Société de gaspillages...

Dans le monde moderne, tout nous pousse à consommer : la publicité est omniprésente, les gens se rendent pour faire leurs courses dans des temples de la consommation, des hypermarchés où les tentations sont permanentes : promotions en tous genres, incitation à acheter des packs de produits qui seraient soi-disant plus économiques, rayons qui débordent de produits, à portée de toutes les mains…
On vit dans un univers d’hyperconsommation, les magasins sont même parfois ouverts le dimanche pour favoriser ce processus.
Il faut consommer, consommer toujours plus pour faire tourner la machine.
Le plus terrible, le plus scandaleux, c’est que les gens jettent de plus en plus de nourriture : on assiste à un immense gâchis. En France, chaque année 20 kilos de nourriture par habitant finissent à la poubelle… alors que huit millions de citoyens vivent sous le seuil de pauvreté...
Le gaspillage est partout, chez le consommateur de base, dans la grande distribution, dans les collectivités publiques, et même dès la production.
Le gaspillage fait désormais partie de notre vie : on jette des produits périmés, on achète trop, sans discernement par peur de manquer.
Les cantines publiques ne sont pas non plus épargnées : plus de 30% de la nourriture part à la poubelle. Même constat accablant dans les hôpitaux où des kilos de viandes, de légumes sont également jetés : les patients se plaignent souvent de la qualité médiocre des plats qui leur sont servis et ils délaissent la nourriture proposée.
Mais le gaspillage est aussi présent dès la phase de production : dans le domaine de la pêche, les chaluts ne sélectionnent pas les poissons et souvent les pêcheurs sont obligés selon la réglementation en vigueur de rejeter à la mer une grande partie de leur pêche : ainsi les langoustines inférieures à 9 centimètres sont remises à la mer mais dans un état qui ne leur permet pas de survivre et les chalutiers n’épargnent aucune espèce.
Que dire des poissons invendus ? Ils sont jetés à la poubelle ou transformés en farines animales afin de nourrir cochons, poulets, poissons d’élevage. Cinq millions de tonnes de farines animales sont ainsi produites, chaque année...
Avant de jeter les invendus, on les vaporise même d’une substance qui les rend impropre à la consommation ! Seulement 10 % de ces poissons invendus sont donnés à l’aide alimentaire, ce qui est dérisoire !
Que dire aussi des pratiques des supermarchés ? Chaque jour, des containers entiers de légumes, de fruits, de viandes sont destinés à être détruits car ces aliments sont abîmés et considérés comme impropres à la vente.
Pour lutter contre ce gaspillage scandaleux, se développent de nouveaux usages : certains n’hésitent pas à récupérer cette manne de nourriture dans les poubelles des hypermarchés et ce ne sont pas seulement des pauvres, des déshérités, mais aussi parfois des gens qui pratiquent un nouveau mode de consommation : le freeganisme. Ces militants refusent la société de consommation et considèrent que le gaspillage est une stratégie de la grande production : il s’agit de faire acheter toujours plus de produits, toujours plus frais, toujours plus beaux, comme le suggère bien la publicité…
Quelques autres initiatives ont bien vu le jour pour éviter tous ces gaspillages, en particulier, les épiceries solidaires : elles permettent à des personnes en difficulté de se nourrir à moindre coût, les produits étant vendus à environ 10 ou 20 % de leur prix normal mais ces initiatives restent, hélas, limitées.
On vit bien là un problème de société crucial : alors que plus de 8 millions de personnes en France vivent dans la pauvreté, alors que sur la planète des gens meurent de faim, on en est arrivé à gaspiller, à jeter des quantités considérables de nourriture le plus souvent consommable.
Ce monde en devient incohérent et absurde : on nous incite, sans arrêt , à consommer pour gaspiller et acheter de nouveau.
Il faudrait, sans doute, multiplier les associations d’entraide, veiller aussi à modérer sa propre consommation, favoriser les dons de nourriture pour les particuliers, essayer aussi de créer un rééquilibrage entre les trop riches et les trop pauvres. Est-ce donc de l’ordre de l’utopie ? Un juste partage des richesses pourra-t-il un jour être instauré ?
Cet article a été rédigé à partir d’un reportage de Marie Pierre Raimbault.
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