Des agitateurs tchétchènes qui auraient été entraînés... en Georgie, a-t-on pu lire également ? L'examen rapide d'une carte nous montre en effet qu'entre Georgie, Daghestan et Tchétchénie, il n'y a qu'une épaisseur de papier à cigarettes comme frontières. Un étrange document lu en avril dernier dans Eurasianet met en lumière cette possibilité de manipulation extérieure dela Tchétchénie, dont la base serait la Georgie,
pays entièrement dévolu aux Etats-Unis et à la CIA on le sait depuis toujours : celui du témoignage à l'Assemblée de Georgie d'un responsable chargé de suivre le respect des droits de l'homme aux frontières avec la Tchétchénie, ou régulièrement des différents ont lieu. Une bien étrange déclaration, faite par un observateur neutre,
celui d'un avocat reconnu, et donnant Tbilissi comme fomenteur de troubles et agitateur patent :
"La Géorgie a créé un camp d'entraînement des guerriers tchétchènes pour préparer eux pour une mission dans le Caucase du Nord de la Russie, a affirmé un responsabple géorgien dans une présentation ce 1er avril de son rapport annuel parlementaire sur la situation des droits de l'homme. Le médiateur Ucha Naniashvili a en effet déclaré aux parlementaires que le ministère géorgien de l'Intérieur sous le président de Mikhael Saakashvili a rassemblé une force de plus d'une centaine d'exilés originaires de Tchétchénie et d'autres régions du Caucase du Nord, armés et entraînés, et leur a promis passage à la Russie. Le rapport considère que le prétendu complot tchétchène était la manière de revenir vers Moscou en réponse de la Géorgie à l'occupation de la Russie des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud depuis 2008."

De graves accusations, qui renforcent en réalité les accusations répétées de Moscou, note le représentant :
"les allégations apparaissent aussi peut-être comme un cadeau involontaire de Moscou, qui affirme depuis longtemps que des combattants du Caucase du Nord sont utilisés pour fabriquer ses crises de paranoïa saisonnières de longue durée. Sous le nouveau gouvernement du Premier ministre Bidzina Ivanishili, Tbilissi cherche à se réconcilier avec Moscou, alors que, dans le même temps, tous s'affairent avec des enquêtes sur le gouvernement précédent. Pourtant, il incombe maintenant au responsable de Géorgie de pourquoi dévoiler maintenant cette prétendue opération secrète et ce n'est peut-être pas clair pour certains. Le rapport se concentre principalement sur les violations des droits de l'homme qui auraient été commises par les forces géorgiennes contre les combattants et leurs proches après un clash en août 2012, mais qui se prolonge dans les détails beaucoup plus lointains. Citant des seules sources anonymes et des documents d'enregistrement d'armes à feu, le médiateur affirme que les fonctionnaires de ministère de l'Intérieur ont regroupé des Tchétchènes à l'aéroport de Tbilissi, les ont emmenés dans des appartements loués et leur ont donné des armes, et des permis de conduire, des documents et d'autres choses dont ils auraient eu besoin."
L'implication de la Georgie étant patente, avec l'octroi de deux bases militaires pour s'entrainer (l'histoire ne dit pas s'il s'agit de la base de Krtsanis, à 20km sud de Tbilissi, mais on peut fortement le supposer, les deux photos en étant extraites *) :
(ici le lac de Lopota), a été largement rapporté dans les médias géorgiens, mais n'a jamais entièrement expliqué par le gouvernement. À l'époque, les responsables Ministère de l'Intérieur ont affirmé que les troupes géorgiennes se battaient contre des militants qui avaient traversé la frontière de la Russie et des prises d'otages dans une zone de frontière géorgienne peuplée par des Tchétchènes. Certains résidents locaux ont contesté cette version des faits, ses incohérences ont également incité une dose copieuse de scepticisme public. Le médiateur a demandé une enquête parlementaire sur l'incident."

La réponse du gouvernement avait déjà eu lieu, le défenseur des droits de l'homme faisant lobjet d'une
surveillance étroite de la police georgienne, ce qu'il avait déjà lui-même dénoncé en juin 2011 : "
Ucha Nanuashvili (ici à gauche), directeur du Centre des droits de l'homme, soupçonne que les défenseurs des droits pourraient être détenus sous l'accusation d'espionnage. Nanuashvili dit que les « défenseurs des droits sont suivis par des voitures différentes ». Il va présenter des photos illustrant lors d'une conférence de presse aujourd'hui. Selon Nanuashvili, ils fera appel au ministère de l'Intérieur et demandera une explication dans les jours les plus proches. Nanuahsvili affirme que le gouvernement tente de prouver à l'Occident que le secteur civil géorgien a des liens avec des espions."
La situation demeurait fort tendue encore en août 2012 raconte Global Post (au moment du voyage de Tsarnaev donc), les habitants de la région évoquant de possibles manipulations gouvernementales, en particulier aupès de jeunes dont le sort est resté incertain :
"les habitants disent que les autorités imposent un régime quasi-policier même si la plupart des djihadistes étrangers ont quitté la gorge il y a longtemps. Seulement la tante et l'oncle d'Aslan Margochvili consentiraient à publier leurs noms. D'autres ont dit qu'ils craignaient des représailles. Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies discrètement derrière les portes fermées dans la cour de la maison familiale Margochvili pour exprimer leurs condoléances malgré l'interdiction des funérailles. Vano Margochvili se tenait sous un auvent de la vigne. Un ancien directeur de l'école où Aslan étudié, il a déclaré que le garçon était un des plus brillants de sa classe. Il a continué à étudier la construction à l'Université technique de Géorgie à Tbilissi. Il a pris une année sabbatique pour étudier en Finlande au cours de sa quatrième année à l'université, sa tante Natela dit.
De là, il a informé sa famille lors d'un de ses appels téléphoniques réguliers maison qu'il passait à un programme en Slovaquie. Cependant, le gouvernement a récemment déclaré qu'Aslan était retourné en Géorgie en mars via Dubaï. "Ils disent qu'il était en Géorgie tout le temps, mais cela n'a pas de sens et nous ne savions pas qu'il était là pendant six mois", a déclaré Natela Margochvili, ajoutant que Aslan n'avait jamais manqué de faire ses appels de routine au cours de l'année écoulée . "Maintenant, le gouvernement l'appelle un terroriste et essaye de nous faire peur en nous demandant de nous taire sur ce sujet", a déclaré Vano." La région semblant être devenue àl a fois un nid d'espions et de présence jihadiste
: de nombreux résidents qui affirment que leurs téléphones sont surveillés, parlent en langage codé. Des nouvelles et des rumeurs se propagent d'oreille à oreille.Toutefois, les résidents disent qu'ils sont plus préoccupés par l'influence croissante des fondamentalistes religieux dans la région. "Si les policiers découvrent que je vais parler d'eux, ils vont me jeter en prison pour 10 ans", a déclaré un habitant, avant de mentionner une secte islamique : les wahhabites vont me tuer." Des wahabites à cet endroit ? Voilà qui devient intéressant !!! Il s'en est donc passé de belles, dans cette région frontalière !! Si on résume on en effet à la fois une présence policière de Tbilissi, avec surveillance étroite des populations, et.... camps d'entraînement jihadistes, supervisés et encadrés par cette même police ou ll'armée où est présenté la CIA via ses "conseillers" dignes descendants des conseillers US au Viet-Nam... La Guerre Froide dont ne veut pas l'ambassadeur US est encore bien présente...

Il y a de quoi prendre en compte en ce cas l'annonce des Izvestia, journal appuyant on le sait les thèses russes, mais évoquant justement les liens avec la Georgie :
"des documents en provenance du service de contre-espionnage du ministère de l’intérieur de Géorgie ont été mis à la disposition de l’agence Izvestia. Ils confirment que l’organisation géorgienne « Fonds pour le Caucase », qui opère avec l’ONG américain « Fondation Jamestown » (au comité directeur de laquelle a figuré un temps l’un des théoriciens de la politique étrangère américaine, Zbigniew Brzezinski), est impliquée dans le recrutement de résidents du Nord-Caucase afin de travailler pour les intérêts des Etats-Unis et de la Géorgie". Le communiqué revenant sur l'étonnant bailleur de fonds américain :
"La Fondation Jamestown a été fondée en 1984 par Arkady Shevchenko, le fonctionnaire soviétique de plus haut rang à avoir jamais fait défection quand il a quitté son poste de Sous-Secrétaire général des Nations Unies en 1978 (il a eu droit pour cela à sa couverture de Time Magazine !).
Son objet à l’époque était de soutenir les dissidents soviétiques. Le directeur de la CIA William J. Casey soutint la création de cette Fondation Jamestown, en affichant son accord avec les plaintes de ceux qui estimaient que la communauté du renseignement américain n’aidait pas suffisamment financièrement les transfuges soviétiques." En résumé, les néocons avaient pris l'affaire en main, au Daghestan...
Qui dit néocon, dit propagande. Car Glen Howard, le président de la Fondation Jamestown, il faut le rappeler, n'est pas un inconnu sans aucun engagement politique : c'est aussi le directeur exécutif de la l'ACPC (American Committee for Peace in the Caucasus). C'est un ancien analyste militaire pour la Science Applications International Corporation (SAIC), chargé des hautes technologies, et a travaillé comme consultant pour le ministère de la Défense, le Conseil national du renseignement, et les grandes compagnies pétrolières opérant en Asie centrale et au Moyen-Orient. La SAIC a été mêlée à tous les coups tordus qui se sont produits en Irak, dont les allégations répétées sur les WMD : pour se faire, elle a créé l'Iraqi Media Network, une source de propagande sans fin, aujourd'hui aux mains des chiites, pour répandre la discorde avec les sunnites. Infomatiquement, la SAIC cherche à imposer ces vues sur les réseaux sociaux, en multipliant les fausses infos et les faux messages (son grand sport consistant à accuser de communisme plein d'articles de Wikipedia !). C'est bien un vrai nid de faucons : l'ACPC comprend parmi ses members Zbigniew Brzezinski, Alexander M. Haig, Jr., Steven J. Solarz, et Max Kampelman ; et a acccueilli déjà Richard Gere, Morton Abramowitz, ou Geraldine Ferraro. Tous proches du Project for the New American Century, où figure Richard Perle, Frank Gaffney, Elliott Abrams, Midge Decter, William Kristol, Michael Ledeen, et James Woolsey
Ce qui nous permet de revenir aux heurts diplomatiques entre la Russie et les USA, avec une conférence plutôt malvenue sur le sol américain. Un événement organisé par la Jameston Fondation, mise en cause par les autorités russes pour avoir organisé le 14 avril dernier aux Etats-Unis une conférence plutôt particulière, ce qui avait provoqué une remontrance officielle faite à l'ambassadeur US : "le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain à Moscou mardi pour lui remettre une note de protestation contre un séminaire à Washington où on déclaré appeler à de nouvelles attaques terroristes en Russie. "L'organisation de ces événements aux États-Unis en contradiction avec les obligations internationales du pays en matière de lutte contre le terrorisme", a indiqué le ministère. Un séminaire intitulé "Sadullaev's Caucasian Front : Prospects for the Next Nalchik" a eu lieu à Washington le 14 avril, sous l'égide de la Fondation Jamestown, une organisation non-gouvernementale américaine. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que la scène avait été ouverte aux orateurs qui ont appelé à de nouveaux actes terroristes en Russie." "De telles concessions de la part de Washington avec des militants et des séparatistes tchétchènes vont également à l'encontre de l'esprit de coopération anti-terroriste bilatérale partenarial" à ajouté le ministère russe." Pour mémoire, Nalchik est cette attaque survenue le 13 octobre 2005, ayant duré deux jours, d'islamistes dirigés par Shamil Basayev, se réclamant de l'organisation du « Front du Caucase » basé en Tchétchénie, ayant provoqué la mort de 4 civils, de 35 membres des forces de l'ordre, Les russes avaient affirmé avoir ce jour-là tué 89 morts et de 36 capturés. Sadullaev étant justement un prosélyte... du wahhabisme ! Pour les autorités russes, il y avait de quoi enrager, tout simplement, à voir le contenu des débats, ce qui avait été reproché à William Burns (promu "Deputy Secretary of State" nommé par Condoleezza Rice au plus haut rang de Foreign Service Officer) le prédécesseur de Michael McFaul ! A noter qu'à la conférence participait Mairbek Vatchagaev, historien, ex-porte-parole du gouvernement séparatiste tchétchène, et président de "l'Association d'études caucasiennes", qui vit à Paris. Il avait en 2002 dénoncé neuf islamistes soupçonnés d’avoir voulu perpétrer, en France, des attentats contre la Russie. Or ceux-ci, avait-on appris... "Pour la police française, trois de ces islamistes ont été formés dans des camps situés dans les gorges de Pankissi en Géorgie, où ils auraient cotoyé des combattants tchétchènes mais aussi des hauts responsables de l’organisation terroriste islamiste Al-Qaïda. Toutefois ils n'auraient pas tenté d'agir sur ordre direct d'Al-Qaïda, mais plutôt de leur propre initiative." A la même époque, en 2002, on soupçonnait Ben Laden de s'être réfugié dans les gorges de Pankissi.
Car ils y étaient bien depuis cette époque en effet, avait remarqué LeMonde : "mais depuis les années 1998, 1999, glisse un membre du conseil des anciens de la vallée, inquiet, des étrangers, des Arabes, sont apparus chez nous. Ils ont enseigné le wahhabisme , ils ont apporté de l'argent, fait construire cette mosquée, par exemple. La crise économique est telle ici, avec tous ces problèmes sociaux, que la jeunesse s'est tournée vers eux. Une douzaine de nos jeunes sont partis étudier l'arabe et le Coran à l'étranger." Des habitants ont raconté que, parfois, dans les bois dominant la vallée, des tirs de kalachnikovs se font entendre. "Il y a, plus haut dans les pâturages d'été, des cabanes de berger qui peuvent servir à des groupes voulant se cacher. On pense qu'il y a des groupes de tentes aussi, et des centres d'entraînement au tir", dit un officiel occidental à Tbilissi. La vallée de Pankissi servirait de base arrière à plusieurs centaines de combattants tchétchènes. Certains auraient des liens avec l'extrémiste islamiste Khattab, présent en Tchétchénie depuis le milieu des années 1990, après avoir séjourné en Afghanistan et entretenu des liens avec la mouvance Al-Qaida." Même Arte les avait rencontrés (*). C'est dire ! Et avait noté l'envahissement des wahhabites et leurs mosquées envahissantes.

D'autres avaient noté d'autres changements. Celui de l'arrivée de mafieux notoires. William J. Burns, le précédent ambassadeur US, avant de quitter son poste, s'était trouvé des dons pour la littérature, dont le contenu aurait pu servir d'explication à son retour aux USA Il avait écrit une "nouvelle" qui avait fait date le récit des mariages locaux qu'il avait vus au Daghestan, des coutumes qui avaient révélé de bien étranges manières. Une note sidérante, ressortie par Wikileaks le 30 novembre 2010. Là-bas, rien n'est simple en effet, et il avait dû en faire l'amère expérience qui lui avait peut être coûté sa place. ! Le mariage organisé en 2006, notamment, par le businessman Gadzhi Makhachev pour son fils Dalgat, en présence du président Chétchène Ramzan Kadyrov en personne, avait en effet surpris, par son faste, entretenu par "Gadji" : "l
a consommation d'alcool avant, pendant et après ce mariage musulman était incroyable. Dans un contexte de pénurie d'alcool, Gadji avait fait venir de l'Oural par avion des milliers de bouteilles de vodka "Beluga Export" ("Meilleure consommé avec le caviar"). Il y avait aussi des animations, à commencer même ce jour-là, avec les grands noms des acteurs apparaissant à la fois dans la salle de mariage et à la maison d'été de Gadji. L'animation principale de Gadji, un chanteur d'origine syrienne nommé Avraam Russo, n'avait pas pu être là parce qu'on lui avait tiré dessus quelques jours avant le mariage, mais il y avait une troupe de "gitans" de Saint-Pétersbourg, un couple de stars de de pop azéris, et venu de Moscou, Benya le roi de l'accordéon avec sa famille de chanteurs. Une multitude de groupes locaux, en chantant en Avar et en Dargin, complétait le divertissement, qui était constamment et extrêmement sonorisé".

Le chanteur absent pour blessure (en photo ici à droite) était tombé sous la coupe d'un tycoon juif d'Azerbaijan, T
elman Ismailov, le Vice President of the Euro-Asian Jewish Congress), ce qui lui avait valu de sérieuses inimitiés (depuis, il chante le Christ, sait-on, persuadé qu'il doit sa "résurrection" à Jésus !). Parmi les invités, un membre de la Duma tchétchène, Khalid (alias Ruslan) Yamadayev, le frère du commandant du
Vostok Battalion" plutôt arrangeant avec les terroristes (il avait protégé Maskhadov, chef du mouvement séparatiste tchétchène, celui qui organisera la défense de
Grozny et réputé modéré) après avoir pourtant combattu en 1999 Shamil Basayev and al-Khattab). Devenu immensément riche, Khalid roule en
Rolls Royce Silver Phantom (le plus souvent il circulait en rangs de 3 BMW blindées !). D'autres scènes décrivaient ce soir là
"des clients ivres jetant des billets de cent dollars sur les enfants qui dansaient, et quila nuit faisaient des scooters des mers dans la mer Caspienne", tandis que la tête de la Tchétchénie a présenté aux nouveaux mariés " une barre de 5 kilo d'or"". Intoxication médiatique ou scène réelle ?

Là-bas, rien n'est simple en effet : les islamistes sont des mafieux buveurs de vodka, et le président du pays a lui-même recours à des hommes de main. On se souvient du juriste
Sergueï Magnitski (voir épisodes précédents), mort en prison pour avoir dénoncé les dérives du système de Poutine. Les Etats-Unis, peu de temps après sa mort, après 358 jours en prison et une pancréatite déclarée avaient déjà retrouvé l'un de ses assassins, qui est selon eux... d''origine tchétchène : "
Letcha Bogatirov est déjà recherché en Autriche pour l'assassinat, la même année, du dissident Oumar Israïlov (lire ici le compte-rendu de l'ECCHR). En septembre 2010, L'Express a révélé des éléments, confirmés depuis par la justice autrichienne, permettant d'établir que le président tchétchène, Ramzan Kadyrov (en photo ici , avait commandité en personne la mort de son ancien garde du corps, qui l'accusait d'exactions, avec l'aide active des réseaux diplomatiques russes." Etrange et incompréhensible comportement expliquait l'Express :
"la Russie n'a pas répondu aux demandes d'entraide judiciaire du parquet de Vienne, qui estime que Bogatirov, en fuite en Tchétchénie, est l'auteur du coup de feu mortel. Il y a quelques mois, des organisations de défense des droits de l'homme avaient exigé de la ministre autrichienne de la Justice, Beatrix Karl, qu'elle rédige à l'intention de la Russie une demande d'extradition le concernant. En vain." Le second visé étant Kazbek Dukuzov arrêté par les russes mais relâché en 2004, alors qu'il avait été accusé d'avoir tué le journaliste américain de Forbes Paul Klebnikov à Moscou. Dukuzov, lui aussi... tchétchène !!! Le second accusé, Musa Vakhaev, tchétchène lui aussi, échappant à la condamnation des Etats-Unis des "18" de la liste Magnitski. Deux semaines avant, avait noté Forbes, un député tchétchène Yan Sergunin avait aussi été abattu :
"la mort de Sergunin a donné lieu à une autre théorie qui circule sur les blogs russes sur le mobile de l'assassinat Klebnikov : qu'elle a été menée pour empêcher le journaliste d'écrire une histoire de dénonciation de la corruption en Tchétchénie..." Kadyrov-Poutine, même combat !

Kadyrov, le président pantin
selon beaucoup (lire ici cet
effarant exemple récent) participant activement au détournement du pays
puis, le lendemain, le site de nouvelles en ligne russe Marker a publié une enquête passionnante des dépenses somptuaires propres à Kadyrov. Selon la source d'informations, Kadyrov est en train de finir une résidence toute neuve - estimée proche au début de sa construction en 2008 à environ 10 milliards de dollars - près du centre de Grozny, la capitale tchétchène, où l'insurgé devenu loyaliste de Poutine a cumulé un nouveau tas de commodités, sans doute aux frais des contribuables russes. Parmi les nouvelles fonctionnalités, il y a : la TV par satellite (y compris un canal adulte, de « Nuit »), une refonte de son parc automobile, et un jardin élaboré comportant 36 hectares de pelouse, plus de 2 000 arbres d'espèces différentes, et - ma partie préférée - 16 000 rosiers. Le seul entretien extérieur estime le portail coûterait 1,5 million de dollars". L'homme mis en place par Poutine aurait fait mieux que son maître ?

Qu'avait donc découvert l'avocat russe ? Une magouille, à un échelon gigantesque : "av
ocat devenu un symbole de la lutte contre la corruption, Sergueï Magnitski, qui conseillait le fonds d'investissement occidental Hermitage Capital, est mort à 37 ans dans une prison de Moscou en 2009 après onze mois de détention provisoire. Il avait été arrêté après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d'euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l'Etat russe et d'Hermitage Capital." Magnitiski, en réalité, embêtait tout le monde, avec ce qu'il avait trouvé. Car les russes n'étaient pas les seuls a avoir agi ainsi. En quelque sorte comme Daniel Pearl
: "
on connaissait de la dramatique affaire Magnitski ses relents de guerre froide entre Moscou et Washington. Les documents secrets obtenus par le Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ) placent aujourd'hui un élément nouveau dans le décor de cette tragédie diplomatico-financière : un paradis fiscal dans les Caraïbes. C'est le destin tragique de Sergueï Magnitski qui a donné le nom à cette affaire. Le 16 novembre 2009, ce juriste de 37 ans meurt à la suite des mauvais traitements subis pendant ses onze mois de détention provisoire à la prison de Matrosskaïa Tichina, à Moscou. Son tort était d'en avoir trop appris sur un scandale de corruption. Sa mort soulève alors une vague d'indignation en Russie et aux Etats-Unis. Une indignation qui devient une affaire d'Etat, une escalade de mesures de rétorsions réciproques." Les russes avaient carrément copié les américains, sur le coup, en s'installant dans les mêmes paradis fiscaux que ceux où s'étaient installés les banquiers de
Wachovia ou même Viktor Bout, dont le procès a été très vite escamoté comme on a pu s'en apercevoir. Et en détournant au final 230 millions de dollars, perçus par les impôts et... recupérés en douce par des agents corrompus.

Comme l'a dit Michel Koutouzis :
"De la Banque du Panama à la BCCI, de la Banque de Monaco à la JP Morgan Chase, de la Banque de New York à la City Bank, de la Lehman Brothers au Crédit lyonnais, de la Royal Bank of Scotland à la Merrill Lynch (la liste est bien plus longue) pas une seule institution financière qui n'ait été impliquée dans des « histoires » de blanchiment d'argent issu de trafics illégitimes, de caisses noires des services secrets, d'opérations frauduleuses ou de pots de vin." Alors pensez donc : découvrir un paradis fiscal russe dans les Caraïbes, c'était bien constater que les oligarques de Moscou avaient bien tout compris, et marchaient désormais sur les mêmes plate-bandes qu'eux !!! Il y avait donc danger !!!

Reste cependant une autre piste encore : "
Tamerlan Tsarnaev a été repéré pour la première fois par les services secrets russes (FSB) à la mi-avril 2012, quand il a été vu en compagnie de Makhmoud Nidal, identifié à l'époque par le FSB comme étant membre d'un groupe islamiste armé pour lequel il avait réussi à recruter plusieurs jeunes gens. Tamerlan s'était alors rendu en provenance des Etats-Unis au Daguestan officiellement pour obtenir un nouveau passeport. MM. Tsarnaev et Nidal ont été vus à quatre reprises ensemble dans une mosquée de Makhatchkala considérée comme un foyer du courant fondamentaliste de l'islam. Le FSB a commencé à préparer un dossier sur Tamerlan en mai 2012, après la mort de Makhmoud Nidal dans un affrontement avec les forces de l'ordre à Makhatchkala, a dit la même source. C'est alors que le FSB a fait une demande d'informations au FBI, qui n'a pas fourni de réponse, selon cette source"
nous dit la Tribune de Genève, qui ajoute que
"Tamerlan a été également en contact avec un autre militant islamiste, William Plotnikov, tué en juillet 2012 par les forces de l'ordre dans un affrontement armé au Daguestan en même temps que six autres islamistes, a précisé la source. Les services russes ont établi que William Plotnikov et Tamerlan avaient participé ensemble à des compétitions de boxe au Canada au moins à deux reprises et étaient restés en contact via le réseau social Vkontakte, équivalent russe de Facebook".. Ce qui s'apppelle aux USA "
connect the dots" !!! En somme, tout ce que l'on sait des contacts entre extrémistes et Tamerlan provient.. du FSB, la CIA russe... or si l'on cherche le pourquoi d'un crime, il faut regarder du côté des bénéficiaires. Et Poutine, finalement, en fait partie, pour "revigorer" une chasse aux islamistes du côté de Grozny.

Les fuites évidentes en seraient-elles le symptôme premier ??? Mais cela ne tient que si ces "révélations" n'avaient été faites qu'après les attentats : or le FBI a bien reconnu avoir reçu une alerte en provenance des russes, bien avant Boston, à propos de la dangerorité potentielle de Tamerlan !!! La réponse vague du FBI, juste après l'attentat, aux questions sur l'individu et la connaissance que l'agence en avait, annoncée comme
""at the request of a foreign government" sans citer la Russie, est un TERRIBLE AVEU en fait. Ce qu'avait indirectement souligné le correspondant de CBS dès le 20 avril dernier : "
Selon Miller, le FBI mène des "évaluations des menaces internes" selon le protocole "Domestic Investigations and Operations Guide", ou DIOG. Leur enquête sur Tamerlan était caractérisée comme une enquête de renseignements, qui, selon Miller n'est « pas nécessairement orientée vers une violation de la loi, mais pour déterminer si une menace existe." En somme, le FBI, alerté par les russes... n'a rien fait. Il a interrogé Tsarnaev, dit-il encore, "il y a deux ans" (à savoir au retour de son premier séjour en Tchétchénie). Et "rien n'avait été trouvé"... une simple erreur de jugement, ou un simple calcul (pour le manipuler) ???
Car c'est un fait à remarquer quand même que le FSB (ici au milieu sur la photo son directeur, Alexander Bortnikov **) "n'est plus ce qu'il était" aussi, et le problème pour Poutine est tout autant celui d'un Kadyrov devenu bien trop encombrant que celui des islamistes jamais totalement éradiqués : "en confiant la gestion du "problème tchétchène" au sanguinaire Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie depuis 2007, Vladimir Poutine espérait sans doute disposer d'une sorte de solution miracle. La Russie, au contraire, se trouve dans une impasse. Maître en Tchétchénie - et influent dans les républiques voisines - Kadyrov a renforcé ses positions. Au point que le rapport de forces s'est inversé. Désormais, au Caucase, Poutine dépend de lui.
Et la Tchétchénie est virtuellement indépendante du pouvoir fédéral russe, puisque Kadyrov (ici avec Poutine devant la mosquée de Grozny) n'a de comptes à rendre à personne. Au reste, les seuls services secrets dont l'efficacité est incontestable sont ceux du président tchétchène : ses agents peuvent se projeter jusqu'à Moscou, Vienne et jusqu'aux Emirats arabes unis, même, afin d'éliminer un ennemi ou un "traître". Et ils l'ont démontré. " En ce cas de figure, l'attentat de Boston téléguidé de Moscou pourrait être aussi vu comme un boomerang lancé par Moscou à la face de Kadyrov (****)... mais le FSB aurait-il en ce cas "prévenu" le FBI ??? Difficile à imaginer !!! Retour donc à la case FBI/CIA !
Et les deux frères d'origine tchétchènes Tsarnaev dans tout ça ? Ce que l'on sait, c'est qu'ils ont bien fabriqué, testé (on parle depuis hier du bois de Dartmouth, là où Dzhokhar étudiait pour les tests où des explosions avaient été entendues
les 12 et 15 mars) des bombes, fabriquées avec la poudre extraite des commandes faites chez le même fournisseur que
Faisal Shahzad, ce qui pour le moins déjà est intriguant. Comme l'est leur mode de déclenchement de leurs bombes. La recette du magazine "Inspire" suffisait-elle pour fabriquer leurs cocottes télécomandées ? Non, car nul part dans l'ouvrage le dispositif utilisé n'a été décrit : qui a bien pu les rencarder sur le système, on tombe sur des gens bien intentionnés comme les tchétchènes vus l'été précédent par Tamerlan, encadrés on l'a vu, par la CIA... ou le FBI, au courant lui aussi depuis l'arrestation de jihadistes ayant les premiers véhiculé l'idée comme j'ai pu l'expliquer.

On l'a appris aussi depuis, les amis d'Université de Dzhokhar ont aidé à faire disparaître le surplus de poudre noire, retrouvé dans une poubelle, devenant complices par la même occasion de l'attentat pour
avoir fait disparaître des preuves. Ont-ils fait cela en connaissance des conséquences judiciaires les concernant, j'en doute, à les voir aborer une plaque provocatrice sur leur voiture : des "déconnectés des réalités", dira-t-on pour simplifier (ce qui implique aussi en ce cas que Dzhokhar se soit fait entraîner lui aussi par son frère). Le dernier point à élucider étant le degré de connaissance de la veuve de Tamerlan,
Katherine Russell, dont on l'imagine mal ne pas avoir eu vent des préparatifs dans leur minuscule appartement.

Les thèses conspirationnistes autres sont massivement à rejeter (***), car elles se limitent à des avis avant tout antisémites (on pourra lire comme titre chez eux au lendemain de l'attentat
"les Juifs sionistes frappent à nouveaux, trois meurtres à Boston"), allant jusqu'à nier même parfois les décès de Boston, comme ils avaient d'ailleurs nié ceux de Newton (pour eux il n'y a eu ni blessé ni morts, dans ces deux événements, ce qui est tout simplement sidérant à lire !!!) : ce sont essentiellement des thèses de l'extrême droite, qui craignent avec l'attentat un renforcement des lois contre l'usage des armes dont ils ne peuvent se passer. Ou de la désinformation à
l'iranienne... comme ici. Le site "
Nodisinfo", habitué du genre, est à la source de ses inepties, relayé par des gens comme "buelahman" (qui leurre
pas mal de gens) ou Alex Jones,
le texan fou d'armes et de théories conspirationnistes,
Mark Glenn, un autre théoricien antisémite du complot, ou encore Mazin Qumsiyeh, un militant extrémiste anti-israélien. Au milieu, les sites créés pour amasser de l'argent pour les victimes, dont de nombreux faux sites... S'y ajoute côté inverse encore la fêlée Pamela Geller, l'inévitable pasteur islamophobe Terry Jones ou les nazis de Stormfront, qui eux tapent sur tout ce qui n'est pas blanc, de toute manière. Un citoyen, Jaime Muehlhausen avait même acheté le nom de site "bostonmarathonconspiracy.com" pour éviter la promotion de thèses ineptes, comme
cela avait été hélas le cas pour Newton, selon ce qu'il avait dit pour expliquer son geste !
La thèse du loup solitaire fabricant ses bombes "à la main" seul ne tient pas pour autant, après un séjour de six mois ou Tamerlan, l'aîné, a eu largement le temps d'améliorer son savoir sur la fabrication des IEDs, la thèse restant en supplément et au final étant celle d'une action menée sous l'égide de la partie ultra-droitière de la vie politique US, qui est prête à tout pour se trouver des adversaires, le mieux pour elle étant islamistes en ce moment de l'histoire. Si en prime ils peuvent l'être et en même temps embarrasser leur ennemi juré, Vladimir Poutine l'ancien communiste du KGB (l'horreur totale pour eux), c'est parfait : ce qui expliquerait en ce cas un attentat interne ("inside job" encore) supervisé par une équipe de mercenaires venu observer son déroulement et intervenir si besoin était. C'est leur déploiement qui questionne,
comme j'ai pu l'écrire ici : ils n'étaient pas là pour empêcher quoi que de soit, mais étaient présents comme si quelque chose avait été prévu à l'avance. Leur passivité relative, malgré l'affolement de certains d'entre eux, et leur équipement similaire à bien des égards aux deux terroristes, ce jour-là, laisse envisager l'hypothèse

de deux loups bien drivés par une meute prête à jouer les doublons, au cas ou, et non de deux solitaires seuls, pour ces derniers. La deuxième équipe, en réserve, en quelque sorte. La dernière composante à prendre en compte étant la rivalité évidente entre le FBI et la CIA, la première ayant récemment largement participé à l
'éviction de son responsable, qui avait bloqué jadis ses enquêtes sur des
détournements d'armes dans les dépôts de l'armée. A-t-on assisté à Boston à un règlement de comptes entre services secrets US, chacun cherchant à piéger l'autre ???
Deux esprits simples, particulièrement bien manipulés, peut-on en tout cas conclure, à propos des deux frères d'origine tchétchènes, perdus au milieu de rivalités entre services secrets dont le métier est... de manipuler.
(*) commentaire du site :
"A l'origine de la présence américaine en Géorgie, l'instabilité dans la vallée du Pankissi, peuplée de réfugiés tchétchènes et de Kistes (ethnie proche arrivée en Georgie au XIXe siècle). Selon les officiels géorgiens et américains, il y aurait eu des camps d'entraînement installés par des religieux wahhabites dès 1999. Mais à l'automne dernier, l'armée géorgienne envoyait des forces spéciales pour faire le ménage dans la région et montrer aux nouveaux alliés américains leur bonne volonté dans la lutte contre le terrorisme. Depuis, on ne parle plus de camps d'entraînement liés à Al Qaïda (dont on n'a jamais retrouvé la moindre trace), ni de terroristes quelconque, et l'on en sait encore moins sur le sort réservé aux quelques personnes arrêtées."
(**) l'analyse de Alla Chevelkina et Axel Gyldén dans L'Express du 06/05/2010 rejoint assez les erreurs commises par les américains en Irak et en Afghanistan. Une politique de terreur ne mène à rien : "dans ce contexte, alors que la crise économique et sociale attise une xénophobie antitchétchène bien ancrée dans la société russe, le Kremlin choisit de mener une guerre à outrance contre les mouvements séparatistes du Caucase. Suivent deux conflits armés en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2001) et, dans l'indifférence générale, une série d'interventions musclées dans des républiques proches : Daguestan, Ingouchie, Kabardino-Balkarie. [Voir notre carte interactive] "La violence arbitraire, les gardes à vue avec torture, les disparitions inexpliquées ont alimenté sur le terrain un sentiment d'injustice qui a poussé la population locale dans le camp des adversaires de Moscou", résume la journaliste Irina Gordienko, familière des lieux. Depuis le milieu des années 1990, les adeptes de la répression aveugle ont cessé d'écouter les spécialistes de la région. Dans le cadre des rares forums où il est invité à avancer des propositions,Andrei Soldatov, expert du renseignement et éditeur du site Agentura.ru, a suggéré des consultations entre le Kremlin et la petite intelligentsia caucasienne, afin que les décideurs gouvernementaux affinent leur connaissance de la société locale."