On n’entend pratiquement plus parler que de ça : Twitter par-ci, Twitter par-là, les articles sur le sujet éclosent plus rapidement sur le oueb que des œufs d’aliens dans un vaisseau spatial, et certains journalistes emballés par l’actualité vont même jusqu’à se laisser aller à écrire que la
révolution iranienne se passe d’abord sur Twitter, plutôt que dans les rues agitées de Téhéran. Ben voui …
Pour le vulgum pecus, le site de micro-blogging reste tout de même auréolé de mystère. Il y a un mois et demi, appâtée par la
photo de Demi en petite culotte et intriguée par la popularité grandissante du bousin, j’ai tenté courageusement le grand saut, histoire d’essayer. Dissimulée derrière mon pseudo, je me suis inscrite sur Twitter.
Autant vous le dire tout de suite, s’inscrire sur ce machin, c’est un peu comme débarquer au beau milieu d’une cour de récré sans connaitre personne, pour constater que tout le monde s’éclate beaucoup, excepté vous. On se sent vite abandonné et isolé, surtout si vous n’êtes ni journaliste, ni blogueur influent, ni star interplanétaire. Rapidos, le couperet tombe : 0 follower, vous n’intéressez personne. Vos gazouillis, vous pouvez les garder pour vous, à moins que vous ne comptiez un jour participer à un
quelconque bêtisier…
Timidement, vous commencez par rejoindre les hordes d’âmes en peine et de groupies qui suivent les twitterites influents. En France, la population-type est surtout composée de blogueurs, de journalistes web et de quelques politiques.
Là, vous découvrez que ceux-ci utilisent un jargon étrange : "#EU09, par ici la carte de l’abstention aux européennes, en bit.ly et tinyurl, siouplait". Normal, il faut communiquer en moins de 140 signes et les hashtags (#) permettent d’être référencé par le moteur de recherche de Twitter.
Vous comprenez également fissa que si les twitterites influents ne daignent pas follower le menu fretin, en revanche, ils se followent beaucoup entre eux, et pas toujours poliment. Certains monomaniaques du web twittent plus vite que leurs ombres et n’aiment rien tant que dégommer leurs petits camarades. Avec un peu de chance, vous pourrez même assister
en live à une cyber-baston entre journalistes : la dernière en date, les
#forçats de l’info, pour public averti seulement.
Evidemment, vous réalisez que la hiérarchie entre les individus se mesure avant tout en termes de followers, ce que vous subodoriez plus ou moins depuis le début. Comme d’habitude, tout se résume à une course freudienne à la taille du lectorat. Pour faire bref :
En dessous de 100 followers : loser.
Entre 100 et 500 followers : membre de bronze,
Entre 500 et 1000 followers : membre d’argent
Plus de 1 000 followers : membre d’or
Entre 100 000 et 1 million de followers : membre de platine
Plus de 1 million de followers : super-membre de diamant
L’urgence donc, vous l’aurez compris, c’est de se trouver des « followers ».
Première solution, pour ne pas perdre la face : créer un tas de comptes pipeaux et se faire suivre par vos « admirateurs ». Vite lassant, et totalement puéril, quoique rigolo, surtout si on met les bonnes photos.
Deuxième solution : rameuter les copains, qui, entre Facebook et MSN, commencent à trouver tous ces réseaux sociaux à la noix plutôt
chronophages, surtout s’ils ont un boulot et mènent une vraie vie en dehors de la toile. Pas évident.
Troisième solution : repérer les mecs sympas (et influents) qui suivent gentiment ceux qui les suivent. Si si, ça existe, et plus qu’on ne croit. Inconvénient : ça vous oblige à tourner votre langue sept fois sur votre clavier avant de balancer une bonne blague twitterite. Car la sanction qui vous pend au nez maintenant, c’est qu’on vous unfollow. Et ouais, ça peut arriver. La claque. L’humiliation. De quoi se faire hara-kiri virtuellement et se déconnecter à tout jamais.
Quatrième solution : suivre n’importe qui en espérant qu’il vous rendra la politesse. Si au bout de 3 jours, il ne vous follow pas, vous l’unfollowez. Dilemme : vous êtes un peu qui vous suivez. Alors si vous vous mettez à suivre n’importe quel branquignole sur Twitter… Moi par exemple, je me suis interdit de suivre les journalistes du Figaro ou du Point. Question de principe. Mais chacun fait comme il le sent, of course *…
Donc, petit à petit, à la force du poignet (hum..) et à la sueur de votre front, vous commencez à grappiller péniblement quelques followers. Là, attention, gardez surtout la tête froide. Car ce qui vous guette à ce stade, ce sont les fausses bonnes surprises.
Plusieurs jours après votre inscription, vous constatez que vous êtes passé miraculeusement de 5 à 7 followers. C’est bien naturel, vous faites des cabrioles sur votre fauteuil ergonomique : hourra, la finesse et la spiritualité de vos tweets sont enfin reconnues, youpi, c’est le début de la gloire, la fin de la traversée du désert.
Vous cliquez joyeusement pour découvrir l’identité de vos nouveaux courtisans, et soudain, patatras. Déconfiture. Immense déconvenue. C’est AnalExpérience et EnvieDePartouze qui vous ont repérée sur Twitter, dieu seul sait pourquoi… Mais pourquoi moââaââââ ?
Dur… Tous ces efforts pour en arriver là : trois bons copains, deux blogueurs-journalistes trop sympas qui suivent également 2 000 autres gugusses, et deux obsédés sexuels, voilà à quoi se résume mon audience sur Twitter.
Enfin bon…
Plaisanterie mise à part, Twitter reste une expérience assez intéressante, surtout si en tant que internaute lambda, vous ne vous faites pas trop de noeuds au cerveau pour gagner de nouveaux followers. Connecté aux bonnes personnes et aux bons sites d’info, ce nouvel outil permet de suivre l’actualité
en live et de manière plutôt originale, parfois carrément
poignante. Même si forcément, cela s’adresse plutôt à un public d’initiés.
A votre tour d’essayer, pourquoi pas ...
*Bien sûr, il y a plein d’autres conseils beaucoup plus pertinents pour se faire de nouveaux followers, si ça vous intéresse vraiment.