Sortir de la récession
Tout le monde a remarqué que l'économie française va mal. Chômage, récession, méfiance. Le débat sur une hausse imaginaire de la criminalité ou le combat d'arrière-garde contre l'évolution du droit du mariage nous éloigne d'une des deux questions qui devrait être au cœur de la réflexion politique : le redressement économique (l'autre étant le défi écologique)
Les outils traditionnels de la relance ne sont plus à disposition dans le contexte actuel. On ne peut pas recourir à l'endettement, car c'est justement la cause principale de la crise. On ne peut pas recourir à l'inflation. On peut regretter d'avoir fait l'Euro ou plutôt d'avoir fait l'Euro sans l'Europe politique, mais on ne peut pas proposer d'en sortir aujourd'hui au risque de provoquer une crise encore plus grave. On ne peut pas espérer non plus que l'Euro devienne autre chose que ce qu'il a toujours été : un « Deutsche Mark » européen.
Il nous faut une politique française qui s'attaque au problème principal, sans perdre de temps à discuter des règles du jeu auxquelles nous avons souscrits et sans vouloir défausser nos responsabilités sur des tiers. Je propose une contre-attaque en quatre points.
1 Les prix de l'immobilier doivent baisser.
La conséquence de la « bulle immobilière » est un maintient des prix de l'immobilier à un niveau anormalement élevé. Les prix ont chuté depuis 2008 aux USA, et aujourd'hui la crise ne sévit plus outre-Atlantique. Nous n'avons pas su suivre le même chemin. Ne me dites pas « c'est le marché... » : les pouvoirs politiques ont su accompagner la hausse par diverses mesures, ils peuvent accélérer aujourd'hui la baisse. Par la fiscalité, par la libération du foncier, par l'augmentation et l'élargissement programmé de la taxation des plus values et par des mesures d'encadrement des loyers (et même un moratoire sur toute hausse de l'indice) nous avons les moyens de retrouver vite une situation saine.
2 Il faut soutenir l'image de la France à l'étranger (tourisme et produits à haute valeur ajoutée).
Le vin, le luxe, la gastronomie, l'accueil touristique, les films,.... C'est notre point fort. Il faut vendre la France en Amérique, en Asie pour attirer ici des devises et des investissements. Il faut améliorer la qualité de notre accueil, de nos produits... Défendre une image de perfection des produits français ! L'une des urgences est d'investir dans les lieux où les étrangers entre en contact avec la France (aéroport Charles-de-Gaulle, plus de taxis,etc.) Il faut mobiliser la population sur cette question vitale pour notre économie.
3 Il faut reconstruire une échelle des revenus.
Le cadre, le chercheur doit pouvoir employer -à plein temps- une femme (ou un homme !) de ménage. La femme de ménage doit pouvoir gagner bien mieux sa vie que si elle touchait le revenu minimum. Mais cela n'est pas possible si le chercheur gagne 30% de plus que le smic ; si le smic lui-même est 20% au-dessus du revenu minimum....
Il faut reconstruire dans notre pays une échelle des revenus qui s'est aplatie à l'image de celle de l'Urss des années 80 ! Nous ne devons avoir conscience que cela ne se fera pas uniquement, ni même principalement, par le haut (en augmentant la femme de ménage et, plus encore, le chercheur) car nous n'avons pas l'arme de l'inflation pour maintenir dans ce cas la compétitivité française à l'étranger. Il faudra jouer de notre fiscalité, des aides aux personnes ayant un emploi. Il faut changer de logique. Par exemple, au lieu de décider de la gratuité des transports public pour ceux qui touchent le RSA, mieux vaut que nos élus aident ceux qui travaillent à se déplacer. Idem pour le logement, la couverture médicale ou l'accès à l'énergie. Il faut que ce soit l'activité qui devienne une clé pour l'accès à l'aide et plus l'inactivité. C'est tout bonnement le principe de la « sécurité sociale », version 1945, celle que l'on gagne par son travail qu'il faut reconstruire. Je crois aussi -même si c'est dûr !- qu'il faut aujourd'hui bloquer les montants des revenus de substitutions (rsa,...) et cesser de les revaloriser.
4 Il faut établir une culture du dialogue social et de la souplesse
L'accord sur la flexisécurité à la fois dans son contenu et de la manière dont il a été élaboré me semble l'exemple de ce qu'il faut faire. On doit éviter de continuer à gérer notre pays par des grandes décisions prises d'en haut. Revalorisation du dialogue social, décentralisation, nouvelle constitution permettant des transitions en souplesse plus qu'en rupture, respects des minorités (religieuses,...), bienveillance, droit à l'expérimentation, diminution du périmètre de la loi : il faut que chacun se sente impliqué et responsable dans le navire France pour sortir au plus vite de la tempête.
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