• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Steve McQueen : le Josh Randall de l’esclavage

Steve McQueen : le Josh Randall de l’esclavage

 Le réalisateur Steve McQueen reçoit l’Oscar du meilleur film, dans le temple du cinéma mainstream, en smoking, un peu à l’image du film qu’il a réalisé et que des producteurs ont accepté de financer...

Tout en sachant qu'à l'exception de quelques plans et de quelques scènes... (trop rares...) "12 years a slave" aurait très bien pu être tourné par nombre de réalisateurs tâcherons d'Hollywood et une industrie cinématographique qui ne s'y est d'ailleurs pas trompée en remettant cet Oscar... et c'est bien là que le bât blesse.

 Aussi, à l’heure où un Obama très très en dessous de ce qu’on pouvait attendre, avec naïveté ou pas, de sa victoire à la présidence des Etats-Unis, voilà sept ans déjà… un Obama à la queue d’un pays - dont la tête est à Wallstreet -, et d'une société qui ne font toujours pas de cadeaux aux plus exposés et aux plus faibles de ses membres, et ici… pas davantage, dans cette Europe contaminée par une idéologie du soupçon et de l’égoïsme, le réalisateur Steve McQueen (1) aurait été bien avisé de refuser cet Oscar ou bien alors... de le jeter à la face d’une audience à la réputation surfaite comme nulle part ailleurs dans le monde et dans aucun autre métier ; une caste adepte d'un "chacun pour soi" vorace, entre deux sourires faussement amicaux qui laissent entrevoir une mâchoire étau qui ne lâche rien et qui a pour seul souci et unique préoccupation : le haut de l’affiche, longtemps et seul de préférence, à l’exclusion de tous les autres et de tout autre considération...

Une caste nombriliste en mal d’existence, toujours ! (trop célèbre, trop riche… trop de tout jusqu’à l’excès !) dont les quelques « charity dinner » à 50 000 milles dollars le couvert qui jalonnent leur parcours au service d’une production cinématographique le plus souvent médiocre, ou tout juste dans la moyenne, pourraient donner l’illusion qu’elle sait rendre ce qu’elle a reçu, pris ou volé à des gogos qui peuplent les salles obscures de la planète à la recherche d’un rêve inaccessible, cauchemar pour tous ceux qui, en vain, courent après, alors que dans les faits, les membres de ce Club de prestidigitateurs à la manque ne font que s’auto-célébrer partout où ils passent, sans jamais s’attarder au demeurant sur qui ou quoi que ce soit sinon… sur l’image dans le miroir qu’ils n’ont de cesse de se tendre à eux-mêmes.

 

  Oscars 2014 : McQueen remercie ses sponsors et clôture son intervention en nous demandant d'avoir une pensée pour les 21 millions d'esclaves dans le monde : il les a donc comptés ? N'en a-t-il pas oublié une bonne partie ? Ces 21 millions ne sont-ils pas l'arbre qui cache la forêts de près de 6 milliards d'êtres humains potentiellement menacés... 6 milliards dont on retranchera ceux qui vivent de la sueur et du sang de cette multitude ainsi que leurs gardes chiourmes que sont les gouvernements aux ordres d'une oligarchie mondiale vorace et féroce.

 

 Tout comme ces hommes politiques charismatiques en campagne qui s’affichent volontaristes et soucieux de la justice et des grands équilibres humanistes pour, une fois élus, tout renier - engagements et promesses -, à propos des artistes dits « engagés » - puisque tel est ou était le cas du réalisateur anglais Steve McQueen (2), ce Josh Randall de la dissidence et de la cause des déshérités et autres damnés de la Terre -, force est de constater une fois encore qu'ils ne dérogent que trop rarement à cette règle qui veut que les promesses n’engagent que ceux auxquelles elles s’adressent.

 On ira donc ailleurs cueillir les fruits défendus d'un arbre qui tiendrait alors toutes ses promesses sans avoir à préciser que nous n'avions pas attendu un Steve McQueen ou un autre pour le faire : on connaît un peu la musique tout de même ! Et l'on a une bonne, très bonne mémoire de ce qui a été et de ce qui sera... pour voie de conséquence.

 

***

 

Esclavage et réparations

Dossier complet ICI

 
 "Toute faute mérite réparation, selon l’un des fondements du Code civil de 1804. A fortiori, un crime contre l’humanité, considéré comme imprescriptible en vertu du droit pénal international.


L’esclavage, reconnu comme tel en France, reste pourtant impuni. Pire, après l’abolition de l’esclavage en 1848, des dédommagements ont été versés par l’État... aux esclavagistes des colonies pour compenser le manque à gagner.

Déterminé à rouvrir le débat, le Conseil représentatif des associations noires (Cran), à l’occasion de l’anniversaire de la découverte du “Nouveau monde”par Christophe Colomb en 1492, avait lancé un « Appel pour un débat national sur les réparations liées à l’esclavage » dans Le Monde.fr en octobre 2012 : « En France, les réparations liées à l’esclavage demeurent un sujet tabou. En Outre-mer et dans la société française dans son ensemble, les questions liées à l’esclavage sont encore source de colères, de ressentiments et de problèmes non résolus (...). Aujourd’hui, il est temps d’ouvrir le débat sur les réparations : où sont passés les flux financiers générés par la traite négrière ? »


Le CRAN avait aussi formulé les vœux suivants : "Traçabilité des entreprises ayant tiré profit de la traite, obligation pour elles de ne pas taire leur passé, financement de fictions télévisées racontant l’esclavage, révision des programmes et des manuels scolaires, impulsion donnée aux études post-coloniales."

 Alors que Jean Marc Ayrault, avait confirmé l’engagement de Matignon : " Nous sommes très ouverts à l’idée de réparations liées à l’esclavage" revirement soudain, sous le poids de pressions dont on ignore encore l'origine, l'Elysée montera au créneau avec la déclaration suivante  : « Le seul choix possible, le plus digne, le plus grand, c’est la mémoire, la vigilance et la transmission », a déclaré M. Hollande, adressant ainsi une nouvelle fin de non recevoir aux revendications de réparations matérielles. »

 

 A l'heure où la demande d’une juste répartition des commémorations et de la transmission de la mémoire, à propos de la colonisation et de ses crimes ainsi que de la traite négrière... est qualifiée de "concurrence victimaire", voire... purement et simplement de revendication à caractère antisémite...c'est bien un "Circulez les nègres ! Y a rien à gratter ! " qui leur est hurlé à tous.

 

 

Pour prolonger, cliquez 12 years a slave : le "Midnight Express" de l’esclavage

 ______________

 

1 - Né Steve Rodney McQueen, la parenté patronymique avec un acteur qui en son temps a tenu des rôles qui n’étaient pas tous dépourvus de qualités aurait-elle dû nous alerter ? Cette parenté accidentelle a-t-elle forcé en lui une admiration juvénile pour le rêve hollywoodien et le désir d’intégrer son gratin, crème de la crème, pour mieux en partager le fromage ?

Josh Randall : héros d'une série western télévisée dans les années 60 ; rôle tenu par l'acteur américain Steve McQueen.

 

2 - A son sujet, il est écrit ceci : artiste contemporain reconnu depuis la fin des années 90, Steve McQueen est proclamé « l'Artiste Officiel de la Guerre en Irak » par ses compatriotes, grâce à sa collaboration unique avec les familles de soldats britanniques décédés là-bas, en faisant leurs portraits.

Ayant fait ses armes comme étudiant en Arts à New York, Steve McQueen expose partout dans le monde, de la fondation PRADA à Milan, en passant par le Musée d'Arts Modernes à Paris, jusqu'à Zurich, Sao Paulo, etc… Il réalise plusieurs courts métrages et vidéos, dont l'une, inspiré de Buster Keaton est récompensée en 1999, par le prix Turner : récompense annuelle décernée à un artiste contemporain britannique de moins de 50 ans.

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (9 votes)




Réagissez à l'article

10 réactions à cet article    


  • mortelune mortelune 7 mars 2014 11:57

    Merci Serge pour votre article magnifique d’humanité. L’esclavage n’a pas cessé de d’exister. Les maitres plus ou moins pourris de l’intérieur sont toujours là et comment pourraient-ils avoir disparus. Ce film ne m’a pas ému que pour le passé des esclaves, il m’a ému pour tout ceux qui se réveillent en découvrant les chaines qu’ils ont aux pieds. Ces milliards de gens qui savent que leur vie d’humain est subordonnée à leur soumission, au système, aux patrons, aux politiques, aux policiers, aux militaires, aux religieux et j’en passe... 

    Qu’ils soient ouvriers, paysans, travailleurs du Soudan, de France et d’ailleurs ne change rien. Seule la prise de conscience est passible d’une grande souffrance physique ou psychologique. C’est sans doute pour cela que beaucoup choisissent de s’endormir ou de ne jamais se réveiller.

    nota : Un rapide calcul permet de savoir qu’un salarié français (à ses yeux il n’est évidemment pas un esclave) travaille 9 mois dans l’année sans être payé (le salaire moins toutes les charges, taxes, impôts). 3 mois de salaires pour vivre n’étant pas suffisant on comprend mieux pourquoi il achète tout à crédit. On comprend mieux aussi pourquoi sa femme travaille. Les féministes diront que c’est pour leur liberté, leur indépendance. En tant que femme je répond « mon cul », des millions de femmes sont obligées de travailler parce qu’un salaire ne suffit plus. Le salarié français ne prend pas les coups de fouet sur son lieu de travail, non, mais il les prend dans la rue s’il montre son mécontentement.

    Je conseille donc à tous de s’endormir devant la télé et les matchs de foot pour éviter de prendre conscience. Avec un peu de chance vous ferez de beaux rêves...

    Evidemment je ne parle même pas de ces millions de « vrais » esclaves qui survivent actuellement sur la planète.


    • Aristoto Aristoto 7 mars 2014 15:01

      Oui c bon de rappeler que la France est toujours un pays esclavagiste voyant toujous comme un excellent réservoir d’esclave très bon marché !

      La France est un pays Merde, Il faut en finir un bonne fois pour toue avec la Nation dernier des tortionnaire du monde !

      La Nation, de la Merde pour Esclave consentant !


    • Aristoto Aristoto 7 mars 2014 14:58

      C vrai que rappeler le passé esclavagiste de nos grand nation démocrate d’aujourd’hui hui est quelque peu génant, la France par exemple ayant passé son histoire à enchainer les génocides, les nègres puis les juifs puis les algériens et aujourd hui toujous le sang coule pour le nouveau projet neo-colonialiste de l’oligarchie de France !

      La France est une merde génocidaire qu’il faut tuer un bonne fois pour tous ! Tant mieux le capitalisme mondialisé s’en charge !

      Saleté de pays de merde !


      • jeanpiètre jeanpiètre 7 mars 2014 17:58

        malheureusement, le capitalisme financier est encore pire et plus assoiffé que les nations.


      • Aristoto Aristoto 7 mars 2014 15:11

        Sinon très beau film qu’est ce ’12 année d’esclavage’ et un coup de chapeau à son réal !

        D’ici 200 ans quand la globalisation aura mis un terme aux Nation de Merde et en aura fini avec cet esclavagisme moderne qu’est le salariat on pourra dans une pareil démarche se remémorer la bonne époque des bienfaits du Capitalisme débridé !


        • jeanpiètre jeanpiètre 7 mars 2014 18:03

          selon votre souhait dans 200 ans il n’y aura plus qu’une mafia mondiale pour mettre le monde en esclavage. Les nations ont leur part de responsabilité, mais l’ogre financier qui les mène à la baguette ne disparaîtra pas et dans certains cas, n’aura plus aucun contre pouvoir.

          vouloir se débarrasser de ses chaînes est une chose, mais attention à ne pas les troquer pour d’autres bien plus tentaculaires.

        • Aristoto Aristoto 7 mars 2014 20:57

          Tant mieux on sera enfin passé à autre chose !!


        • Nowhere Man 7 mars 2014 21:49

          Je suis stupéfait par l’unanimisme des critiques ciné concernant ce film très moyen et surtout totalement prévisible. Intérêt nul. BO abominable.

          J’ai eu le même sentiment en visionnant la grosse daube qu’est gravity, le chef-d’œuvre sans scénario ni acteurs( ou avec plutôt une seule actrice mais insupportable).

          Pitié ! Redonnez-nous du Django, 3heures sans débander et avec une BO qui tue !


          • Yohan Yohan 7 mars 2014 22:02

            Ben quand vous voyez ce que les noirs font aux noirs à Paris, vous voyez surtout que la compétence d’esclavagiste est universelle 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès