Sucrerie de Toury : preuve flagrante que le monde d’après sera celui d’avant ?
Sucrerie de Toury : preuve flagrante que le monde d’après sera celui d’avant ?
Créé il y a 145 ans, la sucrerie de Toury en Eure-et-Loir va fermer ses portes. 128 salariés sur le carreau.
Très brièvement, on doit quand-même la production du sucre à notre Histoire : avec Saint-Domingue (Haiti), la France produisait trois quarts du sucre mondial. Mais la France finit par perdre ce territoire. Pendant le blocus continental tourné vers les britanniques, par Napoléon, ces derniers empêchaient les navires marchands d’arriver en France. Est donc décidé de produire des betteraves pour faire du sucre. Le Nord, l’Est, le Beauce, voient la culture de la betterave s’émanciper.
L’usine de Toury, propriété de Cristal Union, est un des sites créés grâce à la culture de la betterave. L’usine fabrique également du bioéthanol, de l’alcool, produit pour la « cosmetic valley » (entre Chartres et Orléans). Et pendant la crise sanitaire, la production s’est converti pour produire du gel hydroalcoolique.
Malgré cette mobilisation, malgré l’effort des salariés à contribuer à la « mobilisation générale » contre le Covid-19.
Pourquoi cette usine ferme ? Comme celle de Cagny (voir mon précédent papier : https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-sucre-a-un-gout-amer-en-france-220481 ), c’est notamment due à la suppression de quotas sucriers à l’automne 2017. Même scénario pour ce qu’il s’est passé dans la filière laitière quand les quotas ont été supprimés le 31 mars 2015.
La fermeture de l’usine de Toury, comme pour les autres sites, est une catastrophe sociale avec la perte d’emploi et d’un tissu social qui faisait vivre ces territoires. Une catastrophe économique, que vont devenir les champs de betteraves, lesquels ont été conçus pour l’usine ? Qui dit moins de sucre produit, dit plus de sucre importé et d’autres sucreries qui seraient amenées à fermer.
Alors que des discours prônant un patriotisme économique, un certain souverainisme, de relocalisations industrielles, émergent, la fermeture de l’usine de Toury apparaît comme une faute, et l’État a une part de responsabilité puisque c’est lui qui a négocié la fin des quotas sucriers.
Alors que le chômage explose, cette fermeture risque de mettre de l’huile sur l’explosion de la cocotte sociale qui couve.
De plus, face au coronavirus où la France semble s’être révélé au rang d’un pays du tiers-monde, si une nouvelle épidémie surgit, avec cette fermeture, aurons-nous la capacité de produire assez de gel hydroalcoolique ?
Rétablissons les quotas sucriers, (et aussi laitiers), protégeons nos marchés face à la concurrence des pays hors Europe. A l’heure où la Présidence de la République parle de « souveraineté alimentaire », la crédibilité du Président de la République se joue là, comme celle qui avait été jouée à Whirpool.
Valentin Lagorio, secrétaire-général-adjoint à l’Union du Peuple Français.
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