Ta parole est libre, mais ne touche pas à Dieu !
« Je suis Charlie » a bouleversé les esprits, que ce soit chez les citoyens ou chez les politiques. Il est vrai qu'un attentat comme la France a connu, ne disparaîtra jamais de la mémoire, tant le drame est odieux et inexplicable. Et aujourd'hui, notre société entre dans une nouvelle ère où rien ne sera plus comme avant, le terrorisme faisant une entrée fracassante sur la scène mondiale. Il est prêt à agir, partout sur la planète, et spécialement dans certains pays tels que les Etats-Unis ou la France, cibles privilégiées à l'heure actuelle, du djihad et de divers fanatiques religieux.
Aujourd'hui seulement, avec un immense retard, les gouvernements commencent à réagir, alors qu'ils auraient du le faire depuis longtemps. Ainsi, il faut donc plusieurs morts pour que les politiques prennent conscience du danger qui menacent les citoyens, une habitude du reste bien française qui relève du laxisme de tous les pouvoirs qui se sont succédés à la tête de la Nation depuis une trentaine d'années.
Mais nous n'aborderons pas ici ce thème qui fait partie d'autres débats et discussions.
Revenons au drame des 7 et 9 janvier 2015, et notamment sur celui qui s'est déroulé au siège de Charlie Hebdo. Encore une fois, et nous le répèterons jamais assez, nous déplorons les victimes de cet abominable attentat qui a plongé la France dans cet horrible drame.
Mais Charlie Hebdo avait-il raison de caricaturer Mahomet et l'Islam ? Avait-il raison de critiquer violemment la religion musulmane, alors que de nombreux citoyens français sont attachés à ce culte ? Certainement pas. Charlie Hebdo est allé au-delà du tolérable, pointant du doigt depuis plusieurs années une religion respectable. Car l'Islam, bien que fondé sur des valeurs devenues parfois rétrogrades, est digne toutefois de considération comme le catholicisme, le protestantisme ou le judaïsme.
Au moment de l'attentat, j'ai rejoint immédiatement le mouvement « Je suis Charlie » : en effet, j'estimais qu'il était de mon simple devoir de citoyen d'être solidaire des victimes et de leur famille dans des moments si tragiques. Mais, il n'en reste pas moins vrai que les erreurs de Charlie Hebdo sont bien réelles, d'autant plus que le journal savait qu'il était menacé suite aux provocations répétées de ses chroniqueurs.
Et même si l'on condamne totalement les monstruosités des terroristes, on ne pas dédouaner entièrement les journalistes de Charlie qui ont agi dans un esprit d'agression vis-à-vis de croyances religieuses qu'il ne partageaient pas.
Chacun de nous, dans sa vie possède une liberté de pensée : être athée ou au contraire croyant, c'est une des libertés fondamentales de notre société. Et quelles que soient nos convictions, nous devons considérer les idées des autres, comme nous souhaitons par ailleurs que nos opinions soient respectées. La liberté d'expression, voilà ce que défend la démocratie, et sur ce point, nous sommes tous d'accord pour la protéger ; cependant, elle ne doit pas empiéter sur les droits des autres et ainsi, elle a donc ses limites.
A l'avenir, j'espère que les nouveaux dirigeants de Charlie Hebdo en prendront conscience et qu'il tireront les leçons du drame vécu. Bien évidemment, le journal a une vocation satirique. Il faut qu'il continue à remplir entièrement cette mission dont l'intérêt est de présenter l'actualité sous un aspect railleur et mordant.
Mais qu'il se garde bien désormais de fustiger la religion : les croyances sont sacrées comme le sont d'un autre côté, les valeurs de la République.
Et quand chacun aura compris que l'existence doit être empreinte d'équilibre et de tolérance, la société retrouvera alors une sérénité pour un meilleur vivre ensemble.
Pierre Reynaud
Co-fondateur et membre du COLLECTIF VOLTAIRE
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