TAFTA : menace de mort pour les éleveurs français et européens !
Les éleveurs français sont en effervescence. Raison principale : ils ne parviennent plus à vivre de leur travail. Leur révolte est donc légitime car vitale pour eux. Responsables désignés : les grandes surfaces, les abatteurs et les transformateurs qui privilégient l'achat de viandes européennes (allemande, polonaise, espagnole) moins chère car produites dans des conditions considérées comme déloyales : main d’œuvre « détachée » à bas coût, conditions de travail déplorables, horaires aberrants, normes environnementales et sociales moins sévères. Les viandes « étrangères » arrivent donc à des prix inférieurs. Et toute une clientèle (cantines, restaurants d'entreprises, d'hôpitaux, etc.) considère le prix comme la donnée principale dans leur choix d'achat. Mais ne se trompent-ils pas d'adversaire ?
Et pourtant... Et pourtant, la distorsion de prix entre viandes françaises et viandes « européenne » tourne autour de quelques dizaines d'euros à la tonne. Mais se présente à l'horizon une menace d'un tout autre calibre, qui risque de balayer irrémédiablement non seulement l'élevage français (axé sur la qualité et les exploitations de 80 à 200 bêtes) mais aussi européens (axé, en Allemagne, au Pays-Bas, sur les volumes et les exploitations de 1000 à 3000 têtes). Cette menace de mort à nom TAFTA.
Il est prévu, dans ces accords transatlantiques menés dans la plus sournoise opacité, l'importation annuelle en Europe de 300.000 à 600.000 tonnes de bœuf, soit entre 4 et 8%, de la production européenne, en provenance du Canada, des Etats-Unis, et du Brésil, puisqu'un accord doit être signé simultanément entre les Etats membres du Mercosur et de l'Europe. Des viandes produites dans des conditions qui n'ont rien à voir avec ce qui se fait en Europe !
Qu'on en juge :
Sanitaire.
En Europe, la traçabilité est strictement établie à tous les stades, de la naissance à la commercialisation de l'animal. Aucune traçabilité aux États-Unis et au Brésil.
Alimentation.
- Aux États-Unis et au Brésil, les hormones et les antibiotiques comme facilitateurs de croissance sont la norme. Ces produits sont strictement interdits en Europe pour des raisons sanitaires et surtout de risque de résistance aux antibiotiques.
- Outre-Atlantique, les farines animales, les litières de volailles sont autorisées dans la nourriture de ces bovins « mange-merde » ! Ils sont rigoureusement interdits en Europe depuis la catastrophe de la « vache folle ».
- Dans les gigantesques parcs de gavage des bovins (jusqu'à 30.000 bêtes dans chaque « feedlots »), la nourriture des animaux comportent à plus de 80 % des maïs et des sojas OGM. En Europe, en tout cas en France, les animaux sont nourris à 70 % de fourrages et de céréales produits sur l'exploitation ou dans la région. Les OGM sont interdits (encore que...)
Environnement.
Les méthodes de production français et américains, tant dans les normes que dans les pratiques, sont radicalement opposés :
- Les éleveurs français produisent l'alimentation de leurs troupeaux (fourrage, ensilage). Les éleveurs américains (étazuniens, brésiliens) ont recours à des achats d'aliments industriels bourrés d'OGM, d'antibiotiques et autres délicatesses.
- En France, il y des levées de boucliers lorsqu'un industriel veut mettre en œuvre une « ferme des mille vaches ». Outre-Atlantique, ce sont des entassements d'un minimum de 30.000 bêtes chiant des milliers de tonnes d'excréments azotés, polluant les sols et les eaux de ruissellement jusqu'aux nappes phréatiques.
Quant au bien-être animal, toujours présent chez les éleveurs français, les Américains, qu'ils soient des États-Unis ou du Brésil, s'en branlent éperdument. Les bêtes sont les unes sur les autres, sans espace vital, ne voient que rarement un brin d'herbe et voyagent dans des conditions répugnantes (28 heures de transport maximum sans pause aux États-Unis et au Brésil, contre 14 heures maximum en Europe). Á noter que ce sont ces gens qui s'offusquent et boycottent notre foie gras !
Voilà donc quelques éléments pour envisager ce qui risque d'arriver dans nos assiettes si le TAFTA est signé...
Et puis, sur un strict plan financier, puisque c'est le principal critère pris en compte par les ultralibéraux, que feront les éleveurs français et européens lorsque arriveront d'outre-Atlantique ces carcasses dégueulasses à 150 euros la tonne contre environ 300 euros pour les bovins européens ?
Ils fermeront boutique et n'auront plus qu'à se pendre...
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