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Sécheresse/électricité : beaucoup de bruit pour rien

La mise en place d'une "cellule de veille" sur la sécheresse par Eric Besson est un coup de communication qui illustre la politique de l'annonce du gouvernement. Si le ministre s'agite devant les caméras et essaye de nous faire peur (pour mieux montrer ensuite qu'il a sauvé le coup), EDF et RTE ont anticipé depuis des mois le déficit pluviométrique qui n'aura aucun impact sur la fourniture d'électricité.

Faire ou faire croire, telle est la question ! Les gesticulations d'Eric Besson et la mise en place d'une "cellule de veille" sur la sécheresse réunissant chaque semaine les acteurs du monde de l'électricité et des représentants du gouvernement n'est que de la poudre aux yeux.

Heureusement que les industriels sont un brin plus professionnels (et responsables) que les politiciens ! Sinon les dossiers ne seraient gérés qu'une fois qu'il est trop tard... Après que les médias en aient fait leurs gros titres !

Mettre en place une "cellule de veille" sur la sécheresse au mois de juin et après près de six mois de déficit pluviométrique est un non-sens absolu dont les motivations sont hélas évidentes. Si le ministre de l'Energie veut montrer son activisme, il ne va pas pour autant inventer des réserves d'eau pour faire tourner les turbines des barrages !

Grâce au ciel, les ingénieurs d'EDF ne se soucient pas autant de leur côte de popularité et ont pris des mesures préventives dès le mois de janvier afin de limiter la casse de la sécheresse et assurer un service minimum tout au long de l'été.

Les barrages jouent en effet un rôle primordial en période de sécheresse. Au-delà (et souvent au détriment) de la production d'électricité, ils permettent de réguler le débit des cours d'eau et de compenser les effets de la sécheresse en puisant dans les réservoirs. De l'eau utilisée par les agriculteurs mais qui approvisionne aussi les points d'eau potable...

EDF, qui n'en est pas à la gestion de sa première sécheresse (à la différence d'Eric Besson) a également planifié sa production estivale en prenant en compte dans son "mix énergétique" le déficit de production lié à la sécheresse de ses centrales hydrauliques, mais aussi de certaines de ses centrales nucléaires situées sur les rives de cours d'eau.

Depuis des semaines également, les équipes de RTE (Réseau de transport d'électricité) ont mis au point un programme prévisionnel d'importation d'électricité pour cet été afin de s'adapter aux aléas de la production. La France pourrait sans problème importer jusqu'à 6.000 mégawatts, ce qui écarte de facto tout risque de pénurie.

Eric Besson ne pouvait pas ne pas être informé des préparatifs mis en place par EDF et RTE pour limiter l'impact de la sécheresse. Il ne pouvait pas ignorer non plus que ce n'est pas au mois de juin que l'on se prépare à ce type d'aléas climatiques.

En faisant le choix de la communication au détriment du travail de fond, le gouvernement a démontré une fois encore que les politiciens, obsédés par leur image à court terme, sont souvent déficients pour régler les vrais problèmes de fond.


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2 réactions à cet article    


  • easy easy 14 juin 2011 15:22

    Il est logique qu’une entreprise installée sur les barrages hydroélectriques ou ayant des besoins en eau fraîche pour refroidir quelque alambic, réagisse au jour le jour aux disponibilités en eau et qu’elle mesure constamment les précipitations et stocks.
    Du reste, une telle entreprise n’est jamais prise au dépourvu, sauf extraordinaire.

    Un ministre est parachuté à une fonction complexe depuis quelques mois et n’accumule pas une énorme expérience.

    Or une sècheresse, ça produit des effets dans tous les domaines (domaines parfois donc bien gérés par les entreprises) et un ministère doit, pour y faire face, inventer des solutions croisées, toujours nouvelles et en arbitrant entre des intérêts disons d’entreprises qui s’opposent.

    Par exemple, EDF gèrerait bien sa pénurie d’eau en séquestrant cette eau dans ses barrages dès le printemps. Or un ministère devra peut-être lui imposer d’en relâcher pour abreuver les vaches.
    Un ministère doit donc, en situation de catastrophe, non seulement inventer des passerelles ou des transferts de moyens mais il doit arbitrer entre des intérêts opposés (parfois opposés entre ministères)

    Et parce que cet arbitrage fait toujours grincer les dents de certains protagonistes, un ministre est contraint d’attendre ou de repousser ses décisions au plus tard. Comment convaincre les citoyens à ne plus laver leur voiture dès février ? Un gouvernement ne peut convaincre d’une restriction que quand tout le monde voit clairement la catastrophe, pas avant.
     (Et ça vaut évidemment pour les catastrophes sanitaires)

    Trop tôt tu passes pour un bilieux.
    Trop tard tu passes pour un irresponsable.
    Or, à un moment donné, il y a toujours des gens qui disent que c’est trop tôt quand d’autres disent que c’est trop tard (exemple Tazieff Vs Brousse dans l’affaire de la Soufrière) 

    Et il va sans dire que gérer et arbitrer entre des forces ou ressources nationales quand la catastrophe est devenue patente, c’est très difficile puisque plus personne ne veut céder la moindre goutte qu’il détient.

    La gestion des crises est très difficile. Charles IX avait considéré que pour sauver la paix il fallait tuer une dizaine de protestants trop menaçants. Mais il n’avait pas réalisé qu’une fois le feu de la transgression allumé, chaque catholique allait en prendre d’aise et le roi s’est donc réveillé le lendemain avec des milliers de morts sur la conscience. Ooops !

    Les phénomènes d’agglutination sont très surprenants. 
    Après avoir demandé en vain pendant des années qu’il soit tué quelques loups, la colère monte devant la poursuite des pertes dans les troupeaux. De colère, les bergers en viennent à hurler qu’il faut exterminer ces prédateurs et disent pis que pendre à leur sujet. Alors, si l’hallali démarre, chacun lâchera ses chiens et grands chevaux. Les loups seront exterminés jusqu’au dernier.

    (la prise de la Bastille a été très surprenante. Une « brioche » de trop et hop)


    • Bulgroz 14 juin 2011 17:34

      Il se peut qu’il y ait quelques petites différences entre le programme EDF-RTE et le suivi au jour le jour imposé par Besson.

      Que n’aurait on dit si le gouvernement s’en était remis à la seule EDF-RTE pour gérer les possibles crises qui pourraient se révéler durant l’Eté ? Non ?

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girardo


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