Sortir de la crise des « Gilets jaunes » : remplaçons l’Etat prédateur par l’Etat serviteur !
Ce samedi 8 décembre a vu se dérouler « l’acte IV » de la mobilisation du mouvement dit des « Gilets jaunes ». Entre ras-le-bol fiscal, appels à la démission d’Emmanuel Macron, blocages continus et violences urbaines, ce mouvement hétérogène, récupéré politiquement par les extrêmes et gangrené par des casseurs, traduit une crise évidemment profonde au sein du peuple français. La grande question aujourd’hui est de savoir comment en sortir.
Certes, le mépris et l’arrogance dont le Président actuel a pu faire preuve envers les Français ont joué un rôle crucial dans le déclenchement de cette crise, tandis que la hausse des taxes sur les carburants, l’augmentation de la CSG et le renforcement des contraintes administratives sur les automobilistes (80 km/h, radars, contrôle technique…) ont été les goutes d’eau qui ont fait débordé le vase. Toutefois, il ne faut pas oublier que le ras-le-bol général qui s’exprime désormais ouvertement est également le fruit de l’appauvrissement continu des classes moyennes depuis les années 1970 : désindustrialisation, matraquage fiscal, affaiblissement de la valeur travail, alourdissement des charges et des règles sur les PME ont conduit à ce que toute une partie de la population ait vu son niveau de vie s’affaisser par rapport à ce qu’il était lors des Trente Glorieuses. Cette classe moyenne délaissée et déclassée n’a plus confiance en l’Etat et rejette élites politiques et syndicats.
Des réponses sécuritaires et politiques nécessaires sur le court terme
Le cortège de manifestations et de violences issu d’une telle situation constitue ainsi un défi puissant lancé à l’exécutif. Sur le court terme et face au désordre ambiant, la réponse doit bien évidemment être de faire implacablement respecter l’ordre public partout sur le territoire : face aux casseurs et aux extrémistes insurrectionnels qui profitent du mouvement pour instaurer l’anarchie, les sanctions doivent être exemplaires et l’autorité doit être rétablie dans la société. Liquidons l’héritage soixante-huitard selon lequel il serait interdit d’interdire : non, un lycéen qui casse et qui pille n’est pas un « gentil garçon » mais un délinquant qui doit être traité comme tel ; non, rien ne saurait justifier qu’on saccage des commerces, qu’on s’attaque aux forces de l’ordre ou qu’on brûle des voitures. La « chienlit » n’a sa place qu’en prison.
Une réponse politique rapide apparait également nécessaire : le gouvernement a montré une volonté d’apaisement qu’il faut saluer en annulant la hausse des taxes sur les carburants et en annonçant des mesures sociales immédiates. En ce sens, l’intervention d’Emmanuel Macron sera déterminante. Si les violences persistent, un changement de gouvernement, voire une dissolution de l’Assemblée Nationale pourraient, à terme, survenir.
Le libéral-conservatisme, une réponse de long terme aux difficultés de la classe moyenne
Sur le long terme, la réponse demeure bien plus compliquée, puisque si les casseurs font toujours davantage parler d’eux que les manifestants pacifiques, oublier ces derniers serait une lourde erreur. Loin de devoir céder aux revendications absurdes et ruineuses de la frange d’extrême-gauche qui s’est lancée dans une entreprise de récupération politique du mouvement des « Gilets jaunes », les dirigeants gagneraient à remonter aux racines de ce mouvement, qui était avant tout, au départ, une révolte contre la fiscalité écrasante et une administration étouffante. La base originelle du mouvement, composée d’auto-entrepreneurs, de petits patrons, de commerçants, d’artisans, de cadres moyens, de libéraux ou de salariés de PME, ne demandait ni le rétablissement de l’ISF ni le SMIC à 3000 euros ; elle demandait moins de taxes sur le travail, moins de normes en tout genre, moins de déconnection entre gouvernants et citoyens, moins d’administration centrale. Cette base sociologique originelle ne veut pas être aidée, elle veut vivre dignement de son travail. Elle représente une France périphérique oubliée de citoyens qui ne souhaitent pas une société communiste comme le voudraient certains « Gilets jaunes » tardifs, mais une France de la méritocratie et de la liberté.
L’extrême-gauche est parvenue à noyauter médiatiquement un mouvement qu’elle conspuait pourtant fin octobre en le qualifiant de « xénophobe » et de « poujadiste ». Mais ce n’est pas elle ni ses délires anti-entreprises et anti-riches qu’il faut écouter. Celle qu’il faut écouter, c’est cette France silencieuse mais travailleuse qui a été masquée par cette récupération.
Le meilleur moyen de rétablir la sérénité sociale serait de cesser de paupériser la classe moyenne en lui permettant concrètement de s’enrichir : cessons le matraquage fiscal en baissant les dépenses publiques superflues. Au lieu de taxer nos entrepreneurs, exigeons des géants du numérique qu’ils contribuent aussi au budget de l’Etat. Au lieu de s’en prendre constamment aux automobilistes, attaquons-nous aux vrais criminels et saisissons les biens des trafiquants. Au lieu de faire payer ceux qui travaillent et ceux qui ont réussi, réduisons la taille de l’administration et luttons contre la gabegie dans la fonction publique.
Alléger le poids de l’Etat pour en faire un Etat serviteur en lieu et place de l’Etat prédateur n’exclut en rien un programme social, bien au contraire : au lieu de surfer en permanence sur la jalousie et la haine de ceux qui ont de l’argent, la classe politique devrait plutôt appeler à l’avènement d’une société bâtie sur la méritocratie et la valeur travail. Développer la participation des salariés au résultat de leur entreprise, favoriser les coopératives, défiscaliser les heures supplémentaires, payer au mérite les fonctionnaires ou encore imposer une immigration par quotas restrictifs pour pouvoir loger nos SDF en priorité sont des pistes de politique que chacun gagnerait à voir appliquer.
La crise des « Gilets jaunes » nécessite davantage que de simples mesurettes qui ne satisferaient personne : voyons-là comme une nécessité de réformer la société, non pas dans le sens du socialisme qui a prévalu jusque là, mais dans l’intérêt des citoyens français.
Romain Naudin, secrétaire-général et porte-parole de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) et vice-président des Républicains d’Assas
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