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Sus aux assistés

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L’état et le concitoyen

Tout d’abord, je tiens à souligner l’opiniâtreté de ce gouvernement qui ne renonce jamais à mener son projet à terme quand il s’agit de racketter ses « cons citoyens » pour renflouer tantôt les caisses de l’État tantôt celle de la Sécurité Sociale.

Les faits :

  • 25 octobre 2011 - Le gouvernement prévoit la baisse des indemnités journalières pour arrêt maladie. Cette disposition devrait faire passer les indemnités journalières de 50 % du salaire brut à 60 % du salaire net dès le 1er janvier 2012
  • 30 octobre 2011 - Devant le refus des députés de la majorité et de l'opposition de baisser les indemnités journalières de 6 %, Xavier Bertrand s'engage à proposer un nouveau dispositif afin de faire faire des économies à l'assurance maladie. Il envisagerait d'instaurer un quatrième jour de carence.
  • 10 novembre 2011 - Un porte-parole du ministère du Travail fait savoir que, dans le cadre de la lutte contre la fraude sociale, le gouvernement envisage d'infliger des amendes aux salariés ayant bénéficié d'un arrêt maladie injustifié. Un texte réglementaire est en cours de préparation qui devrait sortir d'ici la fin de l'année.

Qu’on ne s’y trompe pas. Pour n’importe quel quidam, le terme « envisager » signifie « réfléchir avant d’entreprendre une action » ou encore « examiner le pour et le contre avant de décider d’une action ». Quand le gouvernement envisage, c’est qu’il a déjà décidé d’imposer ce qu’il a projeté.

« Mais, diront les naïfs, c’est impossible à mettre en application.
 - Comment pourrait on apporter la preuve, une fois le malade guéri, que l’arrêt maladie qui lui a été prescrit était ou non justifié ? »

Ne soyez donc pas si candides futurs valétudinaires.
Dans ce cas précis, vous ne jouirez pas de la présomption d’innocence. Accusé de fraude, il vous appartiendra de prouver que votre arrêt maladie n’était pas injustifié.

Supposons que la loi soit votée, adoptée, promulguée début décembre 2011 :
Imaginez maintenant le contrôle, disons, par exemple, le 15 décembre, de deux cas supposés délictueux.

  • (NB - La date n’est pas prise au hasard. Les vacances de Noël commencent le 17 ; aucun contrôleur gouvernemental ne saurait être disponible entre le 16 décembre 2011 et le 04 janvier 2012)

1er cas :

Le contrôleur du gouvernement :
« Madame Dupont, vous prétendez que la grippe est la raison de votre arrêt maladie du 10 au 20 novembre dernier.
- Je ne constate aucune trace de cette indisposition et, à moins que vous n’apportiez des preuves de cette grippe, je suis amené à supposer que cet arrêt maladie était injustifié.
- Je vous condamne donc à rembourser les indemnités indûment perçues et à verser une amende de 300 euros à la Sécurité Sociale. »

Madame Dupont :
« Monsieur le Contrôleur, mon médecin pourra attester qu’il m’a trouvée au lit avec une forte fièvre. Avec une température de plus de 40°, il m’était impossible de me lever pour aller travailler. »

Le contrôleur du gouvernement :
« Votre médecin a t-il pris lui-même votre température ? Non. Et bien rien ne prouve que vous étiez bien en proie à un état fiévreux.
- Je maintiens donc ma décision. Vous avez huit jours pour vous acquitter du remboursement des indemnités perçues ainsi que de l’amende qui vous a été infligée. »


2ième cas :

Le contrôleur du gouvernement :
« Monsieur Dupond, vous prétendez qu’une sciatique est la cause de votre arrêt maladie du 02 au 14 novembre dernier.
- Je n’en constate aucune trace et vous semblez vous déplacer sans problème. Donc, à moins que vous ne soyez en mesure de me produire les preuves de cette affectation dont vous prétendez avoir souffert, je suis amené à supposer que l’arrêt maladie dont vous avez bénéficié était injustifié.
- Je vous condamne donc à rembourser les indemnités indûment perçues et à verser une amende de 350 euros à la Sécurité Sociale. »

Monsieur Dupond :
« Mais, Monsieur le Contrôleur, mon médecin a constaté que j’étais bien incapable de me mouvoir et mon dossier médical atteste que j’ai déjà souffert de lumbagos à plusieurs reprises. »

Le contrôleur médical :
« Allons, monsieur, vous savez tout comme moi que l’on peut fort bien simuler un mal de dos et si vous avez déjà bénéficié d’arrêts maladie imputés à des lumbagos, cela prouve seulement que vous êtes un récidiviste.
- Je maintiens donc ma décision. Vous avez huit jours pour vous acquitter du remboursement des indemnités perçues ainsi que de l’amende qui vous a été infligée. »

Vous croyez que je fais de la fiction ? Demandez donc aux victimes de l’amiante condamnées à rembourser une partie peu négligeable des indemnités qu’elles ont perçues.

  • À quand un projet de loi qui condamnera les chômeurs de longue durée à rembourser leurs indemnités lorsqu’ils refuseront un emploi sous payé ?
  • À quand un projet de loi qui condamnera les sans-abris à verser une taxe d’habitation pour le pont ou la porte cochère sous lesquels ils parviennent parfois à trouver refuge ?

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16 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 14 novembre 2011 11:16

    Plutôt qu’un quatrième jour de carence pour les salariés du privé, le gouvernement envisage désormais une journée de carence (au moins) pour les fonctionnaires. Je suis moi-même fonctionnaire et je ne trouve pas cela anormal. J’ai toujours été choqué par cette différence de traitement entre les travailleurs du public et ceux du privé et par les propos tenus par certains fonctionnaires qui abusent du système en déclarant « j’ai pris un arrêt de 15 jours » (et non pas « le médecin m’a prescrit ou imposé un arrêt ») Dans l’administration il y a un abus de cette pratique. Cela dit, je suis surpris que l’on veuille sanctionner uniquement les malades ou supposés tels et pas les médecins qui prescrivent des arrêts en quantité pour se faire de la clientèle facile.


    • Nanar M Nanar M 14 novembre 2011 12:55

      Taverne tu n’es qu’un poujadiste, tu sais flatter les cons dans le sens du poil !


    • Francis, agnotologue JL1 14 novembre 2011 13:34

      Les fonctionnaires, et les salariés en général sont payés au mois, pour faire une certaine tâche. Le plus souvent quand ils sont en arrêt maladie, le travail s’accumule et, soit les collègues mettent les bouchées doubles, soit les salariés doivent, à leur retour, rattraper le retard.

      Si le salarié n’est pas payé pendant son absence, c’est tout bénéfice pour l’employeur.

      D’autre part, si le délai de carence est augmenté d’une journée, il y a un risque que les médecins prescrivent une journée d’arrêt de plus, faisant peser sur la Sécu, la charge et la surcharge qui incombaient aux employeurs.

      Mais on sait bien que la Sécu est bonne fille, et son trou complaisant !

       smiley


    • La râleuse La râleuse 14 novembre 2011 13:35

      Bonjour Taverne,

      Nos très chers gouvernants ont bien pensé (j’insiste « pensé » et non pas « envisagé ») pénaliser les médecins prodigues d’arrêts de travail MAIS la corporation est un adversaire autrement plus dangereux à affronter que des citoyens lambda.
      En vous remerciant de votre intérêt pour mon article,
      Cordialement ;


    • foufouille foufouille 14 novembre 2011 13:35

      on a la meme chose dans le prive
      le medecin est surtout coupable
      c’est lui qui fait un arret maladie bidon


    • Taverne Taverne 14 novembre 2011 14:00

      à JL : vous arguments sont intéressants. En ce cas, imposons une journée de carence aux fonctionnaire en arrêt et avec l’argent gagné par la collectivité indemnisons un peu les salariés du privé qui n’ont le droit à rien pendant 4 jours. Bon, je sais que ce ne n’est pas si simple mais un peu de justice serait de bon aloi...


    • Michel DROUET Michel DROUET 14 novembre 2011 15:00

      Bonjour Taverne

      Le problème c’est que l’on ne conçoit plus les choses que dans le sens de la régression sociale et par conséquent d’alignement vers le bas.

      Je pense que ce sont les salariés du privé qui sont défavorisés et que l’on devrait aligner sur la situation des salariés du public.

      Quant aux abus dans la fonction publique, ils existent, mais ne sont pas aussi nombreux qu’on veut bien le dire. Il suffit de se donner les moyens de contrôle et ils diminueront d’eux-mêmes. 

       


    • Daniel Roux Daniel Roux 14 novembre 2011 11:31

      Les arrêts maladies sont décidés par le médecin après qu’il ait pratiqué son art. Qu’il l’ait fait sérieusement ou non ne regarde que lui, comme sa décision.

      La loi donne aux médecins le pouvoir de vous contraindre des citoyens libres à des soins psychiatriques ou à une mise sous tutelle, mais ne reconnaîtrait pas leur décision pour un arrêt maladie ? Absurde et malhonnête.

      Le malade, quant à lui a fait appel au seul professionnel autorisé à émettre un avis sur son cas. Il n’a pas le choix et n’est absolument pas responsable des décisions de l’homme de l’art, ni de la façon dont il pratique. Pas plus que le chômeur n’est responsable du chômage ou la personne handicapée de son handicap.

      Une fois de plus, Sarkozy entreprend de culpabiliser les victimes et de désigner des boucs émissaires pour les conséquences de sa politique partisane et catastrophique.


      • loco 14 novembre 2011 12:31


         bonjour,

         juste une précision, la taxe d’habitation opposée aux sans abri existe depuis quelque temps, et frappe les caravanes, fourgons et autres abris de fortune, à l’exception (provisoire ?) des cartons ordinaires


        • Loatse Loatse 14 novembre 2011 13:47

          C’est devenu de la folie pure... !

          J’en profite pour vous avertir, dans la série mesures « expéditives », que Pôle emploi n’envoie plus de convocations écrites (dans mon cas, malgré le NON mentionné dans la case : « désirez vous recevoir vos courriers par mails »...

          La dite convocation doit également être imprimée par vos soins pour être présentée au rendez vous....(ce qui implique imprimante et cartouche d’encre)

          Il semble que la CAF s’achemine vers le même procédé pour les déclarations de revenus trimestrielles...

          Ne pensez pas que vous serez avertis (je ne l’ai pas été) d’ou la nécessité de vérifier les dates auxquelles on vous envoie habituellement ce formulaire...

          impression que des mesures drastiques pour réduire ou différer les prestations diverses sont en cours....





          • La râleuse La râleuse 14 novembre 2011 13:49

            Mon bonjour à tous ceux qui déposent un commentaire à propos de cet article, en les remerciant d’avoir pris le temps de le lire,
            et pour les informer que, pour la première fois depuis que je publie sur AgoraVox, je me suis autorisée à supprimer le commentaire d’un certain Nanar M, lequel avait écrit :
            * Taverne tu n’es qu’un poujadiste, tu sais flatter les cons dans le sens du poil !"

            J’accepte toutes les divergences de vue, j’accepte d’être injuriée, MAIS J’en ai un peu (et c’est un euphémisme) ras-le-bol que certains prennent prétexte d’un article (dont ils se fichent éperdument) pour insulter certains lecteurs ou se livrer à des commentaires grossiers sans rapport avec le sujet publié.

            En vous remerciant de votre compréhension.


            • Fergus Fergus 14 novembre 2011 16:08

              Re-bonjour, La râleuse.

              Excellente démonstration.

              Il est évident, comme l’a souligné Daniel Roux, que seuls les médecins sont responsables de la légitimité et de la durée d’un arrêt de travail. Vouloir taxer les malades pour une décision à laquelle ils n’ont pas participé relève d’une énorme escroquerie. Mais il faut faire rentrer de l’argent, et pointer du doigt des prétendus fraudeurs est, dans l’esprit tordu de nos gouvernants, un moyen de désigner de nouveaux boucs émissaires. Si des sanctions doivent être prises, seuls les médecins prescripteurs devraient les subir. Question subsidiaire : quelle sera la légitimité des médecins contrôleurs, agissant le plus souvent pour le compte du patronat ?

              Quant à la journée de carence pour les fonctionnaires, elle n’est que le cache-sexe d’une journée de carence imposée à tous les Français, du public comme du privé : 1ere journée pour les uns et 4e journée pour les autres. En toute logique, les syndicats devraient être vent débout contre cette mesure. A suivre...

              Cordialement.


              • brieli67 14 novembre 2011 16:37

                Souciez vous de la

                 disparition du Médecin du Travail

                spécialité et anomalie française qui emmerde les prophètes de l’ Union Européenne !

                Si Ronald de McDO et autres néo-esclavagistes ; us, japonais, russes et chinois bientôt ont trouvé du sable dans les engrenages du SOCIAL VIEILLE EUROPE Vieille France
                le fer de lance contre ce mondialisme de modes et nouveautés libérales

                c’est bien la Medecine de Travail au sein des entreprises, ni immorale ni amorale mais intransigeante avec son statut privilégié de protecteur du cadre et des méthodes de l’« exploitation, » de l’homme ;

                ps : tristre le fin fond de nos Provinces, sous prétexte de tirs aus flancs des petites villes avec sources chaudes et personnel local chaleureux ont complètement disparu !
                Faire coincer pendant 3 semaines le bulbe d’un geeck des NTIC parmi les truites arc-en_ciel à pêcher à la mouche et les effluves de Thérébentine des Vosges.....
                3 semaines pour refaire son monde, analyser ses rapport au boulot, ressentir la dérive de sa politique familiale......
                C ETAIT UNE BONNE POLITIQUE DE PREVENTION.


                • K K 14 novembre 2011 16:59

                  D’accord avec vous, cette disparition programmée est dangereuse. Dans certaines entreprises, on ne pratique déjà plus les visites médicales obligatoires. N’oublions pas que l’avis du médecin du travail sert aussi pour la reprise après un accident, pour l’aménagement des postes, pour les détections d’inaptitudes etc...


                • Papybom Papybom 14 novembre 2011 18:11

                  Bonsoir La Râleuse,

                  Une certaine corporation ne risque pas la visite d’un médecin du travail. Il s’agit de nos représentants politiques.

                  Deux explications  :

                  Soit ils ne travaillent pas, au sens propre du terme (je suis mauvaise langue).

                  Soit ils se sont voté des textes spécifiques leurs assurant une complète immunité pour cette circonstance. Parmi eux, on doit trouver des médecins, comme on trouve pléthore d’avocats.

                  Bien cordialement.


                  • Papybom Papybom 14 novembre 2011 18:40

                    Bonsoir aux lecteurs,

                    Petite histoire vrai d’un ancien mineur.

                    Suite à une erreur de ma part, je fus un jour enseveli sous une masse de charbon et de terre. Par bonheur, en tapant sur le couloir métallique, j’ai signalé ma position et que j’étais vivant. Une fois dégagé par les copains, je fus remonté au jour. Après examen et la douche, je suis rentré chez moi. Pendant trois jours, je ne voulais plus redescendre au fond. Ce sont les copains qui m’ont fait revenir au travail.

                    Pendant ce temps, pas de visite d’un médecin des Houillères. A ma reprise, pas de commentaire sur mon absence et aucune retenu sur la Quinzaine (Rémunération tous les quinze jours des mineurs).

                    A cette époque, on respecté l’ouvrier pour son travail.

                    Pardonne moi, La Râleuse, de raconter ma vie sur ton article.

                    Cordialement.

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