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Servitude moderne - soumission volontaire

J’ai découvert récemment une vidéo de J-F Brient intitulée « la servitude moderne » et dont vous découvrir la première partie ici. 


Au-delà des excès du commentaire et de son ton dramatico-lyrique assez pénible au final, il me semble que ce film vaut la peine qu’on y réfléchisse puisqu’il renvoie à une notion qui me tient à coeur , celle de la soumission volontaire qui fait de nous - plus que ne le ferait n’importe quelle chaîne - des « esclaves modernes » dociles et serviles.

Comment expliquer en effet notre incroyable passivité devant les abus des puissances qui nous gouvernent ? Comment justifier - alors que nous sommes précisément aujourd’hui directement victimes de ces abus - notre incapacité à achever cette révolution qui n’est pas terminée ?

Notre attentisme actuel interpelle et questionne sur les phénomènes psychosociologiques qui nous conduisent à autant d’inertie.


"La plupart des événements de l’Histoire, même parmi ceux qui furent les plus décisifs pour une nation et un peuple, n’affectent guère la vie privée, individuelle et familiale des hommes, au-delà du petit cercle des politiques qui sont concernés » explique Sebastian Haffner dans Histoire d’un Allemand-Souvenirs 1914-1933. (Actes Sud, 2002).

C’est cette indifférence qui pour lui, explique en partie la montée du nazisme.
"D’un côté une modernité où les individus désinvestissent la sphère publique et se replient dans " le mécanisme de la vie courante ", pieds et mains liés à leur profession et leur emploi du temps, de l’autre une poignée d’hommes enragés et décidés, armés par l’idéologie et la terreur »

Cette indifférence se conjugue avec la déresponsabilistation du citoyen décrite dans le document de Philippe Augier "Le citoyen souverain éducation pour la démocratie" (Unesco 1994) :
Il est clair que la démocratie ne doit être ni une simple technique politique, ni une société productrice de jouissances, ni celle où les citoyens se contentent de choisir ceux qui décideront en leur nom. On ne peut pas résoudre le problème de la coexistence harmonieuse et équilibrée entre tous par le simple processus de l’élection. L’électeur est considéré comme souverain, mais souverain de quoi ?

En lui donnant la possibilité d’élire un maire, un député, un chef d’Etat, on ne lui demande pas ce qu’il veut, mais qui il veut. On lui permet de se débarrasser sur quelques-uns de ses devoirs et de ses responsabilités envers le groupe. En mettant un bulletin dans l’urne, il acquiert une forme de bonne conscience : il a le sentiment d’avoir fait son devoir de citoyen, et d’être conséquemment gouverné comme il le souhaite.

Il n’y a donc plus aucune nécessité pour lui d’infléchir la vie collective par des actions supplémentaires. Il peut s’endormir. d’ailleurs, dans beaucoup de cas il désire être gouverné et non gouverner. L’éducation à la démocratie passe aussi par la compréhension de cette nuance fondamentale. "

Une autre raison à ce phénomène d’acceptation concerne les formes de contraintes sociales qui ont fait l’objet d’une importante réflexion philosophique et sociologique.

L’acceptation s’appuie largement sur des rapports de force et de contraintes que subissent les individus. C’est le cas de tous les régimes totalitaires.
  • L’exemple Birman est l’illustration de ces rapports de domination politique fondés sur le triptyque pouvoir / autorité / coercition.
  • Les fausses démocraties africaines - permettant l’avènement de dictateurs qui s’emparent des richesses du pays et condamnent les populations à la misère la plus cruelle - illustrent le phénomène de la contrainte économique (propriété / capital).
  • Les contraintes culturelles et notamment religieuses conduisent, elles aussi, à la soumission des peuples. Ce sont ces contraintes qu’utilisent les Talibans en Afghanistan ou les Mollahs en Iran.

L’acceptation s’appuie également sur des rapports de soumission qui ne passent plus nécessairement par une contrainte extérieure évidente, mais par une logique de " socialisation à l’auto-sujétion ".
" Il se passe bien quelque chose de particulier du côté de la subjectivité individuelle, notamment de notre rapport à une autorité qui s’affiche de moins en moins comme telle, mais dont nous devançons les désirs inexprimés. " Ecorev
" D’une manière générale, l’affaiblissement du lien social, par l’émancipation individuelle et par le productivisme, se marque par l’idée d’un déclin de l’institution coercitive -comme espace d’imposition du réel. Nous serions davantage acteurs de notre propre soumission, au point de participer pleinement et volontaire à l’élaboration de nouvelles pratiques sociales qui aboutissent à un enfermement de notre autonomie dans un espace de plus en plus contrôlé. "

Les expériences de Milgram - qui décryptent le principe de l’obéissance se justifiant par l’acceptation de la puissance légitime du savoir scientifique- démontrent avec quelle facilité l’individu accepte de réaliser des actes qui devraient heurter sa conscience. La soumission trouverait ainsi son origine dans le principe d’autorité profondément inscrit dans notre subconscient.
" Du fait de l’intériorisation sociale millénaire du principe d’autorité, le danger existe qu’il renaisse de ses cendres "

" L’exemple le plus tragique de cette intériorisation est certainement constitué des dérives totalitaires de type fasciste qu’ont connu vers la même époque divers pays d’Europe occidentale, ainsi que la Russie. Elles trouvent leur source dans la psychologie des masses humaines subissant depuis de millénaires l’oppression du système autoritaire patriarcal, qui poussent les hommes dans certaines périodes de crise à préférer l’oppression et l’esclavage à un climat (même chimérique) de désordre et d’insécurité. Ici et Maintenant

Analysant le principe d’autorité comme facteur de servitude volontaire, le journal anarchiste Alternative Libertaire illustre son propos en décrivant le processus d’émergence du fascisme.
"L’émergence du fascisme s’explique par divers facteurs socio-économiques (le spectre de la révolution russe de 1917 dans le cas de Mussolini, la crise mondiale du capitalisme de 1929 pour Hitler, etc) mais tout ceci n’explique pas l’apparition du fascisme et encore moins sa possibilité même.

Par contre, on peut affirmer que si le fascisme a pu naître, croître, et vaincre (et simplement exister), c’est parce qu’il exprime la structure autoritaire irrationnelle de l’homme nivelé dans la foule. Un fait psychologique remarquable est que le fascisme n’est pas, comme on a tendance à le croire, un mouvement purement réactionnaire, mais il se présente comme un amalgame d’émotions révolutionnaires et de concepts sociaux réactionnaires, ce qui explique son succès au sein des masses, y compris la classe ouvrière.

Tout pouvoir, même installé par la force et maintenu par la contrainte, ne peut dominer une société durablement sans la collaboration, active ou résignée, d’une partie notable de la population. C’est dans l’esprit de l’opprimé que tout pouvoir trouve d’abord sa force, plus que dans celle des armes. Rien ne paraît plus surprenant [...] que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et l’humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs.

Au dix-huitième siècle, David Hume nous posait déjà la question de savoir quelle était la cause de cette situation paradoxale, et répondait : " Ce n’est pas la force ; les sujets sont toujours les plus forts. Ce ne peut donc être que l’opinion. C’est sur l’opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire aussi bien que le plus populaire et le plus libre"

Mais à tous ces phénomènes explicatifs il faut aussi rajouter des aspects plus individuels relatifs à la personnalité de certains individus.

Dans son " Études sur la personnalité autoritaire " , Theodore W. Adorno, Membre de l’Ecole de Francfort qui se penche notamment sur les phénomènes de culture des masses, dresse les portraits psychologiques des individus séduits par le totalitarisme.
" Parmi les personnalités dont la vision du monde est " de nature à indiquer qu’ils auraient été prêts à accepter le fascisme au cas où il serait devenu un mouvement social puissant ou respectable ", on trouve un certain nombre d’individus présentant, on s’en douterait, des syndromes autoritaires, mais aussi trop " conventionnels ", ou, à l’inverse, excentriques.
Le plus " dangereux ", selon l’étude, est le " manipulateur ". Ce dernier, antikantien par excellence, " traite toute chose et tout le monde comme un objet à utiliser ". Adorno souligne que " ce modèle se trouve chez de nombreux hommes d’affaires ". Généralisation un peu étrange...

On comprend que ce texte n’ait pas toujours été accueilli avec faveur. D’autant que l’auteur va beaucoup plus loin. Il analyse certains " constituants formels " qui lui semblent typiques de ces personnalités autoritaires. Citons, à titre d’exemple, le refus de toute forme d’utopie, " l’indifférence envers le sort des pauvres, tout comme l’admiration pour les gens riches qui ont du succès. Le Figaro.


Dans " Sur la psychologie de masse du fascisme ", Jean-Marie Brohm reprend l’ensemble de ces différents phénomènes psychosociologiques qui ont permis l’acceptation du nazisme en Allemagne et conclue "Il semble que rien ne soit plus malaisé à l’homme de la rue que de ne pas s’identifier à quelque mouvement important."

Cette dernière étude devrait renvoyer chacun de nous à sa propre responsabilité mais aussi renvoyer également les partis politiques à leur propre finalité :

La mission des structures politiques doit-elle se limiter à proposer des alternatives sociétales en s’appuyant uniquement sur les processus électoraux et les instances parlementaires ou doit-elle intégrer un aspect plus large qui serait d’alerter l’opinion sur ses propres déviances inconscientes, de valoriser de vrais processus de pédagogie citoyenne et de promouvoir de réelles et nouvelles formes de contre-pouvoir ?
 

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22 réactions à cet article    


  • Alcide 24 août 2009 12:41

    Peut-être bientôt le chaos total avec l’effondrement du dollar, de nombreux états européens en banqueroute, le cortège des difficultés pour payer les retraites et d’assurer la sécurité sociale en France.
    Paradoxalement à cette situation épouvantable l’écart détestable des rémunérations se creuse au détriment de la classe moyenne qui sera complètement laminée.
    À terme des hypers riches et une plèbe pléthorique.
    À moins d’être très con, la désobéissance civile, la révolte et la révolution contre les banques et les puissances financières pour très bientôt.
    Les hommes politiques qui ne comprennent pas cela prennent le chemin des chiotte de l’histoire.


    • Croa Croa 24 août 2009 23:10

      Ils vont commencer par tous nous vacciner contre la grippe A. Ceux que ça n’aura pas tué auront autre chose à penser que s’occuper des banques !


    • Le Promeneur Le Promeneur 24 août 2009 12:56
      Notre impitoyable maître n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ?

      Ce texte vieux de plus de 400 ans a été écrit par Etienne de la Boétie, alors agé de 18 ans, sous le titre « Discours sur la servitude volontaire ».
      A l’époque, il risquait pour de tels écrits ni plus ni moins que le bûcher...

      Effectivement, rien n’a changé depuis l’apparition de l’homme, sinon la technologie.

      L’homme est toujours un loup pour l’homme.

      • Jordi Grau J. GRAU 24 août 2009 14:39

        Article très juste dans l’ensemble et riche en références intéressantes. Merci à l’auteur, auquel je ferai seulement trois petites critiques :

        - sauf erreur de ma part, vous ne faites pas référence à un texte fondateur, qu’on aurait pu s’attendre à voir cité vu le titre de votre article : le Discours sur la servitude volontaire de La Boétie (texte qu’on peut trouver gratuitement en ligne, en passant par Wikipedia). Dès le 16ème siècle, avant même Hume que vous citez, La Boétie avait bien compris que la force toute seule ne peut suffire à soumettre un peuple.

        - Il me semble que vous employez l’adjectif « totalitaire » d’une manière peu rigoureuse. Toute dictature n’est pas forcément totalitaire, au sens où Hannah Arendt a défini ce mot.

        - Je comprends mal pourquoi vous trouvez bizarre les propos d’Adorno lorsqu’il présente les hommes d’affaires comme des manipulateurs. Etant donnée la rude concurrence qui sévit dans ce milieu, étant donnée l’obligation de faire un maximum de profit sous peine de couler, on ne voit pas comment les hommes d’affaire pourraient faire l’économie de la manipulation pour réussir. Et ce qui était vrai à l’époque d’Adorno l’est encore plus à notre époque. Qu’est-ce donc que l’affaire des subprimes, sinon une énorme manipulation, où les financiers se manipulaient les uns et les autres et s’auto-manipulaient pour se rassurer ?


        • Daniel Topper 24 août 2009 16:58

          Adorno, ce n’est pas celui qui trouvait que le jazz défigure la culture ?


        • Jordi Grau J. GRAU 24 août 2009 21:27

          J’ai entendu parler de ça. Je ne peux pas défendre Adorno, que je n’ai pratiquement pas lu. Seulement prétendre rabaisser un auteur en citant une connerie qu’il a écrite sur un sujet qui n’a absolument rien à voir ne me paraît pas une démarche très intéressante. Quel grand auteur n’a pas écrit quelques conneries dans sa vie ?


        • Daniel Topper 25 août 2009 13:46

          Vous n’avez pas effectivement lu Adorno : l’exemple du jazz fait partie d’un système...


        • LilianeBourdin 24 août 2009 17:28

          @ l’auteur
          Merci de cet article intéressant. Il me conduit à mettre un lien sur un article posté l’an dernier, qui explorait un des ressorts de la servitude volontaire : le sentiment de culpabilité.
          J’y rajouterais aujourd’hui notre besoin de reconnaissance, qui est très utilisé par le marketing. Est-ce qu’un adolescent peut actuellement s’intégrer facilement dans un groupe, s’il ne possède ni MP3, ni téléphone portable, et qu’il ne joue pas à des jeux sur console ? Certes, les signes de reconnaissance ont toujours existé, mais ils sont maintenant préparés à l’avance pour nous, achetables en lignes, ou à notre disposition dans les rayons des supermarchés, prêts à prendre place dans nos caddies, comme dans ceux des millions de consommateurs qui arpentent les mêmes allées de la consommation...

          http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/trop-sages-42441


          • Fabrice Hereandnow 25 août 2009 11:08

            Oui Liliane effectivement mais pourquoi vouloir « s’intégrer facilement dans un groupe », à partir de là c’est déjà foutu...
            amicalement
            fab


          • adalan 25 août 2009 15:05

            D’après le psychologue Maslow, l’estime d’autrui est un besoin fondamental (voir la Pyramide des besoins de Maslow sur Wikipédia). D’autant plus pour un adolescent, en pleine découverte/construction de relations extra-familiales.


          • Alain-Goethe 24 août 2009 18:00

            @ Marie Laure : Bon article !
            Bon courage pour la reprise

            @ Tous :
            Récemment, quelqu’un a cité une phrase de MARX.
            3 dangers quettent l’Humanité :
            - ignorance
            - abrutissement
            - nullité

            A propos de l’ignorance, je suis de + en + surpris du nombre de gens à qui j’ai pu proposer gratuitement des revues telles que Marianne etc. ;
            et qui m’ont répondu :
            « je ne lis pas . ; j’ai pas le temps  » ( et même à des retraités.. qui par ailleurs ne surfent pas sur le net)
            Par contre la TV pour les infos et le reste = eux oui

            Comment se faire un jugement juste avec des images commentées par Pernaud et al ?? j’espère que ce n’est pas de l’abrutisseement ... !

            cela rejoint un lien remis hier par un Agoranaute sur « la Propagande » :

            http://sami.is.free.fr/Oeuvres

             sur Huxley - retour au meilleur des mondes


            • Daniel Topper 24 août 2009 18:31

              Et c’est bien connu : le téléspectateur est par définition un abruti... Rien de nouveau donc depuis l’Ecole de Francfort, du sociologisme encore et toujours du sociologisme...


