Sur le vivant (2)
On abordera notamment ici le problème des infra-vivants et par extension la notion de vivant. Les infra-vivants, ces organismes qui ont l’aspect du vivant mais qui n’en ont pas toutes les modalités et spécificités. Et notamment les virus qui à l’heure actuelle nous interpellent beaucoup. Un virus c’est un morceau d’ADN dans une capsule de protéine. Il n’a donc pas de métabolisme lui permettant de se dupliquer et son unique objectif est d’infecter le métabolisme d’un hôte tel un parasite afin de pouvoir se reproduire en utilisant et en détournant le métabolisme de l’hôte. Il y a bien sûr différentes catégories de virus plus ou moins dangereux mais la réaction de l’hôte sera toujours d’essayer de se débarrasser du virus. Il y aura donc une réaction immunitaire. Le mécanisme de défense de l’hôte sera activé.
Donc même si le virus n’a pas de métabolisme, sa capacité de se reproduire au travers de l’hôte et à se diffuser peut être perçue comme une forme du vivant sous un aspect primaire. On pourrait s’interroger sur l’origine des virus. Ils ne peuvent en théorie n’être apparus qu’après les organismes vivants ayant un métabolisme. Quel est donc le mécanisme à l’origine de leur apparition. N’auraient-ils pas été créés par les organismes vivants eux-mêmes ? Ceci afin d’améliorer la sélection naturelle et d’accroître ainsi la propagation des individus les plus résistants. La vie fonctionne par le mécanisme de la sélection naturelle mais n’est-elle pas en mesure elle-même d’accroître et d’accélérer cette sélection en créant des organismes permettant une sélection des individus les plus aptes ? On peut même imaginer que c’est le système de défense immunitaire des organismes vivants qui a lui-même été à la base de la création des virus ceci afin d’éliminer des espèces concurrentes ou bien pour améliorer le système immunitaire dans une sorte de simulation d’attaque par des éléments extérieurs. Ces éléments prenant en suite malheureusement leur autonomie et échappant à leur créateur. Ce ne sont que des possibilités mais peut-être est-il possible de retrouver dans certains organismes vivants les traces ADN de certains virus, ce qui marquerait ainsi leur origine.
Il existe chez certains végétaux, tel que l’algue verte “Bryopsis Plumosa”, des formes cellulaires transitoirement sans membrane. Du protoplasme nu de ces cellules d’algue peut être expulsé dans de l’eau de mer en y emportant des noyaux cellulaires. Une enveloppe gélatineuse se forme alors autour de l’agrégat de ces organites et au bout de quelques heures une membrane se forme. Cette forme de multiplication cellulaire va à l’encontre du principe fondamental de la création d’une nouvelle cellule par division d’une ancienne. Il existe donc des formes à la limite du vivant qui sont comme un trait d’union entre la matière inerte et la matière vivante ce qui indique comme une forme de continuité entre les deux. La matière vivant n’aurait donc pas de caractère exceptionnel et ne serait donc qu’une des formes d’expression de la matière comme le plasma en est une également. Comme je l’ai indiqué dans l’article précédent (article “Sur le vivant”), je pense que l’énergie a un rôle fondamental dans l’expression de la matière vivante. Comme la main dans la marionnette, elle en est l’élément primordial. Il ne faut pas voir dans cette idée l’expression d’un quelconque vitalisme, bien au contraire. Les vitalistes imaginent le vivant comme étant l’expression et la manifestation de caractéristiques exceptionnelles faisant du vivant un élément à part de la nature alors que j’envisage le vivant comme la possibilité pour l’énergie de pouvoir se déployer d’une autre manière tout comme le feu consume le bois, nous serions en quelque sorte consumé par une énergie primordiale. Ainsi l’ATP (l’Adénosine TriPhosphate) qui est la molécule clé de l’énergétique vivant, présente chez tous les êtres vivants, repose sur une réaction chimique. Sans cette molécule et les réactions énergétiques intenses qu’elle induit, les organismes vivants ne pourraient survivre. L’ensemble de ce système énergétique est basé sur l’énergie solaire qui crée la photosynthèse et qui permet la prédation. Cette énergie solaire est elle-même issue de la fusion thermo-nucléaire des étoiles donc d’une création d’énergie par réaction atomique. La réaction nucléaire est elle-même provoquée par la structure de l’étoile, sa masse qui résulte de la force de gravité initiale. La gravité est donc la base de l’énergie. Or, la gravité résulte d’une déformation de l’espace temps, la masse atomique déformant l’espace. Sans la gravité initiale, il n’y aurait pu y avoir de réaction thermonucléaire donc pas de photosynthèse. L’objectif est de démontrer la création d’une chaîne qui passe d’un système à un autre jusqu’à créer le système vivant basé sur de la chimie. Car ce n’est pas le système vivant qui capte l’énergie mais l’énergie qui apparaît dans le système qu’elle a fait émerger. Il faut inverser notre pensée du système vie/énergie. Nous sommes le dernier stade de l’énergie.
Le grand mathématicien Raymond Poincaré (1902 - 1992) éprouvait des difficultés à définir le concept d’énergie : “ Dans chaque cas particulier, on voit bien ce que c’est que l’énergie et on peut en donner une définition même provisoire ; mais il est impossible d’en trouver une définition générale. Si l’on veut énoncer le principe dans toute sa généralité et en l’appliquant à l’univers, on le voit pour ainsi dire s’évanouir et il ne reste plus que ceci : il y a quelque chose qui demeure constant.” Poincaré avait peut-être trouvé finalement la caractéristique principale de l’énergie à savoir sa constance. Qu’elle soit chimique, thermique, mécanique, électrique, ….il existe une constance de l’énergie.
Du fait de la loi de conservation de l’énergie, il n’y a donc pas de création ou de perte d’énergie. Il peut y avoir transformation de l’énergie. Mais en aucun cas, le niveau d’énergie global ne peut être modifié. Max Planck définit ainsi l’énergie comme une “grandeur qui se conserve”. Emmy Noether, mathématicienne allemande injustement méconnue, a également parfaitement formalisé ce concept de conservation de l’énergie par son théorème “L’invariance des lois physiques par translation du temps implique la conservation de l’énergie”. Autrement dit, peu importe le moment t dans une équation, celle-ci sera toujours applicable. Les lois physiques sont les mêmes quel que soit le moment. On ne peut donc pas produire de l’énergie. Pour avoir de l’énergie, il faut en fait en avoir sous une forme ou une autre. De même, on ne peut pas consommer d’énergie, l’énergie ne se dissipe pas. On ne consomme pas de l’énergie mais par contre on produit de l’entropie.
Il existe donc une constance du niveau énergétique ce qui ne veut pas dire que ce niveau soit défini et donc fini. L’énergie pouvant apparaître sous la forme de matière, il y a donc une correspondance directe entre la matière et l’énergie. L’énergie prend forme dans la matière au travers des interactions nucléaires. C’est l’énergie qui permet à la matière d’exister et c’est la matière qui permet à l’énergie d’apparaître. de s’exprimer, de se réaliser. Les deux sont liés et ne sont que les deux faces d’un même élément. L’univers étant à la fois infini et fini car clos sur lui-même, sa courbure étant une forme d’ellipse recourbée sur elle-même de par sa gravité, l’énergie globale de l’univers est donc à la fois finie et infinie, concept que nous avons du mal à appréhender car il va à l’encontre de notre entendement. Pour mieux le comprendre, on peut s’appuyer sur les images fractales, dont la surface est finie mais dont la forme peut avoir un contour infini du fait de la répétition fractale. La forme de l’univers en elle-même est générée par l’énergie présente. Donc si l’on partait d’un endroit quelconque de l’univers et qu’on allait en apparence toujours tout droit on reviendrait au même point à un moment donné, un moment assez long il est vrai. C’est un peu comme dans les jeux d’arcade des années 80 où vous sortiez de l’écran par un côté pour réapparaître du côté opposé.
L’énergie et la matière ont l’apparence d’une dualité mais elles expriment une donnée primaire qui pourrait être définie comme un élément protéiforme, un flux, un changement d’état. Finalement, seule l’énergie est présente autour de nous. Nous avons l’impression de différents éléments car leurs apparences sont diverses mais même la lumière peut se transformer en énergie. Nous sommes intégrés dans un système où l’énergie est la base. Il a été démontré (expérience dite d’effet Casimir découvert par Hendrik Casimir, physicien néerlandais né en 1948) que même un espace vide contient de l’énergie du fait des fluctuations quantiques du vide ou fluctuations électromagnétiques. Cette fluctuation qui apparaît dans l’espace vide a été prédit par Hendrik B Casimir en 1948 et démontré expérimentalement en 1958 puis de manière plus précise en 1997. Casimir a ainsi écrit : “C’est la conformation expérimentale que le vide contient une quantité énorme d’énergie.”
Donc un espace vide sans aucune matière contient un potentiel d’énergie. Donc l’espace lui-même est à la base de l’énergie. On pourrait même dire qu’il est l’énergie. L’espace est perçu avant tout comme une notion de géométrie, qui désigne une étendue pouvant être référencée avec 3 éléments cardinaux représentant la tridimensionnalité de l’espace. On peut imaginer l’espace comme étant la forme la plus pure de l’énergie. Car c’est finalement dans l’espace que peut s’exercer la gravité. Il y aurait donc un continuum entre l’espace, la matière et la gravité. Nous y voyons des éléments différents et séparés mais il s’agit finalement de l’expression d’une même cause indéfinie.
L’énergie crée l’espace. Elle en est la matrice. Elle crée l’espace car elle-même a besoin de s’étendre. Lorsqu’elle se rétracte et qu’elle entraîne la formation de trous noirs, elle s’effondre sur elle-même et l’espace disparaît. L’énergie se concentre alors en un point absolu et hors de nos concepts physiques. Finalement l’espace n’existe que par expression de l’énergie. Nous sommes nous-mêmes des éléments spatiaux et donc l’élément expressif de l’énergie. L’espace n’est pas seulement une distance, une étendue allant d’un point A à un point B comme l’a défini Bergson, il est avant tout l’énergie en action, en évolution. L’espace c’est de l’énergie qui s’étend, qui se diffuse. Les trous noirs peuvent être finalement considérés non pas comme une forme d’annihilation de l’énergie car l’énergie ne disparaît pas mais comme une énergie qui retourne à sa phase initiale, primaire. Nous devons dans ce cas considérer l’énergie non pas comme une force, comme elle est souvent définie par faute de définition, mais comme une substance agissante, capable de se transformer et également d’évoluer. L’énergie ne doit plus être juste considérée comme une donnée intégrée à la matière mais comme l’élément premier de la matière. Elle ne doit pas être pensée comme un élément permettant à la matière d’évoluer mais comme l’élément premier de l’évolution. L’énergie, nous le sentons en nous, à travers nos désirs, nos actions, nos pensées, notre volonté. Nous sentons quand elle nous quitte dès qu’elle diminue en intensité.
L’énergie est la base et le coeur des molécules complexes, des atomes élémentaires, …. Elle s’exprime aussi bien dans le vent, dans les vagues que dans une éruption volcanique. Appréhender le concept d’énergie dans sa globalité est une tâche complexe car nous sommes nous-mêmes des produits énergétiques.
Par définition, l’énergie est la capacité d’un système à modifier un état ou à produire un travail entraînant un mouvement. Il est étonnant qu’elle ne soit perçue que comme une capacité, une possibilité. On ne s’interroge sur son origine et on ne la définit que par ce qu’elle peut faire. Pourtant l’énergie ne va pas de soi et résulte a priori d’une anomalie, d’un déséquilibre. Elle naît de la différence.
Le grand scientifique Ilya Prigogine avait, en 1969, défini les humains et les êtres vivants en général comme étant des ‘structures dissipatives’. Selon la définition qu’il proposait, elles utilisent de l’énergie pour créer de l’ordre local. On pourrait inverser ce propos fort juste pour dire que l’énergie utilise les organismes vivants pour créer un ordre local. Un ordre qui permet d’organiser la matière selon un schéma lui permettant de se complexifier, d’agréger de la mémoire et du temps au sein d’une structure biochimique. Nous sommes via notre ADN du temps agrégé et accumulé. Nous portons en nous la mémoire de toute notre évolution à partir de l’organisme initial quel qu’ait pu être sa forme.
Le plus surprenant est cette capacité de l’énergie à passer d’un système à un autre. De l’énergie solaire, donc de la lumière, à une énergie biochimique donc du mouvement basé sur un métabolisme. Il y a donc une possibilité pour l’énergie de passer par différentes phases. Ce sont ces transitions de phase que nous devrions étudier, tenter de comprendre, comment l’énergie passe d’un système à un autre.
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