La grève s’essouffle, après un mois de mobilisation, l’énergie vient à manquer, et les vacances da la Toussaint semble avoir porté un coup presque fatal à la dynamique gréviste. La loi sur la retraite vient d’être votée par l’Assemblée Nationale, et la grève du 06 novembre risque d’être un barroud d’honneur. De nombreux reportages, à la TV, montre aussi des usagers ulcérés par les grèves des transports, à Paris, par la celles des dockers ou des poubelleurs, à Marseille, faisant passer ces salariés pour des feignasses irresponsables mettant en péril l’économie du pays, alors qu’il faudrait plutôt regarder vers la haute-finance et la Banque, pour trouver les responsables du marasme actuel !
C’est le général
Cavaignac qui réprima dans le sang, en juin 1948, les ouvriers qui manifestaient contre la fermeture des ateliers nationaux, c’est
Adolphe Thiers, qui fit massacrer les communards avec une férocité sans pareille, fusillés au mur des Fédérés, au
Père Lachaise.
Durant la
Semaine Sanglante, 30 000 parisiens, la plupart ouvriers, furent exterminés par le pouvoir en place, et, par la suite, 50 000 condamnations seront prononcées, contre les communards, dont 10 000 condamnés à l’exil, en
Guyane et
Nouvelle-Calédonie, dont la célèbre
Louise Michel.
Lors de la célébration de la première fête du travail et des travailleurs, le 1er mai 1891, fête créée par la
Seconde Internationale pour commémorer le massacre de
Haymarket Square, à
Chicago, la IIIeme république radicale fêtera l’événement en tirant sur les mineurs à
Fourmies, qui demandaient la "scandaleuse" revendication de la journée de 8 heures. Bilan : 9 morts !
15 ans plus tard, ce fut la catastrophe de
Courrières, en 1906, qui tua 1 099 mineurs, et les grèves qui suivirent, que le repos hebdomadaire fut octroyé aux travailleurs.
L’acquisition des droits sociaux n’est donc pas tombée du ciel, généreusement octroyé par un patronat philanthrope, mais par des luttes sociales qui ont fait beaucoup de victimes du côté des travailleurs. Ce sont encore des grèves, en mai-juin 1936, sous le
Front Populaire, qui ont amené à la signature des célèbres
accords de Matignon, et les premiers congés payés, filmés avec bonheur par
Julien Duvivier dans
La Belle Equipe.
C’est encore les événéments de Mai 68 qui poussèrent le gouvernement de l’époque a répercuté les bienfaits de la croissance des 30 Glorieuses en augmentant les salaires des travailleurs, partageant mieux les fruits de la croissance entre tous.
Les droits sociaux dont tous les français profitent, aujourd’hui, sont donc le fruit de luttes intenses, menées par les travailleurs, parfois au prix du sang, et, aujourd’hui encore, ces sont les salariés qui se sont mobilisés pour rejeter une réforme des retraites qu’on nous montre comme inévitable.
Le fait est qu’avec la mondialisation, nous sommes en concurrence avec certains pays qui n’ont quasiment pas de droits sociaux et qu’on nous désigne comme des zones dynamiques et productives, par rapport à cette vieille France qui refuse la réforme ...Mais si la réforme consiste à travailler plus, pour gagner moins, et à nous aligner sur le non-statut des travailleurs chinois, dont certains travaillent 12 heures par jour, 7 jour sur 7, de cette réforme là, je n’en veux pas !
La morale de cette histoire ? Les droits sociaux ne tombent pas du ciel et ne sont pas des cadeaux offerts par le patronat mais ont été conquis après des luttes sociales qui ont fait plier le pouvoir et les patrons. Aujourd’hui, malheureusement, la concurrence mondiale nous tire tous vers le bas, jusqu’à où ?