            • Jordi Grau J. GRAU 24 août 2009 21:34

              Un télespectateur n’est pas forcément un abruti. Mais celui qui s’informe SEULEMENT en regardant la télé risque fort d’avoir moins d’esprit critique qu’un autre. Il faut tout de même reconnaître qu’il y a peu de programmes intéressants à la télé (sauf peut-être sur quelques chaînes payantes) et que l’information y est généralement traitée de façon appauvrie par rapport à ce qu’on peut trouver dans la presse écrite (même si celle-ci ne brille pas toujours par l’élévation de son niveau).


            • Moristovari Moristovari 24 août 2009 21:41

              « Aujourd’hui, on a le droit d’être en colère, mais faut le demander gentiment »

              J’apprécie beaucoup les articles de type philosophique, si rare en cette contrée ancrée dans le présent, cependant celui-ci est un peu fourre-tout, bazaroïde. Finalement il est difficile d’apporter un commentaire tant les problématiques sont nombreuses.

              A défaut, voilà une vidéo qui pourrait vous intéresser et que vous avez peut-être déjà vue récemment, sur agoravox tv :

              Les fondements moraux des libéraux et des conservateurs

              Car l’un des problèmes fondamentaux de votre article, c’est : « Pourquoi, à l’heure où l’Homme occidental a toute les clés pour être libre, responsable et maître de lui, continue-t-il à faire preuve d’une inexcusable inconscience vis-à-vis du futur ? »

              J’encourage aussi la lecture d’’éloge de la fuite" d’Henri Laborit. Cordialement.


              • Fabrice Hereandnow 25 août 2009 11:04

                Malheureusement ni le film ni cet intéressant article ne vont au véritable fondement des raisons de la soumission volontaire.
                - On comprend bien comment ce système aliénant se régule, s’entretient et se développe mais pourquoi et par quoi est-il rendu possible ?
                Existe-t-il un véritable système alternatif collectif à prendre en exemple, même chez les autres espèces animales ?
                Le fait même que les individus se regroupent (en tribu, en communautés, en couple,...)n’est-il pas déjà porteur de l’acceptation tacite de la soumission ?
                Comment expliquer la généralisation des systèmes d’emprise sur la liberté des individus à travers l’espace et le temps si ce n’est par l’existence d’un besoin profond d’obéissance consubstantiel au simple fait d’être ?
                Le film effleure à peine une partie de la réponse en abordant « la peur » mais hélas sans dérouler la pelote, il reste dans le domaine social sans plonger dans des raisons de nature psychanalytiques qui pourraient permettre d’aller aux racines, et finalement même dans son propos il parle des effets plutôt que des causes et se comporte comme ce qu’il prétend dénoncer.
                Sur la musique des « rage against the machine », le film se finit par un montage serré d’images de révolte, de casseurs qui au bout du compte ont pour effet de resserrer la cohésion des esclaves par la demande d’un rétablissement de l’ordre, de la sécurité et en conséquence par l’acceptation tacite du renoncement à la liberté.

                Pour ma part je ne crois plus aux possibilités de solutions collectives à ce « problème » (est-ce un problème ?), on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux, pour la simple raison que le bonheur est déjà en eux mais la plupart n’ont pas la capacité... de vouloir le trouver


                • latinwarrior47 latinwarrior47 25 août 2009 11:16

                  Quand j’ai vu la vidéo, en entier, je me suis dis : il me reste plus qu’à me pendre ; car c’est très pessimiste, voir fataliste. Nous somme dans une matrice, et l’illusion crée se fait par les médias, les tabous, le pouvoir. Mais il faut relativiser : qui nous manipule ?
                  Le pouvoir - et la société, ou les gens qui pensent comme le contenu de cette vidéo, nous poussant à devenir révolutionnaire, ou anarchiste ( dans le sens de la vidéo ).
                  Nous sommes des esclaves moderne, mais même en sachant cela il n’y aura jamais de grande révolution pour renverser tout ça, car nous faisons parti du système, nous y contribuons chaque jour.
                  Et enfin, certaines parties ( travail nécessaire, propriété privée ... ) existent depuis des siècles, remettre en cause tout cela c’est être extrêmement marginal, il ne faut pas généraliser ce mode de penser à l’extrême, mais c’est vrai qu’il faut se poser de sérieuses questions sur le monde dans lequel on vit aujourd’hui. Est-on vraiment libre ?
                  Je pense que non.


                  • mithys 25 août 2009 13:18

                    C’est avec raison que l’auteur écrit : « Les contraintes culturelles et notamment religieuses, conduisent à la soumission des peuples ». Je dirais même : les contraintes économiques et politiques sont des épiphénomènes parce qu’elles ont pour origine les contraintes culturelles.

                    Les expériences de MILGRAM, par exemple, ou « les dérives totalitaires de type fascistes », la manipulation mentale, l’endoctrinement, etc … témoignent que « la soumission trouve son origine dans le principe d’autorité profondément inscrit dans notre subconscient (…) depuis des millénaires ».

                     

                    Et pour cause : selon Richard DAWKINS, la soumission est génétique : déjà du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant totalement soumis à ses parents (et donc plus tard, notamment, à un dieu … ! ).

                     

                    Le cas particulier de la soumission religieuse est à cet égard significatif : comme je l’ai déjà écrit par ailleurs, la liberté de croire ou de ne pas croire est généralement compromise, à des degrés divers. D’abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective, puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents. Ensuite par l’influence d’un milieu éducatif croyant, excluant toute alternative humaniste non aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 %, la soumission y étant totale. Comme l’écrit Anne ARCHET (mais sans faire allusion aux musulmanes soumises à l’autorité masculine), « Nous acceptons la domination par inconscience d’être dominés. Mieux : par conviction que nous sommes libres » …

                     

                    Les neurosciences tendent à expliquer cette « auto sujétion » : 

                    Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a constaté (son successeur actuel Vassilis SAROGLOU le confirme)  qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte en dépend ( et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur, substitutif et anthropomorphique, fût-il "authentique, épuré, Présence Opérante du Tout-Autre" ...).

                     

                    Des neurophysiologistes ont d’ailleurs constaté que si les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, tels que, notamment, les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur.

                     

                    L’IRM fonctionnelle tend à établir que le cerveau rationnel, en particulier le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent « anesthésiés », à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion. Ce qui expliquerait l’imperméabilité des croyants à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf le pasteur évangélique Philippe HUBINON,  vu à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ».

                     

                    La soumission religieuse apparaît ainsi comme un « mécanisme de défense » contre les incertitudes, a fortiori en l’absence d’une information minimale, objective, et non prosélyte sur les autres options religieuses ET sur les options laïques, telles que l’humanisme et la spiritualité laïques.

                     

                    Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale.

                    Ce dernier a écrit : «   Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’en détacher, s’il y parvient jamais.(...) Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté  !".

                     

                    Entendons-nous bien : loin de vouloir simplifier ou réduire la complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des facteurs psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, …) par une approche neuroscientifique ? Bien qu’encore très partielle, elle vise en effet à mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi et donc à permettre à chacun de choisir, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses ?

                     

                    Certes les neurosciences ne démontrent pas l’inexistence de « Dieu » (aucune inexistence n’est  démontrable), mais elles tendent à démontrer son existence imaginaire et donc illusoire.

                    Le droit de croire n’en restera pas moins légitime et respectable, a fortiori si cette option a été choisie plutôt qu’imposée.

                     

                    Michel THYS à Waterloo  http://michel.thys.over-blog.org

                     

                     


                    • fwed fwed 27 août 2009 16:29

                      commentaire tres tres interessant, merci


                    • yclick yclick 27 août 2009 14:43

                      Ce film réveil les consciences. Il n’est qu’une étape.
                      Pour la suite, voyez le message de ghis :

                      http://www.dailymotion.com/user/OYAVI/video/xa6t1f_changement-le-veritable-1_webcam

                      Faut pas gueuler contre le berger, faut l’ignorer.

                      Merci à l’auteur de cet article.

                      N’oubliez pas que si ce film vous à reveillé, vous avez l’obligation morale de le transmettre autour de vous !



                        • yclick yclick 8 septembre 2009 12:45

                          Le site du film est maintenant offline depuis plusieurs jours ; Ce film est vraiment gênant pour l’élite on dirait !

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