue des coudes pour s'enfoncer dans ce maudit wagon. la famille avec ses valises et le bébé doit se forcer un passage, personne ne leur donne la moindre attention, au contraire ils sont comprimés par les suivants et, déséquilibré , l'homme avec le bébé dans ses bras, heurte une femme qui se met à hurler en le traitant de tous les noms. Le bébé crie. Chacun s'invective dans sa langue maternelle sans se comprendre. Les portes se ferment, on suffoque, la tension est à son comble . Après de longues secondes d'attente insupportable, le train démarre enfin. A Châtelet, c'est la délivrance pour la famille d'outre-Manche, on est soulagé l'étau se desserre, chacun rentre dans ses pensées ou son écran.

Pas un regard ne s'est croisé dans cet espace contraint. Nous étions tous, seuls contre tous, aux prises à nos angoisses, prêts à nous abandonner à nos pulsions de violence contenue. Dans cette barbarie quotidienne, pas de place à l'échange et au respect. Dans ce wagon sinistre, tagué, pas un message audio apaisant, rien à quoi s'accrocher. Nous étions comme du bétail, condamnés à subir notre condition de passager du RER, corps sans âme, abandonnant nos vies et nos personnalités à la technique froide et à la violence des conditions qui nous sont imposées par des technocrates qui se satisfont, pour évaluer l'efficacité des moyens de transports parisiens et imposer les cadences, de chiffres sur le nombre de passagers transportés, de moyennes sur la ponctualité du service et de coûts passager.km.

DES CORPS MANIPULES SANS HUMANITÉ AUX URGENCES

Jeudi 5 septembre,14h, salle des urgences dans un grand hôpital parisien, je viens rechercher un personne hospitalisée depuis plus de 24 heures, nous l’appellerons D. Les ambulanciers sont déjà à l’œuvre pour préparer sa sortie. Âgé de 90 ans, D. a subi tout au long de cette épreuve, et de la nuit, une série d'examens ( analyses diverses, scanner, etc...), il est là à mes cotés, allongé sur son lit d'hôpital, le corps enveloppé dans une blouse bleue et des draps ; derrière leur box des infirmières s'affairent. Pas un regard, pas un mot, pas un égard envers mon arrivée dans le service. Une imprimante crache une quantité invraisemblable de papier. J'attends. On m'appelle pour me remettre le dossier de sortie avec une série de résultats d'analyses, d'ordonnances, mais pas un commentaire sur le bilan de toutes ces heures passées entre les mains d'experts et je n'aurai pas le privilège d'échanger quelques mots avec un médecin. Tout est écrit, il n'y a qu'à lire. Une seule injonction : il faut dans les trois jours contacter un spécialiste dans un autre hôpital parisien, car, là où nous sommes, on ne traite pas cette partie du corps.

On embarque dans l'ambulance pour un retour au domicile de D. situé dans les quartiers Nord de la capitale,sans que l'on ait pris soin de l'habiller avec ses effets personnels. Au cours du trajet, il me confie que depuis son entrée aux urgences, il y a déjà 30 heures, jamais on ne lui a proposé un repas où une collation, même pas un verre d'eau. On nous rétorquera certainement que c'est à cause des examens, mais on aurait pu le lui dire et lui proposer un petit réconfort à la fin des opérations. A l'arrivée à l'entrée de la cité HLM, les désagréments continuent : il est impossible d'entrer avec l'ambulance car le portail est constamment fermé à cause des trafics. (Au nom de la sécurité,on a décidé en haut-lieu, sans consultation, d'interdire les voitures dans la cité, sans se préoccuper des habitants qui ont des difficultés à se mouvoir) Seul le concierge peut le manœuvrer, mais, comme souvent, il est absent de sa loge. Il est impossible de le contacter. Nous voilà partis à travers la cité. Allongé sur le brancard, avec comme seuls vêtements les draps et la blouse de l'hôpital, D. a abandonné toute velléité de rester digne. Arrivés dans la cage d'escalier, où flottent les effluves nauséabondes habituels, il nous faut rejoindre le 8 ° étage. Après avoir transféré D. dans un fauteuil, on constate alors que l'ascenseur est en panne. Les ambulanciers téléphonent immédiatement à leur hiérarchie pour m' annoncer ensuite qu'ils refusent de monter avec D. les huit étages par l'escalier car ils ne sont pas habilités à le faire. Sans état d'âme on nous impose un retour forcé aux urgences de l'hôpital, pour commander, à une autre société, une ambulance avec des employés plus costauds et en nombre pour l'épreuve des huit étages. Après plus de trente minutes d'attente, avec comme seule compagnie une femme, gémissante, allongée sur son lit, à moitié couverte sous les draps, nous voilà repartis pour une nouvelle tentative d'approche du domicile de D., sans plus d'ambulanciers,mais cette fois ils ne semblent pas rechigner devant la difficulté. Après un second parcours dans la cité, on constate cette fois, on ne saura pas pourquoi, que l'ascenseur fonctionne, D. retrouve enfin son épouse et son intimité après plus de trois heures d'inconfort pour parcourir une distance de l'ordre de deux kilomètres. Il ne reste plus qu'à jeter cette maudite blouse bleue et les draps et enfin à pouvoir manger et boire à son aise en attendant la prochaine épreuve.

Organisation inhumaine de l'institution hospitalière, réponse technocratique et uniquement sécuritaire à la violence des quartiers, tout se mêle dans cette histoire ubuesque et triste, où tous les acteurs fuient le contact humain, et sont prisonniers de protocoles, de procédures et de la réglementation. Dépersonnalisés et déresponsabilisés, sous la pression d'une hiérarchie invisible et d'objectifs sans cesse revue à la hausse, leur souffrance au travail occulte la souffrance de ceux qui les sollicitent.

Si nous sommes nombreux à avoir vécu des tranches de vie similaires que l'on cherche à banaliser en se rassurant comme on peut, le coup de l'émotion passé, rares sont ceux que l'indignation pousse à agir . On éprouve des sentiments contradictoires face à notre incapacité à faire front devant ce coût "caché" du progrès technique. On a trop souvent l'intuition qu'il n'y a pas d'alternative à ce mode de fonctionnement dicté par la rationalité froide des experts, alors on se résigne.

Il faudra bien un jour se poser la question fondamentale : le prix à payer pour le développement de services de plus en plus "performants" et la rationalisation à marche forcée de l'activité humaine, au nom de la rentabilité et du profit, n'est-il pas trop important ? Doit-on accepter cette aliénation que nous impose la norme et la technique pour bénéficier de leurs "bienfaits" ? (1)

Certes, cette barbarie du quotidien peut sembler dérisoire face à la barbarie de certains États envers leur peuple mais, par la répétition de ces désagréments , elle conduit trop souvent certains à passer à l'acte et à exercer une violence sur leurs semblables ( usagers ou professionnels censés leur apporter un service ) ou sur eux-mêmes (les suicides récents d'employés de nombreuses administrations publiques en témoignent). Symptômes d'une société malade, il est urgent de revoir la manière de faire et la manière d'être dans nos organismes publiques pour transformer ces monstres froids au service du plus grand nombre en systèmes plus diversifiés et plus conviviaux, respectueux de la personne, capable de prendre en compte la parole de l'usager et de l'employé pour ainsi faire preuve d'un peu plus d'empathie face à la souffrance que chacun peut ressentir et d'intelligence, d'initiative et de souplesse dans les réponses forcément différentes à fournir aux diverses sollicitations de la personne humaine. Pour cela il faudrait aussi inverser la tendance à la massification et à la centralisation vers des pôles opérateurs toujours plus grands et trop spécialisés.

Mais n'est-il pas trop tard dans un monde où l' humanité est peut-être déjà dans un état végétatif ?

LA SCIENCE DU PARTAGE

___________________

(1) LA DICTATURE DE LA NORME

Il y a quelques temps j'ai écrit un papier sur ce sujet :hopital-haute-technicite-peu-dhumanite . Je faisais référence à Roland Gori et à son dernier livre " la fabrique des imposteurs". J'en reproduis ici un paragraphe.

[...]Roland Gori décrit très bien ces mondes où la parole et l'échange se raréfient, où les acteurs n'existent que par leurs gestes d'experts sur d'autres êtres entièrement objectivés et où tout est cadencé par la dictature du temps.

" Nous nous trouvons devant une prolétarisation généralisée de l'existence dont les signes les plus patents sont les procédures de normalisation matérielles et symboliques des pratiques professionnelles [...] Technicisation, quantification, fragmentation, rationalisation, formalisation numérique, normes gestionnaires agissent alors de concert dans cette prolétarisation des savoirs et des métiers et assurent une hégémonie culturelle nécessaire au pouvoir. [...] Cette philosophie transforme l'hôpital en entreprise- on parle alors de "chaîne de production de soin" ( 2 ) Avec R. Gori on peut se poser la question si la dimension artisanale du médical a encore le moindre intérêt dans cette médecine productiviste. "Il s'agit de faire du "vrai médecin" une "denrée rare" qui doit apporter une valeur ajoutée aux autres soignants auxquels il aura délégué ses compétences incorporées dans des protocoles standardisés. Chacun des professionnels censés remplacer le médecin dispose d'une liste de questions à poser, d'actes à accomplir en suivant le "protocole". [...] Cette rationalité technique est le caractère coercitif de la société aliénée. " ( 2 )  [...]

Quand se rappelera-t-on que « Le malade est une personne » ? (titre d'un livre coécrit par Antoine Spire et la philosophe Mano Siri- Editions Odile Jacob) . Il est bien loin le temps où la plupart des médecins faisaient des études littéraires, leurs "humanités", avant leur formation en médecine. Aujourd'hui la formation scientifique et technique, la spécialisation occupe l'ensemble du cursus universitaire et l'objectivation du corps l'emporte sur la reconnaissance de l'être qui l'habite.

(2) Roland Gori - La fabrique des imposteurs - Les Liens qui Libèrent - Pages 134-135


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13 réactions à cet article    


  • alinea Alinea 7 septembre 2013 11:08

    Que faut-il à un être humain pour être humain ? Du temps, de l’attention, de la disponibilité..
    Moins de personnel pour plus de profit ? Il n’y a plus de temps, plus de disponibilité, plus d’attention..
    Les structures énormes- pour gain d’argent- provoquent la violence ; c’est une loi naturelle, la surpopulation provoque la violence, pas seulement chez les humains ! Dans les lycées, c’est pareil !
    Je ne pourrais vivre cet enfer-là ! Ni celui des fouilles dans les avions auxquelles tout le monde se soumet pour les petits voyages, ni la queue au cinéma ou à un quelconque loisir « populaire » ou à la mode !
    Ceux qui subissent cela tous les jours, ou qui en sont témoins, aussi perdent peu à peu leur humanité...
    Vivre son rythme, ne subir aucune pression étrangère à la nécessité vitale, ne pas courir, toujours, la peur au ventre : n’en déplaise à certains, c’est un arrêt puis un retour en arrière qu’il faut !
    Qu’ont à faire des bébés dans cet enfer ? Dans les bras de son père, je l’ai vu comme une lumière, un lien ténu avec la vie ; les vieux et les bébés n’ont plus leur place dans ce monde : ?


    • Buddha 7 septembre 2013 11:43

       bravo de ce papier..

      il est dit : Mais n’est-il pas trop tard dans un monde où l’ humanité est peut-être déjà dans un état végétatif ?

      ce monde a commencé il y a très longtemps, et la ville immense ou pas , que je trouve être une aberration car on sait par avance que l’habitant de la ville n’aura jamais de lien avec le fait de produire sa nourriture, seul ou en groupe, préfigurait ce monde froid, glacé etc d’aujourd’hui...

      Désormais plus robot que vivant...il est certes peut être trop tard, mais trop tard pour quoi ?
      y a t’ il jamais eu un but a atteindre ?

      l’humanité entière ,sauf quelques fous insensés ,croit penser cela ..et si cela était totalement une fausse proposition et que l’humain n’a strictement rien à atteindre car tout « est » déjà..

      la civilisation est ultra simpliste...on travaille ensemble car seul je ne survivrais pas, mais aussi et surtout le partage contient une enrgie étrange et belle, celle qui relie tout avec tout, le lien sacré que l’humain a décidé de casser, on travaille ensemble donc , et puis surgit alors le voleur du travail toujours collectif....voila notre base du : comment ne pas vivre ensemble mais se combattre sans arrêt...

      en cours de route il y a longtemps déjà , l’humain a perdu l’usage d’une partie du cerveau pour ne conserver que la partie mécanique automatique qui analyse en oui/non..le« moi je » en gros
      De cette fonction est né ce que on appelle la compétition, qui n’existe pas en tant que compétition, cette fonction en fait élimine sur la base oui/non d’une manière aléatoire totale...

      c’est un programme pour les menus affaires de tous les jours dans les domaines pratique...l’autre parti du cerveau étant elle apte à ne pas juger, ne pas comparer, donc ne pas éliminer, elle est partie du Grand Tout....et est l’accés éventuel à la dimension Universelle qui est là, celle ou le sens est...

      De ce fait n’ayant plus de sens, le cerveau machine essaye d’en inventer un ,car d’avoir perdu cette partie crée une souffrance permanente dont tout le monde essaye d’échapper sans jamais savoir ce qu’elle est. Ainsi cette question n’est jamais solutionner et ce cerveau machine fait ce qu’il sait faire, comparer et éliminer...ainsi ce que l’on prends pour du progrès est en fait une division de lus en plus enorme d’avec la Nature des choses..notre pensée mécanique qui est visuelle voit aujourd’hui toutes ces machines , pensant que c’est elle la responsable de cela alors que c’est L’Origine qui sait faire cela, et elle se dit:je suis formidable...ceci est un autre programme secondaire d’auto felicitation ,qui a pour but de « motiver » la machine a faire des chose bien, correctement....mais hélas en l’absence de sens profond, la machine de relative se prends maintenant pour absolue qui sait tout sur tout...la science devient la nouvelle religion , la nouvelle foi..là est le salut....

      Et oui cette sorte de conscience de la machine ne fait que se regarder elle même, elle n’a pas le lien avec le Grand tout...et l’homme devient un dieu à ses propres yeux, et si il tue en masse c’est pour le bien des peuples...cette machine n’a aucun problème pour mentir car sa fonction est conceptuelle et non factuelle..le faux devient vrai, le vrai n’a plus strictement aucune importance.....la machine humaine du cerveau s’emballe, ne comprend rien à ses problèmes et ment sans arrêt en mettant en avant ses propres solutions..or nous sommes 7 milliards à avoir des solutions et a ce jeu les plus violent l’emporte toujours pour le moment...car le bon peuple en fait , il desteste son voisin,ce qui est savamment entretenue par les voleurs qui dirigent...nous sommes exclu de la dimension du fait de vivre, et le prix en est très élevé ...la misère humaine qui est une souffrance, une frustration permanente vient de cela....

      La souffrance est encore une chance si elle est vécue et non fuit...mais fuir mentalement et physiquement, on ne fat que cela, alors on s’enfonce de plus en plus...le fond est atteint.....maintenant il faut regarder le pire, et le laisser parler..ce quiest formidable avec la vie c’est qu’il n’y a rien a atteindre..il faut juste écouter....et fermer sa grande gueule pour une fois..

      la souffrance qui est un symptôme est aussi un catalyseur qui si il est utilisé à bon escient va rouvrir le cerveau endormi, et nous ramener sur le seul chemin qui était le notre......le changement est en chacun avant d’être partout, car c’est des milliards d’ interconnections entre humains qui ont crée cette société misérable.......

      Les indiens étaient sur le bon chemin, c’est pour cela qu’il fallait les tuer...


      • sleeping-zombie 7 septembre 2013 11:48

        Je ne vois là qu’une politique de réduction des coûts.
        L’efficacité n’a rien à voir la dedans. Par exemple, entre dans un magasin de lunettes, ou une boutique Apple, et tu comprendras qu’on peut avoir un contact humain (même simulé). Mais c’est aussi là que le vendeur fais plus de 80% de marge sur ses ventes...


        • Fergus Fergus 7 septembre 2013 12:26

           Bonjour, Sleeping-Zombie.

          Bien que cela soit le principal moteur de la déshumanisation de notre société, il n’y a pas que la politique de réduction des coûts qui produise des effets négatifs comme ceux décrits, avec un regard pertinent, par l’auteur de l’article.

          C’est notamment le cas du RER A dont il est question ici. Construit dans les années 60 pour répondre aux besoin du transport dans la traversée est-ouest de Paris, il a été dimensionné en fonction des études prospectives réalisées alors par la RATP et la SNCF, en relation avec des organismes comme la Datar, chargée de l’aménagement du territoire.

          Les travaux du RER A ont nécessité un chantier colossal étalé sur près de 10 ans et qui s’est heurté, outre la réalisation des traversées sous-fluviales, à de nombreuses difficultés, dont la fragilisation des immeubles haussmanniens et les risques spécifiques liés à la géologie du sous-sol parisiens, constitué majoritairement de marnes et de sables.

          Cette ligne étant apparue comme saturée depuis les années 90, il a été introduit des rames à étage et les fréquences ont été augmentées jusqu’à la limite imposée par la sécurité.

          Que faire aujourd’hui ? Construire une nouvelle ligne de RER pour doubler celle-ci ? Cela représenterait un nouveau chantier de 10 ans et des problèmes encore plus aigus, eu égard à l’encombrement du sous-sol. Bref, on n’est pas sortis de l’auberge, et pas seulement pour des raisons de coût !


        • sleeping-zombie 7 septembre 2013 20:33

          @Fergus
          Je pense comprendre ton message, mais je campe mon analyse. Si le RER A est autant saturé, c’est probablement pour une question de coûts.
          Pourquoi la RATP ne constuit pas une 2eme ligne parallèle ?
          Pourquoi tous ces gens vivent loin de leur lieu de travail ?
          Pourquoi tous les emplois sont concentrés aux mêmes endroits ?

          Je doute que la foule du RER se presse dans l’unique but de voir la tour Eiffel :D
          Dans ton exemple, ce n’est pas la recherche de l’efficience technologique qui pourrit la vie de centaines de milliers d’usagers. Mais les 10.000€ par m² de Paris intra-muros, imposés par une toute petite poignée de rentiers, qui n’y vivent même pas à paris..


        • Fergus Fergus 8 septembre 2013 16:43

          @ Sleeping-Zombie.

          Entièrement d’accord sur les causes qui ont amené les travailleurs à effectuer des déplacements domicile-travail de plus en plus long. Encore faudrait-il citer également la précarité des emplois qui contribue à ces déplacements dans la mesure où les salariés passant de CDD en CDD ou travaillant dans l’Intérim préfèrent garder leur logement, aussi éloigné soit-il de leur job du moment.

          Pour ce qui est du prix de l’« immobilier à Paris, les »rentiers "sont loin d’être les seuls responsables. Dans le centre de la capitale, la plupart des appartements sont achetés par des étrangers à fort pouvoir d’achat, soit investisseurs, soit désireux d’avoir un pied-à-terre à Paris. Certaines agences sont spécialisées dans la clientèle anglo-saxonne, d’autres dans la clientèle italienne, d’autres encore (plus huppées) dans la clientèle du golfe persique.

          Bonne journée.


        • foufouille foufouille 7 septembre 2013 15:58

          "Une seule injonction : il faut dans les trois jours contacter un spécialiste dans un autre hôpital parisien, car, là où nous sommes, on ne traite pas cette partie du corps."

          au moins, ils sont sérieux. dans certains hôpitaux, le médecin sait tout


          • médy... médy... 7 septembre 2013 18:24

            Même ce que l’on fait ici me semble finalement inhumain : nous parlons avec des personnes que nous ne voyons pas, voir que nous ne verrons jamais !

            Sinon, je souscris à votre description de l’usine parisienne, je comprends votre ressenti. Ce fut pour moi un véritable choc au retour de mon voyage sur les côtes bretonnes, où je n’avais ni voiture, ni maison, mais absolument tout l’espace et le temps dont j’avais besoin.

            Mais dites-vous que c’est seulement notre point de vue partagé. Je pense qu’en effet, la plupart des éléments dociles qui servent de rouages à la grande horloge de la « société » dominante contemporaine sont véritablement des serviteurs dévoués à la cause. Malgré tout, ce qui compte c’est de savoir comment vivre autrement !


            • yoananda 7 septembre 2013 19:56

              Ca porte un nom : surpopulation.

              Après on peut dénoncer tout ce qu’on veut pour éviter de se poser les questions qui fachent.


              • Babar-na-B Babar-na-B 8 septembre 2013 12:28

                A l’auteure, article malheureusement très représentatif de notre société. Je pense que nous sommes beaucoup à en faire le constat, mais comme vous l’écrivez, souvent on le garde pour nous-mêmes et on se résigne.

                La scène que vous décrivez dans le métro me rappelle les paroles du rappeur indépendant américain Immortal Technique lorsqu’il décrit Harlem :

                "The subway stays packed like a multi-cultural slave ship
                It’s rush hour, 2:30 to 8, non stoppin’
                And people comin’ home after corporate share croppin’

                Il compare le métro à un navire rempli d’esclaves de toutes cultures, et ces esclaves travaillent dans les champs des multinationales.


                • Karol Karol 9 septembre 2013 07:56

                  Merci de ce complément culturel. Dans le RER j’ai souvent cette impression de n’être plus moi-même est de ne plus être maître de mon destin.


                • magma rouge cendre 8 septembre 2013 21:59

                  malheureusement, cet article qui parle de votre vécu est même loin de la réalité. Il serait grand temps de remettre de l’instruction civique (pas de la morale, le mot fait fuir) à nos enfants a l’école puisque les parents semblent déficients, aux petits délinquants, plutôt que la prison qui n’est pas la bonne primo solution,, a toute personne qui demande la nationalité française ou qui vient résider sur le territoire français. Grande responsabilité des politiques et leurs foutus exemples positifs pour masquer la réalité de leur échec. Appauvrissement du service publique. Niveau scolaire pathétique. Privatisation et disparition de la notion de service publique tout cela dans une mégapole ou la fraternité a disparu dans les quartiers, on ne connait plus son voisin puisqu’en 1 h on est a l’autre bout de la France ou d’une zone de 11 millions d’ames.

                   

                  aujourd’hui, tout petit exemple, je suis retourner au ciné dans le 9 3... j’avais oublié (pour voir un film fantastique avec mes neveux), 2 énergumènes viennent bruyamment s’assoir après le départ du film, téléphonent pendant 5 minutes dans une salle de 300 personnes. Une fille a coté, passe tout son film avec son portable de 20 cms a passer des textos (pourquoi aller au cinéma payer pour ne pas regarder) puis je vois qu’il en a 50 qui textotent, ca glousse, ca parle comme dans la rue, je passe sur les commentaires de débiles qui ne comprennent pas une scène a 2 images. bref chacun vit sa vie, les portes claquent, on raconte tout fort le film... bref, un monde d’égoïsme, de haine, aucune règle, aucune barrière, ce que je rève je le fait immédiatement et peu importe si j’emmerde 300 personnes...

                  que va-t-on faire de ces génération perdues ? et nous ? nous parfois rentrons dans cette indifférence frigide. Un jour un homme allongé gare saint lazare a tendu la main et m’a dit « j’ai faim »... j’ai continué a marcher comme s’il n’existait pas. Plus tard, j’ai repensé que cet homme ne m’avais pas demandé un centime, juste un cri pour survivre ’j’ai faim(, ça m’a traumatisé pendant un bon moment, et suffisamment pour que ça résonne encore dans ma tête aujourd’hui, moi aussi j’étais devenu une âme livide et un cœur impavide...

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