Skyscraper Index – Shanghai est-il l’épicentre de la prochaine crise financière ?
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Le skyscraper index a été crée par l’économiste américain Andrew Lawrence en 1999, faisant apparaître un lien évident entre la construction des plus grands gratte-ciels du monde et les retournements de cycles économiques. Ainsi, parmi la longue liste des constructions titanesques ayant devancé des crises financières et/ou économiques, on peut citer dans l’ordre les constructions du Singer Building et du Metropolitan Life Building, à New York, dont les travaux commencèrent peu de temps avant la panique de 1907, mais aussi les constructions du 40 Wall Tower, du Chrysler Building et de l’Empire State Building, qui eurent lieu peu de temps avant la Grande Dépression des années 1930, ou encore les constructions de la Sears Tower de Chicago et du World Trade Center de New York dont les travaux furent lancés au début des années 1970, soit peu de temps avant le premier choc pétrolier et la longue période de stagflation qui suivit. Plus récemment, la construction des Tours Petronas de Kuala Lumpur en Malaisie, qui furent inaugurées à la fin des années 1990, eut également lieu peu de temps avant la crise asiatique.
Pour Andrew Lawrence, non seulement ces constructions marquent des périodes de surinvestissement symbolisant la fin d’un boom économique mais surtout, ces constructions, lorsqu’elles sont à l’origine d’un nouveau record, annoncent à coup sûr une crise financière majeure suivie d’une récession ou d’une dépression. Le bâtiment s’achève en général pendant la période de récession/dépression. La cérémonie du Chrysler Building eut ainsi lieu en mai 1930, soit sept mois après le krach boursier de 1929. A chaque fois, l’histoire se répète, une période d’argent facile (accès facile au crédit) permet une expansion rapide de l’économie, symbolisée par une forte hausse des marchés actions. L’investissement explose et l’on voit alors apparaître une poussée technologique. Une fois l’euphorie à son paroxysme, les projets les plus fous voient le jour et des tentatives de records sont lancées. Tous ces cas sont à rapprocher de la crise financière actuelle puisque récemment a eu lieu l’inauguration de la tour Burj Dubaï dans l’émirat du même nom. L’inauguration de cette tour de plus de 800 mètres de haut est doublement symbolique puisqu’elle est intervenue seulement un an et demi après l’éclatement de la crise financière mondiale et seulement quelques semaines après la restructuration de la dette de l’émirat de Dubaï, dette dont l’essentiel est à mettre au crédit, sans mauvais jeu de mots, des deux sociétés immobilières que sont Nakheel et Emaar.
Plus que jamais, le skyscraper index semble être un merveilleux indicateur de retournement de cycle, et l’on est en droit de se demander si la construction en cours de la Shanghai Tower, qui devrait atteindre la taille de 632 mètres de haut et ainsi devenir la plus haute tour d’Asie en 2014, n’est pas en fin de compte le signe avant coureur de l’éclatement prochain des bulles immobilière et financière chinoises. En effet, le plan de relance chinois a entraîné l’immobilier dans une spirale infernale, avec des hausses de plus de 60% en un an dans certaines villes de la côte est. Les prix à Shanghai sont désormais plus élevés qu’à Paris ou à Londres. Certains appartements s’arrachent pour 40.000 euros du mètre carré ! Dans le même temps, 1.33 millions de mètres carrés résidentiels sont déclarés vacants à Pékin (chiffre officiel), indiquant un mouvement spéculatif exceptionnel. D’ailleurs, les banques chinoises ne s’y trompent pas et se préparent à supporter une baisse des prix de 60%, ce qui explique notamment la récente augmentation de capital des banques chinoises, et en particulier l’introduction boursière de l’Agricultural Bank of China qui a permis à cette banque de lever 22 milliards de dollars sur les marchés. Cette même banque qui vient de suspendre tous ses prêts aux promotteurs immobiliers chinois, indiquant par là même que le retournement est proche.
Si l’on tient compte de ce skyscraper index, Shanghai pourrait bel et bien être l’épicentre de la prochaine crise financière, le Shanghai Composite étant principalement composé de valeurs bancaires et immobilières, tout krach immobilier chinois entraînerait un krach boursier et financier. Et alors sans moteur de croissance, l’économie mondiale pourrait connaître les jours les plus noirs de son histoire.
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