TAFTA ou démocratie, il faut choisir
Samedi, je me suis occupé de mes affaires.
Je suis allé manifester dans la rue ma désapprobation complète à propos du traité transatlantique de libre-échange dont la négociation est en cours entre les Etats-unis et notre bienveillante Europe. C'est important de manifester même si notre esprit dressé au calcul quantitatif et au résultat à court terme pourrait nous dire le contraire. Pour qui a l'esprit critique sur notre monde merveilleux, et son devenir encore plus merveilleux, il est bon de pouvoir se compter, de voir que l'on n'est pas seul.e à critiquer - pour le cas où notre entourage nous serait plus ou moins hostile face à un positionnement politique radical. Là où nous sommes rendus, peut-on décemment défendre une position non-radicale ?-.
Et le comptage, les renseignements généraux le font aussi, en même temps que de prendre l'ambiance. Le chiffre officiellement annoncé, possiblement manipulé à la hausse ou à la baisse suivant les besoins, est à multiplier par un facteur non négligeable à déterminer, pour obtenir le chiffre non-officiel, comprenant tout ceux qui n'ont pu venir et/ou soutiennent cette critique d'une façon ou d'une autre, la majorité silencieuse donc, mais pas la réactionnaire des anti-grévistes dont on nous rebat les oreilles ad nauseam. Le peuple critique s'étoffe de jour en jour et les dirigeants sont fort intéressés de l'évaluer. Chaque présence à la manifestation représente donc plusieurs personnes comptabilisées et il est certain que sans cette contestation, les nuisances issues des décisions politiques de nos dirigeants seraient pires.
Une petite promenade politique, dans des rues silencieuses libérées de la circulation, est un acte de valeur.
Pour ceux qui prennent le train en marche en termes de critique, ce traité, nommé aussi TAFTA, acronyme de Trans Atlantic Free Trade Agreement, a pour objet de renforcer le néo-libéralisme, de le faire pénétrer partout où il n'est pas, c'est à dire marchandiser ce qui ne l'est pas, en particulier les secteurs où intervient l'Etat social : éducation, services publics, retraite, santé, etc. avec pour résultat plus d'inégalité, plus de précarité, plus de destruction du tissu social avec in fine plus de violence et d'anxiété pour le plus grand nombre. Pour faire cette prédiction il suffit de regarder ce que ce système à déjà produit et qu'évidemment le renforcer lui permettra de produire encore plus de ces mêmes nuisances.
Par une insulte à notre intelligence, les néo-libéraux et leurs serviteurs politiques nous disent : « Pour régler les problèmes du néolibéralisme, il nous faut plus de néolibéralisme ». Serait-il temps de dire ça suffit ?
Je reviens à cette manifestation à laquelle j'ai participé, objet véritable de cet article. Différents slogans y furent proposés et malheureusement aucun n'utilisait le terme démocratie. Je présume que ceci était le cas un peu partout en France et en Europe, et d'ailleurs cet oubli récurrent vaut pour de nombreux autres combats où ce terme devrait absolument être présent, voire être le premier de ces termes.
Concernant ce traité, le terme « démocratie » devrait être décliné de deux façons : la première pour signifier que ce traité est anti-démocratique et la seconde pour indiquer que la solution pour supprimer les nuisances a répétition que constituent les décisions politiques de notre caste dirigeante autonomisée, c'est la démocratie véritable.
Faire disparaître toutes les entraves restantes au libre-échange pour qu'advienne enfin le paradis marchand, c'est abandonner au pouvoir économique, et au premier chef aux entreprises multi-nationales, le restant du pouvoir politique, le seul qui puisse imposer et/ou consolider le droit des gens contre le droit du commerce. Un tel traité organise donc méthodiquement le contournement de la déjà très faible démocratie que nous avons. Le pouvoir politique qui s'est donné mandat d'abandonner son pouvoir au profit du pouvoir économique nous dira à l'heure des prochaines catastrophes sociales engendrées par le traité, que malheureusement c'est l'Europe, que ce n'est donc pas de leur faute et que de surcroît il n'y peuvent rien.
En substance, les slogans disaient « TAFTA, on n'en veut pas ». Nous sommes d'accord mais j'en profite pour rappeler que ce traité est une sorte de resucée de l'Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI ! Ces gens nous narguent en osant proposer un tel nom pour un accord que l'on peut légitimement considérer comme ennemi des peuples), négocié secrètement (vous avez dit complot ?) entre 1995 et 1997, pour finalement capoter face au scandale tant de ses conditions de négociations que de son contenu. Nous nous épuisons à lutter sans relâche contre tous les projets politiques à la queue leu leu et dont nous ne voulons pas, avec la garantie qu'à chaque échec, nos dirigeants reproposeront sous une forme ou sous une autre, mais fort de leur expérience malheureuse à chaque fois plus difficilement « combattable ».
Nous devons cesser, et le faire sans tarder car nous pourrions finir par perdre la partie, de nous donner une caste dirigeante pour s'occuper des nos affaires. Elle n'a jamais assumé cette tâche et ne le fera jamais. C'est une caste qui a des intérêts propres, très divergents de ceux du peuple, et elle les poursuit. Il est particulièrement aisé de démontrer que de tous temps, les élites ont été à la source des problèmes politiques et sociaux, faisant fi du reste de la population, et au besoin la combattant. Il me semble qu'au XXIème siècle, la servitude volontaire n'est plus acceptable.
La solution contre toutes ces nuisances ? Faire disparaître la caste qui les produit. En d'autres termes faire advenir la démocratie, c'est à dire un régime politique où le peuple gouverne réellement, un régime construit par le peuple qui souhaite se donner les moyens de gérer ses affaires lui-même, d'enfin jouir de son autonomie. Ce n'est pas du tout le régime sous lequel nous vivons.
Grand chantier j'en conviens, qui sous entend une évolution de notre imaginaire, un projet de société débarrassée de son organisation hiérarchique où chacun, éduqué dans ce but, prend conscience de sa capacité à participer aux affaires publiques, ses propres affaires.
Luttons donc de toutes nos forces mais sans oublier l'essentiel : le déficit de démocratie qui sévit mondialement et en particulier en occident.
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