Service, SVP !
Lettre ouverte à la gouvernance.
Si au soir du 6 Mai prochain, le hasard, ou l’humeur que l’on sait si changeante des Français, venait à vous bouter hors du cockpit, vous pourriez néanmoins en sortir la tête haute et le sentiment de l’ouvrage parachevé.
Après 12 années passées aux commandes du pays et tellement de dossiers réglés, nul ne vous aurez tenu rigueur d’une petite baisse de régime. Mais ça serait sans compter avec la générosité jusqu’au-boutiste qui vous anime...
Ainsi, prenons à titre de modèle l’exemplaire Jean-Louis Debré qui, bien que fourbu et alors même qu’il allait devoir très bientôt supporter seul la charge de la présidence du Conseil constitutionnel, aura su, en pleine ligne droite des présidentielles, écouter et surtout comprendre l’angoissante perspective des futurs députés chômeurs. Ce tribun à la fibre sociale légendaire - bon sang ne saurait mentir - suivant la doctrine du Dr Sarko (« travailler plus pour gagner plus »), trouvera les mots justes afin de réveiller une majorité assoupie pour adopter un texte permettant aux malheureux parlementaires catapultés lors des prochaines législatives de toucher 5 cinq années de chômage au lieu des six mois contractuels, soit 7 000 euros mensuels qui, bien que dégressifs - peuchère - devraient tout de même leur permettre d’échapper aux affres du canal Saint-Martin...
Mais où trouvez-vous toutes ces idées pour sauver la France de l’hémorragie qui la saigne ?
Je pense en particulier à l’épuration des fichiers des ASSEDIC, à ceux de l‘ANPE, à ces centaines de milliers de fainéants immondes que vous aurez su pourchasser, dénicher, confondre puis transmuter en RMIstes tatoués d’un numéro afin de rétablir des chiffres honorables dans un pays enfin débarrassé de sa vermine.
Il me revient aussi cette témérité avec laquelle vous avez augmenté de 70% l’émolument ministériel, en juin 2003, avec effet rétroactif et non soumis à l’impôt - il fallait y penser - tout en repoussant simultanément et d’un altier revers de main la scandaleuse demande syndicale quant à un coup de pouce aux smicards. Non mais des fois !
Vous ne m’en voudrez pas, j’espère, si d’aventure ma mémoire venait ici à rendre un hommage non parfaitement exhaustif à l’ensemble de votre œuvre mais, que voulez-vous, vous en avez tant fait...
Tenez, c’est cocasse, il m’en vient une autre...
M. Chirac, prince d’Andorre, et Bernadette, « princesse qu’on sort » et qu’on balade, l’aristocratique couple possédant le goût doré de la vieille France, s’est offert sur le denier public et loin du « bruit et des odeurs », le château de Bity, retraite dont le faste qui honore son rang est apte à recevoir de fidèles amis très graciés et très décorés tels que Drut, Poutine ou le roi des bananes et sa cour.
Faut dire qu’avec les 600% d’augmentation du budget de l’Elysée depuis que les Chirac l’occupent, le train de vie de nos retraités sera difficile à maintenir après leur déménagement. Souhaitons-leur que la réforme du système des retraites soit lui aussi rétroactif, sans quoi où iraient-ils avec les 5 300 € de retraite de l’Assemblée Nationale, les 2 200 € de retraite de la mairie de Paris, 2 100 € de retraite de conseiller général, 2 900 € pour avoir été conseiller à la Cour des comptes et quelques piécettes jaunes ?
Même si, pour raison d’Etat, vous avez dû retirer certains projets qui auraient pourtant été si favorables aux plus nantis - sans qui nous ne serions rien - il nous restera tout de même quelques perles, tel le CNE, calqué sur le modèle social chinois, permettant à lui seul de conserver mainmise sur un peuple devenant espiègle, superbe retour vers une époque où chacun savait son rang conserver.
Evidemment, quelques mauvais coucheurs d’une presse rouge se sont bien chauffé la gorge sur des points qui pouvaient sembler largement consensuels. Ainsi me revient en mémoire une histoire de duplex au loyer de 14 000 écus réglés par lettre du Trésor. Diantre, mais que connaît des responsabilités et des tracasseries quotidiennes d’un ministre, un métallo, un chauffeur de bus, un chanteur de bal ou une enseignante dont la rusticité n’exige rien de tel ?
Bien qu’intarissable quant à vos louanges, je ne peux m’attarder davantage au risque de capter votre temps si cher. Néanmoins, permettez que je traite ici un dernier point qui me tient tout particulièrement à cœur.
Sachez que si le pire devait arriver, à la manière des chanteurs souffreteux, nous serions nombreux au soir de la rébellion, à requérir l’asile politique chez l’un de nos amis voisins qui connaît encore le respect dû à un or si âprement gagné. A l’inverse, et si vous restiez en place, réfléchissez au principe de délocaliser la présidence, les ministères, l’Assemblée nationale et le Sénat vers les pays actuellement en vogue. Outre quelques milliards d’euros, cela nous économiserait de supporter votre proximité.
Soyez sûrs que, même en Chine, nous ne vous oublierons jamais.
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