Se rapprocher des bêtes et des plantes
C’était midi le 16 mars au bois du commandeur à deux pas de Tarbes... Dans l’herbe, aux pieds des grands arbres nous nous mettions tout juste en cercle avec une quinzaine d’enfants, une enseignante et une animatrice, pour nous présenter les uns les autres et expliquer ce que nous allions faire dans l’heure et demie qui venait, quand une petite fille s’est exclamée : « ho regardez l’insecte dans l’herbe » Alors on s’est baissé... j’ai dit que c’était le méloé en le prenant et le mettant sur ma main... d’autres mains, beaucoup plus petites se sont approchées... avec sûreté parfois... d’autres fois avec appréhension...
C‘est la nature qui impose
Les enfants se sont tout de suite émus des reflets extraordinaires du méloé et alors qu’elle avait entamé son propos la professeure des écoles Hélène Panien-Saulou qui avait organisé cet évènement, s’est tout de suite accroupie elle aussi… pour donner toute son attention à ce qui était entrain d'arriver. Dans nos activités en nature on doit toujours être prêt à faire un pas de coté par rapport au programme... à nous d'accueillir ce qui arrive... en fait c'est la nature qui impose... nous on dispose. Il fallait saisir cette occasion donnée de rencontrer un insecte que la majorité découvrait pour la première fois.
A nous de nous mettre à la hauteur de l’insecte
Ainsi le méloé est passé de mains en mains... j’insistais toujours pour que ce soit les élèves qui se baissent... comme ça, si l’animal tombait, la chute resterait sans conséquence pour lui et puis j’aime bien que ce soit nous, les potentiels dominants, vis à vis d’un insecte vulnérable et inoffensif, qui nous nous mettions à la hauteur du potentiel dominé... tant c’est souvent l’inverse qu’on voit...
Tous n’ont pas osé
Nul n’a été tout à fait indifférent à l’événement... Je crois qu’on peut affirmer qu’une grande majorité d’élèves faisaient très attention à cet animal que forcément ils trouvaient fragile. Il y a fort à parier que les quelques uns qui s’en fichaient complètement (ou jouaient aux durs plus probablement) ont ressenti quelque chose ... ils ont quelque part en eux noté cette haute attention - peu habituelle de leur camarades ... certains n’ont pas osé trop s’approcher, une fillette a montré une répulsion... il faudra y revenir... avec douceur... en s’appuyant sur ses pairs plus fascinés, plus attirés, qu’apeurés...
La larve vole accrochée à l’abeille
L’histoire de la larve du méloé qui monte à la tige d’une fleur, pour attendre embusquée qu’une abeille vienne butiner, pour s’accrocher à elle et se faire transporter jusqu’au nid, pour se nourrir du bébé abeille et des réserves de pollen, les a un peu épatés... il y a de quoi... C’est bien expliqué dans cette vidéo.
Créer un peu plus de lien avec la nature
Après l’épisode du méloé nous avons constitué deux groupes, l’un progressait le long d’une cordelette les yeux bandés pour ainsi solliciter d’autres sens que la vue, pendant que l’autre explorait les alentours trouvant, des empreintes de chevreuil, rencontrant le milan noir tout juste rentré d’Afrique, découvrant comment on reconnait une euphorbe… s’émerveillant du vole des aurores, papillons blancs au bout des ailes orangé… Tous les élèves ont eu ainsi l’occasion de créer un peu plus de lien avec la nature.
Plusieurs morales à l’histoire
Il y a plusieurs morales à cette histoire… Sans l’initiative de cette enseignante les élèves seraient restés sur le béton…Sans capacité de communiquer entre les différents services de Bordères-sur-l’Hechez dédiés à l’enfance, les élèves seraient encore une fois restés loin des arbres et des fleurs… Sans capacité d’adaptation des pédagogues la séquence méloé n’aurait pas existé… Sans les bénévoles la sortie n’aurait pas été possible… Sans l’écoute des élus.e.s on n’aurait pu rien faire.
Une tribune adressée aux maires.
Tous, partout, ils s’accordent à dire que la biodiversité s’effondre et que c’est important de la sauver. Créer des liens entre les humains et les bêtes et les plantes constitue le meilleur moyen pour préserver la nature. On protège ce qu’on aime… on ne peut pas aimer si l’on n’a pas rencontré… c’est d’une grande simplicité. Nous devons sans doute bien plus compter sur les petites initiatives comme celle-là que sur une nième directive ministérielle qui n’aura pour effet que d’endormir un peu plus les citoyens et citoyennes… La tribune parue dans Libération en février et signée par des centaines de médecins, enseignants, parents, élus… invite les maires à nous aider à donner plus de nature à nos enfants… Personne n’en doute plus, ils en ont besoin, c’est très bon pour eux… et pour nous.
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON