• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > SNCF : les pépins de Guillaume Pepy

SNCF : les pépins de Guillaume Pepy

Guillaume Pepy, président de la SNCF, a consacré une bonne partie de sa vie à l’entreprise publique. Il y entre une première fois en 1988 et, à l’exception d’un crochet de trois ans par des cabinets ministériels de gauche, n’en sortira plus. L’homme connaît la maison comme sa poche, et pour cause, il y a occupé de nombreuses fonctions. Jusqu’à la consécration suprême : en 2008, Nicolas Sarkozy le nomme à la présidence de l’entreprise pour un mandat de cinq ans. Il sera reconduit pour un lustre supplémentaire en 2013. Seulement voilà, il se murmure que Pepy aurait des envies d’ailleurs, et souhaiterait écourter son second mandat. Un souhait qui, au regard des problèmes auxquels est confrontée la SNCF actuellement, a des allures de dérobade.

Un Pepy première classe

Pepy, à la SNCF, c’est solide. Il s’y introduit à la fin des années 80 au poste de directeur de cabinet du président Jacques Fournier, obtient la casquette de directeur des investissements, de l’économie et de la stratégie en 1993. Sa carrière est lancée, elle ne déraillera plus. En 1997, hop, il devient directeur des Grandes lignes, en 1998 directeur général délégué de toutes les activités voyageurs. Classe, mais pas encore assez pour le bon élève Pepy. L’excellence, voilà l’objectif. Il se voit propulsé directeur général exécutif du groupe en 2003, ça commence à devenir sérieux mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il lui faudra ronger un peu son frein jusqu’en février 2008, date à laquelle il décroche la lune. Le président des Français le nomme président des cheminots, lui assigne, et il l’accepte, la mission de moderniser la SNCF.

Il l’accepte et la remplit plutôt bien. Il impulse à l’entreprise un certain dynamisme, lui apporte des innovations importantes. C’est à lui par exemple que l’on doit le lancement récent de Ouigo, qui met la grande vitesse ferroviaire à la portée du plus grand nombre. Surtout, l’homme n’a pas son pareil pour conduire un dialogue social construit et constructif. Doué d’ubiquité, dès qu’un conflit s’amorce, on le voit simultanément sur tous les plateaux télé, on le voit sur les quais pour rassurer les clients, on le voit ferrailler, flegmatique, avec les syndicats. Bref, à l’instant où le mot « grève » est prononcé, Pepy devient pluriel. Il se démultiplie, se démène, et ça lui réussit plutôt bien.

En témoigne sa gestion des mouvements sociaux ayant accompagné, en juin dernier, l’annonce du projet de loi de réforme ferroviaire, se proposant de mettre fin à la séparation entre Réseau ferré de France (RFF) et SNCF. Pepy travaillait depuis un an et demi sur ce dossier, il avait gros à perdre, il a su trouver la bonne distance face aux syndicats, rester ferme, droit dans ses bottes, tout en étant à leur écoute. Stratégie payante : le 5 août 2014, la loi est promulguée. Pepy triomphe.

La SNCF vacille, Pepy quitte le navire ?

Il triomphe mais modestement, mais fait profil bas. Pepy sait que le texte, passé en catimini durant la trêve estivale, est toujours sujet à caution. La rentrée sociale devrait apporter son lot de protestataires parmi les cheminots, certains préavis de grève ont d’ailleurs déjà été déposés. Et puis le conflit de juin a tout de même coûté la bagatelle de 160 millions d’euros à l’entreprise publique, pas de quoi la ramener.

C’est dans ce contexte que Guillaume Pepy, à en croire une dépêche AFP datée de juin 2014, aurait annoncé sa candidature à la tête d’EDF, en pleine grève des cheminots. L’homme a-t-il senti que le vent finirait par tourner, emportant dans sa course la bandelette en forme de cache misère posée par ses soins sur la blessure profonde de ses employés ? Sa volonté soudaine de quitter le poste dont il a rêvé toute sa vie l’indique. Pepy sait qu’il n’a pas remporté la guerre, loin s’en faut. On ne soigne pas une amputation avec du baume anesthésiant. A la SNCF la situation reste profondément instable. Pourquoi ne pas briguer la présidence d’EDF ? Le mandat d’Henri Proglio touche à sa fin, il est candidat à sa réélection mais sait-on jamais ? EDF est en pleine santé, ce serait vraiment bath.

Ça le serait d’autant plus que Pepy, tout patron modèle qu’il paraisse, laisserait derrière lui un certain nombre d’autres casseroles. Sans parler de la dette astronomique de la SNCF, estimée à 45 milliards d’euros et qui devrait encore fortement gonfler au moins jusqu’en 2017, réforme ferroviaire ou non, Pepy est confronté à un autre dossier épineux : celui du déraillement du train n° 3657 Intercités à Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013. Sept personnes y ont trouvé la mort.

La SNCF et RFF viennent d’être convoqués par les juges d’instruction d’Evry, en tant que personnes morales, et s’attendent à une mise en examen pour « déficit de la qualité de maintenance », l’enquête ayant démontré que les voies étaient mal entretenues. Guillaume Pepy, comme président du groupe, est directement impliqué. Son départ avant l’ouverture du procès ferait désordre, et ne manquerait pas d’être perçu comme une volonté de se défiler. De quoi entacher sa présidence d'un soupçon de scandale. 


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (3 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • SNCF 13 septembre 2014 09:21

    Intéressant mais vous vous trompez sur le triomphe modeste car les couloirs du siège et d’ailleurs en résonnent encore (Demandez à Idrac ce qu’elle en pense, ainsi qu’aux services achats et financiers qui ont accès à ses dépenses ...). Ce qui est assez étonnant c’est qu’avec toutes les Affaires tous ces gens (= Pépy et sa cour ...) soient encore en place. Que fait la brigade financière avec tous les ABS qui existent dans ce Groupe et qui sont connus de tous ... la DAR, l’Ethique, les CAC ... font des rapports ... la dette gonfle .... la cour s’enrichit .... et c’est tellement visible que la maxime « plus c’est gros, plus çà passe » est toujours vraie à la SNCF (voir Géodis, AREP et les autres)


    • claude-michel claude-michel 13 septembre 2014 09:31
      (SNCF : les pépins de Guillaume Pepy)...un des présidents les plus pourris de notre pays...Indéboulonnable car connaissant pas mal de petits secrets qui feraient vaciller la république... !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès