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Accueil du site > Tribune Libre > Service ou entraide : la vie ensemble

Service ou entraide : la vie ensemble

« Rendre : donner en retour » ( rendre des coups, rendre la pareille...) .

« Rendre » s'emploie au figuré pour « s'acquitter d'une obligation, d'un devoir, témoigner à quelqu'un du respect, de la reconnaissance ».

« Service : du latin classique servitiium, condition d'esclave, esclavage, classe d'esclaves ». Je vous passe les escaliers de service, la porte de service, et, le service religieux.

Tout le monde sait que l'humanité est partagée en deux camps : ceux qui rendent service et ceux à qui on rend service. Sauf naturellement ceux de la deuxième catégorie !

Je prends ici le service dans sa version gratuite ; dans sa version payante, c'est l'esclavage remis au goût du jour avec juste l'alibi de la compensation du foutu fric tout-puissant. ( je fais une grande différence entre le salariat des ouvriers et celui des services promus au rang de modèle de société ; mais j'ai déjà parlé de cela ! Vingt fois peut-être, alors je n'y reviens pas)

Se mettre au service de quelqu'un...

Alors voilà : se mettre en quatre pour quelqu'un, rendre service, devancer les désirs, prendre en charge les corvées, faire en douce la vaisselle pendant que les convives rigolent, ce n'est pas donner du bonheur, c'est s'acquitter d'une obligation. Toute intérieure l'obligation, le fruit, quoi ? d'un abandon, d'un manque de confiance, d'amour, l'absence d'une valorisation précoce à l'âge ou la personnalité se forge ; se sentir de trop si on n'est pas utile.

Eh bien oui, c'est exactement ça, et ceux à qui l'on rend service le savent très bien ; on demande toujours à celui qui ne sait pas dire non, et on le méprise un peu. J'ai même vu des bobos de gauche être convaincus de faire une bonne action : cela la valorise que je lui demande un service ; jusqu'à : demander un service, c'est faire preuve de modestie, ou bien, c'est tenir compte de l'autre.

Les rôles se répartissent assez naturellement ; les imbus d'eux-mêmes ne se posent pas trop de questions et les avoisinants, humbles, complexés ou admiratifs, veulent se faire valoir à offrir leurs services ; on en vient à la situation absurde suivante : le service rendu pèse à celui à qui l'on rend service ! « Ça lui fait plaisir de me rendre service », alors, pourquoi se gêner !

Quelle cécité ! Quelle égocentrisme, quel manque d'empathie pour ne pas voir que celle, ou celui, qui rend service n'est pas à ce point en manque d'amour qu'il s'avilit devant plus grand ! Juste une gentillesse la plupart du temps.

Mais cette gentillesse effectivement n'est pas exempte de cause ; le gentil qui aide n'est pas un arrogant ; il souffre plutôt d'un manque de confiance en lui et suppose qu'il sera mieux accepté s'il est serviable. S'il manque de lucidité, c'est vrai aussi qu'il peut devenir lourd ; mais la plupart du temps il est utilisé.

Qui est donc celui qui rend service ? Gentil, un peu con, qui se laisse manger la laine sur le dos ! Ce n'est pas un battant, mal armé pour réussir dans ce monde de brutes, il préfère l'harmonie à la rivalité, il ne craint pas d'être l'huile dans les rouages ; il a pour idéal de faire de l'harmonie  ; n'étant pas aveuglé par son ego, il s'oublie, parfois un peu trop : un ego qui s'oublie est un ego sans importance et, à l'instar des animaux qui ne se plaignent ni se révoltent, on ne se prive guère de cette facilité à profiter, avec ce brin de dédain qui caractérise le regard supérieur sur l'inférieur !

Bien sûr le jeu se joue à deux, bien sûr celui qui se paye toutes les corvées, ou qui paye toutes les notes de bistrot est responsable de son exploitation ; du reste, bien souvent, quand il s'aperçoit que ses relations ne peuvent exister que sur ce mode, il se passe de relations ! Mais pendant tout le temps où cela perdure, les profiteurs profitent.

Il arrive bien sûr, que le servi ait politiquement ou socialement, un vague sens de la politesse, un vague aperçu du savoir-vivre , il se peut qu'il aime bien sa sœur ou sa femme, qu'il sente qu'il doit faire un effort pour garder des bons rapports de voisinage, alors, si on lui demande un service, en plusieurs exemplaires insistants, il dira oui ; il oubliera souvent ou, sinon, il fera quand il pourra comme il voudra , à l'heure qui l'arrange et ne manquera pas de s'en vanter ou de s'en plaindre. Tout l'inverse de celui qui a donné sa parole, l'assume, et chamboule son horaire pour , parfois, un tant soit peu alléger une contrariété, éviter une attente ou simplifier le planning de l'autre, pour un confort qu'en général lui-même n'a pas.

Mais, puisque rien n'est vraiment gratuit il faut, une fois par an, pour la fête d'anniversaire, inviter le pauvre hère qui, inconscient de la différence de caste, a pensé avoir tissé des liens d'amitié, sur un mensonge que sa naïveté ignore. Une B A qui efface l'ardoise.

Une psychologie particulière appelle ses complémentaires ; celui qui veut se faire voir, se mettre sur le devant de la scène, celui qui veut se faire aimer comme une idole, déploiera tout ce qu'il imagine comme séduction, vantardise ou attrait vénal pour s'entourer d'une cour inconditionnelle ! Tôt ou tard le pot-aux-roses sera découvert et il faudra changer de courtisans ! Tandis que le benêt qui rend service ne recherche en rien les feux de la rampe et s'il le fait par idéal, il s'arrangera même, par sa discrétion, à faire croire qu'il s'en trouve honoré ! Il a tort. Parce que cela s'appelle la classe et que celle-ci n'est plus au goût du jour.

Bien content quand on ne lui demande rien, car, quand on ne sait pas dire « non », on finit par pratiquer l'évitement !

Tout le monde a un petit sourire de dédain ou de pitié pour les serviables ! Ils ont choisi d'être utiles, de faire plaisir pour se faire aimer par une mère ou un père récalcitrant ; la disponibilité est leur vertu ; cette ouverture est son aventure ; comme il ne pense guère à lui-même, qu'il s'est arrangé pour être autonome et n'avoir pas de service à demander, lui, le plus pauvre, a tous les outils, le savoir-faire et comme par hasard le temps ; c'est que, dès le plus jeune âge, personne ne le regarde ni ne fait attention à lui, ses exploits ou son abnégation se doivent de trouver au sommet une reconnaissance minime, et il a tôt fait de comprendre qu'il faudra bien se débrouiller tout seul. Cela n'est pas conscient naturellement mais cela s'inscrit dans ses comportements : il n'a rien à attendre de personne , alors, quitte à vivre, il faut être autonome.Il devient une mine quand l'âge avance ! Tandis que l'enfant qui a toujours été soutenu, aidé, choyé, mais à qui on ne laissait guère d'initiative- manque de confiance- pour qui tout était prévu, pré-mâché, celui-là aura besoin des autres et développera la capacité de séduire pour pallier à son insécurité fondamentale. Il se sera construit dans un moi identifié et valorisé mais dépendant.

Ces deux-là finiront par se trouver en attraction mutuelle ! Mais le déséquilibre subsistera : l'aidant ne réussissant pas à trouver la valorisation et l'aidé l'indépendance. Il est notable toutefois que l'aidé occultera plus facilement son incapacité à l'indépendance, trouvant tout un tas de petits prétextes bien assis sur le contentement de soi pour se tenir en haut, tandis que l'aidant finira forcément dans la solitude voyant ses pauvres atouts rabaissés au rang d'une infériorité de fait.

L'aidé construira, réalisera son œuvre pendant que l'autre ne nourrira plus aucune illusion sur l'espèce humaine. Solitaire, misanthrope, aigri, plus personne n'aura alors besoin de lui !

Et cela, indépendamment du statut social, indépendamment du sexe ou de l'âge ; les couples souvent se forment sur ces paramètres de complémentarité  !

L'aidant pourra nourrir une ambition folle pour arriver à une capacité d'aide valorisante ; il n'est pas assigné au rang subalterne de serveur, mais au fond de lui restera ancrée cette nécessité de donner pour être aimé. Quand bien même ce qu'il donne ne lui appartient pas. Nombreux sont les hommes politiques qui, distribuant des passe-droits pour complaire, s'enkystent dans ce cas de figure. L'aidé, posé comme nécessiteux, ne développera guère d'ambition autre que celle de trouver toujours l'aide nécessaire et ne sortira de son milieu que par chance, un mariage, une alliance, dans lesquels il stagnera.

Toutes nos relations peuvent, peu ou prou, entrer dans ce schéma ; ce schéma qui induit les rapports de pouvoir, les tensions intérieures, les frustrations - qui peuvent conduire à la trahison-, les caprices de la midinette ou ses échecs qui la conduisent à la méchanceté. Il n'est pas si facile au fond de séduire toujours pour se faire croire qu'on est aimé et croire qu'être servi c'est être aimé, croire qu'être servi c'est être envié et croire qu'être envié c'est être aimé. On boucle ainsi la roue folle des complexes !Viennent le marasme et le vide intérieur, effrayant. La dépression quand la lucidité point.

À observer ces deux êtres de plus près, l'on se demande qui est le plus à plaindre !

Et bien sûr le type pur de l'un et l'autre de ces protagonistes, est rare ; pas rarissime, j'en connais ; mais rare.

La psychologie de l'homme occidental, son manque d'amour, de reconnaissance et de confiance, sont, de chaque côté des barrières des barricades, la cause première, profonde, inguérissable du fatras mortifère dans lequel nous sommes tous. Essayer de bâtir un monde sur ce cloaque, un monde de justice et de liberté, est une erreur infantiliste car les gens sains ne cherchent pas le pouvoir et tous les autres, prisonniers de leur construction rigide, resteront, quoiqu'il arrive, fidèles à ce qu'ils sont ! Une diva est une diva, et son ego débordant de besoins, restera tel quel même pendant la révolution.

On a vu, bien sûr, ça et là des piqûres de réveil telles qu'elles transformaient les êtres projetés dans une réalité où leur survie dépendait de l'abandon de leurs petites manies ; oui on a vu des égoïstes donner, oui on a vu des couards se transcender, des misanthropes ouvrir leur porte. Mais, globalement, on a vu aussi beaucoup de collaborateurs, de fuyards, de prédateurs profitant de la situation et des gens biens s'éclipser pour se protéger .

Je voudrais conclure ainsi : l'aidé comme l'aimé sont les dominants ; l'aidant comme l'aimant sont les dominés. Mais seulement à l'intérieur du schéma mortifère de notre civilisation car en réalité l'aimant, comme l'aidant ( qui sont souvent le même) cultive sa force intérieure, cette force spirituelle, invulnérable quand elle est atteinte, et qui n'a pas droit aux lettres d'or dans nos valeurs.

 

Par temps calmes, j'ai connu des années d'entraide, d'échanges, de dons dans une petite société d'égaux, en pauvreté et en rêves, en culture et en idéaux. J'ai vu des êtres dévoués au bien-être, qui ne pouvaient laisser tomber personne, dont le regard était droit et qui, en totale sincérité, ne se posaient pas là.

C'était un temps de grands espoirs, de construction d'un monde nouveau, d'un rejet du pognon et de toutes ses foutaises, un temps de vaches maigres assumé, désiré, obtenu, un temps de travail, de repos et de fêtes. Un temps d'amitiés construites au fil du temps par des êtres trouvés là par hasard mais solides, indéfectibles.

