• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Sonnez les Matines

Sonnez les Matines

 

La société du spectacle a fait de 2020 son année clou, bannissant la concurrence. Collé au parterre avec ses billets extorqués hors de prix, l’auditoire, qui tremblotait comme une gélatine, s’est aujourd’hui figé. Il se méfie, et ce n’est pas trop tôt.

Masques et bergamasques, greta-circus et gros virus, bouclages à domicile, couvre-feu… Même le président de la RF participe au tournage, depuis la Lanterne, en nous rassurant d’une voix pas du tout covidique : il va bien, enfin pas si mal, il attend le traîneau et les rennes ; n’oublions pas qu’il est dans ses petits souliers. Il nous assure assidûment que le spectacle continue, continuera. Mille ans peut-être.

« Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent… chantonne-t-il,

Et derrière eux, comme un cortège en folie, ils drainent tout le pays... »

C’était hier, c’était dehors, les gens respiraient librement. Aujourd’hui Pierrot, Arlequin, Colombine ne se serrent plus la pogne. Ils ont changé de métier : ils sont devenus batteurs de coulpe (la nôtre).

Fêter Noël tuera vos vieux, proclament-ils d’une voix de crécelle.

Car elle va mourir la mamma, comptez sur nous. Le poutou du fêtard est un shadox fatal, rangeons pépé à la cuisine, tante Ursule profitera de la cave − au fait, où est passée Ursula van der Leyen atteinte de suspicion de positivité ? Elle a été contaminée par un subordonné dit l’un, par une huile portugaise, lui-même isolé, dit l’autre, mais pas par Macron. En fait elle est négative ; autrement dit, elle n’a rien. Tant pis, elle a disparu dans la bise.

En guise de joyeuses fêtes, vous aurez un nouveau tour de vis, jacassent sans fin nos marionnettes. Nous savons bien qu’à peine sortis du théâtre, vous vous relâcherez. C’est pourquoi vous n’en sortirez plus. Fallait pas vouloir que chaque jour soit dimanche. N’oubliez pas de bâillonner les gosses entre chaque morceau de bûche, qu’ils ne s’étouffent pas, ces goulus. Et placez pour le plus jeune une seringue au pied du sapin, cadeau de l’UE. C’est la mère Fouettard cette année, mon enfant. Le père Noël ? Il ne reviendra pas, trop content de livrer chez Amazon. Le gamin pleure ? Il en verra d’autres, votre enfant-roi. Le jour des rois, justement c’est sa fête. Patience et save the Bide(n).

La comédia dell arte a aussi changé de CNI. Colombine s’appelle désormais Carême Latombe, et Pierrot de la Lune, honteux de son nom suranné, a opté pour l’ID Tarin Fichier (ou Faichier, il hésite). Arlequin tout vêtu d’oripeaux d’un noir uniforme opine du chef et ne dit rien, muselé comme un doberman.

Vous chantiez, vous autres au parterre ? crissent les criquets tant à l’adresse des papillons que des fourmis. Eh bien dansez maintenant ! Avant de dégager, vite fait bien fait.

Le parterre ne siffle plus ses intermittents, il se déhanche et se désosse en rythme ; il suffit d’appuyer sur un bouton on ou off pour obtenir le résultat voulu : le spectateur applaudit, se lève, se couche, s’immobilise ou se glisse dans la file. Là-haut, ceux du poulailler huent, jettent des tomates, et des lazzi. Les tireurs de fils tâtent leurs munitions et leurs gilets pare-balles, visent les plus expressifs. Ils s’entre-louent de leur excellence : nous qui avons su faire de ces spectateurs ex-actifs de magnifiques poupées latex, nous sommes les rois des prestidigitateurs et des ventriloques. Et bientôt, du Monde !

Depuis le temps qu’ils en rêvaient de leur clique et de leur claque.

D’où viens-tu gitan ? leur demandent les gens interloqués. Car enfin, quelle idée loufoque, roi du monde ! Comme si c’était Dieu possible. Il faut avoir de sacrés complexes pour en arriver là. Je viens d’un pays qui n’existe plus. Au suivant !

Le théâtre, notre théâtre, tentent-ils encore de se persuader, durera mille ans. La même représentation obligatoire, les mêmes metteurs en scène, des entrées à prix d’arnaque. Les acteurs peuvent changer, aucune importance − même si Carême Latombe et Tarin Fichier en frissonnent d’horreur et se croient obligés d’en rajouter, pour se faire bien voir.

Tout cela n’est pas nouveau. Les marionettistes annonçaient la couleur dés les années soixante, avec en point d’orgue les assassinats de JFK et de son frère, jeunes premiers d’un film en panavision qui allait gagner tous les prix, s’attirer tous les cœurs.

Une concurrence déloyale, jugèrent les faiseurs de tours qui ne pouvaient soutenir la comparaison, avec leurs numéros de foire et leurs affiches peinturlurées, vociférant sur les murs dans la touffeur des villes : tout va mal, cassez tout !

 

Séduire comme John et Robert leur était bien sûr impossible. Forcer la belle s’avérait prématuré, au vu du rapport de forces. Que faire, sinon tenter d’inverser les rôles, mine de rien. Par quoi commencer ? Everybody must get stoned, et que les foules honnêtes se mettent à vagabonder, leur laissant tout, voilà un bon début. La jeunesse aime les chansons et suit les joueurs de flûte. Allons-y pour les chansons.

 

Comme celle-ci de Bob Dylan, mélancolique en ces années soixante, et bien avant l’heure covide :

 

Joli tambour, joue-moi un air.

Je n’ai pas sommeil, et il n’y a nulle part où aller

Personne à qui parler

Je te suivrai aux matines

Joli tambour, viens, tambourine.

Dans les rues sans vie, le rêve a péri

 

Rires, tourbillons et corps en folie transpercent le soleil

Ne ciblant rien ni personne, ils s’évanouissent

Au ciel, pas de frontières

 

Viens m’escamoter dans les anneaux de fumée de mes pensées

Les brouillards savent masquer les ravages du temps
Emmène-moi loin des feuilles gelées,

Des arbres hantés, raides de peur,

Je te suivrai jusqu’à la plage sous le vent,

Très loin des croches de la sorcière Douleur
Et je danserai sous les diamants célestes (...)

En plein cirque

Sur la plage, ombre chinoise encerclée par les sables

Piétinant le passé, tout comme la destinée,

Enfouis tous deux dans les abîmes.

 

À lire cette strophe, du même auteur, même époque musicale on croit entendre Ėdouard Philippe causant aux reclus en France au doux mois d’avril 2020. Ou Sarkozy Nagy Bocsa.

 

Ecoutez ça, pères et mères dans tout le pays

Et gardez-vous de discutailler ce à quoi vous n’entravez rien

Vos fils et vos filles ne vous appartiennent plus

Vos anciens chemins sont tout défoncés

Mais, à moins de vous mettre à plat ventre,

Ma route flambant neuve n’est pas pour vous.

.

Tout va se retrouver sens dessus dessous

La ligne est tirée, le sort est jeté

Les traînards seront des flèches

Tout comme aujourd’hui se fond dans hier,

L’ordre ancien disparaît en brume

Les premiers seront les derniers

Car le changement, c’est maintenant.

 

Le public fin 2020 retournera facilement ce beau discours au saint patron Labo, à son tour d’inverser les choses. Va-z-y Bob, mets-en leur plein les dents, aux tenants égrotants du vieillot NWO.

 

Vous les jet-setters,vous les voyageurs, d’où que vous soyez

Rassemblez-vous quelque part. Vous voyez bien que la marée monte

Bientôt vous serez trempés jusqu’aux os.

Si vous tenez à votre maigre souffle, je vous conseille un bon crawl

Celui qui ne peut nager coulera comme la pierre

Car le changement, c’est maintenant

 

Vous les prophètes du stylo, ceux qui gardent les yeux ouverts,

Tenez-nous au courant, l’histoire ne ressert pas les plats.

Mais ne parlez pas trop tôt car la roue tourne encore. Et nul ne sait sur quel nom elle s’arrêtera

Qui sait qui gagnera, en dépit des apparences.

Car le changement, c’est maintenant

 

Vous les sénateurs, vous les congressistes, gardez votre sang-froid.

Poussez-vous, laissez passer, n’encombrez pas les entrées

Qui se pose là comme un flan ramasse les coups.

La bataille fait rage dehors. Elle va secouer les murs et casser les vitres.

Parce que le changement, c’est maintenant.

 

En conclusion, pour Noël, qui se passera bien, et en famille, une dernière petite chanson de Jean-Pierre Ferland : Je reviens chez nous.

« Fais du feu dans la cheminée… Je ne veux pas être tout seul quand l’hiver tournera de l’œil. »

 

Joyeux Noël à tous, et beau solstice en ce lundi 21 décembre, jour le plus court de l’année. Bientôt le point du jour, sonnez les matines. Roulez tambours .


Moyenne des avis sur cet article :  4.5/5   (2 votes)




Réagissez à l'article

3 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 21 décembre 2020 10:45

    Les saltimbanques ont cédé la place aux banques tout court.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité