Si vous êtes riche comme Pierre Bergé, misez sur Ségolène, une belle jument politique
Ségolène Royal vient de provoquer force polémiques, scandale et parfois amusements mais c’est certain qu’elle parvient à exister dans les médias, au point de faire de l’ombre à la première secrétaire Martine Aubry, censée incarner la première voix du PS. Pendant ce temps, les jeunes et les salariés souffrent de la récession. On se demande bien quelle alternative sera proposée pour un authentique choix en 2012. Pour l’instant, ces jeux politiciens laissent un goût amer et on se demande pourquoi un tel cirque. Pourquoi ne pas prendre la posture pamphlétaire, voire user d’une raison caricaturante pour donner un éclairage décalé sur ces étranges phénomènes sur lesquels les mots n’ont pas de prise.
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La liberté de pensée nous permet de caricaturer les religions mais aussi les politiques et même de détourner le sens des événements. Allons-y pour passer au scanner herméneutique le cas Royal. Commençons par évoquer le sort des gens riches. Ils peuvent bien disposer de loisirs luxueux, de voitures spacieuses, de villégiature somptueuses, que cela ne leur suffit pas. Il leur faut un supplément d’existence, un peu de frisson. Avec un esprit aventureux, on peut s’offrir un voyage dans l’espace à bord d’une fusée russe, ou bien un tour du monde en ballon, quitte à ne plus revenir. Moins risqué mais tout aussi passionnant, l’achat de quelques pur sang pour admirer leur course altière sur les champs hippiques et se retrouver à Deauville pour une manifestation de prestige en présence de prince arabes et d’aristocrates britanniques. Les chefs d’entreprise florissante peuvent tout aussi bien s’acheter ou sponsoriser une équipe de cyclistes aux jambes aussi profilées et efficaces que celles des chevaux. C’est ce que fit Bernard Tapie il y a 25 ans, avant de tremper dans cette autre activité pleine de passion et frisson, le football de haut niveau et ce fut l’épopée de l’OM. Il y a même un milliardaire russe qui s’est offert l’équipe de Chelsea, abonnée aux demi-finales de la ligue des champions. Enfin et tout aussi onéreux, une écurie de formule 1 représente un premier choix pour un milliardaire qui s’ennuie avec les chevaux de course et préfère les chevaux vapeur.
Et Ségolène Royal ? Eh bien on la dirait déterminée comme une jument prête à courser la moindre polémique et sauter les obstacles de l’adversité. Nous Français l’observons dans ses réactions face aux déclarations, officielles ou supposées, de notre président. Nous sommes en attente de ses interventions, ses figures de scandale rhétorique, ses frasques médiatiques, ses postures de nonne du futur, engoncée dans un tailleur trop étroit, mais prête à introduire quelques tenues plus volages, plus arlequines, témoignant de cet artifice du métissage tant prisé par la gente bobo. Et bien évidemment, Pierre Bergé n’est pas en reste et ne rechigne pas à financer la diva du second tour qui transforma, telle Circée la magicienne, une défaite en une victoire au point de se croire la voix de la France et demander pardon pour les propos de Sarkozy. Une jument qui parle et a les médias à ses pieds, une top model du style oppositionnel, de la criticattitude, qui court partout mais hélas moins vite que Sarkozy, qui soutient Heuliez quand l’autre fait des promesses à Gandrange. Une pouliche qui veut imiter le poulain pour gagner son droit à concourir dans le grand prix de France en 2012 !
Une question se pose. Qui finance les déplacements de Mme Royal ? Nous n’en savons rien et pourtant, les règles éthiques imposent une transparence. Nous savons juste que Pierre Bergé a mis à la disposition de Royal un local, sans doute loué, en tout bien tout honneur, pour un tarif préférentiel. Mais est-ce vraiment important d’enquêter sur ces détails formels, sur d’éventuels paiements en liquide des billets d’avions de Royal, d’éventuelles sommes versées par Pierre Bergé à l’intéressée ? Le fond semble transparaître. N’avons-nous pas quelques jeux de puissants, de gloriole, avec un Bergé finançant la Royal comme si c’était une jument courant sur le champ médiatique du hippisme politicien, du tapinage artistique, une patineuse de haut vol qui exécute ses figures de sémantique religieuse, lançant des anathèmes et prêchant des homélies face à des médias médusés. C’est peut-être le ressort du tandem Bergé Royal, quoique, un troisième homme, intriguant au sein des palais politiciens, puisse aussi jouer un rôle d’imprésario ou de coach. La politique livre le terrifiant spectacle de la mise en scène, du jeu des puissants, pour qui la politique est un terrain où l’on se plait à miser et s’afficher, à parier sur une poulaine de premier rôle, capable de faire la course d’obstacle en tête, avec l’argent comme nerf de ce jeu servant d’exutoire à toute cette clique de riches notables dont Bergé n’est qu’un représentant. La « racaille maçonnique » associée au « Rotary de cirque » sert de cinquième colonne. Jeux de pouvoirs déconnectés des souffrances sociales et de ce qui reste comme aspiration citoyenne. Bergé n’en a cure des gens. Il est le parasite parfait du système, travesti dans la tunique de la respectabilité par son réseau et son fric. Comme du reste Lang, Kouchner et toute cette gauche caviar qui commence à sentir le poisson pourri. La politique, c’est comme le caviar qui a passé sa date de consommation, faut que ça pue la merde mais pas trop !
Ainsi, le duo Bergé Royal, c’est un peu comme le tandem Mc Laren Senna ou Tapie Hinaut ou encore celui associant un prince du pétrole et une pouliche promise à gagner le prix d’Amérique. Sauf que c’est le grand prix de France que la jument Royal se prépare à affronter, en 2012, grâce à Bergé et tous les parvenus et autres riches notables prêts à donner de l’obole alors que les valets et autres lads du militantismes sectaire et dévots sont prêts à jouer les rôles de colleurs d’affiche, de vendeurs à la criée d’icônes sur les marchés du dimanche, pour balayer de terrain, piètres esclaves de ce monde devenu stérile, offert aux arrivistes et aux charlatans. L’aventure de Royal est une vaste fumisterie qui mérite une fatwa pâtissière et un entartage en règle, le minimum syndical pour qui se réclame d’un peu de dignité citoyenne. La démocratie, la politique, l’invention des civilisation mérite bien mieux que ces jeux politiciens orchestrés parfois par de riches notables en quête de divertissement alors qu’une armée de militants décérébrés se dévouent corps et âme, livrant leur instrumentalisation volontaire à des enjeux spécieux et nullement dévoués à l’invention du futur. Un peu comme tous ces bénévoles qui lors du mondial de 1998 ont sué de leur dévote passion tandis que les maîtres d’œuvres se sont partagés les bénéfices. Minable, la politique.
Minables aussi les journalistes qui fabriquent les stars politiques comme naguère, fut produit cet artistes si peu cérébré ni vraiment inventif, le Johnny, le Zidane de la rock attitude. Les journalistes et les médias se couchent face à Ségolène et autres stars de la politique car ils en ont besoin pour l’audience et nul rédacteur ne cautionne une attitude vraiment critique, excepté peut-être le journal Marianne qui hélas, mise sur le cheval Bayrou, entrant dans un système qu’il ne parvient pas à dénoncer avec les armes de la radicalité philosophale. Allez, en piste, aligner vos poulains pour 2012, financez vos écuries, militez, la politique, c’est votre terrain de jeu, militant, supporters, même combat, faut y aller à la gagne. Evidemment, le citoyen apeuré se demande si ce que je dis est vrai et c’est le cas, alors il s’effraie. Je ne saurais que lui conseiller un livre, celui de Hirschman sur les passions libérales et une idée, la ruse hégélienne de la raison. Ce citoyen comprendra alors que les jeux finissent pas se neutraliser et que parfois, un mieux social en résulte. Mais si notre citoyen est curieux, il comprendra que nous sommes peut-être parvenus au terme d’un système qui ne peut plus progresser. Et que nous sommes condamnés à être les jouets de ces riches notables misant sur des chevaux politiciens. Pour un jeu qui ne finira jamais. Ça ne finira jamais !
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