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Soirée de liesse à Cenabum

Ne partagez surtout pas !

Victoire ?

Il y a des villes qui sont frappées de morosité, d'une obligation au sérieux, à la retenue, Orléans est de celles-là. Ce sont sans doute dans les habitudes prises dans les trop sages, trop convenues, trop bourgeoises fêtes johanniques que notre bonne ville s'est drapée pour toujours d'une dignité et d'une componction de bon aloi.

C'est sans doute ce qui explique la triste soirée de liesse au pied de la pucelle pour célébrer le départ de Sarkozy pour les uns, la victoire de Hollande pour les organisateurs. C'est de ce hiatus que naquit certainement cette lourdeur, cette raideur des postures et des attitudes. Les uns et les autres ne fêtaient pas la même chose, ne portaient pas les mêmes espoirs. Décidément, il n'est pas simple de s'entendre quand on se pense de Gauche !

Une double centaine de gens, un peu plus si l'on compte les très nombreux policiers présents à proximité (Orléans demeure gouvernée d'une main de fer par un pouvoir autoritaire), s'était massé devant le café Leffe. Belle idée que voilà ! Un des bars les plus chers de la place d'Orléans pour célébrer la victoire de la Gauche, il fallait oser, le PS local l'a fait ! C'est peut-être une approximation qui explique ce choix : de Leffe à Left on peut se tromper aisément avec un accent des bords de Loire ou une idéologie incertaine.

Une télévision à l'intérieur diffusait le ronron insupportable de nos chaînes nationales. Il faut admettre qu'internet a réduit en poussière l'importance de cette cérémonie miteuse. Mais là n'est pas le propos. Les caciques étaient à l'intérieur de ce café trop bruyant, les sympathisants de tous bords à l'extérieur. Ce n'est pas ainsi que le partage se fait.

Je n'évoquerai pas les tarifs exorbitants de la maison pour qui voulait lever une coupe au départ du monstre, je ne l'ai toujours pas digéré d'autant que le champagne était bien plus chaud que l'ambiance. Il était bien loin le 10 mai 1981 où nous étions nombreux, joyeux, plus inventifs dans les démonstrations d'un bonheur réel et bien naïf.

Ce soir-là, le téléphone à la main, il ne fallait pas se lancer dans un tour d'honneur, les gens tournent en rond devant le bar. Chacun voulait être ici et surtout à la Bastille. La fête par procuration en somme. Quelques voitures crachent un fond sonore saturé à quelques pas de là. Des klaxons, des drapeaux tricolores pour faire bonne mesure et célébration sportive. Le changement de manière, ce n'est pas encore pour maintenant ….

Puis les leaders départementaux, après le discours du nouveau président que personne n'a pu écouter, prennent un micro pour tenter de se faire entendre. Heureusement que la Gauche a eu plus de voix que ceux-là ! C'est presque inaudible et il faut être auprès de nos vedettes pour les entendre. La logistique n'est pas le point fort du PS local. À deux pas de là, le PCF dispose de son écran géant et de sa sono mais personne ne leur a rien demandé si ce n'est leurs voix !

C'est notre vieux lion qui ouvre le bal. Il renait de ses cendres locales. La Gauche au delà de 54 % dans sa bonne ville, celle dont il n'a jamais accepté de se penser dépossédé, quel bain de jouvence ! Il en oublie son vote pour le traité de Lisbonne et cet autre coup de poignard pour le MES. Il s'enflamme sur l'Europe qui attendait ce tournant historique. Il y a parfois des évocations déplacées !

Puis Valérie nous livre son filet de voix. Je n'entends rien étant dur d'oreille et surtout pas la moindre évocation du report des voix du Front de Gauche. Le PS s'attribue la victoire pour lui seul. Il oublie les autres, et omet de reconnaître que c'est aussi et surtout un votre CONTRE pour chasser l'insupportable. Il ne faudrait pas que les comportements qui nous insupportaient à l'UMp changent de camp !

Il n'y a pas de quoi se réjouir. Je rentre chafouin, un peu contrarié des dos qui se tournent, des mains qui ne se tendent pas. La victoire a déjà chamboulé quelques têtes. Heureusement pas toutes, il faut le reconnaître. Alors, je vous demande, mes presque amis, de ne point oublier d'où vous venez. Votre victoire est fragile et reste sur un fil ! Vous aurez besoin de tous pour garder l'équilibre. Si vous tomber à terre, la Gauche, une fois encore, ne s'en remettra pas !

Modérément leur.


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4 réactions à cet article    


  • Brontau 10 mai 2012 21:30

    bonsoir CN. Je me sens aussi fortement modéré à leur égard qu’ils le sont par rapport aux concepts de gauche ! Si j’ajoute à ce constat intime le fait moins subjectif que plus de 48% d’électeurs (je ne parle pas des ministres et autres dirigeants de partis ou de fractions de parti dont on a mesuré depuis longtemps la sincérité de leurs engagements) ne se formalisent pas (du moins pas au point de ne pas voter pour cette personne) de dérives fascistoïdes (néologisme euphémisant) et d’une recherche pathétique de boucs émissaires, je me sens assez mal... Si j’ajoute en plus que celui qui ne nous a pas encore enchantés pourrait bien ne pas avoir de majorité (le français est joueur), même avec le soutien (qui lui serait fatal) d’éventuels élus du FDG... Mais je vais où là ? Faites pas attention, je suis naturellement pessimiste !


    • C'est Nabum C’est Nabum 10 mai 2012 21:38

      Brontau


      Il n’y a pas de concept de Gauche, il y a simplement la place qu’on laisse à l’humain ou à l’économie.
      Le PS a fait le choix de l’économie sans se prétendre féroce avec l’humain ce qui lui donne un léger avantage sur la droite UMp.
      Le FdG que vous ne semblez pas apprécier a fait le choix inverse avec des postures sans doute excessive mais qu’importe !
      Bienvenue au club, je suis fondamentalement pessimiste, c’est ce qui me fait avancer.

      • Brontau 10 mai 2012 22:41

        Désolé de ne pas avoir été clair ! Je n’ai d’espoir que dans le FDG, mais je redoute un soutien, à moins qu’il n’eût une représentation inespérée (soyons fous et optimistes pour une fois !), ou pire une participation à un gouvernement sur lequel (ça y est, je retrouve mon pessimisme naturel) il n’aurait pas ou trop peu d’influence, ce qui le marginaliserait, comme le fut inexorablement le PC dès 1981 ; le PC refera-t-il les mêmes erreurs ou continuera-t-il à bâtir avec nous, à redonner vie et force à un nouveau né dont nous attendons probablement trop, en particulier qu’il devienne adulte en quelques mois ! En même temps, je redoute fort que la situation l’oblige à accélérer sa croissance, mais avec une enfance et une adolescence baclée, quel adulte pourra-t-il être ?


      • C'est Nabum C’est Nabum 11 mai 2012 06:05

        Brontau


        Cette fois, je suis vraiment en phase.
        Je n’ai aucune confiance en ce PS hautain et bourgeois, libéral et trop attaché au pouvoir pour oser des idées nouvelles.
        Le PC doit rester dans la dynamique FdG et ne pas chercher à jouer sa carte personnelle.

        Les élections seront le signal fort pour nos lendemains. Espérons encore une belle campagne et la fin de cette stupidité de vote utile

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