Sexisme, racisme, charia : les nouvelles ségrégations
Le 21e siècle va tourner au vinaigre. La destruction de l’État de droit est en cours. Partisans de la charia, féministes radicales, minorités racisées, réseaux sociaux : le camp dit progressiste se déchaîne contre le fondement de la démocratie. La guerre politique et culturelle pourrait emporter même les modérés.
Charia
Tariq et Hani Ramadan sont en bateau. Tariq tombe à l’eau. Hani rame au secours son frère. Il défend son fond de marécage commerce. En 2008 je m’étais adressé à lui dans un billet condamnant ladite lapidation, qu’il venait de justifier. Je qualifiais cette pratique de sacrifice humain.
Il m’a depuis traité d’islamophobe (donc raciste dans la novlangue), d’agent sioniste et de porte-parole de la barbarie occidentale. Venant de la part de cet intégriste qui ne cesse de vomir la société occidentale, c’est un compliment plus qu’une insulte.
Cette fois il invoque la charia pour dénoncer les calomnies : « Toute personne qui tombe dans la diffamation en accusant un individu innocent d’avoir forniqué ou violé, relatant un récit qui est le fruit de son imagination malveillante, et qui n’est pas accompagnée de quatre témoins qui ont vu clairement les choses, s’expose ainsi à un terrible châtiment, et cela quel que soit le sexe de l’accusé. » (lien audio, à 3:25).
Entendons-nous bien : la présomption d’innocence est la règle tant qu’il n’y a pas eu un jugement de culpabilité. Cela vaut pour Tariq Ramadan comme pour Maria Carey ou Britney Spears, toutes deux accusées de harcèlement sexuel par leurs gardes du corps (affaire sur lesquelles la presse est singulièrement discrète). Dommage qu’il n’ait pas tenu le même discours pour Harvey Weinstein dès le début. Ah, mais lui c’est un juif…
Hani Ramadan ne prend pas comme référence le droit suisse ou français mais la charia. Quatre témoins pour prouver un viol ? Ben tiens…
Ségrégation
Charia contre droit séculier : il rejette notre culture occidentale et veut imposer deux droits distincts. Le multiculturalisme, quoi. Et dans la foulée : la fin annoncée de l’État de droit.
Pour autant il n’a pas tort sur le fond en dénonçant la rumeur ou la calomnie. Aujourd’hui Twitter est un tribunal presque aussi violent que ceux de Daesh. Procès expéditifs en quelques clics de souris, sans instruction, sans parole donnée à la défense, et croyance virale en la culpabilité des gens dénoncés.
Ségrégation et ethnicisation religieuses ne sont pas les seules sources de tensions actuelles. Une posture racisée est de plus en plus revendiquée par les « progressistes » non blancs. Comme la militante afro-féministe et végane LilY Ka. Dans la foulée on voit de plus en plus reprocher à des blancs ou blanches de s’approprier des cultures qui ne leur appartiennent pas à l’origine. Il s’agirait d’un nouveau combat antiraciste et anticolonialiste. En réalité c’est un autre racisme.
Aux USA par exemple l’artiste Dana Schultz a été accusée de racisme et d’appropriation culturelle pour avoir peint un tableau avec une victime noire. Une vilaine colonialiste blanche, comme ils ont dit. L’artiste canadienne Amanda PL a peint des tableaux inspirés de la tradition des populations autochtones du Woodlands (image 2). Elle a été accusée de génocide culturel et la galerie qui l’exposait a été contrainte d’annuler son exposition sous les pressions des facho-progressistes. Mais alors pourquoi les ethnos et racisés, et donc identitaires, qui sacralisent les frontières (culturelles), haïssent-ils en général Donald Trump ? On pourrait en rire si beaucoup d'universités n'étaient pas contaminées – et donc les élites de demain.
Pétition
Je veux bien que l’on défende sa culture et ses racines. En Europe on devrait le faire davantage. Mais là on est dans le règne de l’émotion toxique et de la confusion. Méfions-nous les uns des autres. La meute crache sa haine et désigne des boucs émissaires.
Le racisme de genre se porte également bien. Hillary Clinton elle-même avait emboîté le pas aux progressistes qui grouillent dans le micmac hollywoodien. Lors d’un gala elle avait bu une boisson nommée « toxic masculinity » et affirmé que « les hommes font tout ce qu’ils peuvent pour faire reculer les droits et les progrès pour lesquels nous nous sommes battus si fort au cours du siècle dernier. » Elle est pire que Trump, hypocrisie en plus.
Quand un groupe particulier interpelle le président Macron pour qu’il soutienne un camp c’est également la fin de l’État de droit. C’est une ségrégation qui ne dit pas son nom. La puissance publique ne doit pas être accaparée par un clan contre un autre. C’est pourtant le cas avec la pétition lancée par cent personnalités féministes, dont je parlais dans mon précédent billet.
Cette pétition a été lancée par Caroline de Haas, la fondatrice de l’officine de propagande Osez le féminisme. Elle ratisse large et amalgame compliments, drague, drague lourde, harcèlement, agression sexuelle, viol et meurtre conjugal. J’y relève trois point qui illustrent la gravité du dysfonctionnement de notre société.
Une sur deux
La première est l’essentialisation de la violence, et son corollaire, l’infantilisation des femmes. Elle seraient toutes forcément victimes et auraient besoin d’être particulièrement protégées, d’où une propension légiférante à la Sarkozy. Les féministes remplacent le père par l’État.
La deuxième est cette information : « 1 femme sur 2 a déjà été victime de violences sexuelles. » Information jetée comme une affirmation. Or le sondage Odoxa qui en est à l’origine est discutable, comme je le montre plus loin. Enfin elle termine par ces mots : « Monsieur le Président, nous sommes face à une crise grave. Êtes-vous de notre côté ? »
Être de leur côté ? Dans leur camp ? C’est une volonté de capturer les services de l’État au profit d’une catégorie de citoyens, et au détriment d’une autre catégorie, par le chantage affectif (et, implicitement, électoral). Il n’y a pas de camps dans l’État de droit. À l’inverse, là où il y a des camps, il n’y a plus dÉtat de droit.
C’est la fin de l’égalité.
Pour terminer, quelques mots sur ce sondage Odoxa, une boîte qui a déjà été mise en cause pour d’autres sondages discutables. J’y reviendrai plus longuement ailleurs mais ceci suffira ici. L’image 4 (cliquer pour agrandir) illustre les réponses à cette question : « Pour chacun des comportements suivants, dites-moi si vous considérez que c’est un compliment, que c’est de la drague, du harcèlement sexuel ou de l’agression sexuelle ? »
Surenchère
Réponses : faire un compliment sur le physique ou la personne est considéré comme du harcèlement ou de l’agression sexuelle par 19% des femmes ! C’est digne de l’islam rigoriste. Et siffler dans la rue, par 48% d’entre elles ! Extraordinaire : les sondés font la loi. Alors que rien de cela n’est condamnable au pénal.
Ou alors considérons aussi que les tenues vestimentaires de certaines femmes : épaules nues, top transparents sans soutien-gorge, jeans troués jusque sur le haut des cuisses, micro-shorts, entre autres, sont un une exhibition sexuellement harcelante envers les hommes.
Si donc selon ce sondage 55% des femmes déclarent avoir été victimes d’agression sexuelles, c’est faux. Il faut retirer les 48% de non pénal de ce chiffre pour approcher un nombre plus plausible d’infractions de type sexuel. D’ailleurs affirmer que 55% des femmes ont été victimes, c’est affirmer quelque chose de non-vérifié. C’est donner à la seule auto-déclaration la force de preuve à charge.
Je rappelle au passage qu’Élisabeth Badinter avait déjà dénoncé il y a quelques années la manipulation et la surenchère des chiffres sur le viol et la violence conjugale.
On peut encore une fois déplorer le fait que les chiffres concernant les hommes ne sont jamais pris en compte. Le vrai déni est là. Combien d’hommes ont pu être ou se sentir agressés par des femmes ou par d’autres hommes ? Qui s’en soucie ?
Désintoxication
Et puis, je l’ai déjà écrit, hommes et femmes n’ont pas la même perception. Une femme qui tente sa chance, même par un toucher, ne m’agresse pas. C’est à moi de lui dire clairement et rapidement non si je ne suis pas intéressé. Être victime n’est pas un statut.
Cette pétition est une arme de plus dans la volonté féministe d’imposer un pouvoir moral sur la société en général et sur les hommes en particulier. Quitte à bafouer l’État de droit. Et surtout demander plus d’argent au gouvernement. Si Emmanuel Macron répond positivement à cette demande, la République devra être considérée comme morte, appartenant au passé.
La guerre des sexes s’amplifie donc. Or les hommes aussi pourraient se radicaliser. Faudra-t-il bientôt les former à des stratégies psychologiques pour se battre à armes égales ? Organiser des séminaires de désintoxication du féminisme pour contrer le bourrage de crâne des talibanes ? Faut-il mettre en doute par principe la parole des femmes justement parce qu’elles sont femmes, exceptées celles que l’on connaît de près et qui ont mérité notre confiance ?
Avant d’en arriver à cet extrême déplaisant, c’est déjà la parole de la majorité des féministes qu’il faut mettre en doute. Par principe. Ensuite on triera parmi elles lesquelles sont honnêtes et gardent une légitimité, et lesquelles utilisent la « cause des femmes » pour leurs propres intérêts de caste. Il y va de la survie de l’État de droit, et du concept d’égalité.
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