Servier a-t-il changé de tactique ?
Depuis le décès du père fondateur des laboratoires Servier, il semble qu'un vent nouveau souffle à la direction de l'entreprise touchée par le scandale du Mediator. Pour autant rien n'est encore très clair.
Le nouveau président du laboratoire pharmaceutique Servier a déclaré, mercredi 14 mai 2014, à la presse, que son groupe "assumera [ses] responsabilités" et "indemnisera tous les patients qui ont souffert [du Mediator]" dans le cadre des procédures de l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam).
Il semblerait donc que la posture du laboratoire soit beaucoup plus raisonnée et conciliante qu’auparavant. On peut légitiment s’interroger sur ce revirement. Sans doute que la disparation du père fondateur a libéré quelque peu les énergies et la compréhension de la situation. On peut également suggérer que si cette attitude d’empathie et de reconnaissance du problème avait été mise en œuvre assez vite en 2010, il n’y aurait peut-être pas eu de scandale aussi « médiatisé ».
Cependant, quelle que soit la posture du groupe Servier, il reste quelques incompréhensions. Comment véritablement savoir le nombre de victimes ? Les dossiers traités par l’ONIAM et retenus au titre de la double nocivité du Mediator, les valvulopathies et l'hypertension artérielle pulmonaire, s’élèvent au nombre de 483. Certes le nombre de décès n’est pas connu mais il est probable qu’il sera assez éloigné des 2100 cas annoncés ici ou là dans la presse.
Reste encore une inconnue : le rôle des médecins prescripteurs qui ont accepté de délivrer du Mediator autrement que pour soigner le diabète. Leur responsabilité et à notre sens largement engagée. De même que le devoir d’information des pharmaciens est également à mettre en cause. Sans vouloir minimiser le rôle de Servier, il est évident que la chaine de responsabilité dans ce scandale de santé publique. Est grande, des pouvoirs publiques politiques jusqu’aux patients eux-mêmes, tout particulièrement ceux adeptes des cocktails médicamenteux.
Justement, quid des politiques et des ministres de la santé, qui ont accepté les autorisations successives de mises sur le marché ? les affaires Cahuzac et Morelle doivent aussi nous éclairer sur les conflits d’intérêts entre industrie du médicament et pouvoirs publics. Mais quid également des organismes de remboursement qui ont observé des consommations anormales de Mediator sans bouger.
Par chance Irène Frachon a semé la discorde dans des procédures à l’évidence bien huilées.
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