T’as qu’à dire NON
Somos muchos, vete tú.
Commentaire lapidaire d’un Espagnol sur Internet, qui signifie : trop de monde sur Terre, toi va t’en.
Trop de monde ? Alors, comme d’habitude, une guerre mondiale bien nettoyeuse, encore ? Pas possible, trop radical ; même les riches en pâtiraient dans leurs bunkers de Nouvelle-Zélande, devenus prisons à perpète dans un désert radioactif.
Reste une solution hygiénique : recycler les surplus humain, une fois neutralisés dans le frigo des hôpitaux, sous la bonne terre mère. Ils fourniront un fuel bienvenu aux racines des pissenlits.
Le Mexique a été un des premiers pays à vacciner les gens à la queue-leu-leu, dès décembre 2020.
Nous ignorons sa mortalité générale actuelle.
Dans ce pays, l’optimisme ou la résignation règne : on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a encore (quelques chiffons, ses deux mains), du masque artisanal par exemple, qui talibanise en couleurs la parole et l’air ambiant.
Car autant s’adapter, ay ay ay. Comme cet inventeur du dispositif Rigel, (cliquer à zéro minute cinquante), qui présente aux résilients du monde son bébé : la petite moustache sanitaire, censée permettre à son heureux porteur de manger, respirer, boire et fumer comme un Charlot dictateur. Gentil filtre macho pour femme à barbe et homme imberbe, la moustache respirante s’impose pour l’immunité de troupeau par la contagion du rire.
Au Mexique comme ici, les vendeurs de pilules et d’humanité OGM font miroiter sur écran aux zahuris émerveillés par leurs tours de passe-passe, le privilège de la priorité vaccinale. Tu seras le PREMIER, pour une fois dans ta pauvre existence de rien du tout ! incitent les VRP de Fauci en clignant de l’œil. Parce que toi, moi et América first.
Oui le premier ! À recevoir l’injection salvatrice, sans aucune garantie. Le premier, parce que tu es trop vieux, trop gros, infirme, malade grave, chômedu, loquedu ou indigène par trop chez toi !
Et le zahuri concerné d’ouvrir sous l’écran ses carreaux brillants, s’écriant : Ay caray ! Mi vacuna, rápido !
Quelle chance amigos de passer sous le nez des autres, jaloux comme des poux qu’ils sont ! Va te cacher, espèce de non-prioritaire ! À moi l’aiguille et l’enviable statut de piqué d’abord !
− Ô animateur télé d’ici et d’ailleurs, ô mon guide spirituel, mon idole aztèque ! J’en redemande !
− Tu redemandes quoi, mon brave ?
− Tout ! Rien ! Décide ! Je le ferai !
− Alors écoute, toi mon frère, ou plutôt mon beauf, objet de mon souci constant, objet tout court ! Toi la pièce usée dont le monde se passera, toi qui encombres avec tes besoins, ta belle-mère et ta marmaille, toi natif d’un pays dont je convoite pour mes patrons les plages, le soleil, les sous-sols, les océans ! Toi qui vas mourir sans descendance, sans vieux parents dont tu viens tout juste d’hériter (entre nous, dépêche-toi de les rejoindre) ! Cours vite au vaccinodrome et n’oublie jamais les innombrables variants zombies, surgissant de la terre entière, l’un après l’autre, pour te polluer les narines ! Mais t’inquiète, je suis là, moi ton ami, faiseur d’opinion et de contes à dormir debout pour que tu dormes à jamais.
La harangue ci-dessus n’est pas formellement celle qu’on entend, diffuse et diffusée dans le vaste monde. C’est moi, encore, qui vagabonde en zone lunaire. Un peu comme dans le film They live, sorti en 1988. Les lunettes magiques du héros lui permettent de distinguer le vrai discours de fond contenu dans les publicités, ainsi que les méchants qui se mêlent à la foule sous une apparence anodine et pacifique ; et qui en fait contrôlent tout grâce à leur arme-talisman au poignet.
Les lunettes qui décryptent et traduisent le discours affiché sont un article rare et précieux que les (dés)animateurs fracassent dès qu’ils les subodorent (elles sentent bon). Si vous en trouvez dans la décharge – les lunettes, pas les animateurs − j’achète.
Retour aux Mexicains basanés. Gardons-nous de les prendre pour des zallongés sur le sol du cimetière avec leur grand masque sur le nez. À Mexico, on se soignait il y a un mois déjà à l’ivermectine. Mais il y a pire encore.
En juin 2020, les habitants de communes au sud-est du Chiapas, en terre maya, se sont rebellés. Ils ont incendié une mairie, la maison d’une fonctionnaire, au moins un véhicule de police, frappé des policiers, ainsi qu’attaqué une pharmacie et une ambulance, par rébellion contre la politique covidienne et peur de la contagion possible apportée par les éléments extérieurs à leur communauté (le gouvernement). Egalement par soupçon que les fumigations contre le dengue ou pour désinfecter les lieux du virus covidien cachent un désir de répandre la maladie, en vue de nuire aux habitants, à l’instar des fumigations contre les moustiques ou les cafards.
Le sud du Mexique, terre de pyramides, est devenue une région à part ; il faut payer un droit touristique pour y accéder depuis l’étranger, un train rapide y est en projet avancé ; et la population indigène, dans son décor montagnard de rêve et perpétuel été, gêne probablement nombre d’investisseurs éblouis par un tel potentiel et dégoûtés par l’habitat souvent misérable, toujours anarchique, de la région. Il faut remplacer l’autochtone et sa grand-mère en huipil brodé par un nomade en vadrouille touristique ! Et son taudis par une chambre d’hôtel.
Comme l’a si bien dit Jacques Attali : un pays c’est … ?
Les (peuples) premiers ne sont pas forcément d’accord.
José López López, le maire de San Juan Cancuc au Chiapas, une commune de 24 000 âmes, a annoncé en Février 2001 que seuls deux membres de sa commune s’étaient pliés de bon gré aux vaccinations covid, et que l’ensemble des citadins ne se ferait pas vacciner.
Officiellement le Mexique annonce 160 000 morts du covid. Cependant le Chiapas a été épargné. San Juan Cancuc, presque totalement de population maya, n’a eu que trois malades, tous guéris. Tout le monde circule à visage découvert dans cette commune, comme à San Cristobal de Las Casas, même région, de population similaire.
En revanche à Oaxaca, ville importante du Chiapas où se côtoient Mexicains de sang-mêlé et Mayas, les gens ont peur de représailles plus ou moins officielles ou liées à leur emploi. Ils se masquent et ne donnent pas volontiers leur avis aux enquêteurs bénévoles.
Pourquoi les indigènes, habitants de San Cristobal de las Casas et de San Juan Cancuc, n’ont-ils pas peur des autorités ? Pas toutes les autorités : craignant pour leur âme, donc craignant Dieu, ils ne vous laisseront pas les photographier de près, encore moins les piquouzer.
Attention : ils ne se contentent pas de dire NO, mais précisent dans le doc officiel qu’ils empêcheront les autorités sanitaires de procéder à une éventuelle mission.
Ce qui peut leur coûter cher.
Essayons d’analyser leurs raisons.
1. Ils bénéficient, un peu comme pour les réserves amérindiennes des EUA, d’un privilège coutumier. Le maire peut faire valoir ses propres décisions en argüant de la coutume, même si ce droit n’est pas inscrit scientifiquement dans la loi républicaine mexicaine. Ils bénéficient même d’une image communiste ou sociétale de peuple opprimé, et ainsi parfois d’appuis financiers (sorosiens ? Voire chinois, cubains ?...).
2. Ils forment une société cohérente, de même sang, même histoire, même religion catholique indianisée (Vierge de Guadalupe), même bilinguisme espagnol/maya, où les habitants de la commune se connaissent personnellement et tiennent à leur culture, célébrée quotidiennement en commun par les us et coutumes et les cérémonies religieuses.
3. Leur assemblée générale, à savoir le Conseil de la commune, est réellement démocratique puisqu’il représente tous les habitants de la commune, leurs vœux, leur intérêt leur « nation », en leur donnant la parole dans un lieu prévu pour.
4. Ils comptent sur leurs propres ressources et, bien que pauvres et très pauvrement logés, ne manquent pas du nécessaire vital, grâce aux poules, cochons, cultures vivrières, grâce aux liens familiaux et sociaux, grâce aux réunions et processions, attestant d’une foi commune. Ils ne se sentent pas seuls au monde. Ils ne sont pas endettés auprès de l’État mexicain.
5, Ils sont habitués à l’arbitraire depuis des siècles et ne se font pas d’illusions, sachant dans leur chair et leur cerveau reptilien et par tradition orale, que l’habit ne fait pas le moine ni le passage sur plateau télé le médecin.
6, Ils ont leurs propres remèdes éprouvés, thérapie herbale ou parfois magique qui, vaille que vaille, peut remplacer au moins partiellement les soins hospitaliers ou du moins n’en fait pas dépendre.
Ces populations, à leur façon, nous indiquent le chemin à nous, Français. En substance :
Montjoie, saint Denis. Que je trépasse si je faiblis !
Après tout, comme le rappe ce jeune homme de bon aloi, inspiré par un texte de Marvin Young : « Just say no ! ». Dire non, ce n’est pas si difficile.
Et c’est tout l’inverse du vieux message de Jerry Rubin à la jeunesse privilégiée mais influençable des années soixante : do it, finis-toi aux drogues ! Pique-toi ! Crack, boum, tue !
Le cri d’alarme de RC the Rapper, sa chanson en résumé, c’est : non aux drogues, non aux poisons, non aux docteurs Jabuse ! Dis non, sapristi !
Times, they are a’changing.
Autres temps, autres mœurs.
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