Sur les cadres moyens - ou inferieurs
Cet article n’est pas professionel, en ce sens qu’il n’est nullement base sur des faits verifies, notament a l’echelle macroscopique, mais plutot sur une perception limitee a mon environement immediat. Qu’il vous invite a debattre me satisferait. Si vous possedez des donnees statistiques pour confirmer ou infirmer mon point de vue, je serais tres interresse.
Ecris suite a l’article de l’Expansion sur le ras le bol des cadres.
Nous sommes a un tournant social dans les pays riches.
Alors que jusqu’a recemment, les pays riches ont base leur stabilite sociale sur une classe moyenne large et confortable, cette securite est en train de disparaitre.
La phase d’industrialisation a permit d’enrichir globalement la societe, meme si cela ne s’est pas fait sans desequilibre. La masse travailleuse revendiquait plus et obtenait plus au fur et a mesure du developement et de l’enrichissement general. Le confort s’etablissait.
Le phenomene peut se voir en Chine, ou le gouvernement a bien compris l’interet de faire grandir une classe moyenne. La categorie des cadres fait surface, s’enrichit et vit heureuse.
Les ouvriers et les paysans sont encore loin du compte, mais l’enrichissement commence a venir jusqu’a eux, avec des besoins energetiques, des besoins de production enormes, causant une competition interne sur le marche du travail, et un elevement des revenus.
Le manque de liberte empeche les grandes revendications sociales, mais la loi du marche compense en cette periode de demande forte. L’ouvrier qualifie, denree rare, en profite.
Chez nous, l’inverse se passe. La classe moyenne des cadres a mange son pain blanc. La societe, sous la pression d’une nouvelle economie, mute.
L’elite dirigeante concentre le pouvoir, et peu a peu la richesse. Le monde de la finance remplace le monde capitaliste ancien. La demande n’est plus un moteur de l’enrichissement du pays, et les pays riches se mettent a tourner en boucles artificielles basees sur la speculation et les finances. Nous entrons dans un monde d’usure, ou la production n’est plus valorisee, et la contribution humaine a la production perd de sa valeur financiere.
Le parametre roi est la valeur de l’argent, et sa fructification.
Il en resulte que ceux qui concentrent deja d’enormes sommes d’argents, mus par les ressorts de l’economie actuelle, se concentrent sur la valorisation de leur argent, et ne contribuent plus par leur richesse a l’enrichissement de leur pays. L’epoque des grandes industries nationales est revolue.
La classe des cadres, assise entre le proletariat et la classe dirigeante, se sent la premiere victime de ce phenomene car ce sont ses propres privileges qui sont attaques en premier.
Chomage, baisse de pouvoir d’achat (sur les 15 dernieres annees, les salaires d’embauche en sortie d’ecole d’ingenieur n’ont guere progresse), devalorisation de la fonction sont mis en parallele avec une pression accrue de la part de l’entreprise pour une optimisation de la productivite et de la rentabilite.
Ce sentiment est justifie par l’evolution actuelle de la societe qui fait peut a peut maigrir la classe moyenne, et nous dirige vers une societe scindee en deux, avec les riches d’un cote, et les autres de l’autre.
La classe proletaire, relativement bien protegee par les lois sociales ne gagne rien, mais ne perd pas. Les conflits se concentrent sur quelques avantages corporatistes, mais il n’y a pas de grand combat social, meme les reformes sur les retraites ont donne lieu a un semblant de revolte.
L’ecart entre proletariat et cadre se ressere, et cela peut se mesurer par la difference entre le SMIC ou le RMI et le salaire d’embauche d’un jeune cadre.
La reaction des cadres est donc evidente : n’ayant que peu a gagner, se sentant peu a peu relegues au niveau du proletariat, leur attitude est de devenir egoistes, de n’aller au travail que pour assurer un revenu mensuel, et de trouver une satisfaction personnelle que dans leurs vies personnelles.
Derniere raison du ras-le-bol des cadres, en parallele a l’evolution de notre societe, le comportement des elites dirigeantes est de plus en plus choquant, et cynique.
Les exemples s’accumulent, du President Chirac et son entetement face aux verdicts democratiques, aux dirigeants d’entreprises, qui, parce que lies a leurs bailleurs de fond par les stock-options, se battent pour le court-terme et la valeur des actions de l’entreprise plutot que pour le long terme et la sante de leur industrie. Beau lien d’esclavagisme que celui des stock-options, subtile rouage de l’economie actuelle, qui soumet les capitaines d’industrie aux financiers et accelerent le phenomene.
Il suffit de regarder le scandale d’Airbus, ou l’entreprise navigue a vue depuis quelques temps, pour illustrer cette mutation, d’un monde entreprenant et creatif a un monde financier.
Face au manque de valeurs morales et humaines de leurs dirigeants, les cadres, fondamentalement individualistes, s’accordent les meme droits, et commencent a renier leur education et leurs racines traditionelles. Les valeurs chretiennes s’effritent, la notion de Patrie et celle de bien commun sont remises en question. Chacun prefere se concentrer sur son bonheur et consacrer moins d’energie a ce qui etait autrefois le bien commun (l’entreprise). Pourquoi, se demande le cadre, s’user pour ce que je considere aujourdh’hui comme une entite exterieure, beneficiant seulement a ses patrons.
Le vote NON au referendum d’une partie du PS, son explosion du PS est essentiellement porte par les cadres.
Le President Chirac qui avait pourtant commence a sentir quelque chose lorsqu’il parlait de la fracture sociale, n’a su ou n’a pu faire face.
La Mondialisation n’est pas la cause de tout cela. C’est un mensonge. La mondialisation pourrait etre facteur de paix et de stabilite, si la loi de l’usure n’avait prime sur l’humanite. Il faut plus d’humanisme dans nos valeurs.
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