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Accueil du site > Tribune Libre > Sur le fil de l’équilibre : Construire la paix entre la République (...)

Sur le fil de l’équilibre : Construire la paix entre la République d’Haïti et la République dominicaine

Les relations entre la république d'Haïti et la république dominicaine ont toujours été complexes, marquées par une histoire mouvementée et des enjeux contemporains cruciaux. De la question migratoire aux tensions frontalières, en passant par les crises politiques et économiques, l'analyse de ces dynamiques exige une étude approfondie. Cet article propose une exploration détaillée des relations entre ces deux nations voisines de la prise de pouvoir du président d’Haïti Jean Pierre Boyer (30 mars 1818 – 13 février 1843) à aujourd’hui. En raison de l'ampleur de la réflexion et de la richesse de la production intellectuelle sur le sujet, nous avons choisi de présenter cette analyse à partir de points-indices afin de permettre une compréhension plus nuancée des enjeux qui façonnent leurs interactions. Au-delà des tensions récurrentes, il examine également les perspectives de paix durable entre les deux pays. Nous analyserons les possibilités de coopération renforcée, de dialogue diplomatique et les initiatives visant à promouvoir une coexistence pacifique et prospère sur l'île qu’ils partagent.

Résumé exécutif

La relation entre la république d’Haïti et la république dominicaine est marquée par une histoire complexe de conflits, de rivalités et d’interdépendances. Depuis l’époque coloniale, cette dynamique a été influencée par des facteurs politiques, économiques, géographiques et culturels entre la France et l’Espagne. Malgré une proximité géographique, les deux nations fondées sur l’île d’Haïti/Hispañola partagent une relation fratricide, exacerbée par des perceptions raciales et des différences culturelles.

Dans un contexte actuel marqué par des tensions croissantes, notamment entre 2022 et 2024, les problèmes de sécurité, les persécutions et les migrations constituent des enjeux cruciaux. L’analyse des événements récents révèle des accusations de la république d’Haïti envers la république dominicaine concernant le soutien aux gangs, la fermeture des frontières, l’accaparement de ressources communes aux deux pays (particulièrement les réserves aquifères, le grignotage des bornes terrestres etc…), les déclarations à l’emporte-pièce de l’actuel président dominicain et la déportation massive des Haïtiens. En parallèle, d’une part, la constitution du marché binational et l’organisation des points frontaliers pour les échanges de biens et de l’autre, les investissements de riches haïtiens en république dominicaine et le flux d’immigrés, aujourd’hui en souffrance témoignent d’une interdépendance économique.

Pour l’avenir, malgré toutes ces zones de tensions des perspectives de coopération existent, notamment à travers des initiatives régionales et des projets communs. La géostratégie, la gestion des ressources naturelles, et le dialogue interculturel pourraient ouvrir la voie à une cohabitation pacifique et bénéfique pour les deux nations.

Mots-clés : Relations bilatérales – Migration – Conflits – Racisme – Géostratégie – Coopération - Frontières - Économie informelle - Identité Culturelle –Droits de l’homme – Tensions -Sécurité

 

Chronologie

Une remarque importante.

L’inclusion d’une chronologie au début de l’analyse se justifie par plusieurs raisons essentielles. D’abord, elle permet de replacer les événements clés dans leur contexte historique, facilitant ainsi la compréhension des dynamiques évolutives entre Haïti et la République dominicaine. En organisant les faits de manière séquentielle, la chronologie offre une vision claire des causes et conséquences des tensions ou des moments de rapprochement, tout en mettant en lumière les périodes de crise et de coopération. De plus, la chronologie sert de cadre de référence pour mieux saisir les tendances de long terme et les tournants décisifs dans les relations bilatérales. Elle pose ainsi les fondations nécessaires à une analyse plus approfondie, tout en offrant aux lecteurs une base commune pour comprendre les enjeux actuels. En fournissant cette vue d’ensemble dès le départ, l’analyse gagne en clarté et permet de mieux apprécier les perspectives de paix et de coopération à venir.

1492 : Christophe Colomb envahit l’île d’amérique Haïti au nom de la reine d’Espagne qu’il nomme l’île d’Hispaniola.

1697 : Un Traité dit de Ryswick, divise l’île entre la France (partie occidentale devenue république d’Haïti) et l’Espagne (partie orientale devenue république dominicaine).

1804 (1er Janvier) : Après une révolte contre l’esclavage, des révolutionnaires conduits par Jean Jacques Dessalines fondent Haïti dans la partie ouest de l’île. La partie est reste sous dominaion espagnole.

1821 (9 novembre : la colonie espagnole de Saint-Domingue est renversée par un groupe de rebelles sous le commandement de José Núñez de Cáceres, ancien administrateur de la colonie, alors qu’ils proclament l’indépendance du royaume d’Espagne le 1er décembre 1821. La nouvelle nation était connue sous le nom de République d’Haïti espagnol (espagnol : República del Haití Español), Haïti ayant été le nom autochtone de l’île.

1822-1844 : Le président Jean Pierre annexe la partie orientale de l’île à la république d’Haïti.

1844 (27 février) : Des rebelles espagnols séparatistes dits les Trinitarios fondent la république dominicaine dans la partie orientale de l’île. Cette date est considérée comme la fête de l’indépendance nationale dans ce pays.

1845-1856 : Plusieurs guerres de consolidation de l’indépendence éclatent en république dominicaine où les troupes haïtiennes envahissent à plusieurs reprises ce pays. A chaque fois, les forces dominicaines déjouent ces tentatives d’annexion.

1850 : reconnaissance de l’indépendance dominicaine par la France et le Royaume-Uni fixe implicitement les limites de l’État haïtien.

1861-1865 : Annexion en tant que colonie de la république dominicaine par l’Espagne sur demande du président dominicain.

1865 : Aidés par le gouvernement haïtien, les Dominicains réussissent à restaurer leur indépendance après une guerre contre l’Espagne.

1870 -1899 : Période de tensions et de frontières contestées - Durant la fin du XIXe siècle, la république d’Haïti et la république dominicaine continuent de se méfier l’une de l’autre. La frontière reste mal définie et des conflits éclatent régulièrement au sujet des délimitations. Des accords frontaliers sont tentés, mais peu de progrès concrets sont réalisés.

1915-1924 : Occupation américaine : la république d’Haïti est occupée par les États-Unis d’Amérique du nord de 1915 à 1934, et la république dominicaine est sous occupation américaine de 1916 à 1924. Cette double occupation par les États-Unis d’Amérique du nord joue un rôle stabilisateur temporaire dans les relations entre les deux pays, car les Américains contrôlent directement les affaires des deux nations.

1930 : Rafael LeonidasTrujillo arrive au pouvoir en république dominicaine - Le dictateur Rafael Trujillo (dominicain d’origine haïtienne par son grand-père maternel) prend le contrôle de la république dominicaine. Son régime est caractérisé par un nationalisme exacerbé et une hostilité croissante envers les Haïtiens vivant en République dominicaine, ce qui prépare le terrain pour de futures violences.

