Syrie : et le peuple palestinien ?
La question de la Syrie et son actualité estompe quelque peu ce qu’il advient du peuple palestinien dans le contexte de cet affrontement régional à dimension internationale.
Il semble qu’un éveil de conscience douloureux touche maintenant le peuple palestinien. Sur le plan de ses droits et de la domination israélienne, dont la colonisation des territoires palestiniens qui ne rencontre aujourd'hui plus aucun frein, le peuple palestinien est au fond du trou. Cette colonisation est dans état d’avancement tel qu’elle ne laisse plus aucun espoir à ce peuple d’avoir un jour un territoire cohérent.
Si l’on compare l'état actuel à la situation résultant des négociations d’Oslo sur la création d’un état palestinien qui certes laissait pas mal de problèmes en suspend, notamment celui du retour aux frontière de 67 et le sort des exilés, on est passé d’une solution viable à une impossible équation.
D’ailleurs le monde d’aujourd’hui ne reconnait aux palestiniens qu’un droit théorique, mais absolument pas pratique, d’avoir un Etat.
Comment en est-on arrivé là ?
Il est inévitable de ne pas penser que cela résulte d’une grave série d’erreurs et de trahisons. Une erreur majeure a été commise par Yasser Arafat lors des négociations de camp David sous l’égide du président Clinton, en 2000. Les « concessions » israéliennes de l’époque, du premier ministre Ehud Barak donc, paraissent absolument incroyables dans le contexte actuel. Si l’on considère une carte de la région sous l'apect géographique et sous celui des ressources, on voit qu’Israël et les territoires palestiniens ne constituent en réalité qu’une même entité géographique jusqu’au Jourdain. Les peuples israéliens et palestiniens vivent sur les mêmes ressources. En particulier l’Eau.
Projet d'accords de camp David
Dans le projet d'accords il y avait pour les palestiniens une capitale à Jérusalem Est, la majeure partie, du côté ouest des rives du Jourdain, des colonies israéliennes auraient été cédées à l’Etat palestinien…
Un différent portait sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem, quelques Km2, qui concentre des lieux saints des trois religions monothéistes. La solution était d’en faire un patrimoine international, ce qui est justifié sur le fond.
Pour l’ensemble des participants il était inconcevable que Yasser Arafat refuse ces propositions qui ne l’obligeaient nullement à renoncer à ses revendications. Et pourtant sous la pression du Hamas, il a commis cette erreur funeste de refuser l’accord. Aujourd’hui l’organisation american for peace donne la carte ci-dessus des implantations israéliennes, où l'on voit que les territoires palestiniens sont littéralement mités par les colonies israéliennes.
L'évolution depuis camp David
Depuis ce tournant manqué, la situation de la cause palestinienne n’a cessé de se dégrader.
Parallèlement Israël a développé son projet de grand Israël. Cela comprend donc le phagocytage des territoires palestiniens, mais aussi la neutralisation et la déstabilisation de tous les pays qui l’entourent. Et, principalement, la destruction du grand pays qui s’oppose et dont l’influence peut contrebalancer sa puissance, c'est-à-dire l’Iran. L’Iran et l’on peut dire la même chose pour la Russie, ne faisant pas partie du grand marché planétaire livré au capitalisme financier, est ainsi également classé dans la catégorie des pires ennemis par les USA et le monde anglo-saxon.
Parmi les pays neutralisés on compte d’abord l’Egypte, de longue date avec Sadate, puis Moubarak et enfin avec les frères musulmans récupérés par l’axe Qatar USA. Ceux-ci, extrémistes musulmans adeptes de la conversion forcée et du Djihad, sont à vrai dire incapables de face aux graves problèmes économiques en Egypte, nourrir la surpopulation par exemple, et imposent un pouvoir autoritaire. On se dirige soit vers la reprise en main militaire, soit vers un chaos généralisé avec des affrontements. Les fonds du Qatar, comme ceux distribués au Hamas palestiniens servent surtout les dirigeants.
Le pays régional déstabilisé de manière permanente, comme la Lybie, est l’Irak où le monde libre [sauf la France, l’Allemagne et la Russie à l’époque] devait amener la « démocratie ». L’exacerbation des querelles confessionnelles entre chiites et sunnites au moyen orient [la caractéristique des chrétiens est qu’ils y sont à peu près persécutés partout dans l’indifférence de l’occident] fait partie de ce plan de génération de situations de chaos dont est menacé également le Liban.
L’Arabie Saoudite quant à elle, finance depuis très longtemps le terrorisme islamique d'Al Qaida, et propage une branche extrémiste de la religion musulmane, le wahhabisme. Pour le Qatar et l’Arabie Saoudite ces actions correspondent à une politique expansionniste et de puissance destinée à préparer l’après pétrole. Il y a donc de la part de ces deux pays cousins, une part de jeu personnel en marge de l’influence américaine.
La Syrie
Le dernier pays à déstabiliser et à neutraliser, avant la cible qui est l’Iran, est donc la Syrie. Après une amorce de « printemps arabe » [qui sont avant tout des révoltes et non des révolutions] à l’instigation du Qatar et de l’Arabie Saoudite, une agression menée par des mercenaires [on connait maintenant à peu près la composition : tunisiens, algériens, saoudiens, qataris, tchétchènes, européens de diverses origines.. et très peu de syriens] a commencé avec une grande ampleur.
Et nombre de responsables politiques occidentaux, dont Alain Juppé, ont suivi l’avis du Qatar prévoyant une chute d’Assad rapide. Grossière erreur, qui a déjà coûté sa place à l’émir du Qatar débarqué par les américains et qui peut avoir de graves conséquences pour les intérêts occidentaux et autres au proche orient.
Le rôle du Hamas
Alors que la Syrie était objectivement et sans doute dans la pratique, un des meilleurs soutiens de la cause palestinienne, le Hamas a emboité le pas du Qatar et a semble-t-il aidé la "rébellion" en Syrie. Allant jusqu’à former des combattants avec les techniques apprises auprès du Hezbollah, ce que ce mouvement a constaté lors des combats à Qosseir. D’où une rupture des relations entre le Hezbollah et le Hamas. Dont, de plus, des responsables installés au Qatar se sont faits purement et simplement expulsés.
La cause palestinienne
En marge de cette affaire syrienne, la cause palestinienne a donc subi un nouveau véritable naufrage au caractère sans doute définitif.
Il semble d’ailleurs que le peuple palestinien s’éveille maintenant à la conscience de toutes ces trahisons.
De toute manière la seule vraie solution au problème fondamental de cette région tient dans une entente équlibrée des peuples israélien et palestinien.
D'un côté comme de l'autre, sur ce plan, les deux peuples souffrent de dirigeants qui sont des obstacles à la nécessaire cohabitation, sur une base démocratique, qui peut seule rétablir la paix dans cette zone géographique si sensible pour la stabilité mondiale.
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