Simplifier la naturalisation pour faciliter l’intégration ?
La responsabilité pour l’échec d’intégration qui inquiète les dirigeants européens n’est pas seulement de côté des pays d’accueil. L’intégration n’est pas possible sans une volonté de s’intégrer. L’effort doit venir de l’immigré lui-même autant, sinon plus, que du pays d’accueil. La France est généreuse avec ses immigrés. Elle montre beaucoup de tolérance en facilitant autant que possible leur intégration. Certains de nos dirigeants veulent la faciliter encore plus. Ils semblent presque prêts à brader la naturalisation. Mais le problème est ailleurs.
Une volonté de s’intégrer suppose un minimum de respect pour le modèle de société dans laquelle il faut s’intégrer. Or, et c’est bien compréhensible, les musulmans croyants acceptent difficilement le modèle occidental. Souvent ils méprisent les sociétés européennes, à leurs yeux dépravées, immorales. Tout au plus ils les tolèrent, et préfèrent vivre avec leurs semblables dans des enclaves. Ils sont prêts à se faire naturalisés, afin de bénéficier des avantages, mais s’intégrer c’est tout à fait autre chose.
On peut comprendre qu’un peuple avec un type de société et une religion bien établis, ne veuille pas se fondre dans un autre peuple, une autre religion, une autre société avec une autre échelle de valeurs, d’autant plus que cet autre peuple, autre type de société sont méprisés. C’est pourquoi vivre en communauté musulmane ne peut qu’affaiblir toute volonté de s’intégrer.
Peut-être faut-il avoir vécu dans un pays vraiment étranger, très différent de son propre pays, pour comprendre ce communautarisme ? L’étranger, ne se sentant pas chez lui, se sentant très étranger et se faisant inévitablement remarqué en tant que tel, cherche instinctivement l’appui et la sécurité de ses semblables. Des mini-communautés de ces étrangers se forment presque automatiquement, composées de compatriotes qui parlent la même langue et de quelques autochtones qui la parlent aussi. C’est un phénomène aussi naturel que courant. Mais c’est un frein à l’intégration.
L’Européen, qui ne veut pas s’établir définitivement dans le pays étranger, ne cherche pas à s’intégrer, il lui suffit de se comporter d’une façon courtoise et respectueuse. Seuls ceux qui veulent apprendre la langue étrangère cherchent des amis autochtones. Par contre, pour l’immigré qui veut s’établir dans le pays, il est indispensable de se séparer, autant que possible, de sa communauté pour réussir son intégration.
Le prénom le plus répandu à Marseille est Mohammed. Que signifie le fait de se nommer ainsi à la troisième génération ? Quel est le sens de ce refus de se franciser, francisation pourtant rendue possible par la loi ? Le prénom est en quelque sorte à lui seul une patrie. Les musulmans refusent presque tous ce mouvement de naturalisation véritable. Ils ne sont donc français qu’en partie, ou par défaut. On ne saurait être français par la seule vertu du droit. Il faut autre chose - ce supplément d’âme qui fait aujourd’hui tant défaut, même aux Français de souche, à ce point conditionnés par l’antiracisme qu’ils sont devenus indifférents à leur histoire et étrangers à leur culture.
Le non-consentement à la francisation est une cause de la fracture sociale. L’immigré qui refuse cette substitution d’intériorité ne peut que demeurer un immigré sur le régime de la plainte et de l’auto-victimisation. Ceux qui acceptent, par contre, que leurs enfants portent des prénoms usuels dans la société intégratrice font preuve d’ une politesse symbolique qui montre clairement une volonté d’intégration. C’est le cas des Chinois du 13e arrondissement de Paris.
Bien entendu, les erreurs d’urbanisation depuis plusieurs décennies sont responsables des ghettos et des enclaves qui favorisent une vie en communauté où l’immigré peut continuer à vivre comme dans son pays d’origine. Avec les facilités de naturalisation, de plus en plus généreuses, beaucoup d’immigrés ne sentent pas le besoin de s’intégrer. On entend des jeunes qui disent « Je n’ai pas besoin de m’intégrer, je suis français ! »
Mais c’est jouer sur le mot. Avoir n’est pas être. Avoir la nationalité ne signifie pas être français de culture et de cœur. La nationalité n’est que le statut juridique de citoyenneté. On peut être bien intégré sans avoir la nationalité. L’inverse est aussi vrai. Vouloir faciliter la naturalisation afin d’ améliorer l’intégration est un leurre. Ce sont deux choses différentes et indépendantes. Ce n’est pas la naturalisation mais l’insertion dans la société d’accueil qui est la préalable nécessaire pour que l’immigré puisse s’intégrer. L’insertion économique (un emploi) si possible, et surtout l’insertion sociale au lieu de vivre en communauté ethnique.
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