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Accueil du site > Tribune Libre > SDF, le logement en France, un merveilleux problème

SDF, le logement en France, un merveilleux problème

Le choix du problème est très souvent une phase non explicitée, ce qui permet de faire disparaître les concurrents impliqués dans la résolution du problème retenu.

C’est le cas de la question du logement en France, cristallisée par la question des SDF. Ce choix est-il réellement pertinent... pour les Nombreux ?

On s’en est rendu compte soudainement, les SDF sont autre chose que les clochards et pour cette raison ne peuvent être pris en compte par la charité publique comme les cow-boys prenaient en charge les vaches entre deux étapes de convoiement (lieux confinés, hygiène minimale, soupe populaire, espaces à dormir très exigus).

Tout le monde s’émeut donc de constater que l’un de ceux que l’on voit « dormir à la belle étoile » pourrait être sa fille, son fils...

Ceux qui ont en charge notre destin, les hommes à la plastique absolue, capables de se mouler dans la forme la plus surprenante à l’instant même de son apparition, ont réagi, comme à l’accoutumée, en formulant des propositions et notamment des intentions de loi.

Il faut dire qu’en ce siècle « logiciel », les idées et programmes, c’est ce dont on manque le moins.

Bien sûr, il aurait fallu s’occuper de cette humanité transformée en moulin, avant, bien avant ! Et que ce soient les fils d’un légendaire chevalier errant qui déclenchent ce flot de suggestions pour traiter (ou traire  ?) le problème est très significatif de la manière dont fonctionnent les affaires de la cité, l’irréel répondant à l’imaginaire, avec de petits passages par la réalité sordide... mise en lumière pour le petit écran.

Comme toujours, l’éclairage saturé permet de rejeter un peu plus dans l’ombre, voire dans l’obscurité totale, les lieux générateurs de ces « problèmes  » de logement.

Paradoxalement, la France se désertifie, les mouvements de population suivant les concentrations opérées à coups de TGV et de sections d’autoroute, alors que dans le même temps de petites gares sont supprimées, et des routes nationales, déclassées.

Quel serait la réalité du problème si l’on se préoccupait avant tout d’aménager du territoire au service des hommes et non d’organiser le pays en fonction d’objectifs supérieurs (?) qui ne prennent pas en compte la réalité et entendent la plier, l’orienter, la mettre en conformité avec ces besoins (Les objectifs de Lisbonne).

Objectifs qui supposent des concentrations de population à haute valeur ajoutée avec les conséquences naturelles, à savoir :

- augmentation de la demande de la part d’une catégorie ayant un fort pouvoir d’achat

- modification du parc immobilier pour répondre à cette demande (expulsion des centres-villes et de certains réseaux de banlieues bien desservies)

- en même temps attraction d’une population à pouvoir d’achat réduit, nécessaire pour garantir à l’agglomération le confort indispensable (commerces, propreté, sécurité...)

- renforcement des réseaux de transport en commun dans l’agglomération (avec tendance à l’extension), suppression concomitante de réseaux à destination de « l’arriéré pays ».

Cet angle de vue de la réalité n’est pas générateur de croissance.

Tout du moins pas autant que celui qui conduit à un gros effort pour aider les propriétaires de logements vacants (fausse contrainte aidant, et subventions pour ceux qui comprendront les enjeux) et ceux qui ont les moyens d’en construire de nouveaux.

L’immobilier est en effet un fort facteur de croissance économique puisqu’il est difficile d’en délocaliser une partie importante, l’activité principale ayant lieu (à ce jour) sur le lieu de construction.

C’est ainsi qu’on « trait » le problème.

Et peu importe qu’il eût été moins coûteux de repenser les transports afin de renverser la tendance et les exodes (car bien évidemment, ce sont les populations pauvres qui, baisse d’impôt direct aidant, paieront, indirectement, l’addition).

Peu importe que la qualité de vie obtenue du fait des « solutions  » choisies diminue pour la majorité des pendulaires ou de ceux qui, ne se résignant pas à des trajets de plus d’une heure, préfèrent, pour un temps croient-ils, le statut de SDF.

Voilà encore un merveilleux problème propre à produire, à court terme, un supplément de croissance, et à faire apparaître dans le grand cahier comptable de la France des volumes dans la partie recettes.

Que d’importants déficits de tous ordres soient les conséquences de ces choix n’est pas préoccupant, dans un premier temps, car comme pour tous les grands projets, ces coûts seconds, ces dettes prévisibles ont été externalisés.

La majorité de la population paie déjà un tribut de plus en plus lourd sous forme de contraintes et de renchérissement des loyers ; plus tard, assurément, elle règlera également ce lourd déficit structurel et social, qu’on lui a mis de côté.

A moins que la démocratie réelle qui pointe le bout des oreilles à l’horizon ne...

Alfred Sauvy s’attaqua aux puissants lobbies malthusiens : alcool, logement, automobile. Il prit position dès 1950 contre la gratuité de l’espace que l’automobile utilise avec désinvolture, et annonça la paralysie de la circulation et le bouleversement des villes. Il s’insurgea contre la "désertification" de la France profonde au profit de certaines régions et des villes, et il dénonça les nuisances et les négligences des pouvoirs publics à leur endroit.


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10 réactions à cet article    


  • dionysos (---.---.232.178) 9 janvier 2007 14:45

    « Il faut construire les villes à la campagne, parce que l’air y est meilleur » A. Allais


    • jef88 (---.---.79.254) 9 janvier 2007 17:51

      En commentaire à un autre article j’écrivais ceci :

      - "On constate que globalement il y aurait assez de logements en France mais qu’ils ne se trouvent pas aux bons endroits. En effet avec l’exode rural on peut trouver des logements, peut être dépourvus d’un certain confort, mais plus agréables que les tentes, dans nos campagnes profondes. Le logement ne se trouve pas ou l’on en a besoin...

      UNE SOLUTION

      - Interdire la construction d’appartements en dur.
      - Ne construire que des mobilhomes ou des bungalowns déplaçables.

      Chacun pourra ensuite se déplacer avec sa maison.

      Avec le réchauffement de la planète et surtout la crise économique qui se prépare cette mesure permettrait une adéquation permanente de l’offre et de la demande de logements."

      Quelqu’un connaitrait il le nombre de fermes ou logements abandonnés dans la campagne française


      • Le bateleur Le bateleur 9 janvier 2007 19:25

        Ce qui est proprement étourdissant c’est de voir le nombre d’émission qui prétendent comme l’a fait France Culture aujourd’hui, définir « l’origine de la crise du logement en France » et qui ne font que tourner à l’intérieur du petit territoire qui convient à tous (et notamment aux maires des grandes villes, aux acteurs de l’immobiliers, à tous ceux qui prédèrent les gros dossiers ...) à savoir « crise de l’offre », « crise de la demande sociale qui n’a plus la possibilité de se positionner sur le marché » , « conséquences financières de la disponibilité de liquidité après le crack de la bulle internet » ... c’est à dire de l’argent et du béton.

        Aucun acteur ne fait cette fameuse démarche du détour qui caractérise principalement l’intelligence Comme la poule qui en est incapable et qui voyant le grain de l’autre côté d’un grillage ouvert est ne sait faire autre chose que de se jeter sur l’obstacle, les analystes refusent (consciemment ou non) de revenir en amont de la pression sur les acteurs pour tenter d’envisager autre chose que davantage de concentration et surtout d’évaluer enfin la politique d’investissement massif (parfois de laisser aller) dans les voies de transport du type TUBE c’est à dire peu d’entrée et de sorties qui favorisent encore la concentration.

        Une remarque, il est faut de considérer que cette désertification ne concerne que les zones rurales un grand nombre de villes de tailles moyennes sont menacées directement, les autres étant transformées en banlieu et perdant une part de leur activité de ce fait (une grande partie des consommations se faisant sur le lieu de travail)

        On peut donner comme exemple parmis tant d’autres le cas de Sainte Menéhould qui perd 0.4% de ses habitants par ans (sur les 10 dernières années) et qui devrait subir de plein fouet le choc du TGV EST asséchant davantage encore les régions à plus de 100 km de Metz.

        Une carte plus précise des zones à déclin persistant (35% du territoire et pas que rural) ici

        http://idata.over-blog.com/0/02/31/49/cartes-du-monde/france/demographie-francaise-evolution.jpg

        Un complément à cet article est disponible ici

        http://www.garde-a-vue.com/article-5158015.html


        • faxtronic faxtronic 9 janvier 2007 23:32

          T’en veux une maison. Ma commune en donne gratis ! GRATIS ! Mais bon c’est en plein centre de la france, meme pas le trou du cul du monde ce serait deja quelque chose, y’a pas de boulot facile, si tu veux du taf, tu le fais toi-meme. Y’en a qui monte leur boite, cela marche bien maintenant, avec internet.


          • wired (---.---.92.11) 10 janvier 2007 09:20

            c’est OU ?


            • wired (---.---.92.11) 10 janvier 2007 09:27

              Effectivement ce qui est quand même n’importe quoi c’est que en Bretagne (dans les petites villes) par exemple trouver un logement à pas chère c’est pas un problème mais c’est surtout trouvé un boulot qu’il l’est. Il y a un phénoméme concentrionnaire évident. Pas mal l’idée des mobiles homes..Avec plus de flexibilité je crois que c’est la solution smiley (Provoc évidemment)..Les SDF avec leurs tentes sont des précurseurs. smiley


              • sweetsmoke (---.---.241.2) 10 janvier 2007 09:48

                tres bon article,

                Paradoxal, mais pour que les prix restent à la hausse (achat /loyer), il faut des logements vides, ainsi, par la rareté, l’offre reste en « haut ».

                En ce moment sur Marseille, l’exemple de la rue de la république est flagrant : Quartier miteux hier, logements haussmannien de luxe demain avec tram pour bobos.

                Aujourd’hui, avec des prix multipliés par 20 en 10 ans.


                • parkway (---.---.18.161) 10 janvier 2007 10:55

                  sweetsmoke,

                  « Paradoxal, mais pour que les prix restent à la hausse (achat /loyer), il faut des logements vides, ainsi, par la rareté, l’offre reste en »haut« . »

                  c’est exactement comme ça que pensent les vrais bobos, les jdch... : "pourquoi vouloir changer ça, alors que ça me fait gagner plein de fric ?

                  j’en ai rien à foutre des autres, qu’ils se démerdent !"


                • Le bateleur Le bateleur 10 janvier 2007 20:49

                  Précisément avec les transports faciles et les possibilités d’internet une politique active en faveur des lieux de la France « hors communication » (et même pas excentré, cela siginie juste qu’ils ne sont pas à l’entrée d’un TUBE TGV autoroute avion) pourrait
                  - revitaliser la France
                  - lui redonner de l’unité
                  - désengorger les lieux où les populations s’agglomèrent pêle mêle
                  - et donner l’occasion à ceux qui ne veulent pas vivre en ban lieu de trouver un environnement de vie (près d’une petite ville) en accord avec leurs choix de vie.


                  • Le bateleur Le bateleur 10 janvier 2007 20:55

                    Oui pour que la société des vainqueurs (et du désir d’en être) fonctionne, il faut des exclus des peurs

                    A propos de la question de Marseille

                    Dans les principales métropoles occidentales l’immobilier flambe. Souvent le prix des appartements a doublé en dix ans. Si le phénomène paraît enrayé aux Etats Unis, où la « bulle immobilière » se dégonfle, ailleurs, il se poursuit, alimenté par le désir des privilégiés de consacrer une partie de leur fortune à l’achat d’une résidence secondaire (ou tertiaire...) à Madrid, Barcelone, Londres ou New-York. La greande ville redevient désirable. Une fois nettoyée, ripolinée, enrichie, sécurisée, valorisée par de nouveaux musées, elle ne peut plus être peuplée par des habitants en manque d’argent et de culture. Et, justement, elle s’en débarrasse...

                    "Car les habitants, installés dpuis dix, vingt, trente, quarante années, n’ont pas quitté la place en sifflotant guillerets. Ainsi de Mme Garcia et de ses « quatre fois vingt ans », ex-secrétaire à la mairie, là depuis 1953 et contrainte de déménager : « On m’a foutue dehors. On m’a dit : »Il faut que vous partiez. Ça s’est pasé d’une façon inhumaine, sans mettre de gants".

                    Avec d’autres, plus jeunes, la seule injonction n’a pas suffi. On a reocuru à des méthodes moins avenantes : des faux squatteurs ont envahi des immeubles, détruit les canalisations, pourri la vie des locataires attitrés. Ailleurs des incendies ont éclaté. Ailleurs encore, on a glissé des enveloppes, etc. Et aussitôt l’appartement vidé, des « dévitaliseurs » entrent en action : "On casse les vitres, témoigne l’un d’eux, on casse les tubes, on casse les toilettes, tout ce qui est salle d’eau, pour éviter que les gens ne se relogent dedans.
                    - Et les logements que vous cassez, ils sont habitables ou bien...
                    - Oh oui ! C’est des palais dedans et moi je casse des palais, vous comprenez monsieur ! Ça me dégoûte mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? On est payés pour faire ça, 1 212 ? brut. Le smic, quoi."

                    Marseille compte ainsi trente trois mille appartements vides, soit environ un sur dix, dont 57% sur la longue durée. Ceci dans une agglomération ou 40 000 demandes de logements sociaux demurent en attente.

                    il s’agit bien
                    - d’organiser la chèreté
                    - de ne pas permettre de prendre en compte (organiser la rareté) une part importante du parc existant (dans ces 35% du territoire où de nombreux français aimeraient bien habiter si elles ne se transformaient pas en désert)

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