Syrie, irrésistible bourbier
Les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne l’on annoncé : l’UE va lever l’embargo sur les armes vers l’opposition syrienne. Cette décision est un premier pas vers un « engagement » dans la guerre qui a éclaté au sein de ce pays, avec les conséquences graves que cela pourrait avoir.
La situation au sein du pays continue de se dégrader : l’on va bientôt dépasser les 100 000 victimes et il est de plus en plus évident que des armes chimiques sont employées par le gouvernement contre l’opposition.
De plus, il existe un début d’internationalisation du conflit, car le Liban se voit bien malgré lui mêlé à l’affaire : le Hezbollah participe désormais officiellement au conflit en envoyant des combattants sur place et il y a eu des incursions sur le territoire libanais de l’opposition probablement, avec des décès au sein de l’armée libanaise.
Il est donc tentant de vouloir se mêler du problème comme ce fut le cas lors d’une autre « révolution arabe », en Lybie. Mais il faut se souvenir que cette intervention a eu des répercussions sur toute la région et a largement contribué à la déstabiliser, notamment en permettant aux islamistes du Mali de recevoir du renfort et des armes.
Et c’est bien là que le bât blesse, une intervention en Syrie pourrait avoir des conséquences catastrophique, le remède risque d’être pire que la mal.
Les insurgés syriens sont certainement dans leur ensemble motivés par une volonté de démocratiser le pays et de le libérer de la dictature qui y sévie depuis plusieurs décennies. Mais le risque est grand qu’ils tombent de Charybde en Scylla, l’armée syrienne libre principal mouvement d’opposants est clairement noyauté par les islamistes qui possèdent de surcroît des groupes indépendants sur le terrain qui cherchent à prendre possession de positions clés. (voir Syrie : pourquoi faut-il ne pas y aller : http://www.christophebugeau.fr/index.php?year=2013&month=3)
En cas de victoire, il y a fort à craindre que ces islamistes radicaux, financés par l’Arabie Saoudite et le Qatar ne prennent le pas sur les composantes plus progressistes du mouvement de rébellion.
Or, la situation peut avoir des conséquences graves dans toute la région, car le régime syrien est soutenu non seulement par la Chine et la Russie, mais aussi par l’Iran et le Hezbollah libanais. Le risque est donc celui d’un embrassement de la région entre Chiites (Iran, Irak, Syrie et Liban) et Sunnites (Pays du Golfe, Irak et Syrie).
Nous risquerions alors un conflit de grandes ampleurs avec de graves répercussions (notamment sur l’approvisionnement en pétrole). Il est donc urgent d’être prudent et d’attendre.
Les livraisons d’armes potentielles des pays européens vers la rébellion syrienne doit attendre au moins deux mois d’après les prévisions et il serait surtout souhaitable qu’elle n’ait pas lieu et encore moins qu’elles soient suivies d’une intervention plus directe.
Aujourd’hui, la priorité est au déclenchement de négociations entre le pouvoir et l’opposition comme tentent de le faire Messieurs Kerry et Lavrov, les ministres des affaires étrangères américains et russes. Il faut au moins donner une chance à la paix en essayant de mettre en place un régime de transition et en assurant la sécurité de toutes les populations (y compris celle des Alaouites de Béchir El Assad).
Les européens, malgré les souffrances des populations ne doivent pas céder aux tentations d’intervention qui pourraient avoir des effets encore pires pour la région que ne l’est le conflit syrien actuel. Dans le cas présent, mieux vaut garder comme devise, dans le doute abstient toi…
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