STOP le Rap’n’Roll
Pour les banlieusards, le ghetto, il s’agit d’un lieu de dissidence ridicule. Une « rebellitude » d’autant plus idiote qu’elle est hypocrite car l’ennemi de la rébellion représente aussi le rêve caché : « tout niquer, paraître, arrivisme, pognon, individualisme, toute puissance matérielle, baise dépravée ». Ainsi elle n’a aucune incidence sur le système, pour ne pas dire une collaboration active à toute la doxa « zéro cerveau, zéro valeur, zéro responsabilité, zéro politique, zéro courage, mais plein de cul dépoétisé, plein de fric, plein de factice, plein de matos » de cette sale société du capitalisme néolibéral et ses avatars comme la destruction des valeurs traditionnelles, d’ancrage, de discrétion, de don de soi.
Comme son cousin Rock, le rap s’en est allé en guerre contre les valeurs traditionnelles, ce qui est d’autant plus con que la société actuelle n’a plus rien de l’ordre classique, le rock ayant déjà fait ce travail, mais ils ont besoin comme des adolescents de se confronter à des choses, ils ne se rendent même pas compte qu’ils enfoncent des portes ouvertes, la tradition a été suicidée par la modernité, remplacée par la vulgarité. A vous de voir cet extrait du rappeur Bouba :
J’vais rentrer au pays marier 4 grognaces qui m’obéissent
Avant d’avoir le net je surf sur la pisse
g été et j’suis malhonnête ramène tes seufs sur la piste »
Encore et toujours cet affront minable envers les religions. D’aucun de me taxer d’être un cul-bénit, pourtant j’apprécie Brassens, sa grossièreté millimétrée est tellement travaillée et ayant une portée artistique si à propos qu’elle en devient nécessaire.
Le rock avait ceci de salutaire qu’il était basé sur la pratique des instruments réels, hors ce rap c’est le centre de convergence de la médiocrité, de la facilité parée de mille feux qui finissent d’aveugler les esprits novices. En somme n’importe qui peut être un rappeur, et c’est bien là le problème, rouler des mécaniques sur un bit box, électro-instrumentalisé au point d’insulter la musique à chaque seconde.
Les jeunes blancs bourgeois libertaires ayant trouvé le rock épuisé au point de n’être plus qu’un repère de groupies débiles se sont recyclés dans la Techno. Révélant ainsi, et en toute honnêteté, qu’ils n’ont plus rien à dire ! Se soûlant la gueule au son du marteau piqueur électronique et quelques cachetons pour tenir le coup.
Le rock, assimilé, rendu inoffensif, un chien sans dents. Du rockeur énervé au rockeur lover-baiseur, les technomen ont compris la leçon : inutile de se rebeller pour se vautrer lamentablement. Ils vont droit au but, ils ont commencé par la fin : musique de merde, défonce, cul, aucun discours.
Aujourd’hui place aux rappeurs basanés sous-prolétaires des bas-fonds d’occident, incultes et dont l’être social demeure improbable, car le rockeur blanc bourgeois libertaire était un fils ou une fille de bourgeois ou de classe moyenne qui s’insurgeait contre la bourgeoisie traditionnelle, l’ordre classique, son être social pouvait s’inscrire dans un projet subversif, certes à réprimer, mais il avait un être social, le bourgeois qui se méprise (comme tout bourgeois qui se respecte !), aujourd’hui nous avons le sous-prolétaire bronzé déraciné, déculturé, dépolitisé, qui expose en toute arrogance la niaiserie de son non-être, dans une société si perdue qu’elle le permet, histoire de remplir son vide humain inhérent à son modèle marchand. J’apprécie l’arrogance à condition d’en avoir les moyens.
Après le piège culturel tendu à la génération d’après 45 au travers du rock, ou comment occuper lamentablement une jeunesse par un comportementalisme « border line » afin qu’Oh grand jamais elle ne se politise, et qu’accessoirement elle participe de faire tomber les résistances morales impropres au bon fonctionnement du néo-libéralisme immoral.
Dans les années 80, le libéralisme est bien instauré, ancré dans les moeurs et dans la structure socioéconomique. Le rock en 30 ans (l’équivalent d’une génération – comme quoi c’est bien réglé) avait bien fait son travail, tuer la transmission morale, destituer le père (Jim Morisson : « father I want to kill you » / Renaud : « crève salope » pour le remplacer par un modèle de jeune ado-attardé déjanté irresponsable jouisseur drogué baiseur, remplacer la mère par une fille fumeuse chez qui la maternité est devenue l’enfer et l’errance sexuelle une valorisation comme cachet officiel de son appartenance à la modernité libertaire.
Mais le rap dans tout ça ! Et bien, une fois cette société libérale en marche, il faut bien occuper les exclus, les masses laissées pour compte du festin, en particulier les jeunes, car les papas sont trop occupés à survivre entre une condition maritale fébrile voire inexistante et une situation économique équivalente à l’esclavage,... Le foot, la vinasse, et la téloche lui servent de béquille anxioltique. Il convient de prévenir que ses enfants ne se rendent compte de leur destin qui n’est autre que celui de leur père déchu. Ainsi le rap qui démarre « conscient » dans les années 80 pile poil avec la mort du rock, il finit actuellement par vénérer le modèle capitaliste, le modèle du maître.
Le rockeur s’insurgeait jadis contre son père pour des raisons idéologiques, il a finit par mettre en place idéologiquement et à son insu la société libérale. Le rappeur s’insurgeait contre la condition d’esclave héritée de son père, pour des raisons matérielles, il a finit dans le rap par valider le matérialisme des maîtres.
Dans les deux cas, le rap comme le rock n’ont jamais été autre chose qu’une entreprise culturelle de dépolitisation des jeunes afin qu’ils n’échappent pas à l’esclavage moderne nécessaire au festin des capitalistes. Il est d’ailleurs à noter que les masses en 2008 ne sont plus en demande de culture contestataire, ce qui est normal, car plus personne ne conteste ce système, tout le monde le veut, de l’esclave jusqu’au maître en passant par le bobo gaucho, à défaut d’avoir leur part, ils la cherche dans ce système. La société néo-libérale a atteint son paroxysme, faire adhérer les victimes à l’oppression, en donnant à chacun la possibilité de devenir à son tour oppresseur.
Bien entendu vous aurez compris que tout l’arsenal de libéralisation de la société et de l’économie n’a pas reposé uniquement sur le rock et le rap, mais je voulais les situer dans ce contexte comme instruments, activistes de cette rationalisation du libéral.
Le rap,... Que l’on ne me parle pas de ces NTM et autres IAM ou Abd Al Malik, devenus des moralisateurs, adulés par la gauche bobo, rabâchant comme des perroquets les leçons du système : « Votez », discours consensuels sur la laïcité, l’école, sans jamais inciter à la prise de conscience politique de classe sociale, et ne parlons même pas de leur défection quand il s’agit de faire des « morceaux » sur la colonisation », Kool Shen disant dans une de ses chansons :
Qu’il n’a pas digérée
Mais nous, on s’en bat les couilles, on n’était pas là »,
Aurait-il dit la même chose si cela avait concerné ses origines portugaises ? Quand je pense à tous ces franco-algériens qui malgré cela ont continué à l’écouter, aucun amour propre. IAM n’a osé que deux chansons, à ma connaissance, concernant la colonisation « Métèque et mat » mais très métaphorique (des pincettes)– pas accessible à tous, et « Tam tam de l’Afrique » celle qui leur a donné à mon sens un grand cachet de respectabilité, mais elle reste douce, et noyée dans des dizaines de titres « bad boys de marseille », « Le mia » et autres dart-vaderismes ! Etrange que cette histoire coloniale soit absente du soit-disant texte « conscient » !
Le système s’est débarrassé de la contestation culturelle, syndicale, politique, religieuse, TOUTES. Les cerveaux sont tellement épris de cette société que le « biaisé » lui même se charge d’étouffer toute alternative, lynchant tout dissident idéologique en le taxant en dernier ressort de nazi, communiste, intégriste, réactionnaire, ou au mieux d’attardé pas assez vorace !!! Réaction...
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