Une petite société sans laissé pour compte ni exclu, une communauté où l'autre est un, une société ouverte qui ne connaissait pas d'intrusion destructrice.

Quel peut être l'enjeu d'une telle société ou le service n'existe pas et où règne l'entraide ? La vie, tout simplement. Et croyez-moi, la vie est plus riche quand on ne la cadre pas. Il fut un temps où l'on pouvait vivre comme ça, ensemble et sans ambition de pouvoir ni d'enrichissement ; un peu plus d'aise aurait adouci les tâches, mais trop d'aise aurait pourri l'harmonie. L'entraide en était le fondement, le ciment, et sans volontarisme : une évidence. L'un a besoin de construire une dalle dans la maison qu'il remonte ? Tous venaient à l'appel, et pour cela, pas besoin de téléphone ; la fête du travail en commun suivi d'un repas ne rebutait personne, mais pour que cela fut possible il ne fallait aucune autre obligation que celles que l'on se donnait, reportées à demain. Pas d'emprunt, pas de patrons, pas d'ambition autre que vivre chaque instant ; un temps long, un temps lent qui voyait des pans entiers du paysage se transformer, s'habiter ; des jardins, des prairies, des granges, des troupeaux, des musiques, des peintures se créaient, se transformaient, s'élaboraient.

L'égalité était réelle, la liberté vécue, et la fraternité comme récompense. Aucune lutte à mener, aucun combat, juste un terrain vierge à façonner.

L'un connaissait les oiseaux, l'autre les insectes, l'un élevait des moutons ou des chèvres, l'autre des abeilles, et tous s'y frottaient.

La musique était le lien de créativité, d'expression et de rencontres, de sorties, de défi aussi car aucune sélection n'était faite, et venait qui voulait. L'un s'initiait, l'autre se perfectionnait, celui-ci aidait celui-là et les répétitions hebdomadaires, exigeantes, étaient un rendez-vous que personne ne manquait, sous aucun prétexte . Là aussi l'entraide était le liant et l'entraide n'établissant aucune hiérarchie, ne participant d'aucune pyramide ou échelle, l'égalité était un fait acquis. Et notre liberté tenait toute entière dans notre engagement que pas un n'aurait trahi. Alors, la fraternité était possible, car la fraternité ne précède pas l'installation d'un nouveau monde, elle n'en est pas la condition, c'est le nouveau monde qui la favorise ou au moins la permet.

L'entraide demande du temps et de l'attention, une disponibilité et une écoute, ce sont donc les fondements d'une société qui l'autorisent car elle fait partie de l'humain, comme une évidence ; c'est quand elle est empêchée que les relations tournent mal.

L'entraide c'est pouvoir compter sur les autres et avec eux sans chichis hypocrites ; c'est l'égalité dans toute sa splendeur, c'est la liberté sans calcul qui s'organise spontanément et c'est, aussi et peut-être surtout, un bon remède contre la solitude !

Réduite aujourd'hui à son cercle le plus étroit, perdant ainsi le contenu sublime de sa définition, l'entraide, part actrice de la fraternité, est un vain mot. Elle est présente encore dans les cœurs et ne demande qu'à renaître ! Mais le tas de cendres est haut au dessus de sa braise ! Et le vent devra être violent qui la fera s'enflammer de nouveau.


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23 réactions à cet article    


  • jack mandon jack mandon 11 juin 2013 12:18

    Mon père disait « je vais te donner la main »

    Belle expression pour traduire ce besoin existentiel de partager.

    Un peu de méditation nous aide à reconnaitre le rôle important de l’autre.Il est notre miroir. tout interagit en permanence. Si l’on veut pousser l’analyse un peu plus loin, rendre service n’est pas un acte tout à fait gratuit. /*Il est pour nous l’occasion de nous sentir exister.*//* */C’est d’humanité dont il s’agit. Comme le suggère votre portrait canin, cela concerne aussi le règne animal et peut être le règne végétal. Tant que nous y sommes c’est l’une des clés essentielle de la vie. Le paradoxe le plus affligeant, c’est qu’il s’agit d’un acte naturel et que la culture humaine qui se plait dans la contre façon invente la culture qui singe et dénature la magie première toute naturelle. Revenir aux sources, se distancer des normes et des règles instaurées dans un formalisme creux, superficiel, sans intérêt et dangereux. Comme je me sens de plus en plus anarchiste... ne serait ce que pour gouter ta compagnie atypique et généreuse.

    • alinea Alinea 11 juin 2013 12:40

      Mon chien ( enfin celui de l’image) est un chien d’aveugle. Combien de fois dans ma vie me suis-je sentie « chienne », fidèle, dévouée, comme pour inciter à plus de douceur !
      Le monde actuel nous oblige à nous retirer si l’on ne veut pas être pris pour un chien, en sachant tout ce que l’on peut penser d’un chien, même ce qui voudrait être positif !
      Une brave bête, avec néanmoins l’admiration pour « les sales bêtes » ! Non ?
      Donner est naturel, tous les petits enfants le font, avant, plus grands de reprendre et veiller sur son trésor, se jouets,etc. Je ne résiste pas à te raconter cette anecdote, qui m’a beaucoup touchée :
      Quand ma chienne, un Irish Woolfhound, était encore bébé, elle s’est approchée d’un enfant de deux ans qui tenait une poupée en chiffon et le lui a volé. Voyant cela, j’ai repris ( sous le regard mi-figue mi-raisin du père) la poupée de la gueule de la chienne et l’ai rendue à l’enfant ; la chienne s’est approchée à nouveau de l’enfant, et l’enfant lui a tendue ; la chienne l’a reprise. Il faut dire que même bébé, ma chienne était une fois et demi plus haute que l’enfant ; mais elle était si douce et si délicate que l’enfant n’a éprouvé aucune peur, il n’a ressenti que le désir de l’animal d’avoir son jouet ! Le sourire de cet enfant reste gravé dans ma mémoire !


    • lulupipistrelle 12 juin 2013 03:26

      Quand on sait que l’Irish Wolfhound est le plus grand chien du monde...


    • antitroll antitroll 11 juin 2013 15:38

      bonjour mon anarchiste préférée ! 

      un aidant, ou un « qui rend service », est un égoïste qui s’ignore. 
      qui aurait osé dire à feu l’abbé pierre qu’il était un égoïste ? 
      sans le savoir, ou des fois en le sachant bien, l’aidant rend service par intérêt. 
      il attend toujours un retour, surtout quand « c’est gratuit » : 
      il a besoin de reconnaissance, alors il donne son aide, des fois son âme avec... 
      alors quand il tombe sur des salopards qui spéculent sur la reconnaissance qu’il implore, il devient un exploité. 

       

      • alinea Alinea 11 juin 2013 16:04

        Oui, ce n’est pas tout à fait vrai car je parle de gens ordinaires ; je l’ai dit je crois, cette propension à se rendre utile pour « avoir le droit d’exister » ; c’est juste une manière d’être ; en réalité, si celui qui aide attend quelque chose en retour, il se fourvoie car personne n’aime être redevable, c’est bien pourquoi l’aidé se débrouille pour toujours avoir le beau rôle !
        Ma foi,l’abbé Pierre, soeur Théresa, on dit qu’ils n’étaient pas si sympathiques que cela, au quotidien ; là il s’agit aussi de transcendance, voire d’héroïsme ; de toutes façons on n’échappe pas à l’égoïsme, on est, à chaque instant, le propre filtre de sa réalité !
        Donc, si l’aidant est égoïste, ce qui me parait juste, l’aidé lui aussi l’est ! ; mais de manière complémentaire qui, oui, peut déboucher sur l’exploitation, la manipulation.La plupart de ceux que j’ai en tête, et moi comprise, n’implore rien, vraiment !
        Merci antitroll


      • Fergus Fergus 12 juin 2013 09:23

        Bonjour, Antitroll.

        C’est un vieux constat qui est toujours d’actualité. Des personnes impliquées dans l’humanitaire ont reconnu après coup et après avoir analysé leurs motivations qu’elles étaient en effet en recherche de reconnaissance.

        Mais agir pour aider les autres peut se faire de manière totalement gratuite, sans même que l’estime de soi soit en jeu. Il y a une vingtaine d’années, l’un de les oncles, âgé et diminué physiquement, qui vivait dans un village reculé de Lozère s’est trouvé seul car son épouse était hospitalisée pour plusieurs semaines à Mende. Durant cette période, il a été spontanément pris en charge par les autres habitants qui ont organisé un tour de rôle pour lui préparer ses repas.


      • Karol Karol 11 juin 2013 17:24

        Merci pour cet article plein de fraicheur et de vérité. La violence de ce monde est due en partie à la montée des égoïsmes et de la « guerre de tous contre tous », avec la mise à l’écart de la gentillesse comme une valeur à rejeter, perçue comme un signe de faiblesse.
         « Demander recevoir et prendre » c’est ainsi que Beaumarchais définissait la pratique du courtisan dans sa volonté de puissance qui se rapproche de la figure d’aujourd’hui du « tapeur », de l’opportuniste qui profite d’une situation.
        A opposer à « Donner, revevoir et rendre » triple obligation qui règle les échanges dans les communautés anciennes ( Marcel Mauss ) où règnent des rapports d’égalité et de confiance.
        L’argent, dans les relations d’échanges, a permis à l’individu de se dispenser de toute obligation envers l’autre ce qui avec le temps annihile toutes les manifestations affectives qui font que c’est dans l’autre que l’on se révèle.


        • alinea Alinea 11 juin 2013 17:55

          Oui, la common decency d’Orwell n’est plus ; dans les milieux paysans, l’entraide était une réalité qui répondait de ce schéma, parce qu’elle était nécessaire ; l’entraide est horizontale et se trouve encore, d’une toute autre manière, si j’en crois Monique Pinçon, chez les riches ; c’est aussi une conscience de classe ; celle-ci n’est plus ; ne restent alors plus que les individus qui, selon leur propre schéma de personnalité, se distribuent les rôles.
          J’ai beaucoup parlé déjà « d’acheter les services », ce que beaucoup imaginent relever de ce « rendre » que Marcel Mauss décrit comme étant la base de toute vie ensemble !
          Il semble bien que nous ne vivons plus ensemble !
          Le fric dégage de toute obligation !
          Merci Karol pour avoir pointé, par vos citations, en cinq mots, notre réalité.


        • Ambalaba Ambalaba 11 juin 2013 18:05

          Bonjour Alinea,

           

          je vous lis à chaque article toujours en faim du prochain,

          aujourd’hui plus que jamais témoin mais acteur un peu moins.

           

          Je me refuse à l’idée que l’entraide soit un mot vain,

          car votre texte accompagné du regard de ce guide canin,

          résonne comme une oraison, venue de si loin.

           

          Si « la vie ensemble » est un bien, l’avis assemble c’est certain.

           

          Canin, humain, africain, ..., de Benjamin Franklin il me revient :

           

          « L’humanité se divise en trois catégories : ceux qui ne peuvent pas bouger, ceux qui peuvent bouger et ceux qui bougent. »


          • alinea Alinea 11 juin 2013 18:59

            Ce regard est d’une telle beauté, d’une telle profondeur et d’une telle sagesse !
            Oui, moi aussi je me refuse à l’idée d’un mot vain ; pendant dix sept ans j’ai vécu dans ce don, ce recevoir et ce rendre. Je ne suis pas encore habituée à ce monde froid, et pourtant.. il y a d’autres choses qui jouent : le fait de n’avoir pas le temps, d’être plein d’obligations,etc.
            Mais je suis bien convaincue que cela est typique du monde occidental, sauf que celui-ci s’étale un peu partout !
            On ne peut guère bouger seul, ou en tout cas on ne va pas loin ; dans ce domaine précis, vous pouvez me croire ! Vouloir faire vivre ce qui est son idéal et ce qu’on a vécu, si les autres ne savent pas de quoi il retourne ! Enfin, bon, pour ma part, il ne faut pas exagérer, les gens que je côtoie ne sont pas des monstres ! mais c’est une ambiance ! La même que déjà dite dans un autre article à propos de l’étouffement...
            Ambalaba ; merci de votre chaleureuse intervention


          • lulupipistrelle 12 juin 2013 03:22

            J« admire votre éternelle fraîcheur...votre éternelle jeunesse de coeur et d’esprit. 



            J’ai été humiliée, et spoliée par des intimes pour lesquels je m’étais démenée, etc.. sans arrière pensée...
            Comme disait ma grand-mère »Faï di bèn a Bertran... « 

            Depuis, je me garde d’être en situation d’aider qui que se soit.. et je ne demande rien à autrui non plus.

            Mais c’est quasiment impossible d »échapper à la bienveillance de certains qui ne vivent que pour être utiles...

            • Fergus Fergus 12 juin 2013 09:32

              Bonjour, Lulupipistrelle.

              Autre version, moins occitane, du proverbe : "Fais du bien à vilain, il te chie dans la main !"

              Personnellement, j’ai connu également des déconvenues en encadrant des gamins dans un club. Durant des années, je me suis démené jusqu’à organiser des tournois et même des stages en province et à l’étranger. Tout cela pour me trouver en conflit avec un président énarque à qui je mettais des bâtons dans les roues en m’opposant à ses petites combines, héritées d’un cabinet ministériel. Je ne cherchais rien à titre personnel et cette activité m’a coûté beaucoup de temps, d’énergie et même d’argent pour la seule satisfaction de faire plaisir à des gosses. Malgré les difficultés rencontrées, je ne regrette pourtant rien car c’est aux gamins et à eux seuls que j’estimais avoir des comptes à rendre. Et tant pis s’il n’y a pas plus ingrat que les enfants : cela, je le savais dès le départ.


            • alinea Alinea 12 juin 2013 09:52

              On dit souvent qu’on fait pour de la reconnaissance ou un ersatz d’amour ; je crois que ceux qui disent cela ne font pas partie de cette catégorie ; l’empathie est un truc bizarre, quand quelqu’un a besoin de quelque chose, et si cela le touche ou s’il y peut quelque chose, l’empathique se dévoue, se sacrifie parfois, pour l’autre ; il ne cherche pas reconnaissance, il souffre de ne pas trouver même l’ombre d’une gratitude ! Ce n’est pas pareil Alors nous somme nombreux à finir comme vous dites ( et comme je dis aussi) mais personnellement j’ai du mal parce que mon intérêt pour les gens me faire voir ou deviner leurs maux ! et même les écouter je ne dois plus ! cela est trop pompant !
              Quant à Erevan, mon Irish, je l’avais en avatar à un moment ; une sacrée bestiole
              Bonne journée lulupipistrelle


            • Fergus Fergus 12 juin 2013 09:37

              Bonjour, Alinea.

              Superbe texte, comme d’habitude.

              Vous écrivez « le vent devra être violent qui la fera (la solidarité) s’enflammer de nouveau. » Peut-être pas car elle renaît spontanément lorsque la situation devient catastrophique. Cela laisse de l’espoir...


              • alinea Alinea 12 juin 2013 09:45

                Oui, c’est bien ce que je voulais dire ; il faudra que la situation soit sérieusement dégradée, une tempête, une catastrophe quoi !
                Merci de vos compliments Fergus !


              • Piere CHALORY Piere Chalory 12 juin 2013 09:54
                @ Alinea, 

                Vous avez bien défini la psychologie des uns et des autres. C’est vrai que rendre service génère rarement un remerciement quelconque. Quant à l’entraide, elle relèverait plutôt de la science fiction par ici. Il n’est qu’à voir la guéguerre qui règne et les clans qui se forment entre ’’rédacteurs’’ et intervenants d’Agoravox, par exemple. 

                Souvent, je préfère les chiens aux humains. 

                 & même les pigeons, les scarabées et les moucherons qui volettent sagement dans cet univers de pauvres d’esprit.

                         

                • alinea Alinea 12 juin 2013 10:13

                  Les mouchrons ? Vous êtes sûr ?
                  Il y a trop de gens, ici entre autres, qui agissent comme des mouches et vont s’attiser sur les sujets brûlants ; on a eu son content cet hiver ! C’est une question d’époque sûrement ; besoin de défouler quelque chose !
                  Une autre époque, un autre jour j’espère fera revenir l’entraide ; et d’autres douceurs !
                  Vous avez vu ? Je sais mettre une photo ! smiley


                • Piere CHALORY Piere Chalory 12 juin 2013 10:21

                  Effectivement les moucherons seraient plutôt une calamité dans nos appartements et maisons, mais c’est par pure provocation que j’ai comparé l’homme au moucheron, quoique...  smiley


                  Bravo pour la photo, c’était pas si compliqué !


                • lulupipistrelle 12 juin 2013 14:48

                  @ Pierre : moi aussi, la plupart du temps, je préfère mes chats et mon chien , et par extension tous leurs congénères, aux humains... 


                • alinea Alinea 12 juin 2013 15:19

                  Oh, je pensais qu’ils étaient une calamité pour les chevaux !! J’ai beau les badigeonner d’huile de cade, rien n’y fait !!


                • alinea Alinea 12 juin 2013 15:20

                  Pourquoi ?
                  Parce qu’ils sont vrais !


                • Ambalaba Ambalaba 13 juin 2013 00:11

                  Bonsoir Alinea, ayant découvert le lien vers votre article sur le « petit vocabulaire personnel » cela m’a permis de vous « découvrir » un peu plus. Il y a tellement à lire ici, même en choisissant les auteurs, qu’il serait impossible d’en faire le tour sans essayer d’écrire de son coté. Pour ma part je penses souffrir d’un problème de synthèse et tente d’y remédier en donnant une forme poétique à mes récits. Je travailles sur quelques essais que j’espère sérieux et dignes d’intérêt, dans l’espoir qu’ils passeront le seuil de la modération (mais ce n’est pas si important, on écrit avant tout pour soi). Croyant comprendre que vous n’appréciez guère la vulgarité ou la bassesse (et je vous comprends) j’espère que vous ne serez pas choquez par cette « légende poémique » que je me suis permis de soumettre à la publication, le sujet étant pour le moins léger. Une sorte de récréation entre d’autres textes nettement plus sérieux (bien qu’après tout, quand on voit comment certains de nos dirigeants décident de notre avenir national, européen et mondial, je me demande si il ne s’agirait pas de la même chose, mais je ne fais aucune généralité, il s’agit évidement d’une parodie et d’un exercice de synthèse justement, aux accents humoristico-poétiques.) Vous lisant depuis quelques temps maintenant, je fus agréablement surpris de votre nouveau « à propos ». Etant provisoirement obligé d’emprunter le matériel et les locaux d’un ami pour m’adonner à cette passion qu’est l’écriture et son partage, j’espère avoir le temps de vous faire découvrir d’autres textes moins légers quand à leurs sujets. Vous souhaitant une bonne soirée, je m’en retourne me laisser guider par la plume, sincèrement, Ambalaba. 


                  • jack mandon jack mandon 13 juin 2013 17:06

                    Salut petite soeur,

                    j’ai un article en difficulté à la modération,

                    le fascisme avec en toile de fond pasolini.

                    si tu peux regarder...

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