1937 : Massacre du Persil : En octobre 1937, Trujillo orchestre le “massacre du Persil (perejil)”, au cours duquel entre 15 000 et 30 000 Haïtiens vivant près de la frontière dominicaine sont massacrés. Cet événement, connu sous le nom de « El Corte » en république dominicaine, est l’un des moments les plus tragiques des relations entre les deux pays. Le massacre est motivé par le désir de « dominicainiser » la région frontalière et est marqué par une politique de purification ethnique.

1938 : Conférence d’Évian : Les discussions internationales après le massacre des Haïtiens en 1937, exacerbant les tensions.

1939-1941 : Tentatives de reconciliation : Accord signé entre Haïti et la république dominicaine pour des compensations suite au massacre.

1942 : Accord de Modus Vivendi : Sous la présidence d’Élie Lescot en Haïti et de Rafael Trujillo en république dominicaine, les deux pays signent un “accord de Modus Vivendi” le 3 février 1942, qui vise à réguler les questions de frontière et de migration après les tensions post-massacre des Haïtiens de 1937. Cet accord permet une amélioration temporaire des relations bilatérales, notamment en matière de commerce et de gestion des frontières.

1943-1944 : Révision de l’accord frontalier : En 1943, les deux pays révisent l’accord de 1929 sur la frontière afin de clarifier les délimitations territoriales. Cette période se caractérise par une volonté de pacification des tensions, bien que la méfiance mutuelle persiste.

1946 : Renversement d’Élie Lescot : En Haïti, la chute d’Élie Lescot en janvier 1946 et l’instabilité politique qui s’ensuit perturbent les relations avec la république dominicaine. Haïti traverse une période d’incertitude politique, ce qui diminue les contacts officiels entre les deux pays pendant quelques années.

1950 : Ascension de Paul Magloire : En 1950, le colonel “Paul Magloire” devient président d’Haïti à la suite d’un coup d’État. Son régime, plus stable et répressif, tente de maintenir des relations pragmatiques avec Trujillo, malgré les différends historiques entre les deux nations.

1952 : Accord commercial entre Haïti et la République dominicaine : En 1952, les deux pays concluent un “accord commercial” visant à encourager les échanges entre les deux côtés de l’île. Cet accord est principalement dicté par des considérations économiques et la nécessité de stabiliser la région.

1957 : Montée de François Duvalier au pouvoir : L’année 1957 marque l’élection de François Duvalier à la présidence d’Haïti. Ses premières années au pouvoir sont caractérisées par un contrôle accru de l’État et des tensions renouvelées avec la république dominicaine, bien que Duvalier et Trujillo se respectent mutuellement en tant que dictateurs.

1960 : Tentatives de rapprochement : Au début des années 1960, malgré des régimes autoritaires de part et d’autre, il y a des efforts diplomatiques pour apaiser les tensions et renforcer les liens économiques. Trujillo, confronté à des pressions internationales croissantes, cherche à maintenir des relations stables avec Haïti.

1961 : Assassinat de Rafael Trujillo : Le 30 mai 1961, Trujillo est assassiné, créant un vide de pouvoir en République dominicaine. Cet événement marque un tournant dans les relations entre les deux pays, car la République dominicaine entre dans une période d’incertitude politique et d’ouverture progressive, tandis qu’Haïti reste sous le joug de François Duvalier.

1962 : Consolidation du régime de Duvalier : En 1962, François Duvalier consolide son pouvoir en Haïti et continue d’entretenir une relation prudente avec la République dominicaine, maintenant une politique de non-ingérence mutuelle malgré les changements politiques en République dominicaine après la mort de Trujillo.

1963 : Tensions sous François Duvalier : - Détérioration des relations dues aux soupçons mutuels de soutien aux opposants.

1966-1986 : L’ère Zafra. La zafra désigne la saison de récolte de la canne à sucre, principalement dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Elle fait référence à la période intense de coupe, de collecte et de transformation de la canne à sucre en sucre ou en autres produits. Historiquement, la zafra était un moment crucial dans les économies agraires, notamment à Cuba et en République dominicaine, où la canne à sucre constituait une ressource majeure.

1970s-1980s : Flux régulier de travailleurs haïtiens, critiques internationales sur les conditions des braceros.

1972 : Signature de l’accord Duvalier-Balaguer pour l’envoi de travailleurs haïtiens dans les champs de canne à sucre dominicains.

1984 : Rencontre Jean-Claude Duvalier et Joaquín Balaguer - Tentative d’amélioration des relations bilatérales.

1986 : Fin progressive de l’ère Zafra avec la chute de Jean-Claude Duvalier.

1991 : Coup d’État en Haïti et flux migratoires : Crise des réfugiés haïtiens vers la République dominicaine.

1997 : Accord de migration : Tentative de régularisation des travailleurs haïtiens en République dominicaine.

2005 : Expulsions d’immigrants haïtiens : Tensions accrues suite aux déportations massives.

2010 : Séisme en Haïti : Coopération humanitaire entre les deux pays après le tremblement de terre.

2013 : Arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine : Déni de nationalité aux enfants nés de parents étrangers en situation irrégulière, principalement haïtiens.

2016 : Crise migratoire et tensions persistantes : Après les décisions de la République dominicaine en 2013 et 2015 de retirer la nationalité dominicaine à des milliers de personnes d’origine haïtienne (sentences de la Cour constitutionnelle dominicaine), les relations restent tendues. En 2016, la situation des migrants haïtiens sans papiers reste un sujet sensible, avec des déportations régulières vers Haïti.

2017 : Accords sur la migration et les échanges : En janvier 2017, les gouvernements haïtien et dominicain signent des accords pour améliorer la régularisation des travailleurs haïtiens en république dominicaine, ainsi que pour renforcer la coopération économique, notamment dans les secteurs de la santé et de la sécurité aux frontières.

2018 : Crise économique et flux migratoire : La crise économique en Haïti s’aggrave, augmentant les flux de migrants haïtiens vers la république dominicaine. Le gouvernement dominicain intensifie ses contrôles aux frontières et continue les déportations de travailleurs sans papiers. Les tensions frontalières s’accentuent, bien que des efforts de dialogue persistent.

2019 : Dégradations des relations diplomatiques : La crise politique en Haïti, marquée par des manifestations contre le président Jovenel Moïse et une instabilité croissante, perturbe les relations bilatérales. Les autorités dominicaines renforcent encore la surveillance de la frontière pour éviter des débordements et des flux migratoires non contrôlés. Le commerce entre les deux pays souffre également de cette instabilité.

2020 : Pandémie de COVID-19 et fermeture des frontiers : La pandémie de COVID-19 affecte lourdement les relations entre les deux pays. En mars 2020, la République dominicaine ferme temporairement ses frontières avec Haïti pour contenir la propagation du virus. Cette fermeture entraîne des difficultés économiques pour les deux côtés de l’île, notamment pour les marchés frontaliers qui jouent un rôle crucial dans l’économie locale.

2021 : Assassinat de Jovenel Moïse : Le 7 juillet 2021, le président haïtien Jovenel Moïse est assassiné, plongeant Haïti dans une crise politique et sécuritaire majeure. La République dominicaine réagit en renforçant sa sécurité frontalière et en exprimant des préoccupations concernant l’instabilité en Haïti. Le président dominicain Luis Abinader appelle à une intervention internationale pour stabiliser Haïti.

2022 : Construction d’un mur frontalier : En février 2022, la République dominicaine commence la construction d’un “mur à la frontière” avec Haïti pour renforcer le contrôle migratoire et lutter contre le trafic illégal. Cette initiative est justifiée par le gouvernement dominicain comme une mesure de sécurité, mais elle est perçue en Haïti comme une nouvelle escalade des tensions.

2023 : Crise de la rivière Massacre : En septembre 2023, un différend éclate entre Haïti et la République dominicaine à propos de la construction d’un canal en Haïti, qui détournerait les eaux de la “rivière Massacre”, une rivière partagée par les deux pays. Le président Abinader décide de fermer toutes les frontières terrestres, maritimes et aériennes avec Haïti en réponse à ce conflit. Cette décision exacerbe les tensions, affecte gravement les échanges commerciaux, et crée une crise humanitaire pour de nombreux Haïtiens dépendant de la République dominicaine.

2024 : Tensions frontalières et crise en Haïti : En 2024, les tensions restent vives, avec un statu quo autour de la construction du canal en Haïti. L’instabilité politique et les violences en Haïti continuent d’inquiéter la République dominicaine, qui renforce sa politique migratoire stricte tout en cherchant à éviter un effondrement total du pays voisin. Luis Abinader, réélu président dominicain, continue de plaider pour une intervention internationale en Haïti pour stabiliser la situation.

 

Introduction

1. Contexte historique et culturel.

La république d’Haïti et la république dominicaine partagent l’île d’Haiti ( ou l’île d’Hispaniola), mais leur relation est marquée par une rivalité qui remonte à des siècles. Depuis l’arrivée des Européens, les deux nations ont été influencées par des forces coloniales qui ont façonné leur développement économique et social. La complexité de cette relation est souvent exacerbée par des perceptions raciales, culturelles et linguistiques.

2. Conflits et tensions.

Les tensions entre la république d’Haïti et la république dominicaine ont souvent pris des formes violentes. Les massacres, les déportations et les politiques discriminatoires ont conduit à un climat de méfiance. Les différentes histoires de colonisation et d’indépendance ont également contribué à cette fratrie de violence, chaque pays ayant une vision distincte de son identité nationale.

3. Défis économiques.

Sur le plan économique, les deux nations dépendent mutuellement, malgré leurs divergences. la république d’Haïti, confronté à des crises politiques et économiques, dépend de la république dominicaine pour de nombreux biens et services tandis que l’économie de cette dernière est largement tributaire de ce partenaire que represente Haïti (plus de 15 à 20 % de toutes ses exportations soit plus d’un milliard de dollars américains). Cette interdépendance est à la fois une source de tension et une opportunité pour la coopération.

4. Problématiques géopolitiques.

Les enjeux géopolitiques, notamment les préoccupations de sécurité et de migration, sont devenus centraux dans les relations entre les deux pays. Les mouvements migratoires massifs des Haïtiens vers la république dominicaine sont souvent perçus comme une menace, renforçant les tensions et les stéréotypes négatifs.

5. Perspectives d’avenir.

Malgré les tensions, il existe des possibilités de coopération entre la république d’Haïti et la république dominicaine. La construction d’un avenir commun, fondé sur le respect mutuel, le dialogue et des projets de développement partagés, pourrait contribuer à surmonter des siècles de rivalités. Il est essentiel d’analyser les éléments historiques, politiques et économiques pour envisager une cohabitation pacifique au XXIe siècle.

 

Développement récapitulatif.

La république d’Haïti et la république dominicaine partagent un espace géographique unique sur l’île d’Hispaniola, mais leurs relations sont marquées par des dynamiques complexes. Entre interdépendance économique, différends sociaux et politiques, la cohabitation entre ces deux nations ne cesse de refléter les tensions historiques et contemporaines. Toutefois, au-delà de cette cohabitation difficile, des opportunités d’ouverture existent pour construire des bases solides en faveur de la paix et d’un développement durable. L’analyse des enjeux de cette relation appelle donc à comprendre d’abord les aspects délicats de leur coexistence, avant d’envisager des perspectives de coopération pour un avenir commun plus serein.

I.- Une cohabitation complexe.

Haïti et la république dominicaine partagent une frontière sur l’île d’Hispaniola. Bien que leurs économies respectives soient distinctes, elles sont fortement interconnectées, notamment dans les domaines du commerce, des investissements et de la main-d’œuvre. Voici quelques éléments illustrant l’importance économique d’Haïti dans l’économie dominicaine :

1.Le commerce bilatéral : Haïti constitue l’un des principaux partenaires commerciaux de la république dominicaine. Les exportations dominicaines à destination d’Haïti sont considérables et couvrent divers produits, tels que les biens manufacturés, les aliments transformés, le ciment, les textiles, entre autres. Selon certaines estimations, ces exportations représentent environ 15 à 20 % du total des exportations dominicaines. - En 2020, les exportations de la république dominicaine vers Haïti étaient estimées entre 800 millions et 1 milliard de dollars américains. Haïti représente donc un marché crucial pour de nombreuses entreprises dominicaines, notamment pour les produits de consommation courante.

2.L’emploi de la main-d’œuvre haïtienne : La main-d’œuvre haïtienne joue un rôle majeur dans plusieurs secteurs de l’économie dominicaine, en particulier dans l’agriculture, la construction et le tourisme. Un grand nombre d’Haïtiens traversent régulièrement la frontière pour travailler, de manière saisonnière ou permanente, en république dominicaine, souvent dans des emplois peu qualifiés. Leur contribution est essentielle à plusieurs secteurs économiques dominicains, influençant ainsi la productivité et les coûts du travail.

3.Le commerce informel et les marchés transfrontaliers : Le commerce transfrontalier informel représente une part significative des échanges économiques entre les deux pays. Les marchés frontaliers, notamment ceux de Dajabón et de Jimaní, facilitent l’échange de biens tels que la nourriture, les textiles et les matériaux de construction, dans les deux sens. Bien que difficile à quantifier, ce commerce informel constitue une part importante de l’économie locale, des deux côtés de la frontière.

4. Investissements et flux financiers : Il existe également des investissements croisés entre les deux pays. Des entreprises dominicaines ont investi dans certains secteurs en Haïti, notamment dans les matériaux de construction, les services et les infrastructures. De plus, les transferts de fonds effectués par les travailleurs haïtiens résidant en république dominicaine représentent un apport financier crucial pour l’économie haïtienne.

5.Tensions et restrictions commerciales : Les relations économiques entre la république d’Haïti et la république dominicaine ne sont pas exemptes de tensions, notamment en matière de barrières commerciales et d’interdictions concernant certains produits. Par exemple, Haïti a imposé à plusieurs reprises des restrictions sur les importations dominicaines, en particulier sur les produits alimentaires et les matériaux de construction, ce qui a des répercussions directes sur l’économie dominicaine.

En somme, Haïti joue un rôle significatif dans l’économie dominicaine, que ce soit en tant que marché d’exportation essentiel, fournisseur de main-d’œuvre, ou partenaire dans le commerce transfrontalier. Malgré les tensions politiques et économiques récurrentes entre les deux nations, leurs économies restent étroitement liées et interdépendantes.

 

II.- Points d’ouverture pour construire la paix et le developpement durable

Pour construire la paix et le développement durable, Haïti et la République dominicaine doivent renforcer leur coopération sur des enjeux communs tels que la gestion des ressources et les infrastructures transfrontalières. Un dialogue ouvert et des politiques inclusives permettront de poser les bases d’une coexistence plus harmonieuse et prospère. Voici quelques indicateurs pour mieux comprendre cette dynamique :

1. Diplomatie et dialogue politique : La nécessité d’un dialogue politique constant entre les deux gouvernements est essentielle pour maintenir des relations pacifiques. Des négociations régulières peuvent aider à résoudre les différends et à établir des accords de coopération.

2. Médias et représentation : Les médias jouent un rôle crucial dans la formation des perceptions. Une couverture équilibrée et respectueuse des événements dans les deux pays peut contribuer à changer les récits négatifs et à promouvoir une image positive de la coopération.

3. Évaluation des politiques migratoires : Les politiques migratoires doivent être réévaluées pour garantir la protection des droits des migrants haïtiens. Des programmes de régularisation peuvent aider à intégrer les Haïtiens dans la société dominicaine.

4. Culture et identité : Les identités culturelles haïtienne et dominicaine, bien que distinctes, partagent des racines communes. La reconnaissance de cette diversité culturelle pourrait ouvrir la voie à des initiatives de réconciliation.

5. Droits de l’homme : Les violations des droits de l’homme, en particulier envers les Haïtiens vivant en république dominicaine, doivent être abordées pour favoriser un climat de confiance et de dialogue.

6. Éducation et sensibilisation : Des initiatives éducatives visant à sensibiliser les populations aux réalités culturelles et historiques des deux nations pourraient réduire les tensions.

7. Dialogue interculturel : Le dialogue interculturel est essentiel pour promouvoir la compréhension mutuelle et réduire les tensions. Des échanges culturels, artistiques et éducatifs peuvent contribuer à déconstruire les stéréotypes et à établir des relations positives entre les deux peuples.

8. Initiatives régionales : Des initiatives régionales, telles que l’intégration dans des organisations comme l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) ou la Communauté des Caraïbes (CARICOM), peuvent faciliter la coopération et l’entraide entre les nations. Ces structures offrent un cadre pour aborder des enjeux communs comme la sécurité, la migration et le développement économique.

9. Gestion des ressources naturelles : La gestion conjointe des ressources naturelles, comme les rivières et les forêts, est cruciale pour éviter les conflits. Les deux pays doivent travailler ensemble pour mettre en place des politiques de développement durable qui bénéficient à leurs populations respectives.

10. Développement économique partagé : La création de zones économiques spéciales et de projets d’infrastructure transfrontaliers pourrait favoriser la création d’emplois et améliorer les conditions de vie des deux côtés de la frontière. Des investissements conjoints peuvent créer une dynamique de coopération économique.

11. Sécurité et lutte contre les gangs : La coopération en matière de sécurité est essentielle pour lutter contre la violence liée aux gangs qui touche les deux pays. Des initiatives conjuguées pour combattre le trafic d’armes et de drogues peuvent contribuer à stabiliser la région.

12. Systèmes de santé et d’éducation : Le développement de systèmes de santé et d’éducation collaboratifs pourrait améliorer les conditions de vie dans les deux pays. L’accès à des soins de santé de qualité et à une éducation adéquate est essentiel pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement.

13. Rôle de la communauté internationale : La communauté internationale a un rôle crucial à jouer pour atténuer les tensions. Des initiatives de coopération régionale pourraient favoriser un dialogue constructif et des solutions durables.

14. Développement durable et environnement : La coopération sur les questions environnementales, telles que la gestion des déchets et la lutte contre le changement climatique, peut renforcer les relations. Les deux pays peuvent collaborer sur des projets écologiques qui bénéficient à leurs populations.

15. Solidarité et soutien international : Le soutien international pour des initiatives de paix et de développement en Haïti et en république dominicaine est crucial. La communauté internationale doit encourager des solutions pacifiques et soutenir les efforts de développement.

16. Participation Communautaire : Impliquer les communautés locales dans la prise de décision et la mise en œuvre des projets de coopération peut renforcer la confiance et favoriser la cohabitation pacifique.

17. Économie informelle et droits des travailleurs : La reconnaissance des droits des travailleurs dans l’économie informelle est essentielle pour protéger les Haïtiens en république dominicaine. Des syndicats et des organisations de la société civile doivent être soutenus pour défendre leurs droits.

18. Éducation à la paix : Des programmes éducatifs axés sur la paix et la coexistence pacifique peuvent être intégrés dans les systèmes éducatifs des deux pays. Ces initiatives peuvent former une nouvelle génération d’individus engagés dans la réconciliation.

19. Récits de réussite : Mettre en avant des exemples de coopération réussie entre la république d’Haïti et la république dominicaine peut servir d’inspiration. Des histoires positives de collaboration peuvent inciter les gouvernements et les citoyens à travailler ensemble.

20. Renforcement des capacités institutionnelles : Renforcer les capacités des institutions gouvernementales et des organisations non gouvernementales peut améliorer la gestion des relations bilatérales et la mise en œuvre de projets communs.

20. Recherche et innovation : Encourager la recherche conjointe sur des problématiques communes, telles que la santé publique, l’agriculture durable et la gestion des ressources, peut produire des solutions novatrices pour les deux pays.

21. Leadership éclairé : Un leadership politique visionnaire, prêt à dépasser les rivalités historiques, est nécessaire pour construire un avenir pacifique. Les dirigeants des deux pays doivent promouvoir un discours inclusif et positif.

22. Économie collaborative : Promouvoir l’économie collaborative entre les deux pays peut créer des opportunités d’emploi et favoriser l’innovation. Des projets conjoints dans les domaines de l’agriculture, du tourisme et de l’artisanat peuvent bénéficier à tous.

23. Initiatives culturelles : Des initiatives culturelles communes, telles que des festivals, des échanges artistiques et des programmes d’apprentissage des langues, peuvent renforcer les liens entre les deux nations.

24. Formation professionnelle : Des programmes de formation professionnelle adaptés aux besoins des deux pays peuvent aider à réduire le chômage et améliorer les compétences des travailleurs. Cela peut également favoriser l’intégration des Haïtiens dans l’économie dominicaine.

25. Développement urbain intégré : La planification urbaine intégrée et la coopération sur des projets d’infrastructure peuvent améliorer la qualité de vie dans les villes frontalières, bénéficiant aux deux pays.

26. Engagement de la société civique : La société civique doit jouer un rôle actif dans le dialogue entre les deux pays. Des organisations de défense des droits de l’homme, des groupes communautaires et des syndicats peuvent contribuer à une approche inclusive et équitable.

27. Mise en réseau des diasporas : La diaspora haïtienne en république dominicaine et ailleurs peut jouer un rôle clé dans la promotion de la coopération et du développement. Des réseaux de solidarité peuvent faciliter l’échange de ressources et d’idées.

28. Protection des droits des minorités : Assurer la protection des droits des minorités, y compris des Haïtiens vivant en République dominicaine, est essentiel pour garantir une coexistence pacifique.

29. Mobilisation des ressources : Mobiliser des ressources pour financer des projets de coopération entre les deux pays est crucial. Les bailleurs de fonds internationaux doivent être sensibilisés à l’importance de ces initiatives.

30. Diplomatie préventive : Mettre en place des mécanismes de diplomatie préventive peut aider à anticiper et à résoudre les tensions avant qu’elles ne dégénèrent en conflits.

31. Programmes de retour volontaire : Des programmes de retour volontaire pour les Haïtiens en situation irrégulière en République dominicaine peuvent offrir une solution humaine et respectueuse des droits.

32. Partenariats public-privé : Encourager des partenariats public-privé pour des projets de développement transfrontaliers peut créer des opportunités économiques et renforcer la coopération.

33. Mécanismes de résolution de conflits : Établir des mécanismes de résolution des conflits peut aider à gérer les différends entre les deux pays de manière pacifique et constructive.

34. Promotion de la tolerance : La promotion de la tolérance et du respect mutuel dans les deux pays est essentielle pour construire des relations pacifiques. Des campagnes de sensibilisation peuvent contribuer à changer les attitudes.

35. Évaluation des politiques publiques : Les gouvernements doivent évaluer régulièrement leurs politiques publiques en matière de relations bilatérales, d’immigration et de sécurité pour garantir leur efficacité.

36. Vision partagée pour l’avenir : Enfin, une vision partagée pour l’avenir entre la république d’Haiti et la république dominicaine est essentielle. Un engagement mutuel envers la paix, la coopération et le développement durable peut ouvrir la voie à une nouvelle ère de relations.

 

En guise de conclusion :

La mise en avant du devoir de vérité et de l’envie de vivre en paix. Les événements récents témoignent d’une intensification des tensions, exacerbées par des questions de sécurité et des politiques migratoires restrictives. Les relations entre la République dominicaine et Haïti, historiquement marquées par la rivalité et la méfiance, nécessitent un nouvel engagement en faveur de la paix et de la coopération. Les enjeux contemporains, tels que la violence, la migration et les droits de l’homme, nécessitent une réponse collective et constructive.

La voie à suivre pour une cohabitation pacifique au XXIe siècle passe par l’engagement des deux pays dans un dialogue ouvert et sincère. La reconnaissance des droits humains, l’intégration des migrants et la promotion de la tolérance sont des éléments essentiels pour établir une relation constructive. En effet, l’avenir des relations entre la République dominicaine et Haïti dépendra de la capacité des deux nations à surmonter leurs différends historiques et à travailler ensemble vers un objectif commun de paix et de prospérité. La construction d’une vision partagée pour l’avenir, fondée sur le respect mutuel et la coopération, est essentielle pour mettre fin à des siècles de rivalités.

La réconciliation passera par la reconnaissance des souffrances passées et la promotion d’une identité commune qui valorise les contributions culturelles et historiques de chaque nation. Les efforts en matière de dialogue interculturel et d’échanges peuvent servir de base à une coexistence pacifique.

Quelle responsabilité des gouvernements ? Les gouvernements des deux pays ont la responsabilité de protéger les droits de leurs citoyens, de promouvoir la justice sociale et de travailler à la création d’un environnement de sécurité et de prospérité pour tous. Des politiques inclusives et respectueuses des droits de l’homme sont indispensables.

Pour l’histoire La république d’Haïti dispose d’une ambassade à Saint-Domingue et des consulats généraux à Dajabón, Higüey, Santa Cruz de Barahona et Santiago de los Caballeros. La république dominicaine a une ambassade à Port-au-Prince et des consulats généraux à Anse-à-Pitres et Ouanaminthe et un consulat à Belladère.

 

Bibliographie commentée

1. Franco Pichardo, Franklin. Du racisme et de l’anti-haïtianisme (1985)

• Commentaire : Cet ouvrage aborde les origines historiques et culturelles de l’anti-haïtianisme en République dominicaine. Franco Pichardo examine l’idéologie nationaliste dominicaine qui alimente la discrimination envers les Haïtiens, en soulignant les divisions identitaires profondément ancrées entre les deux nations.

2. Silié Valdez, Rubén. Population, Économie et Esclavage : Essai sur le 18e siècle à Saint-Domingue

• Commentaire : Valdez examine l’impact des structures économiques de l’esclavage sur Saint-Domingue au XVIIIe siècle, démontrant comment elles ont façonné les relations modernes entre Haïti et la République dominicaine.

3. Lister, Elissa L. Le conflit haïtiano-dominicain dans la littérature caribéenne

• Commentaire : Cet ouvrage analyse comment les écrivains caribéens abordent les tensions haïtiano-dominicaines dans leurs œuvres, offrant une perspective littéraire des relations entre les deux pays.

4. Alexandre, Guy. Pour Haïti, pour la République dominicaine

• Commentaire : Alexandre appelle à une réconciliation entre Haïti et la République dominicaine, proposant des solutions pour des relations bilatérales plus coopératives et harmonieuses.

5. Corten, André et al. Haïti y Republica Dominicana : miradas desde el siglo XXI

• Commentaire : Une collection d’essais explorant divers aspects des relations haïtiano-dominicaines, avec des analyses contemporaines sur la migration, l’économie et les relations culturelles.

6. Théodat, Jean Marie. “État et territoire : la question de la naissance de la République dominicaine” in Genèse de l’État haïtien (1804-1859) (2009)

• Commentaire : Théodat retrace la formation de l’État dominicain et les enjeux territoriaux avec Haïti, offrant une analyse des dynamiques territoriales et identitaires de l’île.

7. Balaguer, Joaquín. La isla al revés (1984)

• Commentaire : L’ouvrage de Balaguer, bien que controversé pour ses préjugés anti-haïtiens, est essentiel pour comprendre l’idéologie nationaliste dominicaine et son rôle dans les relations bilatérales.

8. Barthélemy, Gérard et Christian Girault. La République haïtienne. États des lieux et perspectives (1993)

• Commentaire : Barthélemy et Girault offrent une analyse socio-économique d’Haïti dans les années 1990, en lien avec les relations bilatérales haïtiano-dominicaines.

9. Théodat, Jean Marie. Haïti et la République dominicaine (1804-1916) : Une île pour deux (2003)

• Commentaire : Théodat explore les conflits historiques et culturels entre Haïti et la République dominicaine, offrant un cadre de compréhension pour les tensions actuelles.

10. Tolentino Dipp, Hugo. El fenómeno racial en Haiti y en la República dominicana (1973)

• Commentaire : Tolentino Dipp examine le rôle des différences raciales dans les relations entre les deux nations, une analyse essentielle pour comprendre l’impact des constructions raciales.

11. Jean Price-Mars. La République d’Haïti et ses frontières (1926)

• Commentaire : Price-Mars explore les racines des tensions entre Haïti et la République dominicaine, en appelant à une meilleure compréhension mutuelle des différences culturelles et historiques.

12. Jean Price-Mars. La République d’Haïti et la République dominicaine. Les aspects divers d’un problème d’histoire, de géographie et d’ethnologie (1953)

• Commentaire : Price-Mars analyse les relations binationales sous un angle historique, géographique et ethnologique, soulignant les défis pour une coexistence pacifique.

13. Jason Muscadin Jean-Yves. Comprendre pour sortir du chaos. Manuel d’histoire critique. Tome 1 (2024)

• Commentaire : Cet ouvrage didactique offre une analyse critique de l’histoire haïtienne et propose des pistes de réflexion pour l’avenir, en abordant les crises contemporaines.

14. Jacques Attali. La République dominicaine : 2010-2020. Rapport de la Commission Internationale sur le Développement Stratégique de la République Dominicaine (2010)

• Commentaire : Attali analyse les défis économiques et sociaux de la République dominicaine, avec une perspective comparative sur les relations haïtiano-dominicaines.

15. Paul Farmer. Haitian Revolution and the Unfinished Haitian Revolution (2004)

• Commentaire : Farmer examine l’héritage de la révolution haïtienne et ses impacts sur la politique et les relations de pouvoir contemporaines d’Haïti.

16. Edwidge Danticat. Claire of the Sea Light (2013)

• Commentaire : Bien qu’œuvre de fiction, ce roman aborde les thèmes de l’identité et de la migration haïtienne, notamment en lien avec la République dominicaine.

17. Gérard Pierre-Charles. Haïti : Une Révolution inachevée (1996)

• Commentaire : Pierre-Charles examine l’impact des luttes politiques d’Haïti sur les relations bilatérales avec la République dominicaine.

18. Mireille Pierre. Les relations entre la République dominicaine et Haïti : défis et perspectives (2015)

• Commentaire : Pierre analyse les tensions contemporaines et les possibilités de coopération économique et politique entre les deux pays.

19. Léon D. Dubois. Histoire de la République dominicaine et d’Haïti (1985)

• Commentaire : Un examen des événements historiques clés ayant influencé les relations haïtiano-dominicaines, essentiel pour comprendre les conflits actuels.

20. Carole L. Boucher. Identités et relations interethniques dans les Caraïbes (2009)

• Commentaire : Boucher examine les dynamiques ethniques et culturelles dans les Caraïbes, incluant les relations entre Haïti et la République dominicaine.

21. Jocelyne Trouillot. Le Coeur des femmes (2003)

• Commentaire : Ce recueil met en avant les voix des femmes haïtiennes, en soulignant l’importance des perspectives marginalisées dans les discussions identitaires.

22. Dieudonné P. Jean. Les droits de l’homme en République dominicaine (2016)

• Commentaire : Jean propose une analyse critique des politiques dominicaines envers les Haïtiens, en insistant sur les droits humains et les discriminations.

23. Jean-Michel Devries. Géopolitique des Caraïbes (2011)

• Commentaire : Devries examine les relations géopolitiques dans les Caraïbes, y compris les relations haïtiano-dominicaines, offrant un cadre d’analyse plus large des enjeux régionaux.

 

 

Annexes

- Annexe1.

- Liste non exhaustive des Organisations Non Gouvernementales haïtiennes intervenant en république dominicaine

En république dominicaine, plusieurs organisations non gouvernementales haïtiennes et internationales sont actives dans la défense des droits humains et l’aide aux migrants haïtiens. Voici une liste de quelques-unes de ces ONG :

-  Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) : Cette organisation joue un rôle important dans l’accompagnement des migrants haïtiens, en surveillant les conditions des expulsions et en plaidant pour le respect des droits humains. Elle documente régulièrement les déportations et les abus subis par les Haïtiens en république dominicaine.

-  Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) : Une coalition qui regroupe plusieurs organisations haïtiennes actives dans la défense des droits humains. Elle intervient souvent dans les discussions concernant les conditions des migrants haïtiens.

-  Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) : Une autre organisation haïtienne dédiée à la protection des droits des citoyens, y compris ceux des migrants haïtiens en République dominicaine. 4. Fondasyon Zile : Œuvrant pour le rapprochement et le développement des relations entre Haïti et la République dominicaine, elle intervient dans l’assistance aux migrants et dans la lutte contre l’apatridie. 5. Mouvement des Femmes Haïtiennes pour l’Éducation et le Développement (MOUFHED) : Focalisée sur les droits des femmes, cette organisation travaille avec les femmes haïtiennes migrantes pour promouvoir leur éducation et leur développement.

En outre, des organisations internationales comme l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et Casa del Caribe jouent un rôle clé dans l’aide au retour volontaire des Haïtiens vivant dans des conditions de grande précarité en république dominicaine [oai_citation:3,Plusieurs organisations de défense des droits humains exhortent Leslie Voltaire à accompagner les migrants haïtiens en République Dominicaine pour leur retour volontaire en Haïti…– RHINEWS](https://www.rhinews.com/actualites/plusieurs-organisations-de-defense-des-droits-humains-exhortent-leslie-voltaire-a-accompagner-les-migrants-haitiens-en-republique-dominicaine-pour-leur-retour-volontaire-en-haiti/) [oai_citation:2,En République dominicaine, la détresse des migrants haïtiens - CCFD-Terre Solidaire](https://ccfd-terresolidaire.org/en-republique-dominicaine-la-detresse-des-migrants-haitiens/) [oai_citation:1,L’OIM aide les Haïtiens en République dominicaine à rentrer chez eux volontairement depuis les zones exposées à des risques environnementaux | International Organization for Migration](https://www.iom.int/fr/news/loim-aide-les-haitiens-en-republique-dominicaine-rentrer-chez-eux-volontairement-depuis-les-zones-exposees-des-risques-environnementaux).

 

- Annexe 2

- Lettre 1 Lettre de Buenaventura Baez, Président de la république Dominicaine, aux Haïtiens

« Haïtiens, le nouveau président de la république Dominicaine s’adresse à vous, au nom de ses concitoyens, dans leur intérêt et dans le vôtre.

« Haïtiens, il y a bientôt six ans qu’en nous séparant de vous, nous avons repris notre indépendance, et, malgré les assurances que l’on vous a données dans des proclamations trompeuses, vous devez être convaincus aujourd’hui que cette séparation est éternelle.

« En restant chacun libres sous nos différentes bannière nous pouvions vivre en bons voisins. Nous vous y avons conviés en vous proposant une paix que réclamaient votre vie, votre repos, vos intérêts mais ceux qui vous gouvernent, ont préféré vous arracher à vos maisons, à vos cultures, pour vous charger d’armes, de munitions, et, après vous avoir fusillés pour vous forcer à venir nous combattre, ils vous ont envoyés vous faire tuer à Azua, à Saint-Yague, à las Carreras. Rappelez-vous vos souffrances dans la dernière campagne que notre brave Santana a terminée d’une manière si glorieuse, et voyez quelle confiance vous pouvez avoir dans les hommes qui vous ont représenté votre cruelle défaite comme une victoire.

« Dans l’espoir que vous imiteriez un jour notre modération, nous ne vous avons jamais attaqués chez vous, nous nous sommes bornés à repousser vos agressions ; mais toute patience s’épuise, et, puisque, vous n’avez pas voulu la paix, supportez donc à votre tour sur vos propriétés, sur vos personnes, tout le poids de la guerre.

« Quand nous voudrons vous attaquer, nous connaissons parfaitement nos avantages et votre faiblesse. Par mer et sur vos rivages, nous pouvons vous faire autant de mal qu’il nous conviendra. Tandis que nous n’avons sur nos côtes que trois villes, Santo-Domingo, Puerto Plata et Samana, villes que leurs forts et leurs murailles mettent hors d’atteinte, vos côtes au contraire sont couvertes d’innombrables habitations bourgs, villages, villes bâties en bois, sans défense et offrant au pillage et à l’incendie une proie vraiment trop facile. Anse-à-Pitre, Sale-Trou, Aquin, les Cayes peuvent vous dire déjà ce que nous saurons faire, et peut-être êtes-vous près de voir se réaliser ce que vous avez annoncé tant de fois sans l’accomplir : vos villes vont disparaître, et la nation ira se réfugier dans les bois.

« Haïtiens, notre flotte bien armée, bien équipée, bien commandée, avec de nombreuses troupes de débarquement, est sortie pour aller piller vos côtes et intercepter votre marine ; veillez donc de nuit et de jour ; veillez au nord, l’ouest, au sud, chassez vos femmes et vos enfants dans les mornes, abandonnez vos cultures pour faire sentinelle l’arme au bras sur les rochers parie vent et la pluie, et vous trouverez au retour vos cases brûlées. Puisque vous vous laissez imposer la guerre par ceux qui vous gouvernent, il est temps que vous sachiez ce que coûte la guerre.

« Et pourtant vous ne le savez que trop déjà. C’est à la guerre que vous devez l’odieux monopole qui vous épuise, les réquisitions de toute nature, le service militaire exagéré avec les fusillades de Las Matas ; c’est à cause de la guerre que vos enfants souffrent, que vos femmes pleurent, et qu’il n’y a plus nul bien-être chez vous ; c’est par la guerre enfin que tant de malheureux parmi vous sont venus, comme si vous n’aviez pas assez de terrain, chercher un tombeau sur notre territoire.

« Voyez maintenant ce que vous aurez à souffrir du nouveau genre de guerre que nous avons commencé, puisque notre flotte, en interceptant vos caboteurs ajoutera à la misère qui vous dévore la ruine du peu de commerce que le monopole vous avait laissé Si, pour en tirer vengeance, vos gouvernants veulent vous pousser à une nouvelle expédition par terre, dites-leur qu’aujourd’hui, chez nous, administrateurs et administrés nous ne formons plus qu’une seule famille, unis, dans la résolution, non-seulement de nous défende à toute outrance, mais encore d’attaquer l’ennemi ; recommandez aussi à vos gouvernants de prendre bien garde d’éveiller le lion du Seybo.

« Haïtiens, nous pouvions vivre pacifiquement chacun dans nos frontières, échangeant, à notre avantage commun, nos bestiaux et nos tabacs contre vos cafés ; nous pouvions naviguer paisiblement, sans crainte, sur les mers si belles que Dieu nous a données ; ceux qui vous gouvernent n’ont pas voulu nous laisser jouir de ces avantages, et ils ont voulu la guerre ; eh bien ! que les maux de la guerre retombent sur leur tête et sur vous, qui ne savez, pas les contraindre à faire la paix.

« Santo-Domingo, le 16 novembre 1849.

« BUIENAVENTURA BAEZ » « Par le président, Le ministre de la guerre,« J. E. AYBAR. »

 

- Lettre 2 Discours du Président Fabre Geffrard en faveur de la république Dominicaine

Peuples d’Haïti,

En cette année 1861, je me tiens devant vous en tant que président de notre belle république, non seulement pour affirmer notre fierté nationale, mais aussi pour vous appeler à un devoir sacré qui transcende nos frontières. L’ombre de l’oppression se profile à nouveau sur notre voisin, la république dominicaine. Les menaces d’annexion espagnole augmentent comme un nuage sombre, et il est de notre responsabilité, en tant que frères et sœurs de la même terre, de répondre à cet appel à l’unité et à la résistance.

L’histoire nous enseigne que la liberté ne se défend pas seule ; elle se nourrit de solidarité et d’entraide entre les nations qui chérissent les valeurs d’indépendance et de dignité. Nous avons tous goûté aux rigueurs de la domination étrangère, et c’est avec cette mémoire vivante que nous devons agir. Un ennemi qui menace la liberté d’un peuple peut aussi un jour poser un regard sur nos propres frontières.

Je vous appelle donc, aujourd’hui, à prendre les armes ! Montrez au monde que nous, les Haïtiens, sommes des soldats de la liberté, redoutables et intrépides, prêts à défendre non seulement notre patrie, mais aussi celle de nos frères dominicains. L’union de nos forces, que ce soit sur le champ de bataille ou dans nos cœurs, enverra un message clair à tous ceux qui oseraient ravir nos libertés : nous ne nous laisserons jamais faire ! Rappelons-nous du sacrifice de nos ancêtres, qui se sont battus avec la bravoure et la détermination nécessaires pour forger notre indépendance. Leur héritage est présent en nous, insufflant la force d’agir. Cette lutte pour la république dominicaine est aussi notre lutte, car elle est ancrée dans le même idéal de liberté pour lequel nous avons tous combattu. Frères et sœurs, je vous exhorte à faire appel à vos valeurs les plus profondes.

Préparez-vous à soutenir nos compatriotes dominicains, à défendre leur terre contre l’annexion et à préserver le tissu de notre identité caribéenne. Ensemble, nous pouvons prouver que cette région, dont nous faisons partie, ne sera jamais soumise à la tyrannie. Ensemble, levons-nous pour la liberté, pour la dignité de tous nos peuples ! Ensemble, écrivons une nouvelle page de notre histoire, une page où Haïti brille comme un phare de résistance et de fraternité. Que le vent de la liberté souffle sur nous, guidant nos pas vers le triomphe ! Vive la république Haïtienne ! Vive la Liberté ! Je vous remercie.

Fabre Geffrard Président d’Haïti

 

- Analyse comparée des lettres de deux présidents haïtien et dominicain conscients et concernés par la situation de guerre fratricide entre les habitants de l’île d’Haïti (l’île d’Hispañola).

Les lettres du Président Fabre Geffrard d’Haïti et de Buenaventura Baez, Président de la république Dominicaine, traduisent deux perspectives profondément ancrées dans le contexte historique et sociopolitique du XIXe siècle, marqué par des tensions entre les deux nations de l’île d’Hispaniola. Une analyse de ces discours révèle des points d’accord et de désaccord, ainsi que la nécessité urgente d’une dynamique de cohabitation pacifique.

Points d’Accord

1. Reconnaissance d’une Histoire commune de domination Étrangère :

• Les deux lettres reconnaissent indirectement l’expérience de domination étrangère que les deux nations ont subie. Geffrard fait référence à la menace de ré-annexion par l’Espagne que subit la république Dominicaine en 1861, soulignant l’importance de lutter contre toute forme de domination pour protéger les valeurs d’indépendance et de dignité communes. Cette perspective valorise l’idée de solidarité entre deux peuples frères face à un oppresseur commun.

• Bien que Baez se concentre davantage sur l’indépendance dominicaine vis-à-vis d’Haïti, l’implicite est que les deux pays partagent le même territoire insulaire et des relations influencées par des puissances étrangères.

2. La Possibilité d’une cohabitation pacifique :

• Geffrard et Baez reconnaissent la possibilité de coexistence pacifique. Geffrard appelle à une union solidaire pour défendre la liberté, tandis que Baez regrette l’impossibilité d’une paix stable à cause de conflits répétés, tout en reconnaissant que chaque pays aurait pu prospérer dans ses frontières respectives sans empiéter sur l’autre. L’idée d’une cohabitation harmonieuse est donc présente dans les deux lettres.

Points de Désaccord

1. Perception de l’indépendance et de la souveraineté :

• Geffrard appelle les Haïtiens à soutenir la république Dominicaine contre la menace espagnole, en la présentant comme une cause commune de liberté, à l’image de celle d’Haïti. Il voit l’indépendance dominicaine comme intimement liée à celle d’Haïti, et donc digne de protection.

• À l’inverse, Baez rejette toute intervention haïtienne en affirmant une séparation définitive entre les deux nations et une souveraineté autonome dominicaine. Il accuse les dirigeants haïtiens de pousser leur peuple à une guerre inutile, et souligne la victoire militaire dominicaine contre Haïti pour légitimer cette indépendance. Ce désaccord révèle des divergences profondes dans la perception de la souveraineté : pour la république d’Haïti, elle est collective et solidaire, alors que pour la république Dominicaine, elle est nationale et exclusive.

2. Représentation de la Menace et de l’Agression :

• Dans le discours de Geffrard, l’Espagne est présentée comme la véritable menace, incitant à une alliance face à cet ennemi commun. Haïti, selon lui, ne cherche qu’à soutenir son voisin et à prévenir la résurgence de la domination coloniale.

• Baez, en revanche, considère Haïti comme l’agresseur principal et menace de riposte. Il qualifie les tentatives d’intervention haïtienne de provocation et énumère les souffrances subies par le peuple haïtien à cause de la guerre, détournant ainsi la culpabilité de toute menace externe pour la rejeter sur Haïti.

3. Nature de la Paix et de la Guerre :

• Geffrard présente la guerre comme un acte de défense de la liberté contre la tyrannie espagnole, la justifiant par un idéal de résistance commune. Pour lui, l’engagement des Haïtiens auprès des Dominicains n’est pas une agression mais un devoir.

• Baez, en revanche, décrit la guerre comme un fardeau imposé par les dirigeants haïtiens. Il montre la guerre comme une tragédie pour le peuple haïtien, causant misère et souffrance. Sa rhétorique accuse Haïti de perturber la paix pour des raisons politiques, le contraignant à des représailles.

Importance et urgence d’une dynamique de cohabitation

L’analyse de ces lettres met en lumière l’urgence d’une dynamique de cohabitation pacifique entre la république d’Haïti et la république Dominicaine pour plusieurs raisons :

1. Préservation de la paix régionale :

• Les discours montrent que les tensions entre les deux pays peuvent facilement dégénérer en conflits armés qui risquent de ravager les ressources humaines et matérielles des deux nations. La mise en place d’un dialogue et de mécanismes de coopération pourrait prévenir les conflits et stabiliser la région.

2. Solidarité face aux menaces externes :

• La république Dominicaine, menacée d’annexion espagnole, et la république d’Haïti, consciente de son passé colonial, pourraient trouver un intérêt commun à unir leurs forces face aux tentatives de domination externe. Une union stratégique renforcerait leur souveraineté et leur autonomie dans un contexte où des puissances étrangères convoitent leurs territoires.

3. Développement économique et ocial commun :

• Les deux présidents font allusion aux échanges commerciaux et aux biens mutuels (tabac, café, bétail) que les deux nations pourraient valoriser. Une dynamique de cohabitation permettrait de faciliter ces échanges, bénéfique pour leurs économies respectives et pour les conditions de vie de leurs citoyens.

4. Maintien de l’identité et des valeurs communes :

• La cohabitation entre la république d’Haïti et la république Dominicaine pourrait contribuer au maintien d’une identité caribéenne forte, enrichie par des valeurs d’indépendance et de dignité. En cultivant une identité commune, les deux nations pourraient mieux résister aux ingérences étrangères et promouvoir une coopération plus durable.

Conclusion

Les lettres de Baez et Geffrard démontrent une vision divergente mais également une reconnaissance commune de l’importance d’une paix stable. L’analyse des points d’accord et de désaccord montre que la dynamique de cohabitation est non seulement souhaitable mais urgente. Par la compréhension mutuelle et la coopération, les deux pays pourraient surmonter les méfiances historiques et ouvrir un nouveau chapitre de coexistence bénéfique, renforçant ainsi leur stabilité, leur sécurité et leur prospérité dans une région souvent exposée aux ambitions coloniales et aux rivalités politiques.

Muscadin Jean-Yves Jason, Chercheur en histoire et en anthropo sociologie, Archiviste, [email protected]


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1 réactions à cet article    


  • Zolko Zolko 29 octobre 2024 10:59

    1697 : Un Traité dit de Ryswick, divise l’île entre la France (partie occidentale devenue république d’Haïti) et l’Espagne (partie orientale devenue république dominicaine)

     

    il est là le fond du problème : cette île devrait former un pays unique. La séparation historique et artificielle sont, à mon avis, la cause unique des problèmes de là-bas. Un peu comme en Irlande, ou Chypre.

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