T’as pas lu Nietzsche ?
Cela fait une semaine que je me sens fâché, mais je ne veux pas nommer ce qui me fâche ou ceux qui me fâchent, ce serait si simple et si réducteur de trouver des boucs émissaires à mon désarroi. Alors, j’écoute en boucle Léo Ferré chantant Baudelaire, Rimbaud et Verlaine, çà m’apaise la poésie … et je lis, depuis un bout de temps je lis, outre des romans, des bouquins de philosophie, ma mère me dit « Dominique, çà te donne des idées bizarres… » qué bizarre, réponds-je, essayer de trouver des réponses dans plusieurs livres alors que d’autres prétendent que la vérité est dans un seul, ou croire tout ce que disent les journaux, télévisés ou non …. je m’y refuse. Ce matin, de très bonne heure, je suis tombé sur un extrait du « Gai savoir » De Nietzsche ( celui là a eu la chance de vivre avant l’invention de la kalachnikov), je vous le livre, car on dirait que c’était écrit hier et pas il y a plus d’un siècle, et que ce texte correspond plus que jamais au présent, comme dirait Julos Beaucarne, il faut s’aimer à tors et à travers et reboiser l’âme humaine.
Le désir de souffrance.
Quand je songe au désir de faire quelque chose, tel qu'il chatouille et stimule sans cesse des milliers de jeunes Européens dont aucun ne supporte l'ennui, pas plus qu'il ne se supporte soi-même, - je me rends compte qu'il doit y avoir en eux un désir de souffrir d'une façon quelconque afin de tirer de leur souffrance une raison probante pour agir. La détresse est nécessaire ! De là les criailleries des politiciens, de là les prétendues « crises sociales » de toutes les classes imaginables, aussi nombreuses que fausses, imaginaires, exagérées, et l'aveugle empressement à y croire. Ce que réclame cette jeune génération, c'est que ce soit du dehors que lui vienne et se manifeste - non pas le bonheur - mais le malheur ; et leur imagination s'occupe déjà d'avance à en faire un monstre, afin d'avoir ensuite un monstre à combattre. Si ces êtres avides de détresse sentaient en eux la force de faire du bien, en eux-mêmes, pour eux-mêmes, ils s'entendraient aussi à se créer, en eux-mêmes, une détresse propre et personnelle. Leurs sensations pourraient alors être plus subtiles, et leur satisfaction résonner comme une musique de qualité ; tandis que maintenant ils remplissent le monde de leurs cris de détresse et, par conséquent, trop souvent, en premier lieu, de leur sentiment de détresse ! Ils ne savent rien faire d'eux- mêmes - c'est pourquoi ils crayonnent au mur le malheur des autres : ils ont toujours besoin des autres ! Et toujours d'autres autres ! - Pardonnez-moi, mes amis, j'ai osé crayonner au mur mon bonheur.Frédéric Nietzsche Le gai savoir